Pamphlet de Claude Cahun publié aux éditions José Corti en 1934 accompagné d'une lettre de l'auteur adressée à André Breton en date du 27 novembre 1938.
Édition originale rare. [catalogue de la vente, 2003]
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Photographie de Claude Cahun prise en 1936 faisant partie de la série des « montages d'objets sous globe ».
Claude Cahun
« Après bien des hésitations, fruits amers d'une trop grande impatience, d'un désir longtemps différé (dès 1919, Soupault l'avait sollicitée pour qu'elle intervienne dans Littérature), elle entre en relation avec André Breton, par l'intermédiaire de son ami nantais Jacques Viot. Elle s'associe étroitement au groupe surréaliste dont elle va épouser et appuyer les grandes orientations. Elle signera la plupart des déclarations collectives jusqu'à la guerre. Profondément attachée à la personne d'André Breton, elle ne cessera de le soutenir et de lui témoigner sa confiance. Celui-ci, après avoir surmonté les ambivalences des premiers contacts, marquera sa fascination et saura encourager une démarche dont il appréciait l'extrême singularité. "Il est assez probable, du reste, que vous disposez d'un pouvoir magique très étendu. Je trouve aussi et ne fais que vous le répéter que vous devriez écrire et publier. Vous savez très bien que je pense que vous êtes un des esprits les plus curieux de ce temps (des 4 ou 5) mais vous vous taisez à plaisir." André Breton (Lettre à Claude Cahun, 21 septembre 1938). On peut estimer, sans avoir à trop s'avancer, que Claude Cahun s'impose comme la seule femme photographe surréaliste (Lee Miller et Dora Maar n'ayant en réalité que voisiné un moment avec le mouvement). » François Leperlier (Paris, Musée d'art moderne de la Ville de Paris, Claude Cahun, photographe, 1995, p. 12).
Breton écrit en 1936 à Claude Cahun : « Ma chère amie, vous savez que nous préparons pour le 20 mai une exposition d’objets (surréalistes et para-surréalistes). À cette occasion doit paraître un numéro de Cahiers d’art […]. Il se trouve paradoxalement qu’à l’heure actuelle aucun des textes en question ne concerne à proprement parler les objets surréalistes […]. J’ai pensé que vous seule seriez capable de traiter d’une manière parfaite un pareil sujet. Vous pourriez prendre connaissance à Cahiers d’art de tous les documents photographiques et je ne doute pas que vous sachiez dégager mieux que personne le sens théorique de cette sorte de recherches. »
Cahun répond favorablement en écrivant « Prenez garde aux objets domestiques » qui paraît dans Cahiers d’art (n°1-2, mai). À propos des « objets périssables » réalisés pour l’exposition surréaliste par des « explorateurs », elle note : « J’insiste sur une vérité première : il faut découvrir, manier, apprivoiser, fabriquer soi-même des objets irrationnels pour apprécier la valeur particulière ou générale de ceux que nous avons sous les yeux. C’est pourquoi, à certains égards, les travailleurs manuels seraient mieux placés que les intellectuels pour en saisir le sens, si tout dans la société capitaliste, y compris dans la propagande communiste, ne les en détournait. C’est pourquoi vous commencez à tripoter dans vos poches, et peut-être à les vider sur la table. Étanchez un peu de tout le sang chaque jour répandu avec une éponge taillée en forme de cerveau ; mettez-la dans une cuve et voyez si elle flotte, si l’eau rougit, si les esprits animaux : fleur de peau, tire d’ailes, le chat-tortue, la lirelie rose (c’est une petite pomme de terre germée), le papegeon (c’est un baiser où les cils se rencontrent, c’est une paupière battante), voyez si la civelle lascive et les aimables innommées ne lui sortent pas par tous les pores. Troublez l’animarium avec une baguette de verre, le mot agitateur s’impose à vous et vous fait sursauter. Elle vient enfin de la créature attendue, elle ne sait où poser ses larmes… Prenez un miroir ; grattez le tain à hauteur de l’œil droit sur quelques centimètres ; passez derrière l’endroit éclairci une bande sur laquelle vous aurez fixé de petits objets hétéroclites, et regardez-vous au passage dans les yeux. C’est le jeu de l’escarbille… » [E., p. 540]
Avec Suzanne, elle se rend au marché aux Puces de Saint-Ouen pour chiner de quoi réaliser ses objets : elles y découvrent entre autres un crâne de panthère. L’Exposition surréaliste d’objets se déroule galerie Charles Ratton, 14, rue de Marignan, du 22 au 29 mai. Claude Cahun a réalisé deux assemblages de matériaux divers : ossements, coquillages, figurines, verreries, feuilles, plumes de paon. Cet exercice l’avait déjà incité à créer d’autres séries d’installations. Les premières, datant de 1932-1934, sont des ready-made, des objets « éphémères » posés sur la plage et photographiés, ce qui explique que les matériaux sont souvent réemployés d’un assemblage à l’autre. Cette année-là, en 1936, ce sont des montages « sous cloche » (mascarades ou farandoles d’objets), des poupées en papier mâché posées sur le sable (marionnettes politiques s’inspirant de l’actualité et la détournant) – dont les agencements font un peu penser aux œuvres de Heartfield et de Bellmer qui vient de lui offrir un exemplaire de LaPoupée. Tous ces assemblages sont ensuite photographiés. [L’Antimuse, Les Hauts-Fonds, 2015]
[Anne Egger, 2023, Atelier André Breton]
Bibliography
- Paris, Musée d'art moderne de la Ville de Paris, Claude Cahun, photographe, 1995, rep.p. 151, n° 160 (autre tirage)
- François Leperlier et Juan Vicente Aliaga (dir.), Claude Cahun, Hazan - Jeu de Paume, Paris, 2011, p. 142 (autre prise de vue du même objet). Puis La Virreina Centre de la Image, Barcelone, du 27 octobre 2011 au 5 janvier 2012, et Chicago Art Institute, Chicago, du 25 février au 3 juin 2012.
