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Orages magnétiques

Tableau

Auteur

Artiste Wolfgang Paalen

Descriptif

Huile et fumage sur toile de 1938. Le fumage est un procédé automatique inventé par Paalen la même année.

Monogrammée, titrée, datée et dédicacée au dos en haut à gauche : WP Orages magnétiques 38 avec toute mon amitié, à André Breton

Wolfgang Paalen
« Après avoir pratiqué durant plusieurs années une peinture résolument non figurative, le jeune peintre autrichien Wolfgang Paalen se rallia au surréalisme vers 1935 [...] Il créa en 1938 un nouveau procédé "automatique" connu sous le nom de "fumage", qui consistait à laisser se déposer sur le papier ou sur la toile la suie dégagée par une flamme de bougie pour interpréter ensuite ces dépôts. » Guy Habasque (Paris, Galerie de l'Œil, Minotaure, 1962, s.p.).

« Mais des sombres bois de Silésie une conscience s'est levée, dont l'envergure dépasse, en général, celle de l'artiste et c'est pourquoi le peintre, chez Paalen, se cherche encore ou plutôt persiste à s'éprouver douloureusement sur une route où de moins difficiles se seraient déjà maintes fois trouvés. Il n'y va de moins avec lui que de la volonté de parvenir à la lucidité totale en réalisant l'osmose, non seulement du visible et du visionnaire, mais de tout ce qui couve, plein d'attraits mystérieux, dans les créations de l'art "primitif" [...].
« L'art de Paalen aspire à réaliser la synthèse du mythe en formation et de ceux qui passent pour révolus, à faire sa propre chair de ce mythe même. Entreprise d'illumination totale de la nuit humaine sans cesse retombante, où l'intelligence encyclopédique la plus rare à notre époque s'arme par surcroît de tous les grands éclairs de la passion. Sa peinture a les plumes de l'oiseau merveilleux, aux couleurs vivantes, qui passe dans Les Noces chimiques de Simon Rosenkreuz et a le pouvoir de rendre la vie. » André Breton (Le surréalisme et la peinture, suivi de Genèse et perspective artistiques du surréalisme et de Fragments inédits, New York, Brentano's, 1945, p. 100).

« La pensée de Paalen ne saurait se découvrir aucun antécédent dans le surréalisme. Il faudrait se souvenir du moment que contre toute attente elle a fait surgir dans l'espace - "potence avec paratonnerre" - à la mémoire de Lichtenberg, pour lui trouver beaucoup plus loin quelque analogie avec une autre, d'expression d'ailleurs totalement différente. "L'homme aime la société, disait Lichtenberg, quand bien même ce ne serait que celle de sa chandelle allumée". Paalen a fait mieux encore que spéculer sur la présence et le pouvoir éclairant de cette chandelle. Au trésor méthodique du surréalisme - comment substituer à la perception visuelle l'image intérieure - qui s'est enrichi successivement de l'invention du collage, du rayogramme, du frottage, du décollage, de la décalcomanie spontanée, il a apporté une contribution de premier ordre avec le fumage, boucles à perte de vue de la femme aimée dans les ténèbres. » André Breton (Paris, Galerie Renou et Colle, Exposition Wolfgang Paalen (préface d'André Breton), 1938, s.p.).

 

Expositions

- Paris, Galerie Renou et Colle, Exposition Wolfgang Paalen (préface d'André Breton), 1938, n° 10
- Sarrebruck, Mission diplomatique française en Sarre, Peinture surréaliste en Europe (préface d'André Breton), 1952, n° 74
- Paris, Galerie de l'Œil, Minotaure, 1962, n° 44
- Paris, Musée national d'art moderne/Centre Georges Pompidou, André Breton, la beauté convulsive, 1991, rep.p. 334, p. 494 (étiquette au dos)
- Wien, Museum Moderner Kunst Stiftung Ludwig Wien, Wolfgang Paalen, Zwischen Surrealismus und Abstraktion, 1993, rep.p. 137
- Paris, Musée national d'art moderne/Centre Georges Pompidou, La révolution surréaliste, 2002, rep.p. 288, p. 440 (étiquette au dos)
- Düsseldorf, K20 Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen, Surrealismus, 1914-1944, 2002, rep.p. 298, p. 462 (étiquette au dos)

