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Descriptif

Revue du mouvement Dada, parue à Zürich puis Paris (1917-1921), sous la direction de Tristan Tzara. Numéro 7 (mars 1920).

La page 2 n'a pas été numérisée. [site André Breton, 2020]

 

Transcription

[Couverture]

[Texte dans le dessin]

DAME !

LA CHAIR
QUI A TROP
BU
EST UN BŒUF
NAPOLITAIN

RAFISTOLER SON LIT

LES MAINS
DANS
LA CROTTE
CANONIQUE

LE PONT-LEVIS
DE LA DAME

FRANCIS PICABIA

[Page 1]

[colonne 1]

VÉLODROME AUX OIGNONS

le mariage 1/3 est aussi un résultat de la vie maritime comme la fin de phrase voilà et mat le fleur remue la queue on lui met des ventouses de lampes électriques il croit à l’inviolabilité des négations valables pour un mois il est donc très gentil et extrêmement sympathique
le téléphone nous reste fidèle comme un chien nickel dit le dadaïste il baille baille les rideaux avalent la lumière des rues Aa envoie express tout cela pour l’exposition des colonies le monde normal le mien phosphate le tribunal est un raid conjugal entre la poudrière la manivelle la manifestation et les bagages des grains de migraine savon lunaire et hors-d’œuvre avantage ont adopté un fils nouveau vierge et l’ont caché dans le piano garage
Il y a encore le cancer de la lampe rouge du corridor
et la mâchoire enguirlandée d’ongles attend le nain le train et le lapin monsieur Aa attend le courrier l’applaudissement civil de l’attentat criminel et perpétuel

TRISTAN TZARA

LA QUEUE DU DIABLE EST UNE BICYCLETTE

la morsure équatoriale dans le roc bleui
accable la nuit senteur intime de berceaux ammoniaque
la fleur est un réverbère poupée écoute le mercure qui monte
qui montre le moulin à vent accroché au viaduc

avant-hier n’est pas la céramique des chrysanthèmes qui tourne la tête et le froid

l’heure a sonné dans ta bouche
encore un ange brisé qui tombe comme un excrément de vautour
étend l’accolade sur le désert fané
lambeaux d’oreilles rongées lèpre fer

TRISTAN TZARA

[colonne 2]

ARTICHAUTS

Dada n’ayant plus que quelques années ou quelques mois ou quelques jours à vivre, cherche un notaire pour lui confier ses dernières volontés.

Les mathématiques Dada n’ont pas encore été cultivées. Jusqu’à présent l’étude du nombre a rendu complètement idiot. L’idiotie est le saturnisme du mathématicien.

Il y a aussi quelque chose qu’on ne connaît pas : c’est le dadaïsme dada. Mais Dada a des mamelles jusqu’aux orteils.

Dada doute de tout. On dit : cela aussi est un principe. Non, le doute n’est pas in principio. Mais quand cela serait si Dada croit au doute, cela prouverait qu’il n’a pas de principe.

Quand Dada verra que les cochons châtrés commencent à avoir la voix du jaguar, il fera comme l’iode, il se sublimera. Et il revivra dans l’air respiré par les cochons châtrés et dans leur bauge. Et les cervelas que l’on servira au repas familial seront malgré tout possédés par Dada

Dada, o Dada, quelle figure ? Si triste ? Si gaie ? Regarde-toi dans la glace. Non, non, ne te regarde pas.

Qu’est-ce que c’est beau ? Qu’est-ce que c’est laid ? Qu’est-ce que c’est grand, fort, faible ? Qu’est-ce que c’est, Carpentier, Renan, Foch ? Connais pas. Qu’est-ce que c’est moi ? Connais pas. Connais pas, connais pas, connais pas.

Regarder les astres ou l’intérieur de l’estomac avec une demi-jumelle de théâtre, c’est une occupation artistique. Enfin, la seule occupation des hommes. Et ils pleurent, ils pleurent comme si l’oignon entrait dans la composition du verre.

Il est intéressant de noter à quels partis appartiennent les sourires d’alliances offerts a Dada. Politique et mariage. Dada a une grosse dot à manger. Mais Dada est difficile à déflorer : la vierge est étroite.