Photographie de Claude Cahun prise en 1936 faisant partie de la série des « montages d'objets sous globe ».
Annotation manuscrite au dos.
Claude Cahun
« Après bien des hésitations, fruits amers d'une trop grande impatience, d'un désir longtemps différé (dès 1919, Soupault l'avait sollicitée pour qu'elle intervienne dans Littérature), elle entre en relation avec André Breton, par l'intermédiaire de son ami nantais Jacques Viot. Elle s'associe étroitement au groupe surréaliste dont elle va épouser et appuyer les grandes orientations. Elle signera la plupart des déclarations collectives jusqu'à la guerre. Profondément attachée à la personne d'André Breton, elle ne cessera de le soutenir et de lui témoigner sa confiance. Celui-ci, après avoir surmonté les ambivalences des premiers contacts, marquera sa fascination et saura encourager une démarche dont il appréciait l'extrême singularité. "Il est assez probable, du reste, que vous disposez d'un pouvoir magique très étendu. Je trouve aussi et ne fais que vous le répéter que vous devriez écrire et publier. Vous savez très bien que je pense que vous êtes un des esprits les plus curieux de ce temps (des 4 ou 5) mais vous vous taisez à plaisir." André Breton (Lettre à Claude Cahun, 21 septembre 1938). On peut estimer, sans avoir à trop s'avancer, que Claude Cahun s'impose comme la seule femme photographe surréaliste (Lee Miller et Dora Maar n'ayant en réalité que voisiné un moment avec le mouvement). » François Leperlier (Paris, Musée d'art moderne de la Ville de Paris, Claude Cahun, photographe, 1995, p. 12).
Breton écrit en 1936 à Claude Cahun : « Ma chère amie, vous savez que nous préparons pour le 20 mai une exposition d’objets (surréalistes et para-surréalistes). À cette occasion doit paraître un numéro de Cahiers d’art […]. Il se trouve paradoxalement qu’à l’heure actuelle aucun des textes en question ne concerne à proprement parler les objets surréalistes […]. J’ai pensé que vous seule seriez capable de traiter d’une manière parfaite un pareil sujet. Vous pourriez prendre connaissance à Cahiers d’art de tous les documents photographiques et je ne doute pas que vous sachiez dégager mieux que personne le sens théorique de cette sorte de recherches. »
Cahun répond favorablement en écrivant « Prenez garde aux objets domestiques » qui paraît dans Cahiers d’art (n°1-2, mai). À propos des « objets périssables » réalisés pour l’exposition surréaliste par des « explorateurs », elle note : « J’insiste sur une vérité première : il faut découvrir, manier, apprivoiser, fabriquer soi-même des objets irrationnels pour apprécier la valeur particulière ou générale de ceux que nous avons sous les yeux. C’est pourquoi, à certains égards, les travailleurs manuels seraient mieux placés que les intellectuels pour en saisir le sens, si tout dans la société capitaliste, y compris dans la propagande communiste, ne les en détournait. C’est pourquoi vous commencez à tripoter dans vos poches, et peut-être à les vider sur la table. Étanchez un peu de tout le sang chaque jour répandu avec une éponge taillée en forme de cerveau ; mettez-la dans une cuve et voyez si elle flotte, si l’eau rougit, si les esprits animaux : fleur de peau, tire d’ailes, le chat-tortue, la lirelie rose (c’est une petite pomme de terre germée), le papegeon (c’est un baiser où les cils se rencontrent, c’est une paupière battante), voyez si la civelle lascive et les aimables innommées ne lui sortent pas par tous les pores. Troublez l’animarium avec une baguette de verre, le mot agitateur s’impose à vous et vous fait sursauter. Elle vient enfin de la créature attendue, elle ne sait où poser ses larmes… Prenez un miroir ; grattez le tain à hauteur de l’œil droit sur quelques centimètres ; passez derrière l’endroit éclairci une bande sur laquelle vous aurez fixé de petits objets hétéroclites, et regardez-vous au passage dans les yeux. C’est le jeu de l’escarbille… » [E., p. 540]
Avec Suzanne, elle se rend au marché aux Puces de Saint-Ouen pour chiner de quoi réaliser ses objets : elles y découvrent entre autres un crâne de panthère. L’Exposition surréaliste d’objets se déroule galerie Charles Ratton, 14, rue de Marignan, du 22 au 29 mai. Claude Cahun a réalisé deux assemblages de matériaux divers : ossements, coquillages, figurines, verreries, feuilles, plumes de paon. Cet exercice l’avait déjà incité à créer d’autres séries d’installations. Les premières, datant de 1932-1934, sont des ready-made, des objets « éphémères » posés sur la plage et photographiés, ce qui explique que les matériaux sont souvent réemployés d’un assemblage à l’autre. Cette année-là, en 1936, ce sont des montages « sous cloche » (mascarades ou farandoles d’objets), des poupées en papier mâché posées sur le sable (marionnettes politiques s’inspirant de l’actualité et la détournant) – dont les agencements font un peu penser aux œuvres de Heartfield et de Bellmer qui vient de lui offrir un exemplaire de LaPoupée. Tous ces assemblages sont ensuite photographiés. [L’Antimuse, Les Hauts-Fonds, 2015]
[Anne Egger, 2023, Atelier André Breton]
Bibliography
- Paris, Musée d'art moderne de la Ville de Paris, Claude Cahun, photographe, 1995, rep.p. 151, n° 158 (autre photo de la série)
- François Leperlier et Juan Vicente Aliaga (dir.), Claude Cahun, Hazan - Jeu de Paume, Paris, 2011, p. 125; puis La Virreina Centre de la Image, Barcelone, du 27 octobre 2011 au 5 janvier 2012, puis Chicago Art Institute, Chicago, du 25 février au 3 juin 2012.
