Photo de Breton dans un village Hopi en 1945
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Portrait de Breton dans un village Hopi en 1945.
Pas d'image, une notice descriptive, une photographie associée.
» Musée Nord-est Arizona.
» Photos femme hopi coiffure :
a) avant le mariage, en papillons au bord du plateau [dessin].
b) après, curring water (eau courante) [dessin]
» Environ 7 000 Hopi en tout 1 100 environ dans cette reservation autour Oraibi.
[Dessin : femme hopi de profil avec les cheveux rassemblés en queue de cheval à l'aide d'une bandelette de laine blanche.]
» Navajos à Flagstaff. Bracelets, colliers et pendants d'oreille de turquoise (très bleue, la seule qu'ils apprécient).
Les femmes vêtues de blouses de velours noirs à boutons d'argent et de longues jupes de velours noir (23 mètres de velours noir à 4 $ le mètre dans la jupe navajo) ou de soie qui rappellent celles des gitanes par les couleurs et par l'ampleur.
Bottées. Turquoises bleues. Les Navajos tiennent les Hopi pour des lâches.
» Mardi matin, 7 ou 8 août 1945.
» Réveil à Hotevilla, 6 kilomètres Oraibi dans un chemin de sable sous un abricotier. Route bordée abricotiers pêchers et pommiers. Ciel pommelé.
» La veille au soir arrivée à Hotevilla — maisons toutes en pierre de sable (sandstone) ???haut village comme un cristal blond parmi ces structures de rochers par tables horizontales dont les larges masses érodées qui donnent l'impression d'une superposition [dessin] et dressent des figures d'oiseaux. Enfants qui se groupent de plus en plus nombreux pour nous suivre mais s'enfuient dès qu'on les regarde pour se rassembler à nouveau, riant. Vêtus à l'européenne.
» Vieille femme à cheveux blancs très sorcière de type, remuant des maïs entièrement noirs.
Katchinas dans les maisons où nous entrons, pendues aux murs ou posées.
Ohote bleue trouvée à Moenkopi près Tuba City.
Inscriptions indiennes = pétroglyphes (chercher ce mot).
» Le soir de cette arrivée à H. pendant qu'on dresse les tentes, passage du propriétaire des arbres, Hopi nommé Pumasati. Je lui parle de l'intérêt qu'on porte en Europe aux Katchinas — on tient l'art hopi pour très grand. " Ce n'est pas trop tôt ", dit-il. Assez défiant et ironique à l'égard des Navajos qui pillent en passant ses abricotiers (il nous fait goûter leurs fruits).
» La veille arrivée par un chemin assez difficile. Désert mais si différent de celui du Nevada. Sable. On croise la voiture d'un employé du service navajo qui descend, très obligeant nous renseigne (mi-navajo mi-américain). Il n'y a plus à cette hauteur des gila monster. Des serpents oui.
Sur la route étrange trophée de cornes (photo) au pied duquel quelques quartz.
» À Hotevilla le dîner hopi : tous à terre assis à l'amazone (les deux jambes du même côté). Repas autour d'une peau de chèvre (?) : sorte de double crêpe et pastèques dont les pépins noirs jonchent ensuite le sol en bordure de la peau.
» Mardi.
» Achat quatre poupées + une plume et un ruban Hotevilla. Pas autorisation photographier. Demander au chef.
Indiens : curiosité suivie de méfiance (comme automatiquement suivie). Lunatisme régulier en ce sens (seulement).
Impossible d'acheter les trois très belles Katchinas à crénelures presque accordées la veille au soir ($ 4).
» Principale fleur parmi la sauge et les arbustes rouge tomate : " indian paint-brush " (pinceau indien).
Les petites filles de 6 à 8 ans rouge à lèvres.
» Hotevilla. Enfant 6 à 7, tatoué rouge et noir, destiné à devenir le medicine-man de la tribu (?).
» On entend chanter dans une maison (Oraibi). C'est un Indien qui s'entraîne pour la danse du Serpent du 22 août. À cette occasion les hopi se mettent en quête de traces de reptiles. Il faut capturer des rattlesnakes d'une certaine taille (très grands). Ils sont mordus parfois mais n'en sont pas incommodés. À l'époque des danses ils absorbent pendant une dizaine de jours un très puissant antidote dont la composition est un des secrets hopi les plus grands. Aux autres époques usage de cet antidote en cas de morsure (effet curatif certain).
» Hotevilla. Refus complet de coopération avec Amérique, à la guerre en particulier. Trente jeunes gens emprisonnés pour refus de service, on les relâche après quelques mois d'incarcération dans l'espoir qu'ils se soumettront mais ils restent inébranlables, on les emprisonne de nouveau, et cela dure depuis quatre ans.
Deux photos d'Elisa.
» Vieil Oraibi. Une jeune fille d'abord souriante à la descente de voiture puis méfiante (elle ne nous quittera plus, hostilité croissante jusqu'à la fin de la promenade). Le chef se présente et nous ouvre sa maison (boucliers au mur). Il nous a fait épeler et prononcer son nom sur la porte. Il est devenu chef du village à la mort de son oncle. Peut-on prendre des photographies ? — Non, les gens n'aiment pas ça. Il est très vieux et misérable avec un œil vide (trachome, comme tant d'Indiens). Les enfants en très grand nombre malades de la peau (visage, cuir chevelu).
Vieil Oraibi, le dernier point de résistance hopi : la ville n'a jamais été abandonnée par la suite et ses habitants en sont très fiers.
» Même après l'apaisement à Oraibi la résistance à continué à Hotevilla puis à Moenkopi. La Révolution a eu lieu en 1906 : elle était prédite pour cette date ; certains Hopi étaient pour la conciliation avec la gouvernement américain ; d'autres contre ; le litige fut tranché le long d'une ligne tracée le long de laquelle les deux parties poussaient de toute leur force. Les premiers gagnèrent, les seconds furent ceux qui se retirèrent ensuite à Hotevilla. Cette anecdote illustre le pacifisme des Hopi. À l'école les enfant hopi frappés par les enfants navajos se bornent à se protéger le visage de leur bras (raconté par le jeune ethnologue).