GEORGES RIBEMONT-DESSAIGNES

[Page 2]

[Colonne 1]

MANIFESTE CANNIBALE DADA

Vous êtes tous accusés ; levez-vous. L’orateur ne peut vous parler que si vous êtes debout.
Debout comme pour la Marseillaise,
debout comme pour l’hymne russe,
debout comme pour le God save the king,
debout comme devant le drapeau.
Enfin debout devant D A D A  qui représente la vie et qui vous accuse de tout aimer par snobisme, du moment que cela coûte cher.
Vous vous êtes tous rassis ? Tant mieux, comme cela vous allez m’écouter avec plus d’attention.
Que faites-vous ici, parqués comme des huîtres sérieuses — car vous êtes sérieux n’est-ce pas ?
Sérieux, sérieux, sérieux jusqu’à la mort.
La mort est une chose sérieuse, hein ?
On meurt en héros, ou en idiot ce qui est la même chose. Le seul mot qui ne soit pas éphémère c’est le mot mort. Vous aimez la mort pour les autres.
A mort, à mort, à mort.
Il n’y a que l’argent qui ne meurt pas, il part seulement en voyage.
C’est le Dieu, celui que l’on respecte, le personnage sérieux — argent respect des familles. Honneur, honneur à l’argent : l’homme qui a de l’argent est un homme honorable.
L’honneur s’achète et se vend comme le cul. Le cul, le cul représente la vie comme les pommes frites, et vous tous qui êtes sérieux, vous sentirez plus mauvais que la merde de vache.
D A D A  lui ne sent rien, il n’est rien, rien, rien.
Il est comme vos espoirs : rien.
comme vos paradis : rien
comme vos idoles : rien
comme vos hommes politiques : rien
comme vos héros : rien
comme vos artistes : rien
comme vos religions : rien
Sifflez, criez, cassez-moi la gueule et puis, et puis ? Je vous dirai encore que vous êtes tous des poires. Dans trois mois nous vous vendrons, mes amis et moi, nos tableaux pour quelques francs.

FRANCIS PICABIA

UN MOT DUR - N° 58

[4 phrases entourent un encadré central]

[haut gauche]

Les petites rues sont
des couteaux.

[haut droite]

Tous les poètes
savent dessiner.

[encadré central]

« Le bureau de poste est en face.
— Que voulez-vous que ça me fasse ?
— Pardon je vous voyais une lettre à la main. Je croyais...
— ll ne s’agit pas de croire, mais de savoir.

[bas gauche]

Le plancher des
poissons

[bas droite]

S’asseoir à l’aube,
coucher ailleurs.

PAUL ÉLUARD

[Colonne 2]

[Composition centrée]

PIÈCE FAUSSE

Du vase en cristal de Bohême
Du vase en cris
Du vase en cris
Du vase en
En cristal
Du vase en cristal de Bohême
Bohême
Bohême
En cristal de Bohème
Bohême Bohême Bohême
Hême hême oui Bohême
Du vase en cristal de Bo Bo
Du vase en cristal de Bohème
Aux bulles qu’enfant tu soufflais
Tu soufflais
Tu soufflais
Flais
Flais
Tu soufflais
Qu’enfant tu soufflais
Du vase en cristal de Bohême
Aux bulles qu’enfant tu soufflais
Tu soufflais
Tu soufflais
Oui qu’enfant tu soufflais
C’est là, c’est là tout le poème
Aube éphé
Aube éphé
Aube éphémère des reflets
Aube éphé
Aube éphè
Aube éphémère de reflets

ANDRÉ BRETON

[Encadré]

Nous avons fait le sacrifice de l’œil droit à DADA. Et l’insigne DADA se porte sur l’œil gauche. Entendu.

Dada s’est assuré la collaboration régulière des plus notoires traducteurs et plagiaires de la langue française.

PROVERBE n’existe que pour justifier les mots

DADA    dito   que    d to     l’Emprunt.

