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Lettre datée du 13 juillet 1956
Auteur
Auteur André BretonDestinataire Aube Breton-ElléouëtPersonne citée Yves Elléouët
Descriptif
Lettre d'André Breton à sa fille Aube, de Saint-Cirq-LaPopie, le 13 juillet 1956.
Transcription
Vendredi 13 juillet 1956
Ma petite fille chérie, que te dire au sujet du résultat de cet examen : nous avons parlé tant de fois de ces choses… Le drame, tu sais bien, est que voilà une année, de plus, de perdue si tu ne te rattrapes pas en septembre. Et ce qui est infiniment plus grave est que tu sacrifieras là la chance d’exercer une profession qui, comme à moi, je crois, te paraissait avoir son intérêt et sa noblesse, sans parler des moyens de subsistance qu’elle t’eût procurés et que, si tu es forcée d’abandonner de ce côté-là, il va te falloir chercher… où ?
À ton âge, tu ne peux plus guère t’illusionner à ce sujet : tu sais très bien que, si tu ne consacres pas ici deux à trois heures par jour à l’étude, de l’hygiène d’abord, mais aussi à la lecture d’ouvrages publiés autant que possible en édition critique (je veux dire avec des notes explicatives et des commentaires), septembre ne sera sûrement pas plus favorable que juillet. J’estime même que tu devrais t’astreindre chaque jour à une dictée d’une quinzaine de lignes : il est, en effet, hors de doute que l’orthographe est, par les personnes qui ont corrigé et corrigeront ton devoir de français, tenue en bien plus grande considération que ce n’est le cas dans l’enseignement secondaire et même supérieur. Serait-ce si désagréable qu’Yves prenne la peine de te dicter ces quelques lignes et de t’expliquer un peu ce que tu persistes à ignorer — c’est sûrement cela le plus choquant — du côté des conjugaisons ?
Voilà… j’ai fini. Je t’ai dit, suggéré là ce qui me paraît s’imposer à tout prix. Je n’ai pas l’intention d’y revenir. Je voudrais moins que jamais que le temps que tu passes ici avec Yves soit assombri de reproches que je te ferais ou même que je laisserais planer silencieusement sur toi. Montre que tu es grande : le bonheur doit t’y aider. Rappelle-toi qu’un des plus grands principes philosophiques, auquel aussi bien les surréalistes que les marxistes, par exemple, ont adhéré c’est que la liberté est la nécessité réalisée. Il est bien vrai, crois-moi, que toute autre « liberté » est illusoire. Réfléchis-y longuement.
Nous vous attendons, ma petite Aube chérie. Très ému à la perspective de cette fin d’après-midi de lundi sur le quai de St-Cirq, la tête longuement tournée vers la droite, sous les catalpas en fleur.
André
Bibliographie
André Breton (Jean-Michel Goutier éd.), Lettres à Aube, Paris, Gallimard, coll. Blanche, 2009, p. 98
Librairie Gallimard
Date de création | 13/07/1956 |
Date du cachet de la Poste | 13/07/1956 |
Adresse de destination | |
Notes bibliographiques | 2 pages in-4° |
Notes | La lettre, expédiée à Paris, a été réexpédiée à Saint-Cirq. |
Lieu d'origine | |
Bibliothèque | Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, Paris : Ms Ms 41363_101 |
Modalité d'entrée dans les collections publiques | Don Aube et Oona Elléouët à la Bibliothèque littéraire Jacques-Doucet, Paris, 2003 |
Nombre de pages | 2 |
Crédit | © Aube Breton, Gallimard 2009 |
Référence | 19004960 |
Mots-clés | lettre, Saint-Cirq-Lapopie |
Catégories | Correspondance, Lettres d'André Breton |
Série | [Correspondance] Lettres à Aube |
Lien permanent | https://www.andrebreton.fr/fr/work/56600101000133 |