La Collection

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    Descriptif

    Revue du mouvement Dada, parue à Zürich puis Paris (1917-1921), sous la direction de Tristan Tzara. Pas de mention de numéro. Date mentionnée : 16 septembre 1886-1921.

    Dada in Tirol au grand air (numéro 8 mythique de la revue Dada). [catalogue de la vente, 2003]

     

    Transcription

    [Couverture]

    TARRENZ B. IMST 16 SEPTEMBRE 1886-1921    1 FR.    2 MK
    EN DEPOT AU SANS PAREIL 37 AVENUE KLÉBER PARIS

    NET

    [Sur deux colonnes]

    Un ami de New-York nous dit qu’il connaît un pickpocket littéraire ; son nom est Funiguy, célèbre moraliste, dit bouillabaisse musicale avec impressions de voyage.

    [Filet]

    Tzara envoie à Breton : une boîte de souvenirs conservés dans du lait d’autruche et une larme batavique munie d’indications pour sa transformation en poudre d’abeilles. Il est attendu à Tarrenz b. Imst par le rire morganatique des plaines et des cascades.

    [Filet]

    Le titre de ce journal appartient à Maya Chrusecz.

    [Filet]

    Wir kochen geneigte Herrschaften in Parafim und hobeln sie auf.

    [Filet]

    Arp visse S. G. H. Taeuber sur le tronc d’une fleur.

    [Filet]

    Dans le catalogue du salon Dada il se trouve une erreur que nous tenons à corriger. Le tableau mécanique de Marcel Duchamp „Mariée“ n’est pas daté de 1914, comme on voulait nous faire croire, mais de 1912. Ce premier tableau mécanique a été peint à Munich.

    [Filet]

    La baronne Armada de Duldgedalzen, connue dans l’histoire sous le nom La Cruelle, a organisé devant des invités, sur ses domaines à Tarrenz, un massacre parmi les paysans des environs.

    [Filet]

    Maintenant que nous sommes mariés, mon cher Cocteau, vous me trouverez moins sympathique. En Espagne on ne couche pas avec les membres de sa famille, dirait Marie Laurenein [Laurencin].

    [Colonne 2]

    Tzara envoie à Soupault : 4 baleines en éponge molle, 2 agiuilles pour l’empoisonnement des arbres, un peigne perfectionné à 12 dents, un lama vivant et agité et une pomme cuite au jambon de cadavre. A Mic les salutations de son cœurouvert.

    [Filet]

    Arp envoie à Eluard : un turban d’entrailles et d’amour à 4 chambres. A Benjamin Péret : des minéraux bouillis des drapeaux de fourmillières et des postiches sur l’impériale couronnée par les putains des souris.

    [Filet]

    Funiguy a inventé le dadaïsme en 1899, le cubisme en 1870, le futurisme en 1867 et l’impressionisme en 1856. En 1867 il a rencontré Nietzsche, en 1902 il remarqua qu’il n’était que le pseudonyme de Confucius. En 1910 on lui érigea un monument sur la place de la Concorde tchéco-slovaque, car il croyait fermement dans l’existence des génies et dans les bienfaits du bonheur.

    [Filet]

    Tzara envoie à Marcel Duchamp : des bonbons d’amour trempés dans du whisky nègre et un nouveau divan turc muni de cuisses vivantes de pucelle.
    A Man Ray : Une carte postale transparente avec les montagnes et le reste, et un frigorifère qui parle français à l’approche d’un magnéto.
    A Marguerite Buffet : un paquet de chocolat à la boutonnière ainsi que 3 notes musicales d’une qualité tout-à-fait exceptionnelle.

    Paris (16), 12 rue de Boulainvilliers.

    TRISTAN TZARA

    [Page 1]

    [Colonne 1]

    COR MIO

    Se rétracte vers le moindre à percevoir en proportions astrales
    Le problème recommence et la foi
    C’est une amoureuse
    Baiser de concevoir un milliardième
    Pauvre cœur déçu après s’être assis en son contentement
    Gamma boudoir
    Nage dans la lucidité électrique comme réelle
    Jusqu’à unir télescope et microscope
    Il y a aussi des occupations lucratives
    Regarder par la prunelle de sa maîtresse afin de voir à l’intérieur
    Aimer Dieu afin d’y croire
    A part la jonction dans un but ignoré qu’y a-t-il
    Il y a tout
    Et se taire
    Cette affreuse boule qui perd son phosphore aussi par le sexe persiste à surnager
    Je suis un clown et un menteur
    L’indifférence ne succombe qu’aux dés