Paul Eluard à Tristan Tzara :
« Les femmes grosses ne sont pas seulement celles que vous imaginez fragiles, tout objet fragile est automatique et maigre. Maigre et gros se prononce bien une femme malheureuse pour finir une seule femme sans suite une femme heureuse. »

[sans signature]

[Page 3]

[Colonne 1]

Ô

Il posa son chapeau sur le sol, et le remplit de terre
Et y sema du doigt une larme.
Un grand géranium y poussa, si grand.
Dans le feuillage mûrirent un nombre indéfini de potirons
Il ouvrit une bouche aux dents couronnées d’or, et dit :
I grec !
Il secoua les branches du saule de Babylone qui rafraîchissait l’air
Et sa femme enceinte, â travers la peau de son ventre
Montrait à l’enfant le croissant d’une lune mort-née
Lui mit sur sa tête le chapeau importé d’Allemagne.
La femme avorta de Mozart,
Tandis que passait dans une automobile blindée
Un harpiste,
Et qu’au milieu du ciel, des colombes,
De tendres colombes mexicaines, mangeaient des cantharides.

GEORGES RIBEMONT-DESSAIGNES

BARRIÈRE

« On m’a parlé d’un restaurant luxueux où les mets les plus divers sont apportés. Il y a des dessous de plats à musique, des carafes à deux becs, des verres à pied et une magnifique porte d’entrée.
– Les plus magnifiques portes sont celles derrière lesquelles on dit : « Ouvrez, au nom de la loi ».
– Je préfère à ces drames le vol silencieux des outardes et la tragédie familiale : le fils part pour les colonies, la mère pleure et la petite sœur pense au collier que son frère lui rapportera. Et le père se réjouit intérieurement parce qu’il pense que son fils vient de trouver une situation.
– J’ai été recommandé dès mon jeune âge a un animal domestique et pourtant j’ai toujours préféré à la chaleur de sa langue sur ma joue une petite histoire des temps passés.
– Du bout des lèvres on peut boire cette liqueur verte, mais il est de meilleur ton de commander un tonique.
– Les forçats se donnent une peine immense pour garder leur sérieux. Ne leur parlez pas de ces enlèvements surnaturels ; la jeune fille a encore les cheveux dans le dos.
– Il n’y a donc que ces voitures brunes pour favoriser les évasions. Tous les jours, à midi, quelqu’un se sauve.
– Qu’il prenne garde à ces échelles qu’on jette horizontalement sur les avenues et qui sont faites de tous les « Arrêtez-là ».
– Il s’en moque. Regardez, voici un individu qui s ’approche de nous en courant à toutes jambes. Pas un cri ne s’envolera de nos lèvres. Il va plus vite que les mots les plus brefs. Je sais que derrière nous on ne peut que pâlir de frayeur. »

ANDRÉ BRETON ET PHILIPPE SOUPAULT

[Colonne 2]

Je suis dada. a-dada, anada, anana,
Amanda n’avait qu’un défaut...

Les gens qui veulent qu’on les respecte sont des imbéciles ou des malfaisants.

Mon dada-irrespect
Irrespect mime de DADA.

Il y a un rat crevé sous le plancher

[Encadré]

Voulez-vous vous raser malin et soir
au théâtre, au bal, au cinéma, en famille
achetez un
GILLETTE de Narbonne

PAUL DERMÉE

Le ciel est un énorme crucifix, le fond du ciel est la terre, le fond de la terre Rosemberg, la cathédrale des poires.

Erik Satie a trouvé la musique d’ameublement ; façon de s’introduire dans le monde. (Location pour soirées).

Archipenko est un homme aussi fermé qu’une maison close.

Favory avec quelques photographies de musées, un métier appris à l’académie Julian, arrive comme Lhote à émouvoir Roger Allard et Louis Vauxcelles.

Les scandinaves prennent plaisir aux promenades du soir, lorsqu’ils peuvent contempler la lune. Et par temps brumeux, les tableaux « comme la lune » de Matisse, la remplace en appartement.

Marcel Duchamp continue à donner des leçons d’amour .

Les sens sentent l’oignon dans l’après-midi.

DADA est contre la vie chère.

