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Home Page > Works > Carte de membre d'André Breton à l'Association des amis de Benjamin PéretCarte de membre d'André Breton à l'Association des amis de Benjamin Péret
Author
People cited André Breton, Jean-Louis Bédouin, Robert Lebel, Benjamin Péret
Description
Carte de membre d'André Breton à l'Association des amis de Benjamin Péret.
Nom, prénom et adresse d'André Breton à l'encre violette, et tampon rose « À poing fermé ». Y sont apposées des signatures à l'encre bleue du secrétaire général (Bédouin), du président (Lebel) et du titulaire. La carte se dé-plie sur un texte de Pierre de Massot (transcrit ci-dessous) en honneur à Benjamin Péret, ainsi qu'un un vers d'un sonnet de Stéphane Mallarmé : « Courre le froid avec ses silences de faux ». Au dos de la carte, une photographie de l'accident ferroviaire du train Paris-Granville qui perce la façade de la Gare Montparnasse (Paris) sur la place de Rennes le 22 octobre 1895. [site André Breton, Victoria Branly, 2025]
Transcription
Tu n'as jamais mélangé les os avec la poussière
tu n'as jamais essuyé le verre des vaches
qui buvaient non loin de toi
quand les mouches bourdonnent dans les cafés de Paris
tu n'as jamais vu trainer une soutane sur ton chemin
sans l'auréoler d'un crachat
et du crachat tu faisais un poème
plus beau qu'une étoile de mer
si la nuit des rats rôdaient dans les rues tu les anéantissais et ces succubes affreux à voir
on ne les grâce à toi voyait plus
tu détestais l'eau de Lourdes de Vittel et de Vichy
tu rêvais devant ton rouge ballon
à toutes les têtes que tu aurais aimé
voir tomber dans le son
au son de l'Internationale
tu partis pour l'Espagne quand
les charognes dévoraient ses plus belles créatures
et quand flambaient les couvents maudits
avec l'admirable Durutti
(à Paris je parlais de toi avec Emilienne sa compagne)
mais toi tu ne parlais pas
mais toi tu n'as jamais parlé
de cette guerre toi qui avais horreur de la guerre
toi qui étais contre la superstition
pour le merveilleux
pour le sacrilège
contre la dévotion
et pour le bonheur
contre l'esclavage
tu avais une fois pour toutes
vaincu ce mal d'avoir peur de soi-même
tu étais le fer et le feu
la glace et la flamme
la tempéte et la bonace
le brasier où se tordait la colère
toi notre ami
le ciel était à ta couleur
quand tu rêvais du monde futur
le coquelicot chantait dans tes prunelles
au moins toi tu te foutais de la gloire
comme de ta première hostie
contraint de vivre au jour la nuit
dans un torrent de sortilèges
tu faisais du jour le jour
tu marchais dans la vie
comme un soleil dans le soleil
tu étais l'image de la liberté
l'apostrophe l'invective et le blasphème
tu aimais l'amour mais en secret
nul n'a rien su jamais de ton amour
toi le chantre de l'amour sublime
tu étais le révolutionnaire par excellence
tu étais poète dès ta naissance
et les merveilles s'échappaient de tes doigts
comme des fleurs incendiaires
qui nous brûlaient le cœur
et ranimaient notre espoir
Benjamin Benjamin pour toujours flotte le drapeau rouge
au-dessus de toi
Benjamin Benjamin la poésie la révolution
ensoleillent à jamais ton sommeil
Pierre de Massot
Reference | 202545 |
Keywords | carte de membre |
Categories | Archives, Archival Documents |
Set | [Archives] Cartes de membre du portefeuille brun d'André Breton |
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