» Clan du diable / clan de l'ours [dessin schématique de la rencontre].
" Push of war " (poussée de guerre)
» 1906 Youkeyouma (nom du chef)
» Gravé dans la pierre avec le dessin : Well it has to be this way now that when you pass me over this line it will be done (" bien ça doit être ainsi maintenant que quand vous me ferez passer à travers cette ligne la chose sera faite "). Cette inscription en anglais parce que les Hopi ne savent écrire qu'en anglais.
» Le clan du diable a perdu. Alors le chef tourne sur les talons et se retire avec tous ses partisans vers Hotevilla (bien que la saison soit des plus défavorables).
» Le chef nous présente une petite ordonnance en mauvais état dont nous prenons connaissance (irritation-hostilité ?)
» Mesa = table. Pueblo = village.
» Chez Mr. Powers nous sommes dans la Second Mesa (on désigne par mesa chacun des paliers et groupes rocheux qui composent la reservation hopi). Ils sont au nombre de trois, le premier correspondant à Polacca, le deuxième à Shungopovi, Mishongnovi et Shipaulovi, le troisième à Oraibi. À ces trois divisions correspondent des variations de détail dans le décor des Katchinas. C'est ainsi que pour l'un des mesas [dessin d'un ornement] peut devenir [dessin d'un ornement légèrement différent] dans un autre (le jeune ethnologue Mr. Smith). Il s'y joint des variations individuelles — selon l'artiste.
» Le Hopi est monogame, mais assez léger. Cette légèreté de mœurs ne porte pas atteinte à sa réputation et n'entame pas sa qualification sur le plan religieux. Matriarcat. L'enfant est du clan de la mère clan père. C'est l'oncle maternel qui lui remet Katchinas (vérifier). Si un enfant est méchant, sa mère lui dit qu'il est kohopi (qu'il n'est pas hopi).
» Jeudi.
» Shungopovi — Mr. Powers instituteur à Second Mesa.
» Shungopovi, village au sommet du rocher que nous gravissons à pied. Retournons le soir. Le long du chemin petites tombes garnies de bâtonnets gris-bleu ou turquoise et de plumes, comme des flèches de parade tombées.
» Meilleur accueil qu'à Oraibi. Achetons sept poupées assez modernes de facture. Les petites Indiennes très entreprenantes, belles d'une beauté d'astres. L'une se promène avec Elisa qu'elle tient dans ses bras très serrée par la taille : " Emmène-moi avec toi " , puis elle et deux autres cherchent à l'entraîner vers les maisons ! Elles rêvent aussi de partir par l'automobile. Un faucon attaché sur le toit par une patte au bord du précipice devant le soleil couchant. Nous revenons le lendemain matin. Photographies de moi, de Jeanne, du lieu où se retirent les danseurs (souterrainement) après les cérémonies. Nul d'autre n'est jamais autorisé à y descendre. Cet endroit fait de pierre et de l'orifice duquel dépasse une échelle porte le nom de kiva.
» L'après-midi.
» Mishongnovi (autre village en nid de pirate ou d'aigle), même région que le précédent (avec Mr. et Mrs. Powers) : on recommande de ne pas chercher à photographier : les Indiens pourraient tirer et tuer (exagéré, voir la suite : pacifisme hopi).
» Deux grands rochers (photos) = les deux bases de la civilisation hopi (il y en avait trois, l'un est tombé il y a cinquante ans, tremblement de terre). La légende veut que s'ils s'écroulent la civilisation disparaît. (Ils dominent le cimetière.) L'ensemble des deux rochers constitue le Corn Rock. Les enfants ne doivent pas s'en approcher (Corn Rock).
» Shipaulovi — Achat de trois poupées : Ohote, [?] et Cerf.
» Les Hopi sont reconnus comme les meilleurs cultivateurs du monde sur terrain sec. Éclat extraordinaire des plants de maïs (maïs à épis noirs ?) dans la vallée.
» Mr. Smith — Les missionnaires sont toujours dans la région mais leur entreprise est sans succès. À la fin du XIXe siècle le gouvernement américain convie les chefs hopi à Washington et les place devant cette alternative de confier l'éducation de leurs fils aux soins des Américains à Washington ou bien de permettre à certains missionnaires enseignants (méthodistes, catholiques) l'entrée et le séjour sur leur territoire. En désespoir de cause ils signèrent dans le deuxième sens de sorte que la présence des religieux est tolérée mais c'est tout (respect intégral de la parole donnée constitue un des traits indiens caractéristiques).
» Masques et katchinas
» Bleu : azurite
» Vert : malachite
» Rouge : hématite
» Blanc : kaolin
» Jaune : limonite
» Noir : obsidienne
» Ils sont d'abord préparés fond de gypse (blanc) + galène (minerai de plomb utilisé en poudre brillante).
» Le soir du jeudi, dîner avec Mr. Smith, ethnographe d'une vingtaine d'années, très sympathique. Il vit d'ordinaire dans la reservation apache mais passe les vacances à Mishongnovi où il habite chez l'Indien, partageant sa vie et ses repas (il a été berger chez les Hopi comme il est medicine-man des Apaches). Repas toujours à base de maïs et de mouton. Il a eu l'occasion d'acheter des masques hopi mais il s'en est toujours gardé soigneusement pour ne pas perdre à tout jamais l'amitié hopi. Les Zuni, eux, pourraient tuer s'ils trouvaient un Blanc en possession de leurs masques, l'hostilité des Hopi à ce propos, pour se traduire d'une manière moins violente, n'en serait pas moins assurée. Les Apaches n'attachent pas la même importance à la dispersion de leurs masques cérémoniaux et Mr. Smith en possède plusieurs.