FRANCIS PICABIA

FICHE

Le paquet de tabac du peintre c’est la bûche
Je vais élire
un vase à lire
Je serre la main de Tristan Tzara et je passe. Le principal pour ne pas se perdre : fixer la boîte aux lettres ou l’avertisseur d’incendie. Comme la prunelle de mes yeux, le soleil sur fond noir des assurances est une hantise acceptable. On sent plus ou moins le besoin de croire en son étoile.

LOUIS ARAGON

[Page 4]

[Colonne 1]

LOUANGE DE L’OLIVIER

Ton haleine un jour de Janvier
Ou, tirant de grosses bouffées
de ta pipe charmant fumeur
Est-ce le train ? Sont-ce les fées ?
La cendre du jour qui se meurt ?
Soyons tristes, c’est l’olivier

JEAN COCTEAU

[Filet]

Les 23 Manifestes
du MOUVEMENT DADA

paraîtront dans la revue mensuelle

LITTÉRATURE

9, Place du Panthéon
Abonnement : 15 francs par an

Les amateurs de ténèbres textiles trouveront dans chaque numéro le portrait d’un dada fait par un dada.

[Filet]

DADA est un microbe vierge
Dada est contre la vie chère
Dada
société anonyme pour l’exploitation des idées
Dada a 391 attitudes et couleurs différentes, suivant le sexe du président
Il se transforme – affirme – dit en même temps le contraire – sans importance – crie – pêche à la ligne
Dada est le caméléon du changement rapide et intéressé
Dada est contre le futur. Dada est mort. Dada est idiot
Vive Dada. Dada n’est pas une école littéraire hurle

TRISTAN TZARA

[Colonne 2]

ZUT

Zim ba da boum soyons oracles
Il est un nez aillette tube de Crooks
Zinc autel éclair tartines nègres
Ibidem sur le ventre en fleurs

De toutes crues sauve la Certa
En carrousel muet honore Dieu le Père

Dure-mère cachotterie
Aux sourcils faits à l’encre soufre
Dompte la vergue ventriloque
André Gide a la pituite

PAUL DERMEE

LA FIBRE S’ENFLAMME ET LES PYRAMIDES
(très vite)

aeaeaeaeaea  eda      s’éclairent les digues verticales     lédah ega
les torpilleurs aux fontaines     ne touchez pas
sous l’orage extrarose     mourir mourir    les ancres
les sœurs grises et les philosophes sur l’ultratlantique les coupoles
                   oegooraaa crépuscule
derrière le pastel les perforatrices les perforatrices
hhhaa               il a signe le quadruple
bregan              aeaeaeaeaeaaaa

J[ULIUS] EVOLA

[Page 5]

MONSIEUR AA SOUMIS À LA TAXE

car elle est parallèle et tourne dit le photographe aussitôt que des promesses botaniques aient supporte les je me tue et infâme tu m’a trahi car il a toujours réglé pour mon compte et mon cerveau le repas humide et l’heure inodore du départ mais nous n ’étions qu’un organe étrange appelé bleubleu et la tour d’affiches blanche comme l’autruche s’enveloppait de coussins aériens ce n’était plus un secret qu’elle couchait avec une femme grasse à double caisse avec inscription verreries et deux minarets dit-il comme la pendule et le règlement à double caisse dit-il avalant la doublure de ce grand oiseau comment s’appelle-t-il dit-il hôpital de nos nuits mais voilà au bout des couleurs il a vu notre seigneur et tout d’un coup le jardin zoologique s’introduisit par contre bande dans le bulletin de la bourse sans payer les contributions au consolateur

TRISTAN TZARA

Le bal Dada organisé par le Dr Serner, à Genève, le 5 Mars, a eu un succès énorme.

Der Zeltweg vient de paraître avec la collaboration de Arp, Giacometti, Flake, Schad, Semer, Tzara.

L’exposition Dada aura lieu au mois de Juin, à la Galerie La Boëtie. Sur la démission des dadaïstes de la Section d’or, consulter 391 n°12.

Vient de paraître :
Feu de Joie, Poèmes de Louis Aragon

Vient de paraître :
Les animaux et leurs hommes, poèmes de Paul Éluard

Édition : Au Sans Pareil

DADA N’EST PAS UNE MALADIE

[sans signature]

[Colonne 2]

Un chien n’est pas un hamac. La philosophie est un mélange de vocables. Chaos fait de boue et d’énigme. Je n’ai qu’une seule certitude: que je suis mon propre passe-temps, et un homme assez poli.

