La Collection

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    Descriptif

    Revue du mouvement Dada, parue à Zürich puis Paris (1917-1921), sous la direction de Tristan Tzara. Numéros 4-5 (mai 1919).

    Ce numéro a été publié en deux versions : une édition internationale comprenant des contributions en allemand, et une édition française où ces dernières ont été remplacées pour éviter la censure.

    L'exemplaire d'André Breton est celui de l'édition française. Aussi les images ne correspondent-elles pas exactement à la transcription du texte ci-dessous. [site André Breton, 2020]

     

    Transcription

    [Version internationale]

    [Page 1]

    Étang m'a emporté au Chili
    jamais l'as-tu remarqué
    par intervalles
    penchés d'un ton sec
    qui vous apporte le soleil
    de prédilection du jour sage homme
    d'anges au Purgatoire
    miracle du mariage des yeux cernés
    d'adoration belle sœur les mains pleines
    de sottises du malheur
    plus loin l'as-tu remarqué
    devant lui

    FRANCIS PICABIA

    CHRONIQUE ZURICH

    merde naquit pour la première fois Zurich en fromage - mais le peuple a son art c'est gentil même les théories on craint l'explosion, grande exposition au Kunsthaus : Picabia, Arp, montagnes de Guillaume tel et tel de Bauman, etc. autres religiosités, cubisme dans des boîtes d'allumettes. Tr. fait une conférence sur Tz. professeurs etc. projections poème crié grosse caisse accentue grelots gauche on casse interruption sec sobre scientifique statique reprise arrangement chimique explication de à a o, a o i, i i e, image de quelques instantanés stellaires les fibres se réunirent encore une fois dans une fête majeure aux soupçons de two-step et de bowle parmi les jambes bien nourries de nos olympiques compagnonnes gramophone pour la sagesse de chaque insecte dans son mortel cri-cri et la pénétration biologique dans les sphères de magie et de tranquillité — le Dr. Jung ayant mangé les pieds de son épouse les produits s'appellent psycho-banalyse, et le célèbre futuriste Rubiner prépare un ouvrage sur Jésus en villégiature

    Re-Naissance de 391 numéro 8 revue en voyage fondée à New-York imprimée à Barcelone parue à Zurich

    Tourbillon alcool l'émotion prend proportions Mont-Blanc Manifeste nous voulons nous voulons chier en couleurs diverses pour orner la zoologie de toutes les couleurs des drapeaux des consulats les chiens hurlent et la dissection du Panama sur piano sur piano et débarcadère s'en allèrent les jeunes filles et le fonctionnaire de l'amertume

    TRISTAN TZARA

    [Page 3]

    3 PIÈCES FACILES POUR PETITES MAINS

    1 Miel de narbonne
    Use ton cœur Les clowns fleurissent du crottin d'or
    Dormir un coup d'orteils on vole
    Volez vous jouer avec moa
    Moabite dame de la croix bleue Caravane 
    Vanille Poivre Confitures de tamarin 
    Marin cou le pompon moustaches mandoline
    Linoléum en trompe l'œil Merci
    Cinéma nouvelle muse

    2 Bonne d'enfants
    Morceau pour piston seul polka
    Caramels mous bombons acidulés pastilles
    ENTR' ACTE l'odeur en sabots 
    Beau gibier de satin tué par le tambour 
    Hambourg bock sirop de framboise 
    Oiseleur de ses propres mains 
    Intermède uniforme bleu
    Le trapèze encense la mort

    3 Enfants de troupe
    Ticla notre âge d'or Pipe Carnot Joffre 
    J'offre à toute personne ayant des névralgies 
    Giraffe Noce un bonjour de Gustave 
    Ave Maria de Gounod Rosière
    Air de Mayol Touring Club Phonographe 
    Affiche crime en couleurs Piano mécanique 
    Nick Carter c'est du joli
    Liberté Egalité Fraternité

    JEAN COCTEAU

    [Page 4]

    NOTE 14 SUR LA POÉSIE

    Le poète de la station dernière ne pleure inutilement, la plainte ralentit la marche (humidité des âges passés); ceux qui se nourrissent de larmes sont contents et lourds, les enfilent pour tromper les serpents derrière leurs âmes ; — le poète exerce gymnastique suédoise pour l'abondance et l'explosion, s'il sait allumer l'espoir (AUJOURD'HUI). Tranquille ardent furieux intime pathétique lent tempétueux, son désir bouille pour l'enthousiasme. Féconde forme de l'intensité.