» À l'origine de la mythologie hopi :
» Apaches : Dr Byron Cummings
» Kinishba ruins — 9 miles Whiteriver
» Zuni : cf. Capitale Zuni
» Les Katchinas sont taillées dans la racine du cottonwood venant de la rivière (Colorado River).
» Ce bois est desséché durant un an (enterré dans la sable). On ne fabrique plus guère de grandes poupées en raison de la rareté croissante de ce bois.
» L'aigle est tenu par les Hopi pour un trait d'union intermédiaire entre la terre et le ciel : d'où l'importance de la plume d'aigle.
» La plume d'aigle (tenue dans la danse ou non ?) est le véhicule de la prière vers le ciel.
» Vendredi : Walpi le " pueblo des Nuages " [dessin] comme un bateau de guerre gigantesque taillé dans le roc.
» À Taiwa près de Walpi (poupée et papillon)
» Keams Canyon (nuit du vendredi au samedi 11 août)
» Poupée violette.
» Chercher Smithson Institute 1901 - 1902
» 23d Report et 19d Report (Mishongnovi)
» Plumes particulièrement appréciées par les Hopi : perroquet, toucan, aigle.
» Indians of the Enchanted Dessert By Leo Crane, Boston 1929 (Little, Brown & C°)
» Dimanche 12 août près de Fort Apache.
» Entrée zone apache
» Pins, montagnes boisées de pins, route bordée de coquelicots blancs, de bouillon-blanc, yuccas, odeur de skunk, cactus, tentes en yuccas séchés. Elisa prend une photo tentes apaches (région Whiteriver).
» Photo Kinishba, ruines (fragments de poteries préhistoriques) datent de 600 ans, bâties déjà sur des ruines.
» Les Apaches ont été considérés comme prisonniers de guerre jusqu'en 1920 (résistance armée de vingt ans dans les forêts).
» Coucher le dimanche à Saint-John — 55 miles Zuni
» Lundi 13 matin.
» Reservation zuni. La ville — Missionnaires méthodistes établis dans une des plus laides constructions du monde.
Hopi et Zuni sont de même origine : les uns partis vers l'Est, les autres vers l'Ouest.
Poupées zuni introuvables. On en voit une chez l'institutrice Mme Gonzalez, peu importante mais intacte (collier de plumes).
Dessins à l'école par les Indiens de 13 à 15 ans.
Les poupées ne se trouvent pas dans les maisons comme chez les Hopi mais à l'intérieur des kivas (les femmes ne sont pas autorisées à les voir) et le patron du Trading Post à qui l'on achète des boucles d'oreille de turquoise ne semble pas entendre quand nous lui demandons de s'informer de telles poupées auprès des Indiens.
Les femmes et les fillettes portent de grands châles espagnols.
» Soir Gallup.
» Hopi.— Les maisons hopi sont construites de sorte qu'on doit y pénétrer par le plafond. On montait par des échelles qui étaient enlevées la nuit par mesure de protection contre les ennemis.
» Recherche des serpents : dans les quatre directions : un jour vers le Nord, deuxième vers l'Ouest, troisième [vers] le Sud, quatrième [vers] l'Est. Avant de partir pour cette recherche, ils passent plusieurs jours à prier et à chanter dans le kiva (prières au Serpent).
Quand un serpent est découvert les Hopi l'entourent et l'un d'eux répand sur lui de la nourriture puis prend le serpent de la main droite.
» Voir dans le Gallup Independent l'article sur la philosophie zuni où il est dit que les Zuni vénèrent d'autant plus les animaux et les choses qu'ils sont plus loin de l'homme (chien, serpent). Cf. position surréaliste.
» 15 août — Acoma :
» Sur la route Gallup - Acoma, trading post et zoos (rattle snakes et gila monster). Photos Elisa et grandes poupées.
» Vieil Acoma dans le plus beau et le plus étrange site : Rochers en conciliabule d'ours et d'oiseaux de nuit. Superbe escalier labyrinthique, taillé en plein roc (Acoma, the Sky City). Le vieil Acoma n'est plus habité que par les deux war chiefs (chefs de guerre) et une famille qui se relaie chaque année. Lourde église dans le style approximatif (!) du village. Température torride. Mais une cave où le vent en soufflant gèle l'eau à -3°. Deux femmes acomas guettent les visiteurs et les invitent du haut du rocher (pauvres poteries, signatures d'un livre, paiement $ 1 par personne).
» 17 août — Gallup — Ouverture du cérémonial sous la pluie battante. Six feux alignés sur la piste exaltent le rouge des costumes des spectateurs indiens. Quand les danses prennent fin les danseurs se rassemblent autour des six feux. Spectacle extraordinaire : le fond constitué par les voitures indiennes à toit demi-cylindrique [dessin] aux lueurs des feux sous la pluie les couleurs vives des chemises et des jupes font penser aux tableaux de guerre de Watteau et à Goya. Les Indiens autour des six feux : cela dessine six amandes d'opale, d'une opale qui tourne et exalte ses feux rouges. Au plein jour, le lendemain sous le soleil, ce sont au contraire les bleus qui jouent au maximum (chemises des hommes).
» 18 août — Sand painting par deux hommes et deux femmes sous la direction du medicine-man. Ils peignent des deux doigts comme on sale. Naissance d'une feuille avec ses nervures comme si l'on y assistait en accéléré.
» Photos, 18 août :
1. Danse de bienvenue par les Hopi
2. (La même)
3. Squat dance Oklahoma (danse pour planter)
4. (La même)
5. Danse du cerf San Juan (New Mexico)
6. Danse des chèvres de la montagne (Indiens Cochiti New Mexico)
7. Danse cheyenne (Wyoming)
8. Peinture sur sable navajo
9. (La même)
10. Très belle Midnight dance (danse de minuit)
11-12. Des Indiens de Santa Ana (New Mexico) avec les cheveux répandus sur le visage (nuit du 17)
» Retour à Second Mesa le 21 août.
» Shungopovi : trois poupées (dont deux Katchinas à cheveux longs).
