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Huile sur carton de 1946 représentant une divinité du vaudou haïtien.
Deux images, une longue notice descriptive, une bibliographie.
Huile sur carton datée aux environs de 1945 réalisée par Hector Hyppolite, fondateur du groupe des artistes naïfs d'Haïti.
Peinture signée en bas à droite : Hector Hyppolite ; titrée en bas à gauche : Mari Travo (deux fois).
Hector Hyppolite
« Il voyagea dans sa jeunesse en Amérique et en Afrique, devint prêtre du Vaudou, peintre en bâtiments et peintre-décorateur... Il a fondé le groupe des artistes naïfs d'Haïti, dont il est l'une des figures les plus intéressantes. Il a été en rapport avec le peintre Wifredo Lam et avec André Breton. Il a participé à des expositions surréalistes à Paris. L'art d'Hyppolite ressuscite en ces temps modernes les antiques forces démoniaques, qu'il ramène à une vie ardente, renouvelée. Il disait lui-même : « La Sirène et Saint Jean veillent sur moi tous les deux : La Sirène m'aide à gagner de l'argent, Jean-Baptiste me donne des idées pour mes tableaux » (Paris, Musée national d'art moderne, Le Monde des Naïfs, 1964, s.p.)
« Je reverrai longtemps à la place qu'il occupait, au pied de l'escalier menant aux salles d'exposition, le premier tableau d'Hyppolite qu'il me fut donné de voir et qui me causa le plus vif en même temps que le plus agréable saisissement. C'était au "Centre d'art" de Port-au-Prince, en décembre 1945, dans une vieille maison charmante de la rue de la Révolution où un Américain, M. De Witt Peters, avait eu l'heureuse initiative de réunir les productions d'un certain nombre d'artistes haïtiens pour la plupart autodidactes et s'efforçait en outre d'éveiller des vocations de peintres en tenant atelier ouvert - du papier et des crayons mis à la disposition de ceux qui voulaient s'essayer.
« Le tableau qui m'arrêtait au passage m'arrivait comme une bouffée envahissante de printemps. Avant même que je me fusse rendu conscient de son sujet, il me parvenait comme un don pur de choses heureuses. Il y avait là l'équivalent de ce que procurent les plus belles journées dans la campagne, les plus tendres frissons de l'herbe, les semis qui lèvent, les boutons-d'or, les diaprures des ailes d'insectes, les coups de cymbales minuscules des fleurs grimpantes, la jonglerie des fruits aux mains de l'année. Au centre, une échappée sur le ciel comme on peut l'avoir dans une clairière. C'est seulement ce premier éblouissement passé que l'œuvre s'organisait selon l'intention de son auteur : la tache bleue se précisait en robe de la Vierge, robe aux volants de volubilis, car c'était elle, en effet, que deux anges paraient d'une couronne couleur de pollen et c'était aussi sur un lit de pollen que l'enfant reposait à ses pieds, fêté d'oranges, de raisins, de cerises, de bananes et entouré d'anges jouant de la trompette ou tenant des flambeaux. Tracé d'une écriture gauche on pouvait lire, au-dessous d'un petit livre ouvert, le mot "Adoration".
« Bien que jusqu'alors on ne s'en fût guère avisé au "Centre d'art", cette œuvre et celles que, ce jour même, je pus me faire montrer de son auteur éclipsaient de loin toutes les autres. Elles étaient les seules de nature à convaincre que celui qui les avait réalisées avait un message d'importance à faire parvenir, qu'il était en possession d'un secret...
Nous ne saurions assez répéter que ce secret est tout et que nous attachons un tout autre prix aux moyens d'expression que l'homme est amené à se créer lui-même, si humbles soient-ils à certains égards, qu'à l'habileté plus ou moins grande avec laquelle il peut jouer de moyens empruntés. Considérée sous cet angle, la peinture d'Hyppolite peut être réputée pure de tout alliage, sonnant comme le métal vierge.