    Savoir reconnaître et cueillir les traces de la force que nous attendons, qui sont partout, dans une langue essentielle de chiffres, gavées sur les cristaux sur les coquilles les rails dans les nuages dans le verre à l'intérieur de la neige la lumière sur le charbon la main dans les rayons qui se groupent autour des pôles des magnets sur les ailes. La persistance aiguise et fait monter la joie en flèches vers les cloches astrales — destillation des vagues de nourriture impassible, créatrice d'une vie nouvelle. Ruisseler dans toutes les couleurs et saigner parmi les feuilles de tous les arbres. Vigueur et soif, émotion devant la formation qu'on ne voit et qu'on n'explique pas — la poésie.

    Ne cherchons pas d'analogies entre les formes sous lesquelles s'extériorisent l'art ; à chacune sa liberté ses frontières. Il n'y a pas d'équivalent en art, chaque branche de l'étoile se développe indépendamment, s'allonge et absorbe le monde qui lui convient, Mais le parallélisme constatant les directions d'une vie nouvelle sans théorie, caractérisera l'époque.

    Donner à chaque élément son intégrité autonomie, condition nécessaire à la création des nouvelles constellations ; chacun à sa place dans le groupe. Volonté de la parole : un être debout une image, une construction unique, fervente de couleur, dense — intensité, communion avec la vie.

    L'art est une procession de continuelles différences. Car il n'y a pas de distance mesurable entre « comment allez-vous » et le niveau où l'on fait croître son monde et les humaines actions vues sous cet angle de pureté sous-marine. La force de formuler en l' i n s t a n t  cette succession variable, est l'œuvre. Globe de durée, volume enfanté sous la pression sans cause.

    L'esprit porte de nouveaux rayons de possibilités : les centraliser, les ramasser sous la lentille ni physique ni définie, — populairement : l ' â m e. Les manières de les redonner, transformer : les moyens. Clair en or comme l'éclat — battement croissant d'ailes s'agrandissant. 

    Sans prétentions d'absolu romantique, je présente quelques négations banales. 

    Le poème n'est plus sujet rythme rime sonorité : — action formelle. Projetés sur le cotidien ils peuvent être des moyens dont l'emploi n'est pas réglementé ni enregistré, auxquels je donne la même importance qu'au crocodile, au minéral ardent, à l'herbe, Œil, eau, balance, soleil, kilomètre et tout ce que je puis concevoir ensemble et qui représente une valeur susceptible de devenir humaine : l a  s e n s i b i l i t é . Les éléments s'aiment si étroitement serrés, enlacés véritablement, comme les hémisphères du cerveau et les compartiments des transatlantiques. 

    Le rythme est le trot des intonations qu'on entend ; il y a un rythme qu'on ne voit et qu'on n'entend pas : rayons d'un groupement intérieur vers une constellation de l'ordre. Rythme fut jusqu'à présent les battements d'un cœur séché — grelots en bois putride et ouaté. Je ne veux pas encercler d'un exclusivisme rigide ce qu'on nomme principe là où il ne s'agit que de liberté. Mais le poète sera sévère envers son œuvre, pour trouver la vraie nécessité ; de cet ascétisme fleurira, essentiel et pur, l'ordre. (Bonté sans écho sentimental, son côté matériel.)

    Etre sévère et cruel, pur et honnête envers son œuvre en préparation qu'on placera parmi les hommes, nouveaux organismes, créations qui vivent dans des os de lumière et des formes fabuleuses de l'action. (R E A L I T E). Le reste nommé  l i t t é r a t u r e est dossier de l'imbécilité humaine pour l'orientation des professeurs à venir. 