- Nantes, Musée des Beaux-Arts et Bibliothèque municipale, Claude Cahun et ses doubles, MeMo, 2015, repr. p. 8
- Anne Egger, L’Antimuse, Brest, Les Hauts-Fonds, 2015, repr. p. 103
Photographie de Claude Cahun prise en 1936 faisant partie de la série des « montages d'objets sous globe ».
Claude Cahun
« Après bien des hésitations, fruits amers d'une trop grande impatience, d'un désir longtemps différé (dès 1919, Soupault l'avait sollicitée pour qu'elle intervienne dans la revue Littérature), elle entre en relation avec André Breton, par l'intermédiaire de son ami nantais Jacques Viot. Elle s'associe étroitement au groupe surréaliste dont elle va épouser et appuyer les grandes orientations. Elle signera la plupart des déclarations collectives jusqu'à la guerre. Profondément attachée à la personne d'André Breton, elle ne cessera de le soutenir et de lui témoigner sa confiance. Celui-ci, après avoir surmonté les ambivalences des premiers contacts, marquera sa fascination et saura encourager une démarche dont il appréciait l'extrême singularité.
« "Il est assez probable, du reste, que vous disposez d'un pouvoir magique très étendu. Je trouve aussi et ne fais que vous le répéter que vous devriez écrire et publier. Vous savez très bien que je pense que vous êtes un des esprits les plus curieux de ce temps (des 4 ou 5) mais vous vous taisez à plaisir." André Breton (lettre à Claude Cahun, 21 septembre 1938).
« On peut estimer, sans avoir à trop s'avancer, que Claude Cahun s'impose comme la seule femme photographe surréaliste (Lee Miller et Dora Maar n'ayant en réalité que voisiné un moment avec le mouvement). » François Leperlier (Paris, Musée d'art moderne de la Ville de Paris, Claude Cahun, photographe, 1995, p. 12).
Breton écrit en 1936 à Claude Cahun : « Ma chère amie, vous savez que nous préparons pour le 20 mai une exposition d’objets (surréalistes et para-surréalistes). À cette occasion doit paraître un numéro de Cahiers d’art […]. Il se trouve paradoxalement qu’à l’heure actuelle aucun des textes en question ne concerne à proprement parler les objets surréalistes […]. J’ai pensé que vous seule seriez capable de traiter d’une manière parfaite un pareil sujet. Vous pourriez prendre connaissance à Cahiers d’art de tous les documents photographiques et je ne doute pas que vous sachiez dégager mieux que personne le sens théorique de cette sorte de recherches. »
Cahun répond favorablement en écrivant « Prenez garde aux objets domestiques » qui paraît dans Cahiers d’art (n°1-2, mai). À propos des « objets périssables » réalisés pour l’exposition surréaliste par des « explorateurs », elle note : « J’insiste sur une vérité première : il faut découvrir, manier, apprivoiser, fabriquer soi-même des objets irrationnels pour apprécier la valeur particulière ou générale de ceux que nous avons sous les yeux. C’est pourquoi, à certains égards, les travailleurs manuels seraient mieux placés que les intellectuels pour en saisir le sens, si tout dans la société capitaliste, y compris dans la propagande communiste, ne les en détournait. C’est pourquoi vous commencez à tripoter dans vos poches, et peut-être à les vider sur la table. Étanchez un peu de tout le sang chaque jour répandu avec une éponge taillée en forme de cerveau ; mettez-la dans une cuve et voyez si elle flotte, si l’eau rougit, si les esprits animaux : fleur de peau, tire d’ailes, le chat-tortue, la lirelie rose (c’est une petite pomme de terre germée), le papegeon (c’est un baiser où les cils se rencontrent, c’est une paupière battante), voyez si la civelle lascive et les aimables innommées ne lui sortent pas par tous les pores. Troublez l’animarium avec une baguette de verre, le mot agitateur s’impose à vous et vous fait sursauter. Elle vient enfin de la créature attendue, elle ne sait où poser ses larmes… Prenez un miroir ; grattez le tain à hauteur de l’œil droit sur quelques centimètres ; passez derrière l’endroit éclairci une bande sur laquelle vous aurez fixé de petits objets hétéroclites, et regardez-vous au passage dans les yeux. C’est le jeu de l’escarbille… » [E., p. 540]
Avec Suzanne, elle se rend au marché aux Puces de Saint-Ouen pour chiner de quoi réaliser ses objets : elles y découvrent entre autres un crâne de panthère. L’Exposition surréaliste d’objets se déroule galerie Charles Ratton, 14, rue de Marignan, du 22 au 29 mai. Claude Cahun a réalisé deux assemblages de matériaux divers : ossements, coquillages, figurines, verreries, feuilles, plumes de paon. Cet exercice l’avait déjà incité à créer d’autres séries d’installations. Les premières, datant de 1932-1934, sont des ready-made, des objets « éphémères » posés sur la plage et photographiés, ce qui explique que les matériaux sont souvent réemployés d’un assemblage à l’autre. Cette année-là, en 1936, ce sont des montages « sous cloche » (mascarades ou farandoles d’objets), des poupées en papier mâché posées sur le sable (marionnettes politiques s’inspirant de l’actualité et la détournant) – dont les agencements font un peu penser aux œuvres de Heartfield et de Bellmer qui vient de lui offrir un exemplaire de LaPoupée. Tous ces assemblages sont ensuite photographiés. [L’Antimuse, Les Hauts-Fonds, 2015]
[Anne Egger, 2023, Atelier André Breton]
Bibliography
- François Leperlier, Claude Cahun, l'écart et la métamorphose, Paris, Jean-Michel Place, 1992, rep.p. 162 (autre photo de la série)
- Paris, Musée d'art moderne de la Ville de Paris, Claude Cahun, photographe, 1995, rep.p. 104, p. 151, n° 155 (autre photo de la série)
- Paris, Musée du Jeu de Paume, Claude Cahun, Hazan, 2011, rep.p. 143 (autre photo)
Photographie de Claude Cahun prise en 1936 faisant partie de la série des « montages d'objets sous globe ».
1 phototype.