 

Bibliographie

- Minotaure, troisième série, n° 11, mai 1938, reproduction sans pagination
- Gustav Regler, Wolfgang Paalen, New York City, Nierendorf Editions, 1946, rep.p. 30
- José Pierre (préface de), Wolfgang Paalen (citations de Wolfgang Paalen), Paris, Filipacchi, 1980, rep.p. 16-17
- Andreas Neufert, Wolfgang Paalen. Im Inneren des Wals. Monografie - Schriften - Oeuvrekatalog, Wien, Springer-Verlag, 1999, rep.p. 301, n° 38.08

 

Date de création1938
Date d'édition1938
Languesfrançais
Notes73 x 100 cm (28 3/4 x 39 3/8 in.) - Huile et fumage sur toile
ProvenanceDon de l'artiste
Vente Breton 2003Lot 4031
Mots-clés,
CatégoriesTableaux
ExpositionsExposition Wolgang Paalen , Surrealistische Malerei in Europa , André Breton, La Beauté convulsive , La Révolution surréaliste, 2002 , Surrealismus 1914-1944
Lien permanenthttps://www.andrebreton.fr/fr/work/56600100782390
Lieux d'exposition

Danseuse espagnole

Portrait d'une danseuse

Sculpture

Auteur

Artiste Joan Miró

Descriptif

Assemblage daté de 1928 illustrant la définition du collage surréaliste donnée par Max Ernst dans le Dictionnaire abrégé du surréalisme.

Bouchon de liège, plume de paon et épingle à chapeau fixés sur carton sous verre.
Assemblage signé et daté en bas à gauche et au dos en haut à gauche ; titré au dos Portrait d'une danseuse.


« Breton pense que Miró - avec des toiles comme Personnage lançant une pierre à un oiseau - a exercé sur Picasso une influence qui est allée dans le sens surréaliste. Mais il y a chez Miró des expériences que l'on peut rapprocher avec plus de précision du surréalisme : tableaux-objets, collages, tableaux-poèmes (comme Le corps de ma brune, 1925), manifestation d'anti-peinture, comme les Danseuses espagnoles de 1928 - tableau "qu'on ne peut pas rêver plus nu" dit Éluard de l'une d'elles : "Sur la toile vierge, une épingle à chapeau et la plume d'une aile", et tel autre est composé d'un clou, d'un morceau de linoléum, d'une touffe de poils et d'une ficelle. Mais l'humour, la dérision de ces œuvres font surtout songer à la négativité de Dada, dont Miró a subi l'influence : et, aux dates en question, on peut aussi bien y voir une réaction contre le merveilleux surréaliste. En fait, Miró ne réagit jamais qu'à lui-même : son entreprise d'assassinat de la peinture qui inspire les œuvres austères de 1929/1931 est une réponse à sa propre peinture, non à la peinture en général : il veut voir ce qu'il peut faire en renonçant à l'éclat de sa magie, et c'est lui attribuer une perméabilité qu'il n'a pas que d'y voir une façon de tenir compte des reproches de Breton. Quand Miró et Breton se rencontreront, ce sera aux conditions du peintre : Breton écrira des poèmes sur les gouaches de la série des Constellations, qui date de 1940/1941. » Gaëtan Picon (Le surréalisme, 1919-1939, Genève, Skira, 1983, p. 103).


Le collage dans la vision surréaliste, définie par Max Ernst comme « [...] l'alchimie de l'image visuelle. Le miracle de la transfiguration totale des êtres et des objets avec ou sans modification de leur aspect physique ou anatomique » est illustré dans le Dictionnaire abrégé du surréalisme par La Danseuse espagnole de Joan Miró.