    Le poème pousse ou creuse le cratère, se tait, tue ou crie le long des degrés accélérés de la vitesse. Il ne sera plus un produit de l'optique, ni du sens ou de l'intelligence — impression ou faculté de transformer les traces des sentiments, de les appliquer. 

    La comparaison est un moyen littéraire qui ne nous contente plus. Il y a des moyens de formuler une image ou de l'intégrer, mais les éléments seront pris dans des sphères différentes et éloignées. 

    La logique ne nous guide plus, et son commerce, bien commode, trop impuissant, lueur trompeuse, semant les monnaies du relativisme stérilité, est pour nous à jamais éteint. D'autres forces productives crient leur liberté, flamboyantes, indéfinissables et géantes, sur les montagnes de cristal et de prière. 

    L i b e r t é  l i b e r t é : N'étant pas végétarien je ne fais pas de recettes.

    L'obscurité est productive si elle est lumière tellement blanche et pure que nos prochains en sont aveuglés. De leur lumière, en avant commence la nôtre. L e u r l u m i è r e est pour nous : dans la brume, — la danse microscopique et infiniment serrée des éléments de l'ombre en fermentation imprécise. N'est-elle pas dense et sûre la matière dans sa pureté. 

    Sous l'écorce des arbres abattus, je cherche la peinture des choses à venir, de la vigueur et dans les canaux la vie gonfle peut-être déjà, l'obscurité du fer et du charbon.

    (1917)

    TRISTAN TZARA

    [Page 5]

    SOLEIL SAGE-FEMME

    Haleine l'écart baliveau diastole guérite
    quelqu'un dit crabe Necker à Genève
    souffle suprême de la danse presse-purée
    enfer à éteindre ses petits Finfini échec
    pendant que mon amie pense sur le lit oreille
    dans l'intention sans lumière gisante. 

    Votre charme de famine hirondelle Kléber
    métaphores de roses toutes petites
    n'est pas la maîtresse patineuse robinet
    de carnaval pisseur ammonite 
    promenant des allumettes 
    dans les émotions cédrat. 

    En achevant ces paroles civette mammifère
    le vague chuchote surprise derrière chaque
    homme seul à l'office de l'aventure
    épicurien dont miroir double le kangourou
    la nuit du peignoir tartre 
    imprudence à cette heure tatou. 

    FRANCIS PICABIA

    [Page 7]

    BESTES PFLASTER AUCH ROTER SEGEN

    Bodenbepurzelndes Geschirr : 
    gar so süss soffen Ninallas Lippen Pommery greno first. 
    Minkoff, ein ganz ein Russischer, déroutiert nebengeleisig.
    Vorüberflappernder Handteller : benützter Busen bläht Blondes. 
    Pauschal.      Schal.
    Schluck Wein (Länge : 63 centimètres) in rotverbesserte Nüstern 
    gespien.      Queen ! ! !
    Weil ensembletapfer beflüstert Kuno feistes Postérieur.
    Knäuel, dem sich schweissig Unterarm entzupft,
    Vornübergewettert : Sibi schrie naturgemäss immens auf,
    Hemigloben nach oben. 
    Derzeit brennendes Pedal berutscht entzückt anderwärts gestreichelten 
    Bauch.        Auch.
    Unüberholt wischt seine lingua fettesten Schenkel einher, Isidor.
    O wie lieb ich das Gelichter des Lebens ! (Abends, naturellement !)
    Kruschevaz glotzt auf die ach so entfernten Deltafalten Zuzzis.
    Baynes Destiny (Massachussetts-allerholdest) quillt geigengeil um die Ecke ;
    Blech taumelt daraus schwierig empor :
    schwachbeflorter Unterleib (? Gaby !) wogt taktvoll heran.
    „Die Treue ist kein hohler Zahn“... (Kreuzung von Kind und Kegel)
    Madame V. flicht, sehr gewiegt, Roger ein Glas in die Finger ; 
    quetscht das Ganze stuhlzusich. 
    Pferch.      Ueberzwerch. 
    (Apropos : man substrahiere Geschlechtskrankheiten ; 
    coitus würde allgemein beliebtes Gesellschaftsspiel ; 
    wäre im Laden zu haben. Basta.)