    G. RIBEMONT-DESSAIGNES

    DIE UNGESCHLAGENE FUSTANELLA

    Wunschgemäss gestatte ich ihnen hiermit, die 56 verwitterungsstufen vom frischen gestein zum sechsblättrigen reliefröslein mit goethes mineralischem nadilass aufzufüllen. Die quer- und längslinien ihrer parallélogramme laufen sodann gleich. Häkeln sie einen ringmeter luft einmal als ersatz eines stäbchens einmal als aufschlitz ihres porphyr lapislazuli und sie werden sich allen anordnungen ihres p. t. herrn direktors ungebrochenen herzens fügen können. Die dritte und vierte reihe wiederholt man noch zweimal, damit die blättchen sich hübsch wundern. Die meisterwerke ihrer konditorei müssen recht scharf gepolstert werden. Sodann sprißen sie ruhig weiter mit gneis, glimmerschiefer und grauwacke und vergessen sie ja nicht, ihre sechs wölbungen mit stalaktit als blätterteig zu steppen.

    MAX ERNST

    DÉCLARATION

    Je déclare que Tristan Tzara a trouvé le mot DADA le 8 février 1916 à 6h. du soir ; j’étais présent avec mes 12 enfants lorsque Tzara a prononcé pour la première fois ce mot qui a déchaîné en nous un enthousiasme légitime. Cela se passait au Café Terrasse à Zurich et je portais une brioche dans la narine gauche. Je suis persuadé que ce mot n’a aucune importance, et qu’il n’y a que des imbéciles et des professeurs espagnols qui puissent s’intéresser aux dates. Ce qui nous intéresse est l’esprit dada et nous étions tous dada avant l’existence de dada. Les premières Saintes Vierges que j’ai peintes datent depuis 1886 lorsque j’avais quelques mois et m’amusais à pisser des impressions graphiques. La morale des idiots et leur croyance dans les génies me font chier.

    Tarrenz b. Imst 6 août 1921

    [HANS] ARP

    Lorsque le chasseur d’esclaves traversa le désert pour la dernière fois et l’éclair poussa sa fleur dans la pierre, G. Ribemont-Dessaignes fit paraître son Empereur de Chine Au Sans Pareil nous voulons retourner à la nature notre grand’mère étant donné que le Tyrol est si beau sous la neige qui n’est que l’excrément des dadaïstes.

    TR[ISTAN]TZ[ARA].

    [Colonne 2]

    Das ding an sich und das ding an ihr
    Der mensch ist der beste freund des weibes.

    Die liebe auf dem zweirad ist die wahre nächstenliebe.

    Die axt im haus erspart den bräutigam.

    Wer gegen den wind spuckt, besudelt die eigene mathilde.

    Nieder mit der kompakten majorität der damenschneider.

    BAARGELD

    Poesie ist ein modus, minderwertige gedanken doch noch an den mann zu bringen.

    HEINI

    Je suis bien le frère de Charles, la preuve :

    Où nous croyons-nous donc?

    J’ai la beauté facile et c’est heureux
    Je glisse sur le toit des vents
    Je glisse sur le toit des mers
    Je suis devenue sentimentale
    Je ne connais plus le conducteur
    Je ne bouge plus soie sur les glaces
    Je suis malade fleurs et cailloux

    J’aime le plus chinois aux nues
    J’aime la plus nue aux écarts d’oiseau
    Je suis vieille mais ici je suis belle
    Et l’ombre qui descend des fenêtres profondes
    Epargne chaque soir le cœur noir de mes yeux

    PAUL ELUARD

    S’FATAGAGALIED

    Erblickest Erna du darin,
    Man’s nur am stiere findet;
    Verstehn muß es die Stickerin,
    Wenn Erna draus verschwindet.

    [HANS] ARP und MAX ERNST
    (FATAGAGA)

    DIE WASSERPROBE

    Hierbei wird die Faust geballt
    Daß der frösch zu boden knallt
    Hier die magd die motten putzt
    Daß der wind die dämpfe stutzt

    Hierbei wird ein dampf verschluckt
    Daß der greise bammel zuckt
    Daß der warmen fische ei
    Knall und fall ins einerlei

    MAX ERNST

    DER ALTE VIVISEKTOR

    Dort auf jenem hügel, so rief der general, sehe ich dichte Schützenlinien. Warum werden sie mir nicht gemeldet?