Claude Cahun
« Après bien des hésitations, fruits amers d'une trop grande impatience, d'un désir longtemps différé (dès 1919, Soupault l'avait sollicitée pour qu'elle intervienne dans la revue Littérature), elle entre en relation avec André Breton, par l'intermédiaire de son ami nantais Jacques Viot. Elle s'associe étroitement au groupe surréaliste dont elle va épouser et appuyer les grandes orientations. Elle signera la plupart des déclarations collectives jusqu'à la guerre. Profondément attachée à la personne d'André Breton, elle ne cessera de le soutenir et de lui témoigner sa confiance. Celui-ci, après avoir surmonté les ambivalences des premiers contacts, marquera sa fascination et saura encourager une démarche dont il appréciait l'extrême singularité.
« "Il est assez probable, du reste, que vous disposez d'un pouvoir magique très étendu. Je trouve aussi et ne fais que vous le répéter que vous devriez écrire et publier. Vous savez très bien que je pense que vous êtes un des esprits les plus curieux de ce temps (des 4 ou 5) mais vous vous taisez à plaisir." André Breton (lettre à Claude Cahun, 21 septembre 1938).
« On peut estimer, sans avoir à trop s'avancer, que Claude Cahun s'impose comme la seule femme photographe surréaliste (Lee Miller et Dora Maar n'ayant en réalité que voisiné un moment avec le mouvement). » François Leperlier (Paris, Musée d'art moderne de la Ville de Paris, Claude Cahun, photographe, 1995, p. 12).
Breton écrit en 1936 à Claude Cahun : « Ma chère amie, vous savez que nous préparons pour le 20 mai une exposition d’objets (surréalistes et para-surréalistes). À cette occasion doit paraître un numéro de Cahiers d’art […]. Il se trouve paradoxalement qu’à l’heure actuelle aucun des textes en question ne concerne à proprement parler les objets surréalistes […]. J’ai pensé que vous seule seriez capable de traiter d’une manière parfaite un pareil sujet. Vous pourriez prendre connaissance à Cahiers d’art de tous les documents photographiques et je ne doute pas que vous sachiez dégager mieux que personne le sens théorique de cette sorte de recherches. »
Cahun répond favorablement en écrivant « Prenez garde aux objets domestiques » qui paraît dans Cahiers d’art (n°1-2, mai). À propos des « objets périssables » réalisés pour l’exposition surréaliste par des « explorateurs », elle note : « J’insiste sur une vérité première : il faut découvrir, manier, apprivoiser, fabriquer soi-même des objets irrationnels pour apprécier la valeur particulière ou générale de ceux que nous avons sous les yeux. C’est pourquoi, à certains égards, les travailleurs manuels seraient mieux placés que les intellectuels pour en saisir le sens, si tout dans la société capitaliste, y compris dans la propagande communiste, ne les en détournait. C’est pourquoi vous commencez à tripoter dans vos poches, et peut-être à les vider sur la table. Étanchez un peu de tout le sang chaque jour répandu avec une éponge taillée en forme de cerveau ; mettez-la dans une cuve et voyez si elle flotte, si l’eau rougit, si les esprits animaux : fleur de peau, tire d’ailes, le chat-tortue, la lirelie rose (c’est une petite pomme de terre germée), le papegeon (c’est un baiser où les cils se rencontrent, c’est une paupière battante), voyez si la civelle lascive et les aimables innommées ne lui sortent pas par tous les pores. Troublez l’animarium avec une baguette de verre, le mot agitateur s’impose à vous et vous fait sursauter. Elle vient enfin de la créature attendue, elle ne sait où poser ses larmes… Prenez un miroir ; grattez le tain à hauteur de l’œil droit sur quelques centimètres ; passez derrière l’endroit éclairci une bande sur laquelle vous aurez fixé de petits objets hétéroclites, et regardez-vous au passage dans les yeux. C’est le jeu de l’escarbille… » [E., p. 540]
Avec Suzanne, elle se rend au marché aux Puces de Saint-Ouen pour chiner de quoi réaliser ses objets : elles y découvrent entre autres un crâne de panthère. L’Exposition surréaliste d’objets se déroule galerie Charles Ratton, 14, rue de Marignan, du 22 au 29 mai. Claude Cahun a réalisé deux assemblages de matériaux divers : ossements, coquillages, figurines, verreries, feuilles, plumes de paon. Cet exercice l’avait déjà incité à créer d’autres séries d’installations. Les premières, datant de 1932-1934, sont des ready-made, des objets « éphémères » posés sur la plage et photographiés, ce qui explique que les matériaux sont souvent réemployés d’un assemblage à l’autre. Cette année-là, en 1936, ce sont des montages « sous cloche » (mascarades ou farandoles d’objets), des poupées en papier mâché posées sur le sable (marionnettes politiques s’inspirant de l’actualité et la détournant) – dont les agencements font un peu penser aux œuvres de Heartfield et de Bellmer qui vient de lui offrir un exemplaire de LaPoupée. Tous ces assemblages sont ensuite photographiés. [L’Antimuse, Les Hauts-Fonds, 2015]
[Anne Egger, 2023, Atelier André Breton]
Bibliography
- Paris, Musée d'art moderne de la Ville de Paris, Claude Cahun, photographe, 1995, rep.p. 105, p. 150, n° 152 (autre tirage)
- Paris, Musée du Jeu de Paume, Claude Cahun, Hazan, 2011, rep.p. 142
Photographie de Claude Cahun prise en 1936 faisant partie de la série des « montages d'objets sous globe ».
Un phototype.
