M. Francis
Jammes :
La question que vous posez est d’un misérable et, si jamais un pauvre enfant se tue à
cause d’elle, ce sera vous l’assassin ! Il y a des damnés. Votre unique ressource,
s’il vous reste un peu de conscience, est d’aller vous jeter dans un
confessionnal.
Non seulement je vous autorise à publier cette lettre in-extenso, mais encore à
l’envoyer à madame votre mère.
M. Josef
Florian, lui, tout catholique qu’il soit, est sans
inquiétude :
Je ne suis pas écrivain pour répondre aux enquêtes. Je suis catholique et la doctrine
de l’Église est pour moi la vérité, vérité réelle (égale peut-être à votre
« surréaliste ») et quant au suicide, c’est Gilbert K. Chesterton mon porte-parole
dans cette matière. À lire son Orthodoxie, Ve article, dans la traduction tchèque sous le titre
Prapor Svêta (Le drapeau du monde) la question est tout à fait
morale.
M. Pierre
Reverdy ne veut non plus considérer cette question hors
du plan moral, mais ce n’est pas par surdité, comme MM. Florian et Jammes, et leurs
consorts. Pierre Reverdy qui ne pense pas qu’un homme puisse se tuer et croire à la
survie est le prisonnier de cette foi qui faisait dire à Robespierre cette grande
parole : « Celui qui ne croit pas à l’immortalité de l’âme se rend justice. »
Le suicide est un acte dont le geste a lieu dans un monde et la conséquence dans un
autre. On se tue probablement comme on rêve – quand la qualité du rêve le transforme
en cauchemar. Mais l’homme s’hypnotise sur ce mirage de grandeur qu’il lui a été donné
la volonté d’empiéter sur les desseins de Dieu. Le suicide est un de ces empiètements,
c’est un acte de rébellion et les faibles seuls ont sujet de se montrer rebelles.
Quand on ne veut pas subir jusqu’au bout les coups du sort, quels qu’ils soient – ou
qu’on ne peut plus – on cherche une porte de sortie. Il y en a plusieurs, en comptant
la porte étroite qui n’est en réalité qu’un long couloir par où nous prétendons
accéder dans la salle du trône. Il y a celle par où tout le monde passe faute de
pouvoir faire autrement et sans trop y penser à l’avance. Le suicide est un chemin de
traverse qui ne mène peut-être pas dans le plus beau jardin.
Comme nous recevons la vie et la mort, nous pouvons les donner ; que la portée de ces
événements, à chacun des bouts de notre fil, nous étonne parce qu’elle dépasse un peu
ce dont nous sommes capables tous les jours, c’est assez normal, mais qu’elle nous
grise au point de nous persuader que nous sommes les maîtres de notre destinée tout
entière, ce serait alors insensé.
La seule maîtrise qui nous ait été laissée est celle de notre volonté, de notre
pensée, de nos actes ; mais non pas celle de l’orientation générale de notre être et
de sa fin. De cette dernière nous ne choisissons ni le mode, ni le lieu, ni le temps.
Et pour dire que le suicide, comme la mort naturelle d’ailleurs, est une solution aux
affaires de ce monde, il faudrait encore savoir à quel point les affaires de ce monde
sont liées à l’autre. Par conséquent solution au recto
seulement. Pour le verso, c’est le côté caché de la Page 9⦿page et
le plus important – celui où doit avoir lieu le réel dénouement.
Il est surprenant que ceux qui identifient la mort et le néant tâchent à s’en aller
plus tôt – car il semblerait que les choses d’ici et la mort dussent leur paraître
égales. La vie sans autre suite n’ayant plus en effet aucun sens n’est rien. Autrement
l’esprit sain répugne à cet échange volontaire – sans espoir et pour jamais – de
quelque chose qui est, même mauvais, contre rien. Quant aux autres, ils savent bien
quelles raisons meilleures les retiennent.
Il s’agit encore de savoir si ce sont les données du problème ou bien la solution qui
importent, et se dire que nous n’en avons ici que les données.
En somme, souhaiter ne s’en aller jamais – et quoi qu’il en pût coûter – ce serait
accorder une trop absolue valeur aux charmes, très relatifs, de la vie ; se confier
par contre à la mort seule pour trouver une solution à la vie, jugée trop absolument
ingrate, c’est accorder une excessive confiance à la valeur pacifiante de la mort.
N’est-elle pas d’ailleurs et en tout cas la seule certitude qu’il nous soit donné
d’attendre sans déception, ce qui devrait suffire amplement à nous conseiller la
patience ? La phase de la mort qui a lieu de ce côté du monde ne peut apporter une
solution qu’à ce que nous connaissons de cette vie. Mais ce n’est pas cette immobilité
soudaine et cette suppression qui donnent la clef du mystère : elles ne sont là que
pour attirer plus vivement notre attention paresseuse sur lui.
Nous nous étonnerons toujours de voir la décision de
plusieurs au milieu des pires difficultés.