    Es sind puppenräuber und blütenstände, wandte der adjutant ein.

    Und jene artilleriebeobachtungsstände da drüben?

    Das sind die brutknospen auf ihren leitern.

    Halblinks ist eine starke batterie von anscheinend großem kaliber, fragte der führer nochmals; solche führen wir doch nicht.

    Ew. Exzellenz haben ganz recht; es sind die bauchteile der eizellen, die Spitzengänger der Zukunft, die gliedmaßen der im schnee begrabenen. Sie übertreffen die Sporen an Schönheit und klarheit. Sie sind mit wurzelhaaren dicht besetzt. Ihre halskanäle tragen feine wimpern. Die giftzähne verbergen sie in den weichteilen ihrer frauen. Atemöffung und assimilationsfäden tausendfach. Auf dem gründe des bechers der Sonnentau.

    Vorwärts, antwortete dieser. Die Schrumpfung der wandzelle. Das auskeimen der sporen. Die unverbesserliche trinkerin.

    MAX ERNST

    [Page 2]

    PARIS - SPORT

    Les présidents de nos républiques
    sur nos boulevards
    sur nos oiseaux
    nous font savoir le temps qu’il fait
    Leurs drapeaux gris
    et leurs jumelles
    sont des signes de détresse
    pour les meilleurs citoyens
    Quant aux autres meilleurs encore
    ils regardent les avenues
    et les rues

    PHILIPPE SOUPAULT

    [Quatrième]

    [Sur deux colonnes]

    MONSIEUR AA L'ANTIPHILOSOPHE

    — Cher Monsieur
    La lâcheté connaît son ordre, c’ est le poids de la peur que nous portons tous dans les noyaux des os. Les nerfs de l’océan sont les rails du vent et de la chaleur. Leurs luttes font les empreintes digitales des îles et les dents solitaires des rochers. Autour de la maison de foin, des gouttes d’insectes tombent à la clarté de soie et la phosphorescence des fruits attire les grains de nuages. Les nuages apportent les oiseaux robinets.
    — Cher Monsieur
    Ce n’était point sans intentions que Monsieur Aa avait découvert la joyeuse complicité de l’estomac. L’inventaire de son dépôt cérébral dure depuis son adolescence, le résultat est nul — sans alliage. Il est mat par jeu d’éclairs.
    Il ouvre maintenant sa tente — un parapluie audessus du poumon et la chevelure abondante de l’air qu’il aspire.
    — Cher Monsieur
    Les montagnes reçoivent un paquet de chocolat. Les montagnes sont derrière les jeunes filles qui sont groupées sur l’escalier. Les fenêtres sont encore ouvertes. A leurs pieds on voit des corbeilles de fleurs et un chien de garde. Ce chien n’aboie pas, il est pensif. La jeune fille au milieu debout sur un tabouret tient une lettre cachetée dans la main droite. La main gauche s’appuie sur l’épaule d’une de ses sœurs. Elles sont sages.
    — Cher Monsieur
    A l’approche de la dernière heure de vie cotidienne
    — j’ai senti — longtemps — le malaise fixé par la collectivité anonyme en un mot — et la signification sentimentale qu’ il cache — terre et odeurs sous le nid et l’œuf.
    — Des mots deviennent des conclusions ennemies — aussitôt prononcés — prennent une existence qui agit directement sur la cellule et la spéculation du sang.
    En dehors de leur sonorité ineffaçable établie comme base d’une logique de marché et de compromis, rien ne peut garantir de leur vertu réelle, que la jouissance que j’aie à les faire manœuvrer. Et encore ; — la réalité n’est qu’une conclusion explicite.
    Rien ne peut être efficace. Il faut toujours s’écarter. En nouant des paroles en une phrase, j’arrive facilement au point. J’y trouve toujours un résultat. Après n’ importe quelle phrase. Le résultat et la phrase sont emportés par la moindre objection animale. Leur donner une valeur est un signe de vulgarité — il faudrait donc amortir le résultat avant de finir la phrase et ne pas mettre les points d’après les nécessités grammaticales. La syntaxe est algébrique et nous nous servons de logarythmes pour les calculs de finesse.
    — Cher Monsieur
    A l’invasion liquide — un jour d’été virulent — à sa clarté — le gazon couleur de momie ouvre son mal. J’ai rencontré en Italie un chanteur célèbre qui faisait bouillir le sang de sa voix en d’innombrables capitulations.
    Je n’ ai jamais pu connaître le but de cette étrange occupation.

