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[Au moment où se dessine...]

Brouillon d'une lettre non daté [30 octobre 1924]

Correspondance

Auteur

Auteur André Breton
Destinataire non identifié

Descriptif

Brouillon de lettre des surréalistes envoyée à toute la presse au sujet du Bureau de recherches surréalistes [30 octobre 1924].

Créé au début d'octobre 1924 au 15 rue de Grenelle (ancien emplacement des bureaux de l'entreprise du père de Pierre Naville), le Bureau de recherches surréalistes se donne comme objectif d'explorer l'inconscient, d'étudier toutes les manifestations de l'esprit, et de donner une structure au mouvement : c'est là que le groupe se réunira et qu'on accueillera les nouveaux membres, comme Dédé Sunbeam ;  les curieux, très nombreux ; les anciens amis, comme Paul Valéry, venu acheter Un cadavre.

Très tôt, on projette d'écrire des lettres de mise au point : à la presse, pour se distinguer du faussaire Ivan Goll ; au Figaro, à l'Instransigeant, pour leur interdire de prononcer le mot de « surréalisme » ; aux Nouvelles Littéraires, pour mettre en place une collaboration ; à Martin du Gard, à d'autres encore. Très vite, on demande des affiches, des bulletins de souscription, où Aragon propose d'écrire : « Les collaborateurs de cette revue sont des rêves. »

Esquissé dès le 16 octobre, une annonce bibliographique est rédigée par André Breton le 30 octobre. Annonce qui a deux objectifs : faire connaître le mouvement, mais aussi donner un air officiel à cette activité fébrile, imprécise, bouillonnante, qui menace déjà de se déliter. Breton note amèrement dans le carnet, le même jour :

« Tout bien considéré, beaucoup trop de textes surréalistes (voir observation d’Aragon). Il faudrait déjà réduire, ou couper. Obtenir encore ou plusieurs poèmes d’Eluard. Chroniques en nombre encore insuffisants L’interview de Cami par Péret est détestable. Et comme d’habitude (mais cette fois plus regrettable) pas d’échos, pas de communications anonymes, pas d’annonces, pas de belle publicité, pas de trouvailles, rien qui témoigne d’une vie extra-littéraire réelle. L’ensemble, comme on l’avait craint, sera d’ordre artistique. Pas assez de rêves non plus. Attention aux recherches typographiques et au choix pittoresque de caractère. Rien non plus qui fasse attendre, désirer un second numéro. Rien qui légitime, en dehors de vagues affirmations, l’existence d’un bureau de recherches. Pourquoi pas de phrases genre lapidaires autres que celles des papillons ? Sans pessimisme exagéré il est permis de se demander où est l’esprit surréaliste dans tout cela.

Je demande instamment que chacun contribue d’ici lundi à la rédaction de cette partie anonyme dela revue, à raison d’une page au moins par collaborateur. C’est indispensable.

J’envoie un communiqué aux journaux. »

Par cette dépêche, envoyée à toute la presse, le Bureau de recherches s'se pose comme centrale, propose des archives, mime l'organisation d'un bureau politique. On annonce des entretiens, des animations, des fêtes. Breton, quelques jours plus tôt, a évoqué une descente aux Puces de Saint-Ouen. Le premier numéro de La Révolution surréaliste annoncera : 

«  Nous sommes à la veille d’une RÉVOLUTION

Vous pouvez y prendre part.

Le BUREAU CENTRAL DE RECHERCHES SURRÉALISTES

15, Rue de Grenelle, PARIS -7e

est ouvert tous les jours de 4 h 1/2 à 6 h 1/2 »

Par la suite déficient, le Bureau sera ranimé par Artaud dès février. A partir du numéro 4, l'inventaire de l'inconscient tourne court ; Breton reprend la main de la revue, Artaud conserve la garde d'un Bureau qui, sans horaire et sans moyen, a tout l'air d'un bureau fantôme. [Antoine Poisson, Site André Breton, 2021]

 

Transcription

Monsieur et cher confrère,

Au moment où se dessine l'ampleur du mouvement surréaliste, voulez-vous avoir la grande obligeance de publier le communiqué suivant qui marque le début de notre action.

Avec mes remerciements anticipés veuillez agréer monsieur l'assurance de mes sentiments les plus distingués,

le secr[étaire] g[énéral].

Les promoteurs du mouvement SURRÉALISTE désireux de faire le plus large appel à l'inconnu et d'engager le SURRÉALISME dans les voies les plus libres organisent dès maintenant une CENTRALE où seront reçus tous ceux qu'intéressent les manifestations de la pensée dégagée de toute préoccupation artistique, 15 rue de Grenelle tous les jours de quatre heure et demie à six heures et demie tous ceux que le SURRÉALISME occupe de près ou de loin trouveront tous les renseignements et toute la documentation relatifs au MOUVEMENT SURRÉALISTE

 

Date de créationsd [30 octobre 1924]
Notes bibliographiques

Ts, encre bleue - une page, annotation manuscrite : « Envoyé à toute la presse ».

Languesfrançais
Lieu d'origine
Bibliothèque

Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, Paris : BRT 224

Nombre de pages1 p.
Référence1394000
Mots-clés, , ,
CatégoriesArchives, Archives diverses, Correspondance, Lettres d'André Breton
Série[Revue] La Révolution surréaliste, [Revue] La Révolution surréaliste, 1
ExpositionRéunions du groupe au Bureau de Recherches surréalistes
Lien permanenthttps://www.andrebreton.fr/fr/work/56600101001639
Lieu d'origine
Lieu d'exposition