» Danse de l'Antilope à Mishongnovi 21 août.
» Deux groupes de danseurs dont le premier entre d'abord en scène, composé douze hommes la plupart âgés (cheveux gris ou blancs). Torse nu peint rouge-brun, tatouages blancs en éclairs. Rouges aux pommettes. Mentonnière noire. Ceinture rouge genre tapis. Katchina droite colliers de turquoises. Ils portent la jupe de la danse du maïs et le sachet (?), le pendant de la danse de la pluie des Zuni [ajouté postérieurement :] Non, cet ornement est hopi. Dans les mains à droite le rattle, à gauche une pincée de nourriture sacrée
» (Record = disque Victor 20043). [Dessin du visage peint d'un danseur avec sa coiffure de plumes.]
» Premier groupe — pied nu peint en blanc , bracelet de cheville en laine tressée, dessin noir blanc et rouge (tous dessins différents).
» Plumes feu dans les cheveux : sortes de plumes de la queue du coq Rhode Island. L'un (le troisième) a une couronne de feuilles. Ils tiennent le rattle blanc, en arrière attaché à la ceinture peau de renard ou autre bête (renard gris ou roux ou). Dans chaque main, rattle plat contenant du maïs.
» Deuxième groupe : onze hommes et deux enfants — colliers de coquillages, ou coquillages et turquoises — Plumes orangées et noires — Rouge aux pommettes. Bracelet droit de coquillages. Bracelet d'archer comme celui de Urban (bracelet d'archer hopi non navajo) à l'autre bras. Tortue sonore à la hauteur du mollet droit. Tatouages blancs en formes de taches oblongues sauf un tatouage forme "soutien-gorge". Bracelet au-dessus du coude en cuir à incrustations blanches. Tous bottés de cuir rouge.
» [Dessin représentant la place du village, la pierre et la petite hutte de branchages.]
» Les danseurs décrivent des cercles de dimension décroissante et croissante sur la place de manière à frapper du pied le sol (une planche dissimulée sous le sol) à l'entrée de la hutte (en se retirant ils décrivent un espace en croissant quatre fois le périple prévu) et à répandre sur la pierre alternativement de l'eau, contenue dans un bol de vannerie recouverte de laque, et de la poudre de maïs.
» [Dessins figurant les spirales décrites par les danseurs. Plan de la fête : la kisi de 10 pieds de haut sur 6 de diamètre, fermée par une pièce d'étoffe formant porte (abri en planches de sapin où l'on place serpents ou offrandes) et emplacement des spectateurs.]
» [Deux dessins figurant les mouvements d'entrée et de sortie des danseurs : ]
Entrée. Quatre fois ? Ils ont six points cardinaux N W S E, Zénith et Nadir.
» Four non allumé. Au troisième tour ils jettent de la poudre de maïs sur le four.
» Sortie (quatre fois). Analogie avec le symbole de la grecque, labyrinthe (bracelets) qui désigne par ailleurs le village hopi.
» Très difficile de se rappeler deux heures après à quoi sert la hutte, son rôle (cachette, prestidigitation), ce qu'elle contient (on en sort la branche de maïs), combien de fois et à quelles occasions les deux danseurs y entrent et en sortent. Elle est très bien masquée (comme d'herbes serrées) à sa partie inférieure.
» [Dessin de la hutte avec gerbe de branches de cottonwood, " objet capital " (kisi), porte d'étoffe.]
» Face à face les danseurs du premier et du deuxième groupe. Ceux du premier commencent par agiter les rattles puis chœur prolongé alternant avec un murmure (sorte de prière pendant laquelle ils effectuent des pas en avant et en arrière) pendant que deux danseurs, l'un jeune, l'autre âgé, le vieux tenant le jeune par l'épaule et soutenant de la main gauche le maïs que le jeune tient dans sa bouche, évoluent entre les deux files en chantant :
[Schéma représentant les mouvements des deux groupes avec deux officiants devant la kisi.]
» Atmosphère initiation. Très solennel, très grave, les participants ne portant aucune attention à l'entourage. Pas de danse — partant toujours du pied droit, très léger non solennel mais prolongé.
» Premier danseur masqué de blanc (officiant) vient de la seconde ligne, deuxième vient de la première.
» Urban témoigne que : [phrase inachevée].
» Les danseurs du deuxième groupe représentent le clan du Serpent, ceux du premier le clan de l'Antilope. Cette cérémonie a lieu aujourd'hui sur l'invitation du clan de l'Antilope, demain sur celle du Serpent.
» Au début marche vigoureuse quatre tours, hâtive (c'est comme s'ils avaient déjà marché très longtemps et avaient hâte d'arriver quoique fatigués (intervalles entre eux inégaux, chacun donnant sa mesure d'énergie sans souci d'ensemble : très impressionnant). La planche dissimulée sur laquelle les danseurs frappent du pied recouvre un trou qui s'appelle le sipapu et représente l'entrée du monde souterrain. L'appel du pied est un message à l'esprit du Grand Serpent à plumes d'eau (Great Plumed Water Serpent) qui est à l'origine du mythe hopi. Chaque fois que les danseurs passent devant l'autel (la hutte), ils laissent tomber une pincée de nourriture sacrée.
» Deuxième groupe (serpents), jupes en cuir, plumes rouges, dans la main droite pot décoré de plumes. Tour quatre fois.
» Chant très doux accompagné de balancement des corps.