 

Expositions

-  Paris, Galerie de l'Oeil, L'Écart Absolu - IXe exposition internationale du surréalisme, 1965. Mentionnée dans le catalogue comme "Portrait d'une danseuse".
- Joan Miró : Paris, Grand Palais, 17 mai-13 octobre 1974
- Paris, Musée national d'art moderne/Centre Georges Pompidou, André Breton, la beauté convulsive, 25 avril -26 août 1991
- Paris, Musée national d'art moderne/Centre Georges Pompidou, La Révolution surréaliste, 27 février-24 juin 2002 // Surrealismus 1919-1944 : Düsseldorf, Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen, 20 juillet-24 novembre 2002, p. 439
- Joan Miro 1917-1934 : Paris (France), Centre Pompidou, 03 mars 2004-28 juin 2004
- Artists and their models : masterpieces from the Centre Pompidou : Rome (Italie), Scuderie del Quirinale, 01 mai 2006-16 novembre 2006 // Istanbul (Turquie), Istanbul Modern Art Museum, 07 septembre 2006-16 novembre 2006 // Hong Kong (République populaire de Chine), Hong Kong Museum of Art, 28 septembre 2006-03 décembre 2006
- Joan Miro, Painting and Anti-Painting 1927-1937 : New York (États-Unis), The Museum of Modern Art, 02 novembre 2008-12 janvier 2009
- Chefs-d'oeuvre ? : Metz (France), Centre Pompidou-Metz, 09 mai 2010-30 août 2011
- Le Surréalisme et l'Objet : Paris (France), centre Pompidou, 30 octobre 2013-03 mars 2014 // Washington (États-Unis), Hirshhorn Museum and Sculpture Garden Smithsonian Institution, 03 avril 2014-03 août 2014

 

 

Bibliographie

 

- « Le surréalisme en 1929 », In : Variétés, N° hors série et hors abonnement, juin 1929, rep.p. 23
- Paris, Galerie Beaux-Arts, Exposition internationale du surréalisme, Dictionnaire abrégé du surréalisme, 1938, rep.p. 9, p. 7
- Gaëtan Picon, Le surréalisme, 1919-1939, Genève, Skira, 1983, rep.p. 103
- José Pierre, L'univers surréaliste, Paris, Somogy, 1983, rep.p. 139
- Paris, Musée national d'art moderne/Centre Georges Pompidou, André Breton, la beauté convulsive, 1991, rep.p. 259
- Didier Ottinger (dir.), Dictionnaire de l'objet surréaliste, Paris, Gallimard/Musée national d'art moderne-Centre Pompidou, 2013, p. 49-51.

 

Notice du centre Pompidou

Date de création1928
Date d'édition1928
Languesfrançais
Notes

100 x 80 cm - Liège, plume, métal sur carton peint
S.D.B.G. : Miró. / 1928.
S.T.D. au revers : Joan Miró. / Portrait d'une / danseuse / 1928.

Musée

Musée national d'Art moderne, Centre Pompidou, Paris : AM 2003-258

Modalité d'entrée dans les collections publiquesMusée national d'Art moderne, Centre Pompidou, don Aube et Oona Elléouët
Dimensions100,00 x 80,00 cm
Crédit© ADAGP, Paris, 2005.
RéférenceDon_2003_258
Mots-clés,
CatégoriesTableaux
Série1938, Exposition internationale du Surréalisme, 1965-1966, L'écart absolu, 1991, La Beauté convulsive, centre Pompidou
Expositions1938, Exposition internationale du surréalisme , L'Écart absolu, 1965 , André Breton, La Beauté convulsive , La Révolution surréaliste, 2002 , Le Surréalisme et l'objet , Surrealismus 1914-1944
Lien permanenthttps://www.andrebreton.fr/fr/work/56600100045680
Lieux d'exposition

Racine éclatée

Magie de la méduse

Objet divers

Descriptif

Racine de bois en forme de fleur éclose.

Porte une étiquette au dos : « Magie de la Méduse - Racine qui s'ouvre - n° 109 »

Racine de bois sur socle, sd [circa 1900].

 

Expositions

- Paris, galerie Renou & Colle, Mexique, 1939. 
- Paris, Musée National d'Art Moderne / Centre Georges Pompidou, André Breton, La beauté convulsive, 1991.
- Paris, Musée National d'Art Moderne / Centre Georges Pompidou, La révolution surréaliste, 2002, p. 441.
- Düsseldorf, K20, Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen, Surrealismus, 1914-1944, 2002, p. 462.

