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80 carats mais une ombre

Manuscrit

Auteur

Auteur André Breton
Personnes citées Guillaume Apollinaire, Pablo Picasso

Descriptif

Manuscrit signé d'André Breton, daté du 2 novembre 1961.

Exercice difficile, que celui auquel se livre Breton fin octobre 1961 : de Picasso auquel il voue une admiration sans borne, il lui faut relever un défaut - de « cœur » ? - non dans l'œuvre, dont l'autorité s'impose aux plus audacieux des artistes contemporains, mais dans la vie publique, avec le soutien au stalinisme. Breton, anti-stalinien de longue date, se sent peu à peu rejoint, en ce début des années 1960, par la montée en puissance d'une gauche non communiste que l'on appellera bientôt anti-totalitaire. On serait loin de l'esthétique ? Non, car c'est sa propre leçon de liberté que Picasso a trahie, une liberté qui devrait être l'alpha et l'oméga de toute vie humaine digne de ce nom. [Site Atelier André Breton, 2005]

Manuscrit autographe signé, 2 novembre 1961.
3 pages in-4° foliotées, manuscrit titré, daté et signé par Breton, avec quelques ratures et corrections de ce texte consacré à l'œuvre de Picasso.
« Je retrouve mes jeunes yeux quand j'évoque ma première rencontre avec l'œuvre de Picasso par le biais d'un numéro des Soirées de Paris d'Apollinaire qui offrait la reproduction - assez fumeuse - de cinq de ses récentes natures mortes (on était en 1913) [...] L'attitude du surréalisme envers Picasso a toujours été, sur le plan artistique, de grande déférence et, mainte fois, ses nouvelles propositions et découvertes ont ravivé l'attraction qui nous portait vers lui [...] Par la suite [...] Picasso s'est de lui-même tourné vers le surréalisme... En témoigne une partie de sa production de 1920-1924, nombre d'œuvres de 1928 à 1930, les constructions métalliques de 1933, les poèmes semi-automatiques de 1935 et, jusqu'au Désir attrapé par la queue, de 1943. Ce qui durablement à fait obstacle à une plus complète unification de ses vues et des nôtres réside dans son indéfectible attachement au monde extérieur (de "l'objet") et à la cécité que cette disposition entretient sur le plan onirique et imaginatif... Picasso, un "passant considérable", sans doute? Je le voudrais. Rien, pourtant, ne peut faire, aujourd'hui moins que jamais, qu'une œuvre de cette envergure, dans le jugement final à porter sur elle, n'ait pas à pâtir du comportement de son auteur [...] lorsque ce comportement entre en contradiction formelle avec la leçon qui se dégage de l'œuvre considérée... (qui) s'est bafouée elle-même au contact permanent des dirigeants staliniens, utilisant Picasso à leurs fins, ceci du vivant du dictateur... il est atterant, que sur leurs instances, il ait peuplé de tant de fallacieuses et exsangues colombes leur ciel atomique. » [Catalogue de la vente, 2003]

 

Bibliographie

André Breton, Le Surréalisme et la peinture, Gallimard, 1965.

André Breton (Édition publiée sous la direction d'Étienne-Alain Hubert avec la collaboration de Philippe Bernier et Marie-Claire Dumas), « Pablo Picasso, 80 carats... mais une ombre », Le Surréalisme et la peinture, Œuvres complètes, tome IV, Écrits sur l'art et autres textes, Bibliothèque de la Pléiade, Paris, Gallimard, 2008, p. 489-492, notice p. 1286-1287.

 

Date de création02/11/1961
Notes bibliographiques

3 pages in-4° foliotées - Ms - encre bleue avec ratures et corrections

Languesfrançais
Nombre de pages3 p.
Référence707000
Vente Breton 2003Lot 2498
Mots-clés, ,
CatégoriesManuscrits d'André Breton
Série[Manuscrits d'AB] Le Surréalisme et la peinture, [Manuscrits d'AB] Manuscrits 1958-1966
Lien permanenthttps://www.andrebreton.fr/fr/work/56600100646340