» La danse de l'Antilope le 21 août 45 à Mishongnovi commence à 7 heures. Nous sommes assis depuis près de trois heures sur la place (banc devant la maison). Chaleur torride. Une vingtaine de spectateurs blancs qui se tiennent plus ou moins mal (des groupes de jeunes filles américaines entrant successivement dans toutes les maisons : "Avez-vous des katchinas ?" et se bousculant, une autre femme balançant sans précaution sa poupée au bout de la ficelle, des types plaisantant lourdement). Je viens à peine de prendre ce carnet et d'écrire deux lignes de notes sur les costumes qu'une voix derrière moi (on m'a touché l'épaule) : "Give me your book." Il le prend et reste debout derrière moi tout le temps de la danse. On lui explique ensuite que je ne parle pas anglais, que j'ai seulement écrit deux lignes, il se les fait désigner et déchire la page qu'il emporte pliée. Si je recommence je serai chassé du village (un peintre américain a été prié de quitter Oraibi la veille après vote des habitants, prenait des croquis). Le policier : police indienne, insigne "deputy", très "fâché". On craint de n'être pas admis demain à la danse du Serpent. J'explique à Jeanne que je ne regrette rien, que si j'admire l'art hopi, je ne me tiens aucunement pour obligé de respecter la religion hopi plus qu'une autre et d'observer ses prescriptions (fanatisme, anarchie). On n'arrive pas à savoir si l'objection est d'ordre religieux ou commercial.
» Problème atterrant : les Hopi passent pour être les meilleurs cultivateurs sur terrain sec. Cependant le gouvernement envisage d'irriguer leurs terres. On voit ce qui peut en résulter de néfaste esthétiquement. Faut-il irriguer dans ces conditions ? J'irriguerais (bien malgré moi), mais j'irriguerais. Détresse de ces populations. C'est elle qui passe dans leurs cérémonies et leur confère cette gravité unique, sans doute.
» La danse du Serpent est la démonstration publique qui clôt la cérémonie secrète de neuf jours dans les kivas des clans de l'Antilope et du Serpent.
» Julia M. Buttree, auteur de The Rhythm of the Red-man (A. S. Barnes & C°, 1930, New York) qui a assisté à la danse du Serpent à Miishongnovi le 21 août 1927 note que les prêtres du Serpent sont conduits par un albinos. Ce n'est pas la cas cette fois (observé la grande proportion d'albinos parmi les Hopi : rencontré au moins cinq).
» La date de la Snake Dance n'est jamais connue que dix jours en avance. On dit que c'est lorsque le soleil projette l'ombre d'un certain rocher d'une certaine façon. Cependant toujours entre le milieu et la fin d'août.
» La danse est une prière pour la pluie. Les serpents sont les émissaires des puissances de la pluie.
» Début : chanson très douce et sourde accompagnée de mouvements du corps de côté et d'autre, accompagnée du mouvement de leur houlette de plumes. Ils tapaient la houlette dans l'air rapidement deux fois à gauche deux fois à droite, neuf fois de suite (dix-huit en tout), ceci répété cinq fois. De temps à autre trois battements au lieu de deux et revenaient au mouvement de deux. Évidemment ils chantaient une chanson dont ils donnaient le rythme sans qu'on puisse toujours entendre leurs voix.Le rythme semblait être 1 - 2 - 3
repos ; 1 - 2 - 3 - repos, c'est-à-dire fort — doux à gauche léger et repos à droite, dans le rythme du chant (d'après J. M. Buttree, ouvrage cité).
» 22 août : Snake-dance, Mishongnovi.
» Attente de 4 heures à 6 heures environ. Plus de cent voitures. Soleil puis pluie d'orage. Nuages clairs. Pluie à grosses gouttes sous le soleil. Entrée prêtres-antilopes (onze Indiens parmi lesquels le danseur au maïs de la veille).
» Les prêtres du Serpent, treize dont deux enfants (8 à 9 ans). Visage peint, front rouge et le reste noir — bande blanche autour du cou. Corps brun-noir.
» Au bras droit des prêtres-antilopes, retenu par un bracelet ces derniers portent un rameau de peuplier. Mocassins bruns.
» Kisi : même disposition que la veille.
» Après environ trois minutes de chant, arrêt brusque. L'un d'eux quitte les rangs et se retourne comme cherchant quelqu'un en particulier. Conciliabule entre les prêtres du Serpent (apparemment désorientés). Finalement il désigne un des policiers indiens (ce serait là une partie de l'initiation pour lui et il pourrait ultérieurement, après d'autres épreuves, être admis dans le clan du Serpent). Selon John (Indien hopi) ce policier s'est converti à la religion chrétienne (secte baptiste) ainsi que sa femme, mais le chef garde le pouvoir sur lui (s'il refusait il perdrait immédiatement sa fonction).
» Ce que je note plus haut est d'après J. M. Buttree. C'est à l'individu ainsi choisi de tendre aux danseurs des serpents qui sont dans la kisi derrière le linge.
Les prêtres S [du Serpent] se forment alors en groupe de trois : no 2 met son bras gauche autour du cou du no 1. No 1 met son bras droit autour de la taille du no 2. No 3 marche seul derrière eux, no 4 comme no 1, no 5 comme no 2. No 6 comme no 3, ect.
» Ils commencent une autre chanson plus forte, décrivant un cercle et levant toujours plus haut le pied droit que le pied gauche. Par intervalles le pied droit reste suspendu dans l'air pendant deux mesures. Au second tour, le nouvel initié commence à leur tendre le serpent qui est pris par le no 1 dans sa bouche à environ quatre inches de la tête du serpent, la queue s'enroulant sur le bras gauche.
» Le n° 2 continuait à agiter la baguette de plumes devant la tête du serpent. Même chose pour les nos 4 et 5.
Entre-temps le n° 3 et le no 6 marchent derrière chacun des couples.
» Ceci jusqu'au moment où n° 1 et n° 4 jettent les serpents à terre. C'est alors que le n° 3 et le n° 6 commencent à manœuvrer les serpents, à les détourner des spectateurs et à les ramasser. Au tour suivant un nouveau serpent est remis à chacun des leaders et la même procédure continue. (Aujourd'hui environ vingt à vingt-cinq serpents, dont quatre rattles et plusieurs bull-snakes.) À la fin de la danse, le n° 3 et le n° 6 ont les mains pleines de serpents. On a souvent l'impression qu'un des danseurs est mordu. Souvent un des serpents remonte autour du visage vers la région de l'œil.