 

Bibliographie

- Dictionnaire abrégé du surréalisme , Galerie Beaux-Arts, Paris, 1938, p. 32 (photo Raoul Ubac).
- Paris, musée national d'Art moderne / centre Georges-Pompidou, André Breton, La beauté convulsive, 1991, notice p. 491, ill. p. 328.
- Paris, musée national d'Art moderne / centre Georges-Pompidou, La Révolution surréaliste, notice p. 440.

Languesfrançais
NotesHaut. 19,56 cm (7 3/4 in.) - Bois.
Lieu d'origine
Vente Breton 2003Lot 3192
Mots-clés, ,
CatégoriesBois et racines, Objets naturels et trouvailles
Série1939, Mexique, galerie Renou et Colle, 1991, La Beauté convulsive, centre Pompidou
Expositions1939, Mexique, galerie Renou et Colle , André Breton, La Beauté convulsive , La Révolution surréaliste, 2002 , Surrealismus 1914-1944
Lien permanenthttps://www.andrebreton.fr/fr/work/56600100458311
Lieu d'exposition

Masque Yup'ik

Goodnews Bay, Alaska

Objet divers

Auteur

Artiste non identifié

Descriptif

Ce masque au visage distordu, propriété d'un shaman, était utilisé lors de cérémonies d'évocation et de représentation des esprits que ceux-ci pouvaient inspirer au shaman lors de ses transes et de ses visions.

La forme du visage ovale est concave-convexe. Les yeux sont asymétriques, l'un rond, l'autre fendu. À l'une des commissures des lèvres est sculptée une petite tête de loutre, de l'autre côté, une baleine ; le milieu de la bouche est traversé par un saumon. La décoration périphérique est constituée de quatre plumets. Sur le front sont plantées trois petites pointes de lances en bois. Les oreilles sont remplacées par des mains rapportées, dont les doigts sont peints en rouge. La ligne noire peinte sur le dos de la main était là pour chasser les esprits maléfiques. À mi-joue, sont fixés deux petits bras. Le menton est orné de deux hameçons en bois et d'un petit phoque planté sur une pique. À l'intérieur du masque, un mors permettait au danseur de tenir le masque entre les dents.

Un masque similaire figure dans les collections du Glenbow Museum, Canada. [catalogue de la vente, 2003]

 

Expositions

- Paris, Musée National d'Art Moderne/Centre Georges Pompidou, La Révolution surréaliste, 2002
- Düsseldorf, K20 Kunstsammlung Nordrhein - Westfalen, Surrealismus, 1914 - 1944, 2002

[Merci à la galerie Di Donna, site André Breton 2019]

Bibliographie

- Un masque très similaire figure dans les collections du Glenbow Museum, Canada. Cf. Lynn Ager Wallen, The Face of Dance - Yup'ik Eskimo mask from Alaska, Glenbow Alberta Institute, 1990, plate 1, p. 21

- Alain Jouffroy, « La collection André Breton », L'œil, n° 10, octobre 1955, p. 34 et 37

- William Rubin, Primitivism in XXth century art - Affinity of the Tribal and the Modern, New York, The Museum of Modern Art, 1984, rep. p. 578

- Paris, Musée National d'Art Moderne/Centre Georges Pompidou, André Breton, La beauté convulsive, 1991, rep.p. 74 (photo dans le studio new-yorkais, 1945) ; rep. p. 76 (photo Sabine Weiss, 1960, dans l'atelier) ; rep. p. 375 (photo Sabine Weiss, 1955, dans l'atelier, L'œil n° 10, 1955).

- D. Ellis, Art of the Arctic : Reflections of the Unseen, London, 2015 (photographies pp. 7 and 29)

Notes bibliographiques

Bois, peinture, plumes. 39.4 x 43.2 x 15.2 cm (15½ by 17 by 6 in.).

Languesfrançais
Notes

Bois, polychromie rouge, verte et blanche, plumes.