Il n’est pas de
question plus absurde, écrit M. Léon
Pierre Quint, et non moins aimable M. André Lebey nous juge :
Avancer qu’on se tue comme on rêve est stupide.
La mauvaise humeur de M. Maurice
David s’en prend aux questionneurs :
Une solution à quoi ? Mathias Lübeck a écrit : « Le suicide
provient le plus souvent de l’incompatibilité d’humeur avec soi-même. » Tous vos
problèmes aussi. Trouvez votre solution. Personnellement je n’ai d’incompatibilité
d’humeur qu’avec le capitalisme économique et ma solution est toute trouvée à la suite
de Marx et de Lénine.
M. Fernand
Divoire (avec leur bonne foi coutumière, les
Treize n’ont-ils pas annoncé notre enquête : la Révolution
Surréaliste pose cette question morale, etc.), lui, répond :
Non.
Et ça lui suffit, à cet homme.
Mme Ludmilla
Savitzkyne peut nous répondre qu’en nous interrogeant, et
M. J. Potaut, professeur à
Wissembourg, s’écrie :
Il faut poser la question morale ! On ne se tue pas comme on rêve ! C’est le fait
d’une théorie paresseuse que de reléguer dans l’inconscient l’explication d’un
phénomène, quel qu’il soit.
MM. le
docteur Gorodice et Guillot de
Saix se rencontrent pour affirmer que le suicide est
plutôt une dissolution.
Et M. Georges
Fourest :
Et pourquoi pas ? Une solution d’arsenic par exemple ?
Par exemple, qu’a bien voulu dire M. Léon Werth ?
C’est du moins la solution moyenne adoptée par presque tous
les hommes. La société, la littérature fournissant des armes, ce commerce est libre,
comme celui des armuriers.
M. Louis de
Russy abuse assez étrangement du mot de suicide :
Un seul cas de suicide :
Rimbaud.
M. Louis
Pastor :
Une défaite ne saurait être une solution.
Le suicide n’est pas une solution, pas même une fin, mais un abandon de la question.
Avis partagé par M. Michel
Georges-Michel.
Mais non par M. Paul
Brach :
Le suicide, ce raid vers l’inconnu, ne peut être considéré
que comme une tentative pour obtenir la solution la moins imprévue.
M. Pierre de
Massot a sur la question un avis dans le goùt moderne :
Monsieur, je me permets de répondre à votre question en
recopiant le placard apposé sur le mur de ma chambre : « On entre sans frapper mais on
est prié de se suicider afin de sortir. »
M. Georges
Duvauest apparemment un psychologue :
On ne vit pas comme on vit en rêve : le rêve est seulement
une aimable revanche consentie à nos désirs, et la vie est pleine d’âpres certitudes…
D’ailleurs, de toute façon, le suicide ne saurait être une solution.
Qui est L.
P. pour qui :
Le vrai – et qui est une solution – est le suicide permanent,
continu, et ininterrompu des gens qui naissent et vivent avec l’idée d’être juges de
paix, et qui, finalement, le deviennent.
Si pour Claude
Jonquière :
Le suicide est une solution dans la même mesure que
peut l’être la mort naturelle,
pour M. Paul Recht il n’est pas une
solution :
Se tuer comme on rêve c’est admettre une métaphysique du
rêve conscient et volontaire.
Cette formule que nous avancions timidement, M. Florian-Parmentier s’en empare :
Le suicide est le passage en rêve de la vie à la
mort,
Et il pense qu’il ne saurait être une solution pour ceux
qui croient, comme lui que
tout est rêve ou apparence.
M. Fernand
Gregh ne craint pas d’avancer que :
Le pays d’au delà de la Mort, c’est la Vie,
La Vie encor, toujours par qui, – penser amer ! –
Ton âme de destin en destin est suivie
Comme par le soleil ta nef de mer en mer !
Et c’est le côté social de la question qui retient M. Michel Corday :
C’est une solution à tirage limité.
Page 10⦿
Il ne doit naître que d’une résolution. On devrait non pas s’y jeter dans un vertige,
mais s’y déterminer selon la raison. Placer dans un des plateaux de la balance le
dommage fait à la collectivité, le chagrin fait à l’entourage, l’horrible difficulté
de se donner la mort. Dans l’autre plateau, l’effort d’échapper à l’une des incurables
misères inventées par la nature ou par les hommes. Si le second plateau l’emporte,
enlevez : c’est pesé.
Une remarque. L’opinion, ce monstre ébloui, hésite dans ses jugements sur le suicide.
Elle applaudit la mort de Lucrèce, de Pétrone, du général Boulanger, de Mme Sembat. Et dans les familles, on garde sur le
parent suicidé un silence de blâme et de honte, plus opaque, plus massif, plus
écrasant que la pierre du tombeau.