VAL [WALTER] SERNER

[Filet]

« En Suisse, l’art était une maladie. Depuis que j’ai gagné 100.000 fr., l’art n’est plus une maladie ».

Un Cubiste de la Section d’or

[Filet]

Il reste très peu d’exemplaires de « La première aventure céleste de M. Antipyrine », de Tristan Tzara. (Zurich 1916).
Prix actuel : 7 fr. 50Au Sans Pareil

[Filet]

La 4me manifestation du mouvement DADA aura lieu le 27 Mars, à 8 h. 15, à la Maison de l’Œuvre. Grand spectacle, théâtre, musique, tableau animé, attractions, etc.

[sans signature]

[Colonne 3]

Les sulfates inattendus dont on s’est servi pour faire le bleu des mers tropicales me rappellent au respect qu’on doit aux productions du génie humain.

J’ai connu un jeune chien qui ne savait pas distribuer son sang dans ses membres : adressez-vous au chef de gare.

Les souffles roses de l’enfant qui vient de naître font lever des fleurs dans les chambres noires des appareils photographiques.

Fleurs de papier des victoires sentimentales.

Les yeux noirs ne permettent aucune équivoque.

[sans signature]

SALLE DE SPECTACLES :
Paris – Electric-Palace

Nous fumons un film en salle éclairée : c’est l’Electric-Palace, demandez ces éventails d’écume, je veux dire ces pipes ou ces ventilateurs. Quel tremblement si tu descends l’escalier au milieu de l’inattention générale. Les ouvreuses bleues dansent au-devant des visiteurs. Je leur jette à manger mon ticket rouge. Qu’on me donne un fauteuil à roulettes.

LOUIS ARAGON

Déconcertons
troublons
énervons

Charlot

partout
     guerre à l’amidon

JACQUES EDWARDS

[Page 6]

[Colonne 1]

LES TITRES DE MES AMIS & LES MIENS*

BRETON — Mont de Piété — Montagnes russes
ARAGON — Feu de joie —Une vieille coutume
PlCABlA — Pensées sans langage — Le médecin des folles
SOUPAULT — Rose des vents — Sans odeur
RlBEMONT-DESSAIGNES — L’empereur de Chine — Voie sacrée d’aluminium
TZARA — 25 poèmes — La terre se dégonfle
DERMÉE — Films — Au bout d’un fil
PAULHAN — La guérison sévère -- La robe des trous
ÉLUARD — Les animaux et leurs hommes -- Par la queue
VACHÉ — Lettres de guerre — DADA la Mort

* On trouve tous ces livres au Sans Pareil

PAUL DRAULE [ÉLUARD]

SERRURE DE SÛRETÉ

Ma parole
La main prise dans la porte
Trop engagé mon ami trop engagé
Pour ainsi dire
ou
Passez moi le mot
Merci
Je tiens la clef
Le verrou se remet à tourner comme une langue

Donc

LOUIS ARAGON

PLIS

Régulier comme
Mon plaisir
Comme un gourmand
Mon plaisir
Le train mince
Mon plaisir
M’a pris où
Mon plaisir
Homme ou femme
Mon plaisir
Les lois les lois
Mon plaisir
Ou d’autres lois
Mon plaisir
Ou la poudre
Mon plaisir
Légères sans limites
Mon plaisir
Tout m’est égal.

PAUL ÉLUARD

DADA N° 1. Quelques jeunes hommes intelligents stranded in Zurich desire corrresponce with other unfortunates similary situated in other godforsaken corners of the earth.
DADA : Bulletin 5 feb. Ils ont échappé. They have got to Paris. La bombe !! La ZUT-excelsior
London.

EZRA POUND

[Colonne 2]

Le sentier est assez large pour dégraver une planche de cuivre ou de nitrique diptyque natures mortes.

Louis Aragon est l’amant de cœur du Dadaïsme.

L’hypertrophie du bien que j’ai perdu bifurque dans un taillis à gauche.

Ribemont-Dessaignes a un jugegement régulier ; il est le magnétiseur de Zizi de Dada.