ProvenanceHeye Foundation n° d'inventaire 12/0921, achat du Musée, échangé avec Julius Carlebach en juillet 1944.
Lieu d'origine
Dimensions39,40 x 43,20 x 15,20 cm
Vente Breton 2003Lot 6161
Mots-clés, , ,
CatégoriesInuit et Yup'ik
ExpositionsLa Révolution surréaliste, 2002 , Moon Dancers : Yup'ik Masks and the Surrealists , Surrealismus 1914-1944
Lien permanenthttps://www.andrebreton.fr/fr/work/56600100862850
Lieux d'origine

Notice reliée à :

3 Œuvres
 
False

André Breton dans son atelier rue Fontaine

-
Henri Cartier-Bresson

Tirage tardif d'un portrait d'André Breton en 1961 dédicacé à Elisa par le photographe.

Deux images, une notice descriptive à compléter.

False

Portrait d'André Breton dans son appartement à New-York

-
Elisa Claro Breton

-
Cinq photographies d'André Breton dans son appartement à New-York en 1945, dont une avec Elisa.
Cinq images, une notice descriptive à compléter, une exposition, une bibliographie.

1991, La Beauté convulsive, centre Pompidou, [Photos d'objets] photos d'objets dans l'atelier

False

sans titre

-
Kay Sage

Dessin à l'encre et à l'aquarelle de Kay Sage représentant un masque et daté de 1941.
Une image, une notice descriptive à compléter.

Racines

Tableau

Auteur

Artiste Jindrich Styrsky

Descriptif

Huile sur toile de 1934 par Jindrich Styrsky, artiste surréaliste tchèque proche de Toyen.

Peinture signée et datée en bas à droite : « Styrsky 34. »

En 1934, l'année où Toyen peignit Prométhée enchaîné, Styrsky « grand compagnon de son aventure spirituelle et dont l'œuvre plastique, ici trop peu connue, durant des années fit luminaire avec la sienne » (André Breton, Le surréalisme et la peinture, Nouvelle édition revue et corrigée, 1928-1965, Paris, Gallimard, 1965, p. 209) créa toute une série d'œuvres intitulées Koreny (Racine), dont celle appartenant à la collection André Breton. Ces œuvres sont reproduites dans l'ouvrage de Vitezlav Nezval et Karel Teige, Styrsky a Toyen.

« On chercherait vainement dans l'œuvre de Styrsky, que la mort emporta en 1942, une seule concession au goût du jour ou la pression du milieu. Révolutionnaire, il a rejeté la tyrannie des faux révolutionnaires acharnés à parer leur obscurantisme d'oripeaux qui leur semblent nouveaux, parce que, chercheur, il s'oppose à toute contrainte imposée au nom d'intérêts prétendus supérieurs. Ce pressant besoin de libération l'a fait passer en trombe à travers le cubisme et l'abstractivisme pour se reconnaître surréaliste. L'occupation de la Tchécoslovaquie par Hitler et la guerre ne l'ont pas fait dévier de sa route confondue avec celle de la révolution. Toute recherche désintéressée fut en effet toujours la cause de l'émancipation totale de l'homme, à l'inverse des recherches techniques trop souvent orientées vers la satisfaction des nécessités des maîtres et, par suite, opposées, au moins dans leurs résultats actuels, à la libération de l'homme qu'on prétend maintenir dans un éternel esclavage. »
Benjamin Péret (Paris, Musée national d'art moderne/Centre Georges Pompidou, Styrsky, Toyen, Heisler, 1982, p. 87). [catalogue de la vente, 2003]

Peint fin 1934, Racines fait partie d’une série d’huiles sur toile au titre identique terminée au moment où Styrsky participe à la fondation du mouvement surréaliste en Tchécoslovaquie. Toutes se trouvent désormais dans des collections variées, comme celle de la Galerie nationale de Prague. Offerte en cadeau par Styrsky à André Breton, cette peinture est exposée lors de la première exposition surréaliste internationale qu’organisent Breton et Roland Penrose à Londres en 1936.