« La peinture d'Hector Hyppolite apporte, je pense, les premières représentations qui aient été fournies de divinités et de scènes vodou. À ce titre seul, en tant que peinture religieuse primitive, elle présenterait déjà un intérêt considérable. Le chromo d'inspiration chrétienne faisait jusqu'ici tous les frais de la figuration des "loas" ou divinités, ce à quoi le syncrétisme vodou ne voyait d'ailleurs aucun mal, pour l'excellente raison qu'Erzulie Fréda Dahomey, déesse de l'amour, a été couramment adorée des fidèles sous l'aspect prêté à la vierge Marie, Papa Legba, maître des carrefours, sous celui de saint Antoine de Padoue, Ogoun Ferraille, dieu de la guerre, sous celui de saint Jacques Majeur en raison de ce que celui-ci, dans l'imagerie, est souvent porteur d'une épée, etc. Jusqu'à Hyppolite, l'iconographie propre au vodou se réduisait aux "vêvers", dessins tracés sur le sol autour du pilier central du péristyle où se déroulent les cérémonies. D’origine vraisemblablement indienne caraïbe, ces dessins, symboliquement évocatoires de telle ou telle divinité, sont obtenus par saupoudrage linéaire de farine de blé ou de maïs. Ils sont d’une très grande poésie.
« La vision d’Hyppolite parvient à concilier un réalisme de haute classe avec un surnaturalisme de toute exubérance. Nul ne saurait mieux que lui exprimer l’angoisse de certains ciels d’Haïti ni suggérer, par la fusion des verdures et des rouilles, l’aspect sans fond, si trouble, de ses feuillages. Chez lui, d’autre part, ce qui résulte de la perception visuelle cesse de se distinguer de ce qui résulte de la représentation mentale : c’est ainsi que, dans une scène d’évocation qui fait l’objet d’une de ses peintures, le dieu-serpent Damballah n’est ni plus ni moins réel et concret que le sacrificateur, le maître de cérémonies et les deux prêtresses porteuses de fanions.
« Les œuvres d'Hyppolite que nous avons choisi de reproduire et qui prennent place dans une série de même format et de même type occupent dans sa production une place à part. C'étaient, dans l'esprit de leur auteur, des "cartes magiques" et, en effet, on ne manquera pas d'observer que la figuration d'Ogoun Ferraille s'y apparente à celle du Bateleur dans le tarot. Marinette (Marinette Bois-chèche) qui se montre ici à deux reprises n'est autre que la réplique, dans le rite "Petro" du vodou, de L'Erzulie Fréda du rite "Rada". Les deux œuvres qui la mettent en scène ont l'avantage de faire valoir les ressources de la technique toute primitive d'Hyppolite. Dans l'ignorance de toutes les recettes de "composition" que se transmettent les artistes professionnels et qui tendent de plus en plus à faire dépendre la peinture de secrets de cuisine, il est frappant de constater qu'il atteint d'une manière spontanée, instinctive, à l'équilibre. Qu'on prenne garde seulement, dans "Maritravo", au parfait balancement obtenu du vase et du personnage de droite, de même corpulence et que rend plus sensible encore la correspondance de la partie du serpent qui sort du vase au bonnet pointu dont le personnage est coiffé. Sur le plan, non plus de l'harmonie plastique mais de l'intensité psychologique, qu'on remarque aussi, dans "Marinet", comment le personnage vermiculaire de gauche, dont il s'agit d'exprimer la terreur, tente de se défendre du transpercement du sabre au moyen d'un bras figuré en pointillé sans doute pour indiquer qu'il n'en est pas réellement pourvu. » André Breton (Le surréalisme et la peinture, Nouvelle édition revue et corrigée, 1928-1965, Paris, Gallimard, 1965, pp.308-312)
- André Breton, Le surréalisme et la peinture, Nouvelle édition revue et corrigée, 1928-1965, Paris, Gallimard, 1965, p. 312
Creation date | Vers 1945 |
Date of publication | 1945 |
Languages | French |
Physical description | 52 x 69,5 cm (20 1/2 x 27 3/8 in.) - Huile sur carton |
Breton Auction, 2003 | Lot 4313 |
Keywords | Art Brut or naive, Painting |
Categories | Modern Paintings |
Permanent link | https://www.andrebreton.fr/en/work/56600100652910 |
Huile sur carton de 1946 représentant une divinité du vaudou haïtien.
Deux images, une longue notice descriptive, une bibliographie.
Huile sur carton d'Hector Hyppolite, fondateur du groupe des artistes naïfs d'Haïti.
Une image, une longue notice descriptive, une bibliographie.