Ne nous rêvons-nous pas ?
se demande M. Michel
Arnaud, qui conclut :
Le suicide est à la vie la seule solution élégante (il y aurait aussi une adroite et
preste ablation du cerveau, mais où le chirurgien ?)
M. le docteur Bonniot :
À votre grave question, ma réponse je la trouve dans la Bible moderne et souhaite
qu’on en pèse rigoureusement tous les termes.
Le suicide n’est une solution que dans le cas pratiquement évitable, où
« Ces héros excédés de malaises badins
Vont ridiculement se pendre au réverbère. »
M. Léon Baranger :
Parfois la porte fermée on rencontre l’autre aventure. On plonge au fond de
l’Atlantique et on continue par le Pacifique, mais c’est fini pour le côté du départ.
Je n’ai jamais été jusque-là et ignore donc si on peut être alors fixé (cf. Poe) et
savoir si l’on a résolu ou solutionné.
M. Georges
Polti nous interprète :
« L’homme ne meurt pas, il se tue. » Cette observation (de Flourens je crois) prend,
à votre question, quelle profondeur imprévue : nous serions immortels (comme Adam
avant le péché) si nous ne nous acheminions pas – sous quelle étrange possession ! –
du fond de notre inconscient à notre suicide, n’est-ce pas là ce que vous aurez voulu
dire ?
M. Marcel Jouhandeau se
cite (M. Godeau intime) :
La vérité, c’est que je serai toujours, et Dieu. Le suicide est inutile.
M. Jean
Paulhan s’imite :
Bien entendu, l’on ne peut exagérer la difficulté du seul acte propre, sans doute, à
bouleverser légèrement notre vie : nous ne saurions mourir en trop bon état. Mais
faut-il pour cela se suicider, il est peu de gens qui ne gagnent à être malades.
C’est du point de vue technique que répondent le docteur
Maurice de Fleury, ce sinistre
imbécile :
Le suicide ne peut pas être « une solution » parce qu’il est d’ordre pathologique. Il
est le point culminant de l’angoisse, comme l’angoisse est le point culminant de la
constitution émotive. Je ne puis ici que l’affirmer. Je me suis efforcé de le
démontrer dans la seconde partie de mon récent ouvrage, L’Angoisse
Humaine. Mes observations nombreuses, touchant des êtres humains tentés par
l’appel de la mort, m’ont amené à cette conclusion que je ne puis qu’exprimer ici
brièvement.
et M. le Professeur
Paul Lecène :
J’ai toujours pensé que la mort était due à une inattention momentanée à la vie. La
vie est naturelle à l’homme. S’il meurt, c’est au fond toujours de sa faute : s’il
faisait suffisamment attention, il serait immortel. Malheureusement en pratique,
l’attention continuelle, jusqu’à un âge très avancé, est bien difficile et en général
(depuis que nous avons des renseignements authentiques sur l’humanité) les hommes sont
morts ; mais au fond, ce fut toujours par une sorte de suicide et par leur faute.
Technique aussi, M. Clément Vautel
Je crois, pour ma part, qu’il n’y a de solution définitive à rien… Évidemment le
monsieur (ou la dame) qui « se détruit » parce que la vie lui impose une douleur
insupportable ou un problème cruel et insoluble, ce désespéré trouve une solution…
Mais elle doit être provisoire, car l’au-delà nous réserve sans doute aussi des
embêtements. Nous sommes peut-être, dès maintenant, en plein au-delà, un au-delà
plutôt inconfortable où sont internés pour un certain temps les suicidés des autres
mondes.
Que toutes ces réponses, habiles, littéraires ou
burlesques, apparaissent donc sèches, et comment se fait-il qu’on n’y entende rien
sonner d’humain ? Se tuer, n’avez-vous pas pesé ce que comporte un semblable propos, de
fureur et d’expérience, de dégoût et de passion ? Ce qu’il passe d’amer dans ceux qui se
décident alors à ce geste.
Et si l’on se tuait aussi,
au lieu de s’en aller ? demande Jacques Vaché qui
écrit au bas de sa dernière lettre :
N. B. – Les lois s’opposent à l’homicide volontaire.
Et Rabbe avant d’en
finir :
Il faut que j’écrive mes Ultime Lettere. Si tout homme ayant beaucoup
senti et pensé, mourant avant la dégradation de ses facultés par l’âge, laissait ainsi
son Testament philosophique, c’est-à dire une profession de foi sincère
et hardie, écrite sur la planche du cercueil, il y aurait plus de vérités reconnues et
soustraites à l’empire de la sottise et de la méprisable opinion du vulgaire.
J’ai, pour exécuter ce dessein, d’autres motifs : il est de par le monde quelques
hommes intéressants que j’ai eu pour amis ; je veux qu’ils Page 11⦿ sachent comment
j’ai fini. – Je souhaite même que les indifférents, c’est-à-dire que la masse du
public pour qui je serai l’objet d’une conversation de dix minutes (supposition
peut-être exagérée), sache, quelque peu de cas que je fasse de l’opinion du grand
nombre, sache, dis-je, que je n’ai point cédé en lâche et que la mesure de mes ennuis
était comble quand de nouvelles atteintes sont venues la faire verser, que je n’ai
fait qu’user avec tranquillité et dignité du privilège que tout homme tient de la
nature, de disposer de soi.