    WALTER SERNER

    [Page 10]

    SPLENDEURS ET MISÈRES DES DÉBROUILLARDS

    Aus der steilen, transparenten Nudel
    Quillt ein Quantum Quitten-Quark empor,
    Ballt sich (physisch) zum gewürzten Strudel,
    Kreist: ein Duft-Ballon aus einem Rohr.

    Wann (und wo?) war Schweben delikater?
    In der Spannung wird man blass, wie Chrom
    Lehr- und Schüler folgen dem Theater.
    Doch der Stern geniesst sich autonom.

    Hohe Hirnkraft wallt zu diesem Gase.
    Da bestülpt der sachlichste Adept
    Das Gestirn mit einem Stengelglase,
    Darin dottrig etwas Ei verebbt.

    FERDINAND HARDEKOPF

    Cacadoufarbige Butzenscheibenohren rennen um Klumbumbus gelber Stern Bauch quer durch Hund zeilen platzen. Gut. Cacadou wird Butter Jamaika Cognac Stahl wind Tanz Butterweg ist Korkenzieher für infantile Oteros in Säcken Chinesen speien jahrelang nach Petrol. Einer aus Confidence mästet einen Strichpunkt rot. Apoplexie. Drachen­salat, telegraphisch, wie doch. Toréadore de la verte cravatte sous les yeux gâteaux empaillés au bout des fils névralgiques pette pette dit le poète la tribune du cœur et de Genève par excellence pâques. Es ist nicht leicht, Geschwindigkeiten ein gutes Gewissen zu besorgen. Ueberhaupt heftige Seiten. Ist zu kaufen.

    H.A[ARP]W.S[ERNER]T.T[ZARA]

    [Page 11]

    SERVITUDES

    Il a fait nuit hier 
    mais les affiches chantent 
    les arbres s'étirent
    la statue de cire du coiffeur me sourit 
    Défense de cracher 
    Défense de fumer 
    des rayons de soleil dans les mains tu m'as dit 
    Il y a quatorze 

    J'invente des rues inconnues 
    de nouveaux continents fleurissent 
    les journaux paraîtront demain 
    Prenez garde à la peinture 
    J'irai me promener nu et la canne à la main

    PHILIPPE SOUPAULT

    STATUE

    Volupté Déjeuner de soleil
    Je me meurs Salive Sommeil
        Sonnez Matines
    Masque à chloroforme Amour
        je roule de tout mon long.
    Abîme          Au fond
        La descente de lit n'est pas morte
        Elle bouge en chantant très bas
        Panthère Panthère 
    Mon corps n'en finit plus sous les rides
               des draps 
    Un homme à la mer Encre 
    A la dérive

    LOUIS ARAGON

    [Page 12]

    POUR LAFCADIO

    L'avenue en même temps le Gulf Stream
    MAM VIVier

    Ma maîtresse
    prend en bonne part 
    son diminutif Les amis
    sont à l'aise
                   On s'entend

          Greffier
    parlez MA langue MAternelle
          quel ennui l’heure du cher corps
    corps accort
    Jamais je ne gagnerai tant de guerres

    Des combattants
    Qu’importe mes vers le lent train
    L’entrain
    Mieux vaut laisser dire
    qu’André Breton
    receveur de Contributions Indirectes
    s’adonne au collage
    en attendant la retraite

    ANDRE BRETON

    LE DÉLIRE DU FANTASSIN

              à G. de Chirico 

    L'enfant fantôme fend de l'homme
    entre les piliers de pierre: 
    2 PR, son tour de tête. 
    (La tour monte, attention au ciel) 
    Comme il mue, avec sa voix de rogomme
    il effraye à tort ou raison l'orfraie empaillée 
    qu'on ne voit pas à cause de la chaleur, 
                    à cause de la couleur, 
                    à cause de la douleur. 
    Jamais la boule en buis ne pourra retomber 
    sur le bout de bois blanc du bilboquet

    LOUIS ARAGON

    [Page 13]