Claude Cahun
« Après bien des hésitations, fruits amers d'une trop grande impatience, d'un désir longtemps différé (dès 1919, Soupault l'avait sollicitée pour qu'elle intervienne dans Littérature), elle entre en relation avec André Breton, par l'intermédiaire de son ami nantais Jacques Viot. Elle s'associe étroitement au groupe surréaliste dont elle va épouser et appuyer les grandes orientations. Elle signera la plupart des déclarations collectives jusqu'à la guerre. Profondément attachée à la personne d'André Breton, elle ne cessera de le soutenir et de lui témoigner sa confiance. Celui-ci, après avoir surmonté les ambivalences des premiers contacts, marquera sa fascination et saura encourager une démarche dont il appréciait l'extrême singularité. "Il est assez probable, du reste, que vous disposez d'un pouvoir magique très étendu. Je trouve aussi et ne fais que vous le répéter que vous devriez écrire et publier. Vous savez très bien que je pense que vous êtes un des esprits les plus curieux de ce temps (des 4 ou 5) mais vous vous taisez à plaisir." André Breton (Lettre à Claude Cahun, 21 septembre 1938). On peut estimer, sans avoir à trop s'avancer, que Claude Cahun s'impose comme la seule femme photographe surréaliste (Lee Miller et Dora Maar n'ayant en réalité que voisiné un moment avec le mouvement). » François Leperlier (Paris, Musée d'art moderne de la Ville de Paris, Claude Cahun, photographe, 1995, p. 12).
Breton écrit en 1936 à Claude Cahun : « Ma chère amie, vous savez que nous préparons pour le 20 mai une exposition d’objets (surréalistes et para-surréalistes). À cette occasion doit paraître un numéro de Cahiers d’art […]. Il se trouve paradoxalement qu’à l’heure actuelle aucun des textes en question ne concerne à proprement parler les objets surréalistes […]. J’ai pensé que vous seule seriez capable de traiter d’une manière parfaite un pareil sujet. Vous pourriez prendre connaissance à Cahiers d’art de tous les documents photographiques et je ne doute pas que vous sachiez dégager mieux que personne le sens théorique de cette sorte de recherches. »
Cahun répond favorablement en écrivant « Prenez garde aux objets domestiques » qui paraît dans Cahiers d’art (n°1-2, mai). À propos des « objets périssables » réalisés pour l’exposition surréaliste par des « explorateurs », elle note : « J’insiste sur une vérité première : il faut découvrir, manier, apprivoiser, fabriquer soi-même des objets irrationnels pour apprécier la valeur particulière ou générale de ceux que nous avons sous les yeux. C’est pourquoi, à certains égards, les travailleurs manuels seraient mieux placés que les intellectuels pour en saisir le sens, si tout dans la société capitaliste, y compris dans la propagande communiste, ne les en détournait. C’est pourquoi vous commencez à tripoter dans vos poches, et peut-être à les vider sur la table. Étanchez un peu de tout le sang chaque jour répandu avec une éponge taillée en forme de cerveau ; mettez-la dans une cuve et voyez si elle flotte, si l’eau rougit, si les esprits animaux : fleur de peau, tire d’ailes, le chat-tortue, la lirelie rose (c’est une petite pomme de terre germée), le papegeon (c’est un baiser où les cils se rencontrent, c’est une paupière battante), voyez si la civelle lascive et les aimables innommées ne lui sortent pas par tous les pores. Troublez l’animarium avec une baguette de verre, le mot agitateur s’impose à vous et vous fait sursauter. Elle vient enfin de la créature attendue, elle ne sait où poser ses larmes… Prenez un miroir ; grattez le tain à hauteur de l’œil droit sur quelques centimètres ; passez derrière l’endroit éclairci une bande sur laquelle vous aurez fixé de petits objets hétéroclites, et regardez-vous au passage dans les yeux. C’est le jeu de l’escarbille… » [E., p. 540]
Avec Suzanne, elle se rend au marché aux Puces de Saint-Ouen pour chiner de quoi réaliser ses objets : elles y découvrent entre autres un crâne de panthère. L’Exposition surréaliste d’objets se déroule galerie Charles Ratton, 14, rue de Marignan, du 22 au 29 mai. Claude Cahun a réalisé deux assemblages de matériaux divers : ossements, coquillages, figurines, verreries, feuilles, plumes de paon. Cet exercice l’avait déjà incité à créer d’autres séries d’installations. Les premières, datant de 1932-1934, sont des ready-made, des objets « éphémères » posés sur la plage et photographiés, ce qui explique que les matériaux sont souvent réemployés d’un assemblage à l’autre. Cette année-là, en 1936, ce sont des montages « sous cloche » (mascarades ou farandoles d’objets), des poupées en papier mâché posées sur le sable (marionnettes politiques s’inspirant de l’actualité et la détournant) – dont les agencements font un peu penser aux œuvres de Heartfield et de Bellmer qui vient de lui offrir un exemplaire de LaPoupée. Tous ces assemblages sont ensuite photographiés. [L’Antimuse, Les Hauts-Fonds, 2015]
[Anne Egger, 2023, Atelier André Breton]
Bibliography
- Musée d'art moderne de la Ville de Paris, catalogue de l'exposition Claude Cahun, photographe, 1995, repr. p. 151, n°160 (autre tirage).
- François Leperlier, Claude Cahun : l'exotisme intérieur, Paris, Fayard, 2006.
Photographie de Claude Cahun prise en 1936 faisant partie de la série des « assemblage d'objets sous globe ».
Claude Cahun
« Après bien des hésitations, fruits amers d'une trop grande impatience, d'un désir longtemps différé (dès 1919, Soupault l'avait sollicitée pour qu'elle intervienne dans Littérature), elle entre en relation avec André Breton, par l'intermédiaire de son ami nantais Jacques Viot. Elle s'associe étroitement au groupe surréaliste dont elle va épouser et appuyer les grandes orientations. Elle signera la plupart des déclarations collectives jusqu'à la guerre. Profondément attachée à la personne d'André Breton, elle ne cessera de le soutenir et de lui témoigner sa confiance. Celui-ci, après avoir surmonté les ambivalences des premiers contacts, marquera sa fascination et saura encourager une démarche dont il appréciait l'extrême singularité. "Il est assez probable, du reste, que vous disposez d'un pouvoir magique très étendu. Je trouve aussi et ne fais que vous le répéter que vous devriez écrire et publier. Vous savez très bien que je pense que vous êtes un des esprits les plus curieux de ce temps (des 4 ou 5) mais vous vous taisez à plaisir." André Breton (Lettre à Claude Cahun, 21 septembre 1938). On peut estimer, sans avoir à trop s'avancer, que Claude Cahun s'impose comme la seule femme photographe surréaliste (Lee Miller et Dora Maar n'ayant en réalité que voisiné un moment avec le mouvement). » François Leperlier (Paris, Musée d'art moderne de la Ville de Paris, Claude Cahun, photographe, 1995, p. 12).