Le tableau le plus savant et le plus complet broute l’herbe de mon jardin

Tristan Tzara adore ses amis. Les journaux sont les panoramas de sa vie.

Francis Picabia s’attaque toujours à lui-même.

Le bordel est l’endroit où l’on est le plus chez soi.

Je ne désespère pas de voir Marius de Zayas devenir l’amant de Mme Wilson.

Braque ne demande qu’à oublier Picasso. Vive la France !

Edgar Varèse continue à prendre des glaces pour soigner sa blennorragie. Le robinet froid vient d’être acheté pour le jardin des Plantes.

FRANCIS PICABIA

[Quatrième]

[Colonne 1]

ÉNIGME-PERSONNAGES

Pas assez mystérieux au volant de ta voiture
Tu ne trouveras jamais la clé de
D à l’envers énigme en autobus M
Raccrochée par une étoile l’échelle renversée
Bicyclette en divagation lunettes noblement remontées
Assurément pas assez Dada ça viendra
Assis au bord des routes feu follet
Sur le rire du délire enfantin
Et le chemin de fer railleur
           montre ses dents neuves
                   au dernier train

CÉLINE ARNAULD

TRAINS

Les talus se fendillent sous la chaleur des wagons rapides et des escarbilles rouges de toute la vapeur qui coule loin sur les arbres. On ne sait quelle est cette odeur des loups morts de faim qui vous prend à la gorge dans les wagons des classes inférieures. Courage pour ces cris de locomotives hystériques et pour ces gémissements des roues suppliciées. Au dehors les arbres enivrés de tous ces cris et de tous ces regards ont le vertige monstrueux des foules au départ d’un avion pour un voyage éternel. A tous les signaux une énorme bête se tient cachée et regarde d’un seul œil ce grand lézard bruyant qui glisse sur des ruisseaux de diamants et sur les cailloux des mines aériennes.

PHILIPPE SOUPAULT

Table des matières

Couverture

Francis Picabia : Dame !, dessin

Page 1

Tristan Tzara : Vélodrome aux oignons
Tristan Tzara : La queue du diable est une bicyclette
Georges Ribemont-Dessaignes : Artichauts

Page 2

Francis Picabia : Manifeste cannibale Dada
Paul Eluard : Un mot dur – N° 58
André Breton : Pièce Fausse
Paul Dermée : texte sans titre

Page 3

Georges Ribemont-Dessaignes : Ô
André Breton et Philippe Soupault : Barrière
Paul Dermée : Je suis dada
Francis Picabia : Le ciel est un énorme crucifix
Louis Aragon : Fiche

Page 4

Jean Cocteau : Louange de l'olivier
Tristan Tzara : Dada est un microbe vierge
Paul Dermée : Zut
J. Evola : la fibre s'enflamme et les pyramides

Page 5

Tristan Tzara : Monsieur Aa soumis à la taxe
Val [Walter] Serner : Un chien n'est pas un hamac
Un cubiste de la Section d'or : En Suisse
Louis Aragon : Les sulfates inattendus
Jacques [Joaquín] Edwards : Déconcertons

Page 6

Christian Schad : Arp et Val Serner, peinture
Paul Draule [Eluard] : Les titres de mes amis et les miens
Louis Aragon : Serrure de sûreté
Paul Eluard : Plis
Ezra Pound : Quelques jeunes hommes intelligents
Francis Picabia : Le sentier est assez large

Quatrième

Céline Arnauld : Énigme-Personnages
Philippe Soupault : Trains

Dada 7 sur le site de l'International Dada Archive (Iowa)

Dada 7 sur le site de Mélusine

Dada 7 sur le site du Blue Mountain Project (Princeton)

Notes bibliographiques

Paris, s.é., 1920, in-4° broché

Volume7
Date d'édition1920
Éditionédition originale
Languesanglais, français
Dimensions19,00 x 37,00 cm
Nombre de pages6
ÉditeurSans éditeur
Référence9025000
Vente Breton 2003Lot 340
Mots-clés,
CatégoriesRevues
Série[Revue] Dada
Lien permanenthttps://www.andrebreton.fr/fr/work/56600101000420