    CATASTROPHE

    La lumière était artificielle les deux sentiments se sont rencontrés comme deux trains
    Puis les soldats indiens sont passés par dessus
    Puis la terre a recommencé à rouer
    Puis le métro est reparti

    PIERRE ALBERT-BIROT

    À PLUSIEURES VOIX

    (fragment de Tohu)

    Pardon monsieur
    le monsieur c’est une dame
    tous ces gens réunis sur la plus grande place pleurent-ils
    ah que je suis malheureux je n’ai qu’une bouche ne peux en baiser qu’une à la fois
    je suis aveugle pourquoi n’ai-je pas deux yeux comme mon père
    j’ai deux yeux ils ne me servent qu’à pleurer
    je n’ai que deux yeux si j’en avais quatre peut-être verrais-je mieux
    être borgne je pleurerais deux fois moins
    la lumière ne parcourt que trois cent mille kilomètres à la seconde quand elle arrivera dans ce pays je serai mort depuis longtemps hélas je ne verrais pas clair la lumière sera pour mes enfants
    peut-être si je tue ma sœur j’aurais sa tranche de soleil
    S  S  S    JA       RRIVE
    ph ph brusque éclairage de phare puissant
    ô ma femme si laide je la croyais belle elle s’est sauvée en me voyant
    vite des canons
    que la lumière fait mal aux yeux
    au se
    secours il vient nous assassiner avec cela qu’il veut nous faire croire être de la lumière que vient-il faire ici il faut le tuer, il n’est pas de notre pays ;

    RAYMOND RADIGUET

    [Page 15]

    LETZTE LOCKERUNG MANIFEST

    1.
    Um einen Feuerball rast eine Kotkugel, auf der Damenseidenstrümpfe verkauft und Gauguins geschätzt werden. Ein fürwahr überaus betrüblicher Aspekt, der aber immerhin ein wenig unterschiedlich ist: Seidenstrümpfe können be—griffen werden, Gauguins nicht. (Bernheim als prestigieuser Biologe zu imaginieren.) Die tausend Kleingehirn-Rastas ernbêtantester Observanz, welche erigierten Bourgeois-Zeigefingern Feuilletonspalten servieren (o pastoses Gepinkel!), um Geldflüsse zu lockern, haben dieserhalb Verwahrlosungen angerichtet, die noch heute manche Dame zu kurz kommen lassen. (Man reflektiere drei Minuten über die Psychose schlecht behandelter Optik; klinisches Symptom, primär: Unterschätzung der Seidenstrümpfe; sekundär: Verdauungsbeschwerden.)

    2.
    Was dürfte das erste Gehirn, das auf den Globus geriet, getan haben? Vermutlich erstaunte es über seine Anwesenheit und wusste mit sich und dem schmutzigen Vehikel unter seinen Füssen nichts anzufangen. Inzwischen hat man sich an das Gehirn gewöhnt, indem man es so unwichtig nimmt, dass man es nicht einmal ignoriert, aus sich einen Rasta gemacht (zu unterst: schwärzlicher Pole; zu oberst: etwa Senatspräsident) und aus der mit Unrecht so beliebten Natur eine Kulisse für ein wahrhaftig sehr starkes Stück. Dieser zweifellos nicht sonderlich heroische Ausweg aus einem immer noch nicht weidlich genug gewürdigten Dilemma ist zwar vollends reizlos geworden, seit er so völlig absehbar ist (wie infantil ist eine Personenwage!), aber eben deshalb sehr geeignet, gewisse Prozeduren vorzunehmen.

    3.
    Auch einem Lokomotivführer fällt es jährlich wenigstens einmaI ein, dass seine Beziehungen zur Lokomotive durchaus nicht zwingend sind und dass er von seinem Ehgespons nicht viel mehr weiss als nach jener warmen Nacht im Bois. (Hatte ich La Villette genannt oder die Theresienwiese, so wären beide Beziehungen gänzlich illusorisch. Fingerzeig für Habilitanten: „Ueber topographische Anatomie, psychischen Luftwechsel und Verwandtes“.) Im Hotel Ronceroy oder in Picadilly kommt es hingegen bereits vor, dass es verteufelt unklar wird, warum man jetzt gerade auf seine Hand glotzt und tiriliert, sich kratzen hört und seinen Speichel liebt. Diesem scheinbar so friedlichen Exempel ist die Möglichkeit, dass das penetrante Gefühl der Langeweile zu einem Gedanken über ihre Ursache sich emporturnt, am dicksten. Solch ein lieblicher Moment arrangiert den Desperado (o was für ein Süsser!), der als Prophet, Künstler, Anarchist, Staatsmann etc., kurz als Rasta Unfug treibt.

