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[J’espérais toujours recevoir de vos nouvelles...]

Lettre datée du 10 septembre 1934

Correspondance

Auteur

Destinataire André Breton
Personnes citées Jacqueline Lamba, René Crevel, Alberto Giacometti

Descriptif

Lettre d'Alberto Giacometti à André Breton, datée de Maloja, le 10 septembre 1934.

 

Transcription

Maloja le 10 septembre 1934,

Mon très cher André,

J’espérais toujours recevoir de vos nouvelles, de Jacqueline et toi, mais rien. Je pense souvent à vous, je me demande ce que vous faites, où vous êtes et je me sens loin, au deça d’un vide, d’une espèce d’abîme qui ne laisse passer aucune signe, aucune voix. Mais je ne peux pas rester plus longtemps sans essayer (?) de t’écrire bien que j’ai très peu de chose à dire. J’ai passé trois semaines presque toujours dans le froid, la neige, la pluie (on pouvait à peine sortir) J’ai lu pendant la plus grande partie du temps, passant d’un livre à l’autre et j’allais, je vais encore, vers le soir prendre l’apéritif au village ; (cette phrase se perd, elle n’a plus ni commencement ni fin) au petit café, ou la jeune fille de l’année passée, bien que peut-être plus belle, a perdu tout son charme pour moi. Je ne m’ennuie jamais (et je pense à certains jours, à beaucoup de soirées à Paris) c’est peut être préférable d’être, au moins pour un peu de temps, dans cet autre état.

Depuis quelques jours, quand il ne fait pas trop froid, je reste dans mon atelier faire du plâtre. Il en sortira peut-être une nouvelle femme, ou plutôt une qui s’est déjà présentée plusieurs fois depuis des années ; elle prenait forme, mais très vaguement, et disparaissait chaque fois de nouveau. Aujourd’hui elle est, je crois, plus concrète, elle commence à avoir des yeux, une bouche, un nombril surtout, presque des mains, – je la prendrai à Paris si elle vit jusque là, et une autre tête aussi. Mais qui pour le moment n’est qu’une ombre. C’est déjà tout ! Je ne vois personne, oui, j’étais chez Crevel la semaine passée. Il va assez bien et il a commencé un nouveau roman. Il en était aux premières pages, mais il doit devenir assez volumineux, beaucoup de personnages, etc.

J’espère que cette lettre ne vous trouve pas à Paris, je préfère si elle attend chez la concierge le plus longtemps possible, ou, [addition en marge gauche : encore] mieux, si elle vient vous trouver quelque part, dans un pays qui vous plaît.

Si tu m’écris, même une carte, je serai très très content, ce sont tes nouvelles que j’aimerai le mieux.

Très affectueusement à Jacqueline

et à toi ton ami

Alberto G.

 

Date de création10/09/1934
Notes bibliographiques

Ms encre noire - Une feuille in-8°.

Sans enveloppe.

Languesfrançais
Lieu d'origine
Bibliothèque

Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, Paris : BRT 838

Nombre de pages2 p.
Crédit© Fondation Alberto Giacometti
Référence19001031
Mots-clés, ,
CatégoriesCorrespondance, Lettres à André Breton
Série[Correspondance] Correspondance avec Alberto Giacometti
Lien permanenthttps://www.andrebreton.fr/fr/work/56600101001767
Lieu d'origine