Breton écrit en 1936 à Claude Cahun : « Ma chère amie, vous savez que nous préparons pour le 20 mai une exposition d’objets (surréalistes et para-surréalistes). À cette occasion doit paraître un numéro de Cahiers d’art […]. Il se trouve paradoxalement qu’à l’heure actuelle aucun des textes en question ne concerne à proprement parler les objets surréalistes […]. J’ai pensé que vous seule seriez capable de traiter d’une manière parfaite un pareil sujet. Vous pourriez prendre connaissance à Cahiers d’art de tous les documents photographiques et je ne doute pas que vous sachiez dégager mieux que personne le sens théorique de cette sorte de recherches. »
Cahun répond favorablement en écrivant « Prenez garde aux objets domestiques » qui paraît dans Cahiers d’art (n°1-2, mai). À propos des « objets périssables » réalisés pour l’exposition surréaliste par des « explorateurs », elle note : « J’insiste sur une vérité première : il faut découvrir, manier, apprivoiser, fabriquer soi-même des objets irrationnels pour apprécier la valeur particulière ou générale de ceux que nous avons sous les yeux. C’est pourquoi, à certains égards, les travailleurs manuels seraient mieux placés que les intellectuels pour en saisir le sens, si tout dans la société capitaliste, y compris dans la propagande communiste, ne les en détournait. C’est pourquoi vous commencez à tripoter dans vos poches, et peut-être à les vider sur la table. Étanchez un peu de tout le sang chaque jour répandu avec une éponge taillée en forme de cerveau ; mettez-la dans une cuve et voyez si elle flotte, si l’eau rougit, si les esprits animaux : fleur de peau, tire d’ailes, le chat-tortue, la lirelie rose (c’est une petite pomme de terre germée), le papegeon (c’est un baiser où les cils se rencontrent, c’est une paupière battante), voyez si la civelle lascive et les aimables innommées ne lui sortent pas par tous les pores. Troublez l’animarium avec une baguette de verre, le mot agitateur s’impose à vous et vous fait sursauter. Elle vient enfin de la créature attendue, elle ne sait où poser ses larmes… Prenez un miroir ; grattez le tain à hauteur de l’œil droit sur quelques centimètres ; passez derrière l’endroit éclairci une bande sur laquelle vous aurez fixé de petits objets hétéroclites, et regardez-vous au passage dans les yeux. C’est le jeu de l’escarbille… » [E., p. 540]
Avec Suzanne, elle se rend au marché aux Puces de Saint-Ouen pour chiner de quoi réaliser ses objets : elles y découvrent entre autres un crâne de panthère. L’Exposition surréaliste d’objets se déroule galerie Charles Ratton, 14, rue de Marignan, du 22 au 29 mai. Claude Cahun a réalisé deux assemblages de matériaux divers : ossements, coquillages, figurines, verreries, feuilles, plumes de paon. Cet exercice l’avait déjà incité à créer d’autres séries d’installations. Les premières, datant de 1932-1934, sont des ready-made, des objets « éphémères » posés sur la plage et photographiés, ce qui explique que les matériaux sont souvent réemployés d’un assemblage à l’autre. Cette année-là, en 1936, ce sont des montages « sous cloche » (mascarades ou farandoles d’objets), des poupées en papier mâché posées sur le sable (marionnettes politiques s’inspirant de l’actualité et la détournant) – dont les agencements font un peu penser aux œuvres de Heartfield et de Bellmer qui vient de lui offrir un exemplaire de LaPoupée. Tous ces assemblages sont ensuite photographiés. [L’Antimuse, Les Hauts-Fonds, 2015]
Photographie de Claude Cahun datée de 1936. Le tirage est daté de 1954, quelques jours avant le décès de la photographe.
Tampon du photographe au dos. Annotation manuscrite de Claude Cahun : « Je pense à vous pour la dernière fois c.c. 03-décembre 1954. »
Papier collé au dos portant les lieux et les dates de naissance et mort de Claude Cahun : Nantes, 5 octobre 1894 - Jersey, 8 décembre 1854.
Claude Cahun s’affaiblit très vite pendant l’hiver. Avant de se faire hospitaliser en urgence, le 3 décembre, elle choisit pour Breton une photo (« Les mains ») au dos de laquelle elle écrit : « Je pense à vous pour la dernière fois. Claude Cahun, 3 décembre 1954. » Suzanne l’enverra à Breton après son décès, le 8 décembre 1954. [Anne Egger, 2023, Atelier André Breton]
Claude Cahun
« Après bien des hésitations, fruits amers d'une trop grande impatience, d'un désir longtemps différé (dès 1919, Soupault l'avait sollicitée pour qu'elle intervienne dans la revue Littérature), elle entre en relation avec André Breton, par l'intermédiaire de son ami nantais Jacques Viot. Elle s'associe étroitement au groupe surréaliste dont elle va épouser et appuyer les grandes orientations. Elle signera la plupart des déclarations collectives jusqu'à la guerre. Profondément attachée à la personne d'André Breton, elle ne cessera de le soutenir et de lui témoigner sa confiance. Celui-ci, après avoir surmonté les ambivalences des premiers contacts, marquera sa fascination et saura encourager une démarche dont il appréciait l'extrême singularité.