 L’idée de cette série vint à Styrsky, fasciné par les liens des racines sur le sol de la forêt, lors d’un été passé dans les collines de la Sumava en Bohême. A cette époque, il commence à s’intéresser au rôle que jouent les illusions et les hallucinations dans les créations surréalistes. En observant ces racines, il y voit des formes érotiques et biomorphiques qui viendront peupler ses peintures. Sortie du style de l’artificialisme qui caractérisait alors les œuvres de Styrsky, Racines exprime la revendication d’André Breton : « On finira bien par admettre, en effet, que tout fait image et que le moindre objet, auquel n’est pas assigné un rôle symbolique particulier, est susceptible de figurer n’importe quoi. » (Les Vases communicants, 1932)

L’écrivain d’avant-garde Vitezslav Nezval, co-fondateur du mouvement surréaliste en Tchécoslovaquie, suit les idées de Breton. Il invente même cette formule : « illusion d’objet hallucinatoire » pour décrire la série de Styrsky, ajoutant ainsi une nouvelle terminologie au lexique des surréalistes parisiens. Au fil de sa description, Nezval précise : « La façon dont ces Racines sont peintes laisse supposer qu’elles pourraient être remplacées par des vraies racines : en effet, placées sous une lumière qui pourrait être alternativement la lumière du lever de soleil et la lumière de la lune, on conçoit aisément leur substitution par des objets ; de fait, elles forment des "objets hallucinatoires" qui transmettent l’idée, illusoire, qu’elles sont la source d’une forte stimulation érotique. Toutes les racines ne sont pas à chaque fois bien sûr, mais au moins dans une peinture, un couple d’amoureux pris dans leur étreinte, elles forment une paire de cisailles voraces, créatures carnivores d’une nature sexuelle - en somme, des « êtres hybrides ». (V. Nezval, "Prvni vystava surreslim v Praze", 1935, in Manifesty, eseje a kriticke, p. 163)

Les Racines de Styrsky furent interprétées différemment par ses camarades surréalistes tchèques, et Nezval observe : « Lorsqu’on entend les mots d’André Breton à propos de la "beauté convulsive, magique circonstancielle", rien ne vient plus rapidement à l’esprit que ces racines en plein ciel exprimant le drame éphémère des étreintes les plus violentes dans un endroit inaccessible et désolé. Bien qu’un certain nombre d’interprétations diverses fut petit à petit exprimé parmi mes amis lorsqu’ils ont observé cette peinture en ma compagnie ; différant seulement sur le nombre de racines entremêlées, l’évidence du sens amoureux de l’objet hallucinatoire demeura intact. » (V. Nezval "Uvodni slovo", in V. Nezval et K. Teige, Styrsky a Toyen, Prague, 1938, p. 13)  [catalogue Sotheby’s, novembre 2014, traduction Benoît Piketty, site André Breton, 2015] [catalogue de la vente, 2003]

Expositions

- Londres, New Burlington Galleries, The International Surrealist Exhibition (préface d'André Breton), 1936, n° 338
- Paris, Galerie des Beaux-Arts, Exposition internationale du surréalisme, 1938, n° 206
- Paris, Galerie Nina Dausset, Jindrich Styrsky, 1948, n° 30
- Paris, Musée national d'art moderne/Centre Georges Pompidou, André Breton, la beauté convulsive, 1991
- Prague, Galerie hlavniko mesta Prahy, Cesky Surrealismus, 1929-1953, 1996, rep.p. 114 (étiquette au dos)
- Dijon, Musée des Beaux-Arts, Prague, Capitale secrète des avant-gardes, 1900-1938, 1997, rep. p. 258 (étiquette au dos)
- Paris, Musée d'art moderne/Centre Georges Pompidou, La révolution surréaliste, 2002, rep.p. 224, p. 441
- Düsseldorf, K20 Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen, Surrealismus 1919-1944, 2002, rep. p. 230, 463
- Prague, Dům U Kamenného zvonu (Stone Bell House), Jindřich Štyrský (1899-1942), 2007
- Berlin, Wilhelm-Hack-Museum, Against all reason. Paris-Prague Surrealism, 2009-10
- Houston, Museum of Fine Arts of Houston [collection De Menil], New Formations: Czech Avant-Garde Art and Modern Glass from the Roy and Mary Cullen Collection, 2011, rep. p. XXX 

Bibliographie

-Vítězlav Nezval (ed.) Surrealismus, Prague, 1936, n.p., rep.