Voilà tout ce qui peut m’intéresser encore de ce côté-ci du tombeau : au delà de lui
sont toutes mes espérances, si toutefois il y a lieu.
Benjamin Constant,
dans
Le Cahier
Rouge :
Je fis ce qu’on voulut avec une docilité parfaite, non que j’eusse peur, mais parce
que l’on aurait insisté, et que j’aurais trouvé ennuyeux de me débattre. Quand je dis
que je n’avais pas peur, ce n’est pas que je susse combien il y avait peu de danger.
Je ne connaissais point les effets que l’opium produit, et je les croyais beaucoup
plus terribles. Mais d’après mon dilemme, j’étais tout à fait indifférent au résultat.
Cependant, ma complaisance à me laisser donner tout ce qui pouvait empêcher l’effet de
ce que je venais de faire dut persuader les spectateurs qu’il n’y avait rien de
sérieux dans toute cette tragédie. Ce n’est pas la seule fois dans ma vie qu’après une
action d’éclat, je me suis soudainement ennuyé de la solennité qui aurait été
nécessaire pour la soutenir et que, d’ennui, j’ai défait mon propre ouvrage.
Et Cardan, mathématicien
pessimiste (1501-1576) :
Laboravi interdum Amore Heroïco ut me ipsum trucidare
cogitarem.
[NdE 20]
Et Senancour, Obermann, Lettre XLI.
Qui donc prétendait que nous vivions en plein
romantisme ? Cette grande voix sincère, et qui s’est tue, peut-être en
retrouverons-nous l’écho chez quelques-uns.
M. Philippe
Casanova :
Veuillez excuser, je vous prie, ma réponse : je ne la veux ni impertinente, ni
fausse, ni littéraire – elle est humaine, actuelle, et personnelle. Je n’en sais rien.
Si je veux savoir, ma volonté dissipe mes intuitions. Libres, mes intuitions sont
absurdes. Figurez-vous des points d’interrogation introduisant des clefs d’ombre dans
des serrures obscures. Et à ce « je n’en sais rien », je suis tenté d’ajouter : « Chi
lo sa ? »
M. Yves
Guéguen:
La volonté n’est qu’obéissance (Nietzsche où es-tu) à une
nécessité dont l’accomplissement ou le non accomplissement comporte une sanction.
D’ailleurs une nécessité sans sanction en serait-elle une ?
Ne pas mourir : Vivre est la sanction. Ne pas vivre : Mourir est la sanction.
M. André
Biane
[NdE 21]
:
Le suicide corporel est donc une solution. Le suicide moral en est une autre. Le
premier est à la portée de tout le monde. Le second exige un progrès trop grand dans la pensée humaine.
Il y a des hommes qui vivent dans les coïncidences. Le
dessin suivant, intitulé : Moi-même mort, M. Oscar Kokoschka
venait de l’achever quand il reçut le questionnaire de notre enquête.
Autoportrait de Kokoschka.
[NdE 22]
Nous insistons sur le caractère miraculeux de cette
coïncidence.
M. >Maxime
Alexandre :
Ils nous en ont fabriqué un monde ces « grands hommes » : Moïse,
Jésus-Christ et M. Poincaré ! À faire vomir
les entrailles au plus gai parmi nous. Redresser tout cela ? Se donner de la peine ?
Recommencer la création ? Le suicide est tellement plus
simple ! Et puis, je m’en fous pour les autres. Et pour moi, quand je me suiciderai,
vous le lirez dans les journaux.
Voici le cortège qui s’avance. Fleurs charmantes, habillées en jeunes filles, la nuit
les précède, parée de diamants et de mille choses frivoles. Bonjour la nuit, bonjour
les petites filles, avancez vers moi !
L’ennui, la mort, non, cela n’a pas d’importance, nous sommes condamnés à ce passage
entre deux rêves : la vie. Ne nous attardons pas trop. Le suicide ? Si vous voulez.
Mais peut-être y a-t-il un autre moyen ? C’est vrai, il y a l’alPage 12⦿cool, l’oubli, l’amour.
Et nous avons le temps. Demain peut-être ?
On demande une autre solution.
M. André
Breton :
« Le suicide est un mot mal fait ; ce qui tue n’est pas identique à ce qui est
tué. »
(Théodore
Jouffroy)
M. Antonin
Artaud :
[NdE 23]
Non, le suicide est encore une hypothèse. Je prétends avoir le droit de douter du
suicide comme de tout le reste de la réalité. Il faut
pour l’instant et jusqu’à nouvel ordre douter affreusement non pas à proprement parler
de l’existence, ce qui est à la portée de n’importe qui, mais de l’ébranlement
intérieur et de la sensibilité profonde des choses, des actes, de la réalité. Je ne
crois à rien à quoi je ne sois rejoint par la sensibilité d’un cordon pensant et comme
météorique, et je manque tout de même un peu trop de météores en action. L’existence
construite et sentante de tout homme me gêne, et résolument j’abomine toute réalité.