« "Il est assez probable, du reste, que vous disposez d'un pouvoir magique très étendu. Je trouve aussi et ne fais que vous le répéter que vous devriez écrire et publier. Vous savez très bien que je pense que vous êtes un des esprits les plus curieux de ce temps (des 4 ou 5) mais vous vous taisez à plaisir." André Breton (lettre à Claude Cahun, 21 septembre 1938).
« On peut estimer, sans avoir à trop s'avancer, que Claude Cahun s'impose comme la seule femme photographe surréaliste (Lee Miller et Dora Maar n'ayant en réalité que voisiné un moment avec le mouvement). » François Leperlier (Paris, Musée d'art moderne de la Ville de Paris, Claude Cahun, photographe, 1995, p. 12).
Bibliography
- François Leperlier, Claude Cahun, l'écart et la métamorphose, Paris, Jean-Michel Place, 1992, rep.p. 212 (autre tirage)
- Paris, Musée d'art moderne de la Ville de Paris, Claude Cahun, photographe, 1995, rep.p. 109, p. 149, n° 139 (autre tirage)
- Paris, Musée du Jeu de Paume, Claude Cahun, Hazan, 2011, rep.p. 153 (photo inversée haut-bas)
Creation date
1936
Physical description
25,4 x 19,7 cm (10 x 7 3/4 in.) - Tirage des années cinquante
Photographie d'un assemblage sans titre de Claude Cahun, 1938.
Assemblage réalisé fin 1938 à St Brelade. Parfois titré : Char du couronnement.
Un bouquet de verre garnis d’objets dont, dit Cahun elle-même, un « char… désarçonné (oui, sans doute mon portrait – à mon insu), c’était une abomination de Woolworth Bazar. Datant du couronnement de George VI ou Edouard VIII, je ne sais plus… sans doute l’avait-on acheté pour illustrer les rimes de Lise Deharme et jamais encore utilisé » [lettre de Cahun à J.Schuster, 19 février 1953]
[Anne Egger, 2023, Atelier André Breton]
« Après bien des hésitations, fruits amers d'une trop grande impatience, d'un désir longtemps différé (dès 1919, Soupault l'avait sollicitée pour qu'elle intervienne dans Littérature), elle entre en relation avec André Breton, par l'intermédiaire de son ami nantais Jacques Viot. Elle s'associe étroitement au groupe surréaliste dont elle va épouser et appuyer les grandes orientations. Elle signera la plupart des déclarations collectives jusqu'à la guerre. Profondément attachée à la personne d'André Breton, elle ne cessera de le soutenir et de lui témoigner sa confiance. Celui-ci, après avoir surmonté les ambivalences des premiers contacts, marquera sa fascination et saura encourager une démarche dont il appréciait l'extrême singularité. "Il est assez probable, du reste, que vous disposez d'un pouvoir magique très étendu. Je trouve aussi et ne fais que vous le répéter que vous devriez écrire et publier. Vous savez très bien que je pense que vous êtes un des esprits les plus curieux de ce temps (des 4 ou 5) mais vous vous taisez à plaisir." André Breton (Lettre à Claude Cahun, 21 septembre 1938). On peut estimer, sans avoir à trop s'avancer, que Claude Cahun s'impose comme la seule femme photographe surréaliste (Lee Miller et Dora Maar n'ayant en réalité que voisiné un moment avec le mouvement). » François Leperlier (Paris, Musée d'art moderne de la Ville de Paris, Claude Cahun, photographe, 1995, p. 12).
Bibliography
- François Leperlier, Claude Cahun, l'écart et la métamorphose, Paris, Jean-Michel Place, 1992, rep.p. 190 (autre photo de la série)
- Paris, Musée d'art moderne de la Ville de Paris, Claude Cahun, photographe, 1995, rep.p. 118, rep.p. 156, n° 221 (autre photo de la série)
- François Leperlier et Juan Vicente Aliaga (dir.), Claude Cahun, Hazan - Jeu de Paume, Paris, 2011, p. 155 (autre photo de la série). Puis, La Virreina Centre de la Image, Barcelone, du 27 octobre 2011 au 5 janvier 2012, Et Chicago Art Institute, Chicago, du 25 février au 3 juin 2012. (Autre photo de la série.)
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Photographie d'un assemblage sans titre de Claude Cahun, 1938.
Photo prise fin 1938 à St Brelage (Jersey).
Un bouquet de verre garnis d’objets dont un crâne mexicain offert par André Breton et Jacqueline Lamba à leur retour du Mexique
[Anne Egger, 2023, Atelier André Breton]
Claude Cahun
« Après bien des hésitations, fruits amers d'une trop grande impatience, d'un désir longtemps différé (dès 1919, Soupault l'avait sollicitée pour qu'elle intervienne dans la revue Littérature, elle entre en relation avec André Breton, par l'intermédiaire de son ami nantais Jacques Viot. Elle s'associe étroitement au groupe surréaliste dont elle va épouser et appuyer les grandes orientations. Elle signera la plupart des déclarations collectives jusqu'à la guerre. Profondément attachée à la personne d'André Breton, elle ne cessera de le soutenir et de lui témoigner sa confiance. Celui-ci, après avoir surmonté les ambivalences des premiers contacts, marquera sa fascination et saura encourager une démarche dont il appréciait l'extrême singularité.
« "Il est assez probable, du reste, que vous disposez d'un pouvoir magique très étendu. Je trouve aussi et ne fais que vous le répéter que vous devriez écrire et publier. Vous savez très bien que je pense que vous êtes un des esprits les plus curieux de ce temps (des 4 ou 5) mais vous vous taisez à plaisir." André Breton (lettre à Claude Cahun, 21 septembre 1938).
« On peut estimer, sans avoir à trop s'avancer, que Claude Cahun s'impose comme la seule femme photographe surréaliste (Lee Miller et Dora Maar n'ayant en réalité que voisiné un moment avec le mouvement). » François Leperlier (Paris, Musée d'art moderne de la Ville de Paris, Claude Cahun, photographe, 1995, p. 12).