» Quand les prêtres ont commencé à danser, trois femmes apparaissent d'un côté et neuf de l'autre, enveloppées de châles. Quand tous les serpents ont été usés, les danseurs les jettent tous à terre après que le premier prêtre à tracé un cercle de maïs et tracé les six directions (serpents à l'intérieur de ce cercle d'où ils s'échappent plus ou moins). À ce moment les danseurs ramassent le plus grand nombre possible de serpents et partent dans les quatre directions où ils les ont trouvés neuf jours plus tôt. Après une heure ils reviennent, entrent dans la kiva pour en ressortir vêtus seulement un quart d'un cache-sexe et aller se baigner. Ensuite ils absorbent un quart d'un liquide très épais verdâtre et brun que leur apportent deux femmes (émétique).
» Les danseurs passent neuf jours dans la kiva sans manger (?) à baigner et à manœuvrer les serpents (Buttree).
» Aujourd'hui : les femmes répandent un peu de nourriture sacrée au passage des danseurs et elles couvrent les serpents de cette nourriture pendant qu'ils sont dans le cercle.
Six serpents à sonnettes. Les autres, bull-snakes.
» Prêtres-antilopes : le troisième couronné de feuilles tient un bol d'eau.
» L'enfant qui clôt la marche des prêtres du Serpent porte une sorte d'arc d'où pendent les plumes rouges qu'on a vues précédemment sur le kiva.
» On assiste de loin en rentrant au bain des danseurs au loin pendant que l'enfant à l'arc remonte en courant les rochers. Cet enfant s'est signalé pendant les deux premiers tours par l'angoisse où le mettait la chute de ses plumes sur son visage. Il n'a repris d'assurance que quand il a pu s'arrêter et assujettir sa coiffure au début du chant.
» Selon Bill Smith, les enfants hopi n'ont pas peur des serpents. En posant le serpent celui-ci semble manifester toutefois quelque inquiétude.
» 23 août.
» Chez Mr. Powers un Indien d'une cinquantaine d'années, Peter, qui vient apporter un panier de pêches. On lui parle de la danse d'hier (des gens qui sont passés par l'école dans la journée l'ont jugée médiocre, ayant assisté précédemment à plusieurs Snake Dances). Très beau visage de cet Indien, grande spiritualité et parfois sourire très fin et très mystérieux. Oui, cette fête est belle et émouvante, dit-il, pour qui en aperçoit le fond (background). Toutefois il déplore que la présence des Blancs lui ait enlevé beaucoup de solennité et que les prêtres ne s'y dépensent plus de la même manière. Du temps de mon grand-père, dit-il, je me souviens, c'était autre chose. Mais comment voulez-vous qu'il en soit autrement si pendant la cérémonie on s'agite de toutes les manières sur les toits des maisons en vidant des coca-cola ?
» Les tumulus qu'on aperçoit dans les champs ont été construits, dit-il, autour des endroits où l'on a découvert un serpent pour que les prêtres viennent l'y prendre.
Peter a un ranch tout près, deux cent quarante moutons. Il y quelques année le gouvernement américain a réduit le nombre de têtes de bétail permis aux Indiens (en raison de l'insuffisance de pâturage). Le nombre de bêtes d'élevage est proportionné à l'étendue de la famille (Peter a dix enfants). D'autres part certaines équivalences jouent : un cheval = vingt moutons ; une vache = cinq, etc.
» Dans le village de Shungopovi dix-huit Indiens perçoivent le secours d'indigence.
» Chaque année le programme de plantation est établi en commun par les hommes et donne lieu entre eux à des longues délibérations portant sur plusieurs jours. Les femmes se réunissent durant ce même temps et préparent en commun le repas. Il y a entraide permanente : si telle famille tue une vache on en fait profiter telle autre famille qui n'a pas des moutons, etc. Si telle année pour telle famille la récolte de maïs a été mauvaise, les autres familles distraient en sa faveur une partie de la récolte, etc.
» Les enfants hopi sont à l'école d'une extrême docilité. L'instituteur peut tout en ordre et la tâche remplie. Ils ne se battent jamais entre eux, tout au plus échangent-ils parfois des mots vifs.
» On interroge Peter sur le sens exact du mot Bohanas que les Indiens appliquent aux Blancs. Il répond avec beaucoup de fermeté et d'éloquence. Bo-ha-na désigne le Blanc (il répond pas quand on lui demande si le terme est péjoratif). Mais Bohana a un autre sens, que lui a transmis son grand-père. Celui-ci lui a appris jadis que leurs terres avaient été enlevées aux Indiens mais que viendrait un jour le Boha-na qui les leur rendrait. (Il parle à ce moment avec une grande conviction et une grande lumière intérieure. Le mot Bo-a-na qui revient souvent en tête de la phrase comme s'il définissait savamment est magnifiquement placé par la voix.) Il se retire après cette explication. C'est un homme qui cultive le maïs et le haricot (très petite instruction, troisième degré équivalant à huit ou à neuf ans). Noblesse extraordinaire.
» Un médecin passe tous les huit jours. Hôpital non loin. Spécialiste du trachome. Leçons d'hygiène à l'école.
» Vendredi 24 août — Ruines d'Awatovy (non hopi) ou Talahogan (non navajo), en compagnie Powers et John.
» Poteries. E. [Elisa] trouve un fragment semblable à la poterie "puce" d'Indian Art dont je venais de parler. — Azurite — deux ou trois flèches (environs de Keams Canyon). Sur la route difficile, formations ferreuses, hématites que nous prenons d'abord pour des météorites.
» Samedi 25 août.
» Cow-dance (danse des Vaches) au Vieil Oraibi. Elle commence à midi, heure hopi. Une trentaine de danseurs, même ceinture rouge à parement tombant. Masques à cornes, à large collier de feuillage genre tamaris, colliers de coquillages croisés passant sous le bras, colliers. [Dessin figurant le torse avec ces parures.]