Le suicide n’est que la conquête fabuleuse et lointaine des hommes qui pensent bien,
mais l’état proprement dit du suicide est pour moi incompréhensible. Le suicide d’un
neurasthénique est sans aucune valeur de représentation quelconque, mais l’état d’âme
d’un homme qui aurait bien déterminé son suicide, les circonstances matérielles, et la
minute du déclenchement merveilleux. J’ignore ce que c’est que les choses, j’ignore
tout état humain, rien du monde ne tourne pour moi, ne tourne en moi. Je souffre
affreusement de la vie. Il n’y a pas d’état que je puisse atteindre. Et très
certainement je suis mort depuis longtemps, je suis déjà suicidé. On m’a suicidé, c’est-à-dire. Mais que penseriez-vous d’un
suicide antérieur, d’un suicide qui nous ferait
rebrousser chemin, mais de l’autre côté de l’existence, et non pas du côté de la mort.
Celui-là seul aurait pour moi une valeur. Je ne sens pas l’appétit de la mort, je sens
l’appétit du ne pas être, de n’être jamais tombé dans ce
déduit d’imbécillités, d’abdications, de renonciations et d’obtuses rencontres qui est
le moi d’Antonin Artaud, bien plus faible que lui. Le moi de cet infirme errant et qui
de temps en temps vient proposer son ombre sur laquelle lui-même a craché, et depuis
longtemps, ce moi béquillard, et traînant, ce moi virtuel, impossible, et qui se
retrouve tout de même dans la réalité. Personne comme lui n’a senti sa faiblesse qui
est la faiblesse principale, essentielle de l’humanité. À détruire, à ne pas
exister.
M. Victor
Margueritte :
Le suicide est une solution comme une autre. Je pense cependant que si jamais la
volonté humaine se manifeste, dans ce rêve plus ou moins éveillé qu’est la vie, c’est
à la minute où l’être décide de se réendormir, définitivement… Il faut croire à la
volonté… Au moins dans cette manifestation-là ! En douter serait singulièrement
affadir le songe, ainsi privé jusque du précieux sel de la mort.
M. Georges
Bessière :
Je ne voulus pas vivre, car si j’eusse pu aussi penser, je n’aurais pas demandé cet
afflux de heurts. Vivre ?
J’en vis un aujourd’hui, place Pigalle, qui vivait, mais pour ça il avait le torse
nu, se faisait lier de chaînes et se détachait, ensanglanté ; puis il faisait la
quête.
Quelle était la part de sa volonté ? Celle qui lui ordonnait de souffrir, pour moins
souffrir, pour mieux manger…
Il ne me reste plus que celle-là qui ordonne le rêve, première mort. La deuxième est
indifférente ! Pourquoi ? Dois-je me suicider une autre fois ?
Oui ! Après avoir suffisamment halluciné les autres, et moi-même.
M. Man
Ray :
Peinture ou photographie non identifiée de Man
Ray
M. Pierre
Naville
La vie ne comporte pas de solutions. Les multiples sollicitudes dont je suis le
mobile ne me font pas l’effet d’être autre chose que
l’objet même de mon désir. Un voile tamise l’univers devant l’homme que les privations
ou les excitations ont déséquilibré ; le monde se
brouille définitivement à la vue du moribond. Je veux dire qu’à cette minute où le
sommeil semble occuper définitivement en nous toute la profondeur de l’existence, il y
a un attachement soudain à Page 13⦿quelque réalité bien
plus effrayante que celle de nos cinq sens.
C’est dans ce désaxement progressif de l’esprit que je veux voir ce qu’on appelle
couramment la mort. Qu’après cela l’homme croie échapper à quelque chose en se tuant,
il n’échappera cependant pas à l’illusion du néant. La liberté selon laquelle je me
dois de vivre m’empêche d’exister autrement que par accidents, et je mourrai de même.
Par ailleurs ce n’est pas une certaine terreur du geste qui pourrait me faire reculer
devant le suicide, et je voudrais alors le considérer comme un vol que je me ferais un
doux plaisir d’effectuer aux dépens de la vie, un jour, par accident – non comme cette
défaite que je constate chaque jour chez les désespérés. On dira que j’en parle
calmement puisque je mange quotidiennement sans souci du lendemain ; mais la question
n’est pas dans la possibilité de vivre, et depuis longtemps déjà je connais mon échec
futur.
