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    Descriptif

    Lettre d'André Breton à sa fille Aube, de Paris , le 4 juillet 1958.

    Transcription

    Paris , le 4 juillet 1958

    Petit chéri,

    Je me doute bien que, par certain côté, ce Landifer doit te faire l’effet d’un rêve assez fâcheux puisqu’il te sépare d’Yves au profit de cette pléiade de petits enfants. Heureusement c’est pour peu de jours et j’espère que tu vas trouver quelque légère compensation dans leur gentillesse et aussi dans la nature. En examinant la carte du Maine-et-Loire, je découvre que malheureusement Baugé n’est pas si près de St-Florent-le-Vieil (à soixante-dix kilomètres environ). Je n’en vais pas moins écrire quelques mots à Julien Gracq pour qu’il trouve un peu moyen de te promener dans cette province qu’il aime, autant qu’Yves la Basse-Bretagne (il n’y a d’ailleurs pas opposition). Il avait projeté de vous retrouver à Paimpont à la fin d’août et il va être déçu d’apprendre qu’on a déjà obliqué. Sauf imprévu, nous quitterons Paris jeudi prochain de bonne heure avec Joyce  et son mari qui nous conduiront en voiture et continueront ensuite vers la Camargue où ils veulent se chercher une résidence pour le mois d’août.

    Yves a téléphoné avant-hier soir. Pas besoin de te dire qu’il avait l’air rudement seul, quoique Mme Marcelle Elléouët  lui tienne compagnie.

    Peu de choses ici depuis ton départ. On attend la publication du journal anti-gaulliste auquel plusieurs d’entre nous ont collaboré (Jean , Benjamin , Robert , Jean-Louis et moi) et qui, sur ma proposition, s’appellera Le 14 juillet. Je pense que ce premier numéro paraîtra quelques jours plus tôt. — À une vente d’objets de la république de Panama, mercredi dernier, j’ai acquis un condor et un aigle en cuivre recouvert d’une feuille d’or (précolombiens), d’une grande rareté et d’une grande beauté. La tête et les serres sont en très fort relief sur les ailes et la queue étalées en ailes de papillon.

    Assez jolies du point de vue pédagogique je trouve, ces deux petites pages que je détache pour toi d’une revue reçue ce matin.

    Sois heureuse, ma petite Aube , autant que faire se peut mais de toutes tes forces puisque ce n’est qu’un moment à passer et qu’il y a malgré tout des ressources de plaisir dans l’enfance et dans les bois.

    Je t’embrasse très, très tendrement.

    André

     

    Bibliographie

    André Breton (Jean-Michel Goutier éd.), Lettres à Aube, Paris, Gallimard, coll. Blanche, 2009, p. 112-113

    Librairie Gallimard

    Revue Le 14 Juillet, exemplaire de la bibliothèque Kandinsky

    Date de création04/07/1958
    Date du cachet de la Poste04/07/1958
    Adresse de destination
    Notes bibliographiques

    2 pages in-8°

    Lieu d'origine
    Bibliothèque

    Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, Paris : Ms Ms 41363_129

    Modalité d'entrée dans les collections publiquesDon Aube et Oona Elléouët à la Bibliothèque littéraire Jacques-Doucet, Paris, 2003
    Nombre de pages2
    Crédit© Aube Breton, Gallimard 2009
    Référence19004974
    Mots-clés, , , ,
    CatégoriesCorrespondance, Lettres d'André Breton
    Série[Correspondance] Lettres à Aube
    Lien permanenthttps://www.andrebreton.fr/fr/work/56600101000143
    Lieu d'origine
    Lieu d'arrivée