» Le groupe se compose de vingt-cinq vaches environ, un taureau (masque plus réaliste), un loup (masque fourrure), un berger (masque comme les petits de Robert lebel à nez en tuyau, + un tambour. Lui seul a un rattle couleur turquoise, les autres rattles couleur naturelle.
» Deux hommes répandent le maïs en poudre au niveau de chaque danseur.
» Après le repas qui clôture cette danse et qui a lieu à une certaine distance de la place (femmes apportant des provisions de toutes parts à travers les rochers), cette danse est reprise et admet cette fois la participation de quatre clowns (culotte bleue en mauvais état, visage et torse peints noir et blanc, colliers de poivrons verts, grosse ceinture de laine) auxquels se joindra par la suite à la troisième un personnage au masque noir et blanc à trois tuyaux dont la tête est surmontée d'une sorte de fagot plat posé de côté auquel les autres mettront le feu, costume par ailleurs noir coupe ouvrier. [Dessin du masque.]
» Peu de variations dans la danse des Vaches. Les clowns rompent parfois la file des danseurs, se livrent à des imitations du berger qui fait mine très fréquemment de tirer de l'arc et se tient hors de file. Ils imitent aussi les saupoudreurs de maïs. Des femmes lorsque les danseurs se sont retirés leur apportent d'innombrables provisions (pains de toutes formes, pastèques, oranges, œufs durs, orangeades et des sucreries grises en forme de rouleaux de papiers dits pikis). Ils cassent les pastèques en les laissant tomber de haut et se bombardent de temps à autre avec les morceaux. Les femmes qui ont apporté les présents de nourriture se retirent après avoir été l'objet de menues plaisanteries et certaines détachent les colliers de poivrons qu'elles emportent. Ils font mine de construire en miniature une "toilette" avec un arbuste, après avoir longuement débattu de son emplacement. Chacun des quatre clowns est parti dans une direction, l'un rapporte une caisse brisée, l'autre un vieux magazine (papier) sur les pages duquel on peut entrevoir des gravures de mode. Un troisième détache de sa ceinture une poupée des style européen qui lui pendait dans le dos et l'assoit devant l'arbuste, auquel on a passé aussi des colliers, etc.
» Des femmes apportent des victuailles et des présents aux danseurs qui les distribuent ensuite à l'assistance indienne (pastèques, pains, œufs colorés les uns en rouge, les autres en vert olive, maïs, orange). Un Navajo qui se trouve au premier rang (reconnaissable à son large chapeau à ruban de turquoises) reçoit en présent sans doute ironique les trois morceaux d'un bol décoré (cassé).
(Selon Mrs. Powers) le clown dans la danse hopi figure l'esprit élémentaire, non contrôlé. Ils tendent à impressionner les enfants, à provoquer leur désapprobation en agissant comme eux au paroxysme. D'où leur gesticulation et leur caquetage continuel, de là qu'ils mangent comme des sagouins (en creusant tout à tour avec leur main dans la pastèque, en buvant tous dans la même bouteille, en répandant l'orangeade qu'ils offrent à la poupée). Ils s'acharnent (déjà noté) sur le personnage du tambour, lui tirent ses cabochons de la tête, lui introduisent dans les yeux les deux oreilles ou cornes qu'il porte pendantes : le tambour continue à jouer imperturbablement. [Dessin de la tête du personnage du tambour.]
» À une danse de Katchinas à quelques mois les clowns déguisés en chats apparaissent en surgissant sur les toits. Ils miment tout le comportement nocturne des chats. Obscénités diverses. Ils simulent l'acte de l'amour en prenant pour cela les positions habituelles des animaux, poursuivent les femmes pour faire semblant de les obliger à copuler avec eux, etc.
» Tambour : magnifique aspect de ce personnage au masque Sienne brûlée et au corps peint de couleur rigoureusement [un mot illisible]. Voir ce qu'il représente exactement (grand aspect du premier homme, élément d'éternité et d'animalité tout à la fois, tenue du Baphomet des Templiers), c'est le mudhead (tête de boue).
» L'église du Vieil Oraibi à l'écart des maisons, sans toit. Elle a été détruite par la foudre ! On n'a pas éprouvé le besoin de la reconstruire. Les Hopi (si pacifistes) se sont livrés vers 1880 à un soigneux massacre des prêtres et ceux-ci depuis lors ne sont plus représentés.
» Insister sur la très grande sobriété des danses, aussi dépourvues que possible de contorsions, les coudes des danseurs-vaches restent constamment collés au corps. Cela ne va pas, à la longue, sans monotonie. Masques très élaborés, gros yeux noirs, fond des oreilles rouge, faces souvent bleu ciel à gros points blancs. L'ensemble est bien plutôt digne du pinceau de Seurat que d'un peintre animalier.
» Paysage hopi — Blonde étendue de vert argenté — Souvent la prairie comme la mer démontée — Les ciels — Petits carrés de maïs, de haricots — Importance des pêches, abricot.
» On apprend que les danseurs (cow-dance d'Oraibi) sont venus de Tuba City. Seraient-ils navajos ? Powers le suppose sous pretexte que les Hopi n'ont pas de vaches. Ce n'est pas une raison (puisqu'ils n'ont pas non plus d'antilopes) : il existe des antilopes sur le territoire de la reservation navajo.
» Dimanche 26 août
» Snake-dance à Walpi. Un millier de spectateurs juchés sur les paliers du plus bel amphithéâtre que j'ai vu. Les toits ainsi garnis font l'effet de balcons sur trois étages ou deux étages ou un étage. Nombreux spectateurs sur la place même, d'autres sur tous les escaliers qui mènent aux toits des maisons. Devant nous, à droite, la haute pierre (anthropomorphe quelque peu), à gauche, la kisi en feuilles de peuplier. Ciel d'orage léger. Un peu de pluie. Il a fallu monter à pied la hauteur d'une vingtaine d'étages par le sable et les rochers. Vers 6 heures entrée des prêtres-antilopes, groupe composé des quatre hommes âgés et deux enfants, bras ornés du côté extérieur de rameaux de peuplier. Ils se distribuent de chaque côté de la kisi. Puis entrée des snake-priests par le chemin de derrière la grande pierre, eux aussi. Cette entrée est dramatique comme certains observateurs l'ont déjà noté. Ils courent plutôt qu'ils ne marchent : visage, front couleur naturelle ; au-dessous, des sourcils à la bouche, peinture noire luisante, couleur goudron ; menton blanc. Variantes avec Mishognovi : ils portent rabattu derrière la tête un faisceau de plumes blanches, jupes de couleur terre sillonnées d'un zigzag noir à dessins blancs [schéma].