L’amour qui est essentiel à ma personne est là, néanmoins, et je suis près de penser,
à certains moments où l’univers se limite à l’horizon de deux paupières, que
j’atteindrais plus rapidement, par cette violence que constitue le suicide, à la
personnalité plus belle et moins désespérée dont j’ai le sentiment très aigu. Alors,
ce désir de mourir fleurit comme la pensée s’envole de mon cerveau, comme la
possibilité de tuer ce qu’elles aiment agite parfois mes mains, et je pense, malgré
moi, au jour prochain où je dormirai comme un mort.
Je ne crois pas à mon existence.
M. René Crevel
:
Une solution ?… oui.
La mosaïque des simulacres ne tient pas. J’entends que l’ensemble des combinaisons
sociales ne saurait prévaloir contre l’angoisse dont est pétrie notre chair même.
Aucun effort ne s’opposera jamais victorieusement à cette
poussée profonde, à cet élan mystérieux, qui n’est point, M. Bergson, l’élan vital, mais
son merveilleux contraire, l’élan mortel.
D’un suicide auquel il me fut donné d’assister, et dont l’auteur-acteur était l’être,
alors, le plus cher et le plus secourable à mon cœur, de ce suicide, qui – pour ma
formation ou ma déformation – fit plus que tout essai postérieur d’amour ou de haine,
dès la fin de mon enfance j’ai senti que l’homme qui facilite sa mort est l’instrument
docile et raisonnable d’une force majuscule (appelez-la Dieu ou Nature) qui, nous
ayant mis au sein des médiocrités terrestres, emporte dans sa trajectoire, plus loin
que ce globe d’attente, les seuls courageux.
On se suicide, dit-on, par amour, par peur, par vérole. Ce n’est pas vrai. Tout le
monde aime ou croit aimer, tout le monde a peur, tout le monde est plus ou moins
syphilitique. Le suicide est un moyen de sélection. Se suicident ceux-là qui n’ont
point la quasi-universelle lâcheté de lutter contre certaine sensation d’âme si
intense qu’il la faut bien prendre, jusqu’à nouvel ordre, pour une sensation de
vérité. Seule cette sensation permet d’accepter la plus vraisemblablement juste et
définitive des solutions, le suicide.
N’est vraisemblablement juste ni définitif aucun amour, aucune haine. Mais l’estime
où bien malgré moi et en dépit d’une despotique éducation morale et religieuse, je
suis forcé de tenir quiconque n’a pas eu peur, et n’a point borné son élan, l’élan
mortel, chaque jour m’amène à envier davantage ceux dont l’angoisse fut si forte
qu’ils ne purent continuer d’accepter les divertissements épisodiques.
Les réussites humaines sont monnaie de singe, graisse de chevaux de bois. Si le
bonheur affectif permet de prendre patience, c’est négativement, à la manière d’un
soporifique. La vie que j’accepte est le plus terrible argument contre moi-même. La
mort qui plusieurs fois m’a tenté dépassait en beauté cette peur de mourir d’essence
argotique et que je pourrais aussi bien appeler timide habitude.
J’ai voulu ouvrir la porte et n’ai pas osé. J’ai eu tort, je le sens, je le crois, je
veux le sentir, le croire, car ne trouvant point de solution dans la vie, en dépit de
mon acharnement à chercher, aurais-je la force de tenter encore quelques essais si je
n’entrevoyais dans le geste définitif, ultime, la solution ?
Vous souvenez-vous de M. Teste ? Il lit parfois les revues, notre
enquête l’a frappé le temps nécessaire qu’il y réponde. Il y répond.
M. E. Teste
[NdE 24]
Des personnes qui se suicident, les unes se font violence ; les autres, au contraire,
cèdent à elles-mêmes et semblent obéir à je ne sais quelle fatale courbure de leur
destin.
Les premiers sont contraints par les circonstances ; les seconds par leur nature, et
toutes les faveurs extérieures du sort ne les retiendront pas de suivre le plus court
chemin.
On peut concevoir une troisième espèce de suicides. Certains hommes considèrent si
froidement la vie et se sont fait de leur liberté une idée si absolue et si jalouse
qu’ils ne veulent pas laisser au hasard des événements et des vicissitudes organiques
la disposition de leur mort. Ils répugnent à la vieillesse, à la déchéance, à la
surprise. On trouve chez les anciens quelques exemples et quelques éloges de cette
inhumaine fermeté. Quant au meurtre de soi-même qui est imposé par les circonstances,
et dont j’ai parlé en premier lieu, il est conçu par son auteur comme une action
ordonnée à un dessein défini. Il procède de l’impuissance où l’on se trouve d’abolir
exactement un certain mal.
On ne peut atteindre la partie que par le détour de la suppression du tout. On
supprime Page 14⦿l’ensemble et l’avenir pour supprimer le détail et le présent. On supprime
toute la conscience, parce que l’on ne sait pas supprimer telle pensée ; toute la
sensibilité, parce que l’on ne peut en finir avec telle douleur invincible ou
continuelle.