    4.
    Napoleon, ein doch wirklich tüchtiger Junge, behauptete unverantwortlicher Weise, der wahre Beruf des Menschen sei, den Acker zu bestellen. Wieso? Fiel ein Pflug vom Himmel? Aber  e t w a s  hat der homo doch mitbekommen, supponiere ich mir eine liebesunterernährte Damenstimme. Nun, jedenfalls nicht das Ackern; und Kräuter und Früchte sind schliesslich auch schon damals dagewesen. (Bitte hier bei den deutschen Biogeneten nachzulesen, warum ich Unrecht habe. Es wird jedoch sehr langweilen. Deshalb habe ich recht.) Letzthin also: auch Napoleon, der ansonsten sehr erfreulich frische Hemmungslosigkeiten äusserte, war streckenweise Stimmungsathlet. Schade. Sehr schade.  

    5.
    A l l e s  ist nämlich rastaquèresk, meine lieben Leute. Jeder ist (mehr oder weniger) ein überaus luftiges Gebilde, dieu merci. (Nur nebenbei: meine Gunst dem Tüchtigen, der mir nachweist, dass etwas letztlich  n i c h t  willkürlich als Norm herumspritzt!) Anders würde übrigens ein epidemisches Krepieren anheben, Diagnose: rabiate Langeweile; oder: panische Resignation; oder: transzendentales Ressentiment etc. (Kann, beliebig fortgesetzt, zum Register sämtlicher unbegabter Zustände erhoben werden!) Der jeweilige landläufige Etat der bewohnten Erdoberfläche ist deshalb lediglich das folgerichtige Resultat einer unerträglich gewordenen Langeweile. Langeweile: nur als harmlosestes Wort! Jeder suche sich die ihm schmackhafteste Vokabel für seine Minderwertigkeit! (Herziges Sujet für ein scharfes Pfänderspiel!)

    6.
    Es ist allgemein bekannt, dass ein Hund keine Hängematte ist; weniger, dass ohne diese zarte Hypothese Malern die Schmierfaust herunterfiele; und überhaupt nicht, dass Interjektionen am treffendsten sind: Weltanschauungen sind Vokabelmischungen... 

    [Page 16]

    Sapristi, hier muss die Prozedur ein wenig erweitert werden. (Kleines Bild: Ieichte Kraneotomie!) Nun: alle Stilisten sind nicht einmal Esel. Denn Stil ist mir eine Verlegenheitsgeste wildester Struktur. Und da Verlegenheit (nach kurzer Beschlafung) sich als perfekteste Reue über sich selber entschält, ist merkbar, dass die Stilisten aus Besorgnis, für Esel gehalten zu werden, sich um vieles schlechter als diese benehmen. (Esel haben nämlich zwei weitaus überragende Eigenschaften: sie sind störrisch und faul.) Der Unterschied zwischen Paul Oskar Hoeker, Dostojewskiy, Roda-Roda und Wedekind blaut daher lediglich in der Contenance innerhalb der besagten Verlegenheitsgeste. Ob einer in richtig funktionierenden Trochäen oder sonstwie bilderstrotzend (alle Bilder sind plausibel!) oder sozusagen naturalistisch mir vorsäuselt. dass ihm übel war, und, seit er es schwarz auf weiss hat, besser wurde, oder, dass ihm zwar wohl war (schau, schau l), aber übel wurde, als er das nicht mehr begriff (teremtete!): es ist immer dieselbe untereselhafte Anstrengung, aus der Verlegenheit sich ziehen zu wollen, indem man sie (stilisierend, ogottogotto) — gestaltet. Grässliches Wort! Das heