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Descriptif

Lettre de Paul Éluard à André Breton, envoyée le 6 (ou le 7) septembre 1925.

 

Transcription

Mon cher André,

ta lettre aux Voyantes est admirable. Je n’imaginais pas que l’on puisse si bien en parler, mais si, puisque tu en as fait un de tes plus beaux poèmes.

Je suis plein de force, plein d’espoir et tellement heureux d’avoir lu Lénine de Trotsky et de la façon dont tu en parles. Voici enfin un enseignement, parce qu’entièrement révolutionnaire. Ce livre est un des plus grands que j’aie jamais lu. Dans ce livre rien qui ne me rebute. Je l’ai lu avec fièvre après ton article dont je te sais gré, dont il faut te savoir gré infiniment. Il est impossible, malgré toutes les préventions que nous puissions avoir contre le communisme, que nous ne fassions pas entièrement confiance à Trotsky, qui a pu parler ainsi de la Révolution, de la Révolution faite homme. Noll, Péret, Naville, Boiffard vont le lire. Je crois que notre action peut tout gagner (en décision, en sûreté, en intelligence, en efficacité) de la lecture de ce livre.

Je t’envoie les épreuves demandées et aussi celles de notre revue de la Presse. D’accord pour la lettre du Cardinal, mais au-dessous, nous pourrons aussi faire composer la magnifique réclame, dont je joins la copie, du Journal de Genève.

L’activité révolutionnaire fait aussi de grands progrès dans nos esprits. Bernier est ici, très bien disposé et parlant d’obtenir de Fourrier la disparition de Clarté et le passage des fonds et moyens pécuniaires et autres de cette revue au Plan Moral. D’autre part, sur notre insistance, il essaye en ce moment de faire publier la Déclaration dans l’Humanité, Fourrier s’étant dégonflé, de peur d’être exclu du P.C.

« Notre » appel pour les 363 Bessarabiens a été affiché sur les murs de « Paris ».

J’attends avec impatience un mot de toi me disant si tu acceptes le projet de couverture de Desnos (ceinture de chasteté.)

J’ai payé les clichés (593), mais sur de l’argent paternel que je dois rembourser ces jours-ci. Tu serais donc gentil de m’envoyer 500f.

Noll est à Paris, définitivement j’espère. Trouvera probablement du travail au Journal.

Nous espérons tous que tu vas revenir bientôt. Fixe-moi à peu près une date.

Boiffard t’envoie des déclarations.

J’ai fait pour ce no 5 cette Revue de la Presse, une note sur StJust de P. de Massot, un poème révolutionnaire (le premier) et deux textes surréalistes mieux qu’à l’ordinaire9. D’autre part, tu peux supposer que j’ai eu pas mal à m’occuper avec la Déclaration10 et la revue. Ne m’accuse donc pas de paresse. Ce livre m’enlève toute paresse.

[Addition portée à l’envers en haut de la première page :]

Et toi, tu peux me croire facilement tout à toi de cœur, Eluard.

[Suite écrite sur le second feuillet :]

Aragon t’a-t-il répondu ? Max Ernst me faisait observer qu’il avait été convenu, en réunion générale, qu’aucun de nous ne se livrerait publiquement à des attaques contre un autre. Je t’approuve de le blâmer de cette fanfaronnade qui donne de l’élan à nos ennemis, mais n’est-ce pas aussi prêter le flanc un peu plus que de montrer notre désaccord sur des questions aussi importantes ?

L’article d’Aragon contenait par ailleurs l’éloge de Lénine.

Je crois, par ailleurs, qu’il faudra supprimer ou modifier la lettre de Masson qui, lui, déclarait regretter que l’un de nous ait crié Vive Lénine.

Voici l’annonce du J[ourn]al de Genève :

AVIS à MM. LES CURÉS : La maison Fichet, de Genève, se charge de toutes installations de TRONCS, TABERNACLES, COFFRETS et COFFRE-FORTS.

Écrivez ou téléphonez à Fichet S.A., 1 rue du Grütli, Genève.

[Ajouté dans l’angle inférieur gauche de la quatrième page :]

Max Ernst se met en rapport avec qqs Allemands capables de créer en Allemagne un mouvement semblable au nôtre, mais dans ce cas, il faudra y aller pour les voir.

Bibliographie

André Breton et Paul Éluard, Correspondance 1919-1938, ed. Étienne-Alain Hubert, Gallimard, Paris, coll. « Blanche », p. 132-136.

Date du cachet de la Poste06/09/1925
Adresse de destination
Notes bibliographiques

Ms - Quatre pages sur deux feuillets, l’un 17,5 × 11,5 cm, l’autre 13,5 × 15,5 cm (découpé dans un registre ligné). — Enveloppe de format moyen 14 × 20 cm, couleur sable. Suscription : « Monsieur André Breton / Grand Hôtel du Château / Thorenc / Alpes Maritimes ». Cachets : Paris 58 r. de la Chapelle 17h15 7-9-25 — Thorenc Alpes maritimes 9-9-25. « 1926 » ajouté par erreur au crayon de la main de Breton sur l’enveloppe.

Languesfrançais
Lieu d'origine
Bibliothèque

Ms 5003-1 et 2

Nombre de pages4 p.
Crédit© Gallimard & Succession Éluard
Mots-clés, , , ,
CatégoriesCorrespondance, Lettres à André Breton
Série[Correspondance] Correspondance avec Paul Éluard, [Revue] La Révolution surréaliste, 5
Lien permanenthttps://www.andrebreton.fr/fr/work/56600101001954
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