Bibliography
- François Leperlier et Juan Vicente Aliaga (dir.), Claude Cahun, Hazan - Jeu de Paume, Paris, 2011, p. 154. Puis au Virreina Centre de la Image, Barcelone, du 27 octobre 2011 au 5 janvier 2012, puis Chicago Art Institute, Chicago, du 25 février au 3 juin 2012.
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Photographie de Claude Cahun, « la seule femme photographe surréaliste », prise en 1936 à Londres.
Photo sans titre
Claude Cahun et sa compagne Suzanne Malherbe ont accompagné Jacqueline Lamba et André Breton à Londres lors de la première exposition internationale du surréalisme, organisée par David Gascoyne, Roland Penrose et E.L.T. Mesens inaugurée le 11 juin 1936.
[Anne Egger, 2023, Atelier André Breton]
Claude Cahun
« Après bien des hésitations, fruits amers d'une trop grande impatience, d'un désir longtemps différé (dès 1919, Soupault l'avait sollicitée pour qu'elle intervienne dans Littérature), elle entre en relation avec André Breton, par l'intermédiaire de son ami nantais Jacques Viot. Elle s'associe étroitement au groupe surréaliste dont elle va épouser et appuyer les grandes orientations. Elle signera la plupart des déclarations collectives jusqu'à la guerre. Profondément attachée à la personne d'André Breton, elle ne cessera de le soutenir et de lui témoigner sa confiance. Celui-ci, après avoir surmonté les ambivalences des premiers contacts, marquera sa fascination et saura encourager une démarche dont il appréciait l'extrême singularité. "Il est assez probable, du reste, que vous disposez d'un pouvoir magique très étendu. Je trouve aussi et ne fais que vous le répéter que vous devriez écrire et publier. Vous savez très bien que je pense que vous êtes un des esprits les plus curieux de ce temps (des 4 ou 5) mais vous vous taisez à plaisir." André Breton (Lettre à Claude Cahun, 21 septembre 1938). On peut estimer, sans avoir à trop s'avancer, que Claude Cahun s'impose comme la seule femme photographe surréaliste (Lee Miller et Dora Maar n'ayant en réalité que voisiné un moment avec le mouvement). » François Leperlier (Paris, Musée d'art moderne de la Ville de Paris, Claude Cahun, photographe, 1995, p. 12).
Bibliography
- François Leperlier, Claude Cahun, l'écart et la métamorphose, Paris, Jean-Michel Place, 1992, rep.p. 228 (autre tirage)
- Paris, Musée d'art moderne de la Ville de Paris, Claude Cahun, photographe, 1995, rep.p. 158, n° 247 (autre tirage)
Postcard from Claude Cahun to André Breton thanking him for mailing his book, The Communicating Vessels.
Handwritten postcard from Claude Cahun – signed with her real name: Lucie Schwob - to André Breton saying that she was very moved by the mailing of the book. (envelope conserved).
Postcard inserted by André Breton into one of the copies of The Communicating Vessels [Auction catalogue, 2003; André Breton website, 2019]
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Lettre de Claude Cahun à André Breton datée de novembre et décembre 1938. Accompagnant l'envoi d'une traduction « Weird Tale » et d'une photographie.
De Jersey où elle lit, rêve, et se laisse pousser les cheveux, Claude Cahun écrit à André Breton une longue lettre amicale datée de novembre et décembre 1938. Accompagnant l'envoi d'une traduction (« Weird Tale ») qui se trouve également dans les archives de Breton, mais dans un autre dossier, Claude Cahun évoque notamment Henri Michaux et une situation politique pour le moins inquiétante, à laquelle la Fédération internationale de l'art révolutionnaire indépendant proposée par André Breton et Léon Trotski quelques mois auparavant lui semble être une bonne réponse. [site Atelier André Breton, 2005]
Lettre tapuscrite à l'encre bleue et rouge de Claude Cahun à André Breton, datée Jersey 27 novembre 1938.
Enveloppe conservée adressée à André Breton et portant au verso l'adresse de Jersey et le véritable nom de Claude Cahun : Lucie Schwob.
Extrait : « Je m'intéresse assez capricieusement au jardin et lit moins qu'à Paris; mais j'ai le temps de jouer avec des objets, des couleurs et le vieux Pleyel désaccordé. Henri Michaux à qui j'en parlais (car il est près de nous ces jours-ci) s'étonne et assure que si j'aime la musique je ne puis être surréaliste. Loin de sentir cette incompatibilité catégorique, il me semble au contraire atteindre l'automatisme que dans l'activité la plus solitaire, en l'absence totale de mot, de lettre, du moindre résidu du langage et n'obtiens guère cette absence qu'à condition d'emplir tout le champ de ma conscience de sons et d'images puissamment colorés. D'autre part l'automatisme ne saurait définir le surréalisme bien entendu. »
Lettre encartée dans l'exemplaire dit incomplet de Les Paris sont ouverts. [catalogue de la vente, 2003]
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Pamphlet de Claude Cahun publié aux éditions José Corti en 1934 accompagné d'une lettre de l'auteur adressée à André Breton en date du 27 novembre 1938.
Deux images, une description, une exposition, une bibliothèque, un lien.
Coffret contenant un film sur Claude Cahun intitulé Elle et Suzanne et un livre de 88 pages en français retraçant la vie et l'œuvre de l'artiste.
Claude Cahun est une femme indépendante, émancipée, rentière, homosexuelle non militante, « écrivain errant », artiste polyvalente, révolutionnaire, individualiste, surréaliste atypique, en un mot inclassable. Hors de tout conformisme - par souci de différenciation perpétuel et « manie de l'exception » -, elle offre une œuvre photographique innovante et déconcertante où elle se met en scène avec l'aide de sa compagne, Suzanne Malherbe, avec qui elle a partagé toute sa vie. Un couple mythique, souvent occulté, malgré leurs nombreux travaux collectifs.
« Toute création est création de soi », écrit Claude Cahun, rebelle à toute identification et pour qui « les étiquettes sont méprisables ». « Ne voyager qu'à la proue de soi-même », tel est son désir.