Hérode fait égorger tous les nouveau-nés, ne sachant discerner le seul dont la mort
lui importe. Un homme affolé par un rat qui infeste sa maison et qui demeure
insaisissable, brûle l’édifice entier qu’il ne sait purger précisément de la bête.
Ainsi l’exaspération d’un point inaccessible de l’être entraîne le tout à se
détruire. Le désespéré est conduit ou contraint à agir
indistinctement.
Ce suicide est une solution grossière.
Ce n’est point la seule. L’histoire des hommes est une collection de solutions
grossières. Toutes nos opinions, la plupart de nos jugements, le plus grand nombre de
nos actes sont de purs expédients.
Le suicide du second genre est l’acte inévitable des personnes qui n’offrent aucune
résistance à la tristesse noire et illimitée, à l’obsession, au vertige de
l’imitation, ou bien d’une image sinistre et singulièrement choyée.
Les sujets de cette espèce sont comme sensibilisés à une
représentation ou à l’idée générale de se détruire. Ils sont comparables à des
intoxiqués ; l’on observe en eux dans la poursuite de leur mort, la même obstination,
la même anxiété, les mêmes ruses, la même dissimulation que l’on remarque chez les
toxicomanes à la recherche de leur drogue.
Quelques-uns ne désirent pas positivement la mort, mais la satisfaction d’une sorte
d’instinct. Parfois c’est le genre même de mort qui les fascine. Tel qui se voit
pendu, jamais ne se jettera à la rivière. La noyade ne l’inspire point. Un certain
menuisier se construisit une guillotine fort bien conçue et ajustée, pour se donner le
plaisir de se trancher nettement la tête. Il y a de l’esthétique dans ce suicide, et
le souci de composer soigneusement son dernier acte.
Tous ces êtres deux fois mortels semblent contenir dans l’ombre de leur âme un
somnambule assassin, un rêveur implacable, un double,
exécuteur d’une inflexible consigne. Ils portent quelquefois un sourire vide et
mystérieux, qui est le signe de leur secret monotone et qui manifeste (si l’on peut
écrire ceci) la présence de leur absence. Peut-être perçoivent-ils leur vie comme un
songe vain ou pénible dont ils se sentent toujours plus las et plus tentés de se
réveiller. Tout leur paraît plus triste et plus nul que le non être.
Je terminerai ces quelques réflexions par l’analyse d’un cas purement possible. Il
peut exister un suicide par distraction, qui se distinguerait assez difficilement d’un
accident. Un homme manie un pistolet qu’il sait chargé. Il n’a ni l’envie ni l’idée de
se tuer. Mais il empoigne l’arme avec plaisir, sa paume épouse la crosse et son index
enferme la gâchette, avec une sorte de volupté. Il imagine l’acte. Il commence à
devenir l’esclave de l’arme. Elle tente son possesseur.
Il en tourne vaguement la bouche contre soi. Il l’approche de sa tempe, de ses dents.
Le voici presque en danger, car l’idée du fonctionnement, la pression d’un acte
esquissé par le corps et accompli par l’esprit l’envahit. Le cycle de l’impulsion tend
à s’achever. Le système nerveux se fait lui-même un pistolet armé, et le doigt veut se fermer brusquement.
Un vase précieux qui est sur le bord même d’une table ; un homme debout sur un
parapet, sont en parfait état équilibre ; et toutefois nous aimerions mieux les voir
un peu plus éloignés de l’aplomb du vide. Nous avons la perception très poignante du
peu qu’il en faudrait pour précipiter le destin de
l’homme ou de l’objet. Ce peu manquera-t-il à celui dont la main est armée ? S’il
s’oublie, si le coup part, si l’idée de l’acte l’emporte et se dépense avant d’avoir
excité le mécanisme de l’arrêt et la reprise de l’empire, appellerons-nous ce qui
s’ensuivra : suicide par imprudence ? La victime s’est
laissé agir, et sa mort lui échappe, comme une parole inconsidérée. Elle s’est avancée
insensiblement dans une région dangereuse de son domaine volontaire, et sa
complaisance à je ne sais quelles sensations de contact et de pouvoir l’ont engagée
dans une zone où la probabilité d’une « catastrophe » est très grande. Elle s’est mise
à la merci d’un lapsus, d’un minime incident de conscience ou de transmission. Elle se
tue, parce qu’il était trop facile de se tuer.
On a insisté quelque peu sur ce modèle imaginaire d’un acte à demi fortuit, à demi
déterminé, afin de suggérer toute la fragilité des distinctions et des oppositions que
l’on essaie de définir entre les perceptions, les tendances, les mouvements et les
conséquences des mouvements, – entre le faire et le laisser faire, l’agir et le pâtir,
– le vouloir et le pouvoir. (Dans l’exemple donné ci-dessus, le pouvoir induit au
vouloir.)
Il faudrait toute la subtilité d’un casuiste ou d’un disciple de Cantor, pour démêler
dans la trame de notre temps ce qui appartient aux divers agents de notre destinée. Vu
au microscope, le fil que dévident et tranchent les Parques est un câble dont les
brins multicolores s’amincissent, s’interrompent, se substituent, et reparaissent dans
le développement de la torsion qui les engage et les entraîne.
