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L'Esprit nouveau et les poètes

Livre

Auteur

Auteur Guillaume Apollinaire

Descriptif

Conférence de Guillaume Apollinaire donnée le 26 novembre 1917 au Vieux-Colombier à Paris et publiée en 1946 chez Jacques Haumont.

Édition originale. [catalogue de la vente, 2003]

La première édition paraît en 1917 chez Garnier.

Cette conférence d'Apollinaire marque un jalon dans la poésie moderne, et anticipe à la manière fort personnelle de l'auteur du recueil d'Alcools le projet surréaliste. Apollinaire avait forgé le mot pour décrire le drame de 1917 Les Mamelles de Tirésias. La pièce avait fortement frappé le jeune Aragon pour son caractère provocateur. Dans l'Esprit Nouveau, entre deux séjours sur le front, Apollinaire s'essaie à une pensée plus systématique en tentant de définir le trait particulier des poètes de son temps, ceux que l'on appelle « nouveaux », ou « modernes », et de le concilier avec la science et le patriotisme.

À l'opposé des artistes passés qui cultivaient le pessimisme, les poètes nouveaux cherchent à magnifier l'existence, à l'embrasser intégralement. La conférence est une longue étude sur la fonction de poète qui tire facilement au plaidoyer. Celui-ci joue un rôle vital, très inspiré par la conception nietzschéenne de l'artiste visionnaire. Prédicateur de l'avenir, modificateur de la civilisation, il n'est pas soumis à la nature ni à son temps, mais fait bien figure de novateur, de moderniste, de visionnaire. Comme le peintre cubiste, le poète cherche des formes nouvelles, et prédit, selon Apollinaire, les avancées scientifiques.

Cependant la conférence, pour novatrice qu'elle est, rejoint aussi des considérations plus classiques. Apollinaire n'oublie pas les « vieilles formes ». L'harmonie imitative, par exemple, est décrite comme un outil qui doit être utilisé. De plus, le ton nationaliste fit un scandale certain. D'origine polonaise, Apollinaire se fait fort de défendre l'esprit français. Dans la nation française se trouve l'avant-garde de la production internationale. Le ton du recueil pourrait sembler polémique encore aujourd'hui :

« La France, détentrice de tout le secret de la civilisation [...], est de ce fait devenue pour la plus grande partie du monde un séminaire de poëtes et d’artistes, qui augmentent chaque jour le patrimoine de sa civilisation.

« Et, par la vérité et par la joie qu’ils répandent, ils rendent cette civilisation, sinon assimilable à quelque nation que ce soit, du moins suprêmement agréable à toutes.

« Les Français portent la poésie à tous les peuples. »

Considérations qui valurent à Breton de sortir ulcéré de la conférence du maître déchu. Par cette alliance de modernité et classicisme, de nationalisme et d'indépendance artistique, on sent combien Apollinaire s'est taillé ici un costume à sa propre effigie. Philippe Souppault n'y fut pas insensible, puisqu'il déclara que la conférence n'était que « du bruit ».

Plus qu'un patriote, Apollinaire s'est toujours voulu chantre de la poésie et du peuple. Publiant à l'Action française, il n'en demeure pas moins qu'il fréquente aussi des journaux plus contestataires, et sa correspondance avec Maurras est surtout un long plaidoyer pour le cubisme, l'ouverture aux moyens modernes de la poésie, en bref une recherche de consensus et de compréhension.

L'Esprit Nouveau vient cependant entériner un renouveau du lyrisme, une recherche d'expérimentation, une ouverture à la modernité dont sauront se souvenir Breton et le surréalisme naissant. À côté de Jarry, Apollinaire fut une figure tutélaire, un maître pour Breton, même s'il ne se retint pas de le faire mourir une nouvelle dans un des poèmes de Mont-de-Piété, en 1919, un an après la mort du poète des Calligrammes. [Antoine Poisson, site André Breton, 2018]

Toute personne qui nous enverra une image de la couverture et des illustrations sera un ange.

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