- Vitezlav Nezval, Karel Teige, Styrsky a Toyen, Brno, Fr. Borovy v Praze, 1938, rep.s.p., n° 64

- Paris, Musée national d'art moderne/Centre Georges Pompidou, André Breton, la beauté convulsive, 1991, rep. p. 320

- Lenka Bydžovská & Karel Srp, Jindřich Štyrský, Prague, 2007,  p. 254, rep. 336, rep. pp. 257,  260, 262, cf p. 524

- Houston, The Museum of Fine Arts [collection De Menil], New Formations, 2011, rep. p. 169

- Sothebys, catalogue, Collection Roy and Mary Cullen, Londres, novembre 2014, lot 19

Date de création1934
Languesfrançais
Notes

46 x 82 cm (18 1/8 x 32 1/4 in.)
Huile sur toile

ProvenanceDon de l'artiste, 1935
Lieu d'origine
Collection particulière

Ancienne collection Roy et Mary Cullen, Houston, Texas, CzSty0136

Dimensions46,00 x 82,00 cm
Référence2139000
Vente Breton 2003Lot 4078
Mots-clés, ,
CatégoriesBeaux-Arts, Tableaux
Série[Archives] Surréalistes tchèques
Expositions1936, International Exhibition of Surrealism, London , 1938, Exposition internationale du surréalisme , André Breton, La Beauté convulsive , La Révolution surréaliste, 2002 , Surrealismus 1914-1944
Lien permanenthttps://www.andrebreton.fr/fr/work/56600100363510
Lieu d'origine
Lieux d'exposition

Notice reliée à :

1 Œuvre
 
False

Photographies de l'exposition surréaliste de Londres

-
Marcel Duchamp, Paul Klee, Jacqueline Lamba, Dora Maar, René Magritte, André Masson, Joan Miró, Richard Oelze, Wolfgang Paalen, Roland Penrose, Francis Picabia, Pablo Picasso, John Selby Bigge, Jindrich Styrsky, Yves Tanguy, Julian Trevelyan
Chancery

Deux photographies prises pendant l'exposition internationale du surréalisme à Londres en 1936, préfacée par André Breton.
Deux images, une notice descriptive.

Les Amoureux (Après la pluie)

Tableau

Auteur

Personne citée Marcel Duchamp
Artiste Francis Picabia
Notice rédigée par Marcel Fleiss

Descriptif

Huile sur toile datée de 1925, acquise par André Breton lors de la vente de la collection Duchamp en 1926.

Signé en bas à gauche : Francis Picabia.

« Picabia surréaliste se situe dans le domaine de l'automatisme rythmique, générateur de signes, et paraît s'attacher plus à l'action de peindre qu'à l'œuvre achevée. La Femme à l'ombrelle que la galerie surréaliste expose dans sa vitrine est un exemple de cet automatisme rythmique qui laisse toute liberté à la main pour tracer des lignes, des cercles, des pointillés, des zigzag, des taches. Il en va de même pour une des toiles préférées de Breton, Après la pluie, qu'il conserva toujours dans sa collection et qu'il reproduisit en 1928 dans son livre Le surréalisme et la peinture. » Maria Lluïsa Borràs (Picabia, Paris, Albin Michel, 1985, p. 289).