» Ils sont au nombre de quatorze, tous des hommes dont quelques-uns âgés (vieillards). La chanson est beaucoup moins belle et plus sourde qu'à Mishongnovi. On peut moins observer la spirale décrite par les danseurs à leur arrivée en raison de l'extrême exiguïté de la place. Quand la chanson prend fin les prêtres se précipitent vers l'entrée de la kisi dont ils obstruent la vue en se penchant tous à la fois. Puis les couples des danseurs s'organisent. En tête du côté gauche marche un vieillard dont l'expression d'angoisse s'affirmera à chaque tour. Pourtant au premier tour nous sommes très surpris de ne pas distinguer de serpent à sa bouche. Le tour accompli, arrivé de nouveau devant la kisi, il crache littéralement un petit serpent. Ces serpents sont de dimensions très inégales : au tour suivant de la bouche du même vieillard sort seulement la tête d'un serpent aussi petit que le précédent. Un autre tient un serpent de quatre pieds ou davantage : Mr. Powers racontait hier qu'on avait trouvé récemment dans la région un rattlesnake de 20 pieds (acheté par un cirque, rareté). L'un des danseurs passe avec les serpent littéralement enroulé autour des lèvres : on croirait à un maquillage. Ces serpents sont extrêmement actifs et le danseur qui avance associé à celui qui tient le serpent ne relâche pas un instant sa surveillance, sa baguette de plumes ne cessant pour ainsi dire d'être en contact avec la tête ou la partie supérieure du corps de l'animal, qu'ils écartent parfois très vivement. Expression d'extase totale du troisième danseur, homme de vingt-cinq ans environ ; qui garde la tête levée et les yeux fermés bien qu'il ait à monter puis à descendre deux marches au niveau de la grande pierre. Il tient généralement de grands serpents qui se laissent couler le long de son corps. Ces serpents sont extrêmement nombreux : cinquante environ. À la fin de la danse chacun de ceux qui ont charge de les ramasser après les avoir écartés des rangs des spectateurs quand ils sont à terre en tient une pleine poignée. Deux religieuses de l'assistance, aussi fâcheuses que possible. Deux danseurs ont été mordus au visage. Même cérémonie du retour de huit danseurs dans les quatre directions, il en reste six qui exécutent la danse finale. Des femmes sont venues comme à Mishongnovi répandre la poudre de maïs au passage des danseurs (l'un d'eux en est même quelque peu aveuglé au passage) et à l'intérieur du cercle dans lequel les serpents vont être déposés. [Ici dessin d'un cercle avec des rayons.]
» Les lignes correspondent aux rayons tracés par le prêtre. Non diamètres. La ligne s'interrompt au centre et repart de la circonférence.
» Nous quittons le territoire hopi vers 7 heures. La route glisse et fuit sous le pont d'un double arc-en-ciel. Vers Gallup où nous arrivons à 1 heure du matin, par une route que la pluie a rendue par places de terre glaise.
» Dans l'ensemble cette danse de Walpi plus sauvage mais moins solennelle que celle de Mishongnovi. Attitude du public plus dépourvue de tact encore (bavardages et rires).
» Snake-dance Walpi. Pendant que les danseurs prennent le serpent dans la kisi, les autres danseurs relèvent la peau de renard des premiers et la caressent de leur baguette de plumes.
» Gallup, 27 août.
» Achat de huit dessins zuni.
» Gallup-Albuquerque (arrivée le soir).
» (Walpi) Insister sur la valeur de cette communication très profonde avec la terre qui supplée ici à tout, son authenticité totale, incontestable.
» La danse d'Oraibi : nous voyons à Gallup le dessin des costumes de la danse des Vaches par un Zuni (à propos des échanges constants entre ces trois tribus).
» [Sur un feuillet glissé dans le carnet :] Grande pureté très triste plane et plonge
» grande tristesse pure
» très détaché
» montagne presque pas terrestre, appartient déjà au ciel
» aspire vers l'espace
» élément aérien
» elles ne sourient pas, sont détachés de tout
» L'Indien regarde au-delà de lui-même
» Continent stellaire. »
[© André Breton, catalogue de la vente, 2003]
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Portrait de Breton dans un village Hopi en 1945.
Pas d'image, une notice descriptive, une photographie associée.
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Travel notebook handwritten by André Breton, dated from August 1945 and decorated with drawings, 65 pages.
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Gouache sur papier représentant deux danseurs Kachina masqués.
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Dessin à la mine de plomb avec rehauts de gouache polychrome et lavis blanc, représentant un danseur Kachina, masqué, se tenant à un bâton de danse.
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Trois dessins à la mine de plomb, l'un rehaussé de peinture polychrome, et une gouache représentant un danseur avec en bas à droite une inscription en capitales, Hiuwazuni. Trois photographies, dont deux représentant André Breton.
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Un retirage d'une photographie d'André Breton en Arizona en 1945.
Une image, une notice descriptive à compléter.
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Cette représentation naturaliste d'un personnage portant un masque surmonté de deux cornes, représente Le-Clown-Noir-et-blanc ou le Glouton, Paiyakyamu (ou encore Koyala).
Une image, une bibliographie, des expositions.
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Un des sept types de sonnailles existants chez les Zuni, composé d'une carapace de tortue au sommet de laquelle sont attachés, par des liens de cuir, des éléments en corne de sabot de daim.