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[J’ai dû quitter Paris...]

Lettre datée du 16 août 1925

Correspondance

Auteur

Auteur André Breton
Personnes citées Camille Goemans, Simone Kahn, ép. Breton puis Collinet, Louis Nougé, Madame Doucet, Antonin Artaud, André Masson, Francis Picabia, Pablo Picasso
Destinataire Jacques Doucet

Descriptif

Lettre d'André Breton à Jacques Doucet, envoyée de Nice et adressée à Neuilly le 16 août 1925.

 

Transcription

Nice (Hôtel Beau Rivage,
quai des États‑ Unis) le 16 août 1925

Cher Monsieur,

j’ai dû quitter Paris précipitamment pour Bruxelles, où m’appelait de façon très pressante un coup de téléphone de Louis Nougé et Camille Goemans, les rédacteurs de cette feuille hebdomadaire sur papier de couleur : dont je vous ai parlé quelquefois. Éluard m’a accompagné et nous avons pu discuter tous quatre un assez grand nombre de points touchant au problème moral qui, vous le savez, figure de plus en plus au premier rang de nos préoccupations et que notre seul mérite sera peut‑être de résoudre poser un jour, non sans en tirer toutes les conséquences possibles.

Il s’est trouvé qu’à mon retour, Simone en prévision de nouvelles hésitations de ma part, avait déjà retenu nos places pour Nice, si bien que j’ai dû quitter Paris sans prendre congé de vous. J’espère que vous voudrez bien m’excuser.

Nous sommes ici depuis trois ou quatre jours mais je n’arrive pas à m’acclimater au Midi et ce matin je me demande si je vais pouvoir supporter ce séjour plus longtemps. Il fait horriblement chaud. Le bruit de la mer m’est souverainement désagréable. L’agitation des baigneurs et des touristes est peu compatible avec la mienne.

Masson est venu passer deux jours avec nous. J’ai vu à Antibes ses derniers tableaux qui, quoique toujours dans la même voie que les précédents, sont pleins de raison et de charme. Quant à lui, c’est un homme de grand caractère et, pour tout dire, une conscience comme l’art pictural de ces dernières années n’en révèle pas qu’une.

J’ai aperçu Picasso au moment où il allait se baigner. Il vou‑ lait me faire entrer chez lui mais comme Picabia s’y trouvait, j’ai préféré remettre ma visite à un autre jour. (Ne sachant si vous avez pu finalement vous procurer l’adresse de Picasso, je vous la transcris ici :

  Villa Belle‑Rose
  2 rue Saint‑Honnorat
  Juan‑les‑Pins.)

J’espère, Monsieur, que vous êtes en bonne santé et aussi remis de l’impression fâcheuse que vous avez pu emporter de chez moi, à la suite de votre courte entrevue avec Artaud. Je serai très heureux d’avoir de vos nouvelles.

Je me propose d’écrire un certain nombre de pages ici, si toutefois j’ai le courage d’y rester et d’y penser. Mais je dois dire que je partage décidément votre aversion pour le Midi.

Je vous prie, cher Monsieur, de présenter à Madame Doucet mes hommages très respectueux. Simone me charge de vous transmettre ses plus vives amitiés. Croyez, je vous prie, à toute mon affection.

André Breton.

 

Bibliographie

BRETON, André, Lettres à Jacques Doucet, éd. Étienne-Alain Hubert, Paris, Gallimard, coll. Blanche, 2016, p. 238-240.

Librairie Gallimard

Date de création16/08/1925
Adresse de destination
Notes bibliographiques

Deux pages sur un feuillet 27 × 21 cm, papier couleur sable. Encre bleue. — Enveloppe 11 × 13,5 cm, papier couleur sable. Suscription : « Mon‑ sieur J. Doucet / 33 rue Saint‑ James / NEUILLY / Seine ». Cachet : Nice Alpes maritimes 15 h 30 17‑ VIII‑ 1925 — Neuilly S/ Seine Banlieue 7 h 15 19 août 25.

Languesfrançais
Lieu d'origine
Bibliothèque

Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, Paris : BLJD 7210-81

Dimensions27,00 cm
Nombre de pages2
Crédit© Aube Breton, Gallimard 2016
Mots-clés,
CatégoriesCorrespondance, Lettres d'André Breton
Série[Correspondance] Lettres à Jacques Doucet
Lien permanenthttps://www.andrebreton.fr/fr/work/56600101001092
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Lieu d'arrivée