L'attachement de Breton à cette œuvre, acquise lors de la vente aux enchères de la collection Duchamp en 1926, est à la mesure de la haute estime qu'il manifestait à l'égard de l'artiste. Dans « Lâchez tout », article publié dans la revue Littérature du 1er avril 1922, André Breton écrivait : « J'aime et j'admire profondément Francis Picabia et l'on peut sans m'offenser rééditer quelques boutades de lui sur mon compte. »
« La belle vie a regardé, regarde et regardera par les fenêtres que Picabia a ouvertes si souvent à l'improviste, mais alors à une sorte d'improviste royal, lui tout seul, si alerte que d'un instant à l'autre on serait bien en peine de dire à quel étage il est de la maison. De la maison qui tourne pour recevoir toujours de face le soleil. La jeunesse de ce siècle aura coïncidé avec les fêtes que Picabia lui donnait et dont la seule règle fut de tendre à les rompre dans toutes les directions les cordes du possible, de se refuser à toute autre chose qu'à provoquer l'interrogation inépuisable du sphinx et de se maintenir en posture de deviner. Durant des années, chaque nouvelle œuvre de lui fut un défi somptueux au déjà ressenti, au prévu, au permis, une merveille d'irrévérence, une quête toujours heureuse de ce qui peut faire fusée dans l'inconnu. » André Breton (Le surréalisme et la peinture, Nouvelle édition revue et corrigée, 1928-1965, Paris, Gallimard, 1965, p. 221).

 

Expositions

- Paris, Galerie Th. Briant, Francis Picabia, 1928, n° 45
- Londres, New Burlington Galleries, The International Surrealist Exhibition (préface d'André Breton), 1936, n° 289
- Paris, Galerie René Drouin, Picabia, 50 ans de plaisirs, 1949, n° 41
- Paris, Galerie Daniel Cordier, Exposition internationale du surréalisme, 1959-1960, s.p., s. n°
- Marseille, Musée Cantini, Picabia, 1962, n° 47
- Paris, Galeries Nationales du Grand Palais, Picabia, 1976, rep.p. 134, n° 151, p. 188
- Paris, Musée national d'art moderne/Centre Georges Pompidou, André Breton, la beauté convulsive, 1991
- Paris, Pavillon des Arts, Le surréalisme et l'amour, rep.p. 89, n° 121
- Paris, Musée national d'art moderne/Centre Georges Pompidou, La révolution surréaliste, 2002, rep.p. 142
- Düsseldorf, K20 Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen, Surrealismus, 1919-1944, 2002, rep.p. 146, p. 462

 

Bibliographie

- Paris, Hôtel Drouot, Catalogue des tableaux, aquarelles et dessins par Francis Picabia, appartenant à M. Marcel Duchamp et dont la Vente aux enchères publiques aura lieu à Paris, Hôtel Drouot, salle n° 10, le lundi 8 mars 1926 à deux heures très précises, Me. Alph. Bellier, Commissaire-Priseur, rep.s.p., n° 74
- Paris, Galerie van Leer, « Exposition Picabia » (annonce publicitaire de l'exposition), in : La révolution surréaliste, troisième année, n° 9-10, 1er octobre 1927, rep.s.p.
- André Breton, Le surréalisme et la peinture, Paris, nrf, 1928, rep.s.p.
- Maria Lluïsa Borràs, Picabia, Paris, Albin Michel, 1985, rep. n° 554, n° 404, p. 289
- Paris, Musée national d'art moderne/Centre Georges Pompidou, André Breton, la beauté convulsive, 1991, rep.p. 165
- Suzanne Duco-Nouhaud, L'apport du surréalisme chez Yves Laloy (1920-1999), Symbolisme et magie picturale, Mémoire de D.E.A., Histoire de l'Art Contemporain, sous la direction du Professeur Serge Lemoine, volume II, Paris, Université de Paris IV, 2000, document n° 9

Date de création1925
Date d'édition1925
Languesfrançais
Notes

116 x 115 cm (45 5/8 x 45 1 1/4 in.) - Ripolin sur toile

ProvenanceAncienne collection Marcel Duchamp
Musée

Musée d'Art moderne de Paris : AMVP 3035

Modalité d'entrée dans les collections publiquesMusée d'Art moderne, Paris
Crédit© ADAGP, Paris, 2005.
Vente Breton 2003Lot 4393
Mots-clés
CatégoriesTableaux
Série1991, La Beauté convulsive, centre Pompidou
Expositions1936, International Exhibition of Surrealism, London , 1959, Exposition InteRnatiOnale du Surréalisme EROS , André Breton, La Beauté convulsive , La Révolution surréaliste, 2002 , Surrealismus 1914-1944
Lien permanenthttps://www.andrebreton.fr/fr/work/56600100256590
Lieux d'exposition