    TRISTAN TZARA

    DIE SCHWALBENHODE

       4.

    Tapa tapa tapa
    Pata pata
    Maurulam katapultilem i lamm
    Haba habs tapa
    Mesopotaminem masculini
    Bosco & belachini
    Haba habs tapa
    Woge du welle
    Haha haha

    [HANS] ARP

    [Colonne 2]

    Der anfang des fadens bei diesem knäuel ist zwischen L und E, von hier geht der faden auf O (unten rechts), von hier auf das D links etc.; folgt man nun den windungen des fadens bis zum ende desselben, so geben die gefundenen und aneinander gereihten buchstaben die worte: „O du goldene jugendzeit!“. Auflösung des fadenlabyrinthrätsels S 500.
    Die alpensure.
    Die notdurft der vulkane.
    Die honorare der okkulten kurse.
    Die bisse in die trebertürme.
    Die geschälten monde.
    Die leydernen hasen.
    Die emaillierten keime.
    Die engelstränke.
    Die rebusglocke.
    Der flügge gewordene sprechsaal.
    Einzahl mehrzahl rübezahl.
    Die das monogramm bildenden buchstaben sind mit sternchen geziert, und zwar in verschiedener anzahl. Ordnet man die buchistaben arithmetisch nach der zahl dieser sterne, so ergibt sich der name : Newton. Auflösung des magischen monogramms S. 501.
    Die glyzeringetränkten leitern lehnen gegen die papierdolmen.
    Die grimassen der sterne sind auf die flügel gepaust.
    Die kopierrädchen laufen über die schnittmuster der tiere.

    [HANS] ARP

    ENTREZ VOIR

    Les Danses Orientales
    par les Jolies Orientales

    Zora, dans sa Danse du Foulard
    Sultana, danses des Caïds.
    Ziska, danses de Contorsions.
    Zannina, danses Tunisiennes.
    Saïda, danses du Ventre.
    Aïcha, Nouvelles danses du Pélikan.

    On entre sans attendre, c’est permanent et continuel

    THÉODORE FRAENKEL

    Il est blanc et beau cet excrément car nous sommes tous des anges les pierres le certifient notre encre est blanche et nous écrivons sur le papier blanc nos maladies sont celles des animaux aquatiques et nos costumes sont faits en amérique. Pour les indications supplémentaires lisez le vogelselbdritt par arp qui vient de paraître. Arp est le chapeau haut de forme du mont blanc.

    TR[ISTAN]TZ[ARA].

    Table des matières

    Couverture

    Tristan Tzara : Net
    Max Ernst : La préparation de la colle d'os / Die Leimbereitung aus Knochen, collage

    Page 1

    G. Ribemont-Dessaignes : Cor mio
    Max Ernst : Die ungeschlagene fustanella
    Hans Arp : Déclaration
    Tristan Tzara : Lorsque le chasseur d'esclave
    J.T. Baargeld : Das ding an sich
    Heini Baargeld : Poesie ist ein modus
    Paul Eluard : Je suis bien le frère de Charles
    Hans Arp et Max Ernst : s' Fatagagalied
    Max Ernst : Die wasserprobe
    Max Ernst : Der alte vivisektor

    Page 2

    Hans Arp : bois
    Philippe Soupault : Paris-Sport

    Quatrième

    Tristan Tzara : Monsieur Aa l'antiphilosophe
    Hans Arp : bois
    Hans Arp : Die schwalbenhode
    Hans Arp : Der anfang des fadens
    Théodore Fraenkel : Entrez Voir
    Tristan Tzara : Il est blanc et beau cet excrément car nous sommes

    Dada 8 sur le site du Blue Mountain Project (Princeton)

    Notes bibliographiques

    Paris, Au Sans Pareil, 1921, in-4° broché

    Volume8
    Date d'édition1921
    Éditionédition originale
    Languesfrançais, allemand
    Dimensions21,00 x 33,00 cm
    Nombre de pages2
    ÉditeurAu Sans Pareil, Paris
    Référence9025000
    Vente Breton 2003Lot 340
    Mots-clés,
    CatégoriesRevues
    Série[Revue] Dada
    Lien permanenthttps://www.andrebreton.fr/fr/work/56600101000483