M. Arnold Barclay
Le signataire de ces lignes a effectué un suicide manqué par immersion. Il
recommencera – ayant gardé de cette tentative l’avant-goût d’une joie si dionysiaque
et si noire, d’une ivresse de nou
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veauté si pressante et si totale que
rien ne les a jamais, avant ni après, égalées.
Cette première initiation à une fête qu’il se donnera un jour, il essayerait de la
décrire, si toute transposition verbale de la notion nouvelle désormais incorporée en
lui ne lui apparaissait profanatrice.
M. André Masson :
Dessin d’André
Masson
[NdE 25]
M. Marcel Noll :
Le fait de donner à ma pensée une expression susceptible d’être comprise par ceux qui
la liront, voilà bien ce qui passe pour ma force, voilà bien ma faiblesse. Chaque
jour, je constate que rien n’est dit parce que l’homme a besoin de clarté et que les
signes désespérés de son inquiétude sont toujours les mêmes.
Abandonnons l’orgueil, les déceptions, l’humiliation de la pensée devant le cœur, cet
hiver je porte la tête haute.
Qui m’appelle ? (je ne suis pas seul au monde ?) Je n’ai d’autre désir que de me
tenir bien tranquille au soleil, à l’ombre, que d’avouer ma faiblesse, moi qui ne suis
pas faible, et de tendre mes mains vers d’autres, très belles et que je sais. Mais
l’ignoble exploitation de ce que j’aime par les autres, le sentiment que cela ne peut durer, m’obligent à la colère et au délire.
Ma colère m’ordonne de me sacrifier et je me sacrifie journellement, parce que je suis
libre. Depuis longtemps, je crois à la valeur de ce sacrifice et je ne me ménage plus,
ma confiance en la vie devient de jour en jour plus forte et de jour en jour plus
aveugle. Dans cette lutte pour gagner l’homme, je triompherai et je ne me réjouirai
pas. Victoires, défaites, tout se heurte à l’héroïsme.
Mais déjà vous vous attribuez mes armes que je ne dissimule pas. Je veux bien croire
que vous rêvez, vous me frappez à la tête et au ventre, mais je vous montre mon cœur,
neuf et pur comme au premier jour. Mes tours, mes grimaces, c’est vous qui les ferez.
Cela vous va si bien.
Dernièrement, l’un des vôtres est venu me voir. Mais il me parlait de trop loin. Pour
toute réponse, je lui ai montré le fleuve qui roulait à nos pieds, ce fleuve qui,
peut-être, nous avait toujours séparés. Il disait : « Mon immensité, c’est un corps
humain en perdition. » Alors j’ai dirigé mon regard vers le sien et comprenant ce
qu’il me demandait je lui ai donné un poignard. Quelques heures après, il s’en était
servi, il avait « donné sa démission ».
D’autres viendront ; tous, ils répondront affirmativement à mes conseils, sans savoir
si je serais plus heureux de les voir partir, bâtir des villes, fonder des royaumes.
Et je vous promets formellement qu’aucun ne se ratera.
Si je vis encore, c’est que je n’ai rien trouvé d’autre que moi-même à opposer à
l’éternité. Vous sourirez, impunément, hommes de tous temps qui m’isolez avec des
vieux mots faits pour vous : naïveté, candeur, d’autres encore que je ne connais pas.
Je vous laisse sur un pied, votre journal à la main. Ouvrez-le, il porte en manchette
cette phrase d’Oscar Wilde : « Ce qui est exprimé ne mérite plus l’attention. »
Me voici encore, le désespoir est encore à la place de l’espoir, indulgent plutôt
qu’implacable. Les autres ont acquis l’intelligence d’une destinée donnée, le
mécanisme secret de cette destinée ne les effraie pas. Je suis quand même au milieu
d’eux. Et qu’ils sachent que si je bois, c’est pour briser ensuite le verre dans mes
mains.
Je ne suis pas un désespéré, je suis un mourant. Regardez comme mon sang coule bien
maintenant.
Il est de l’habitude de ceux qui ouvrent une enquête de la
fermer aussitôt, déposant des conclusions, cherchant le plus grand commun diviseur des
réponses provoquées, leur conciliation. Il nous paraît plus naturel, nos contemporains
entendus, de poser pour la première fois cette question :
Le Suicide est-il une solution ?
P. S. – La Révolution Surréaliste présente
ses excuses à MM. J. Evola, Theo Van Doesburg,
Gabriel d’Aubarède, Miche Decourt,
Nathan Larrier, Louis de Gonzague Frick,
Philippe Estonnat, Joseph Depalin,
Pierre Viélard, etc., mais renonce à publier leurs réponses, vu
l’abondance de matières, pour les uns, le contenu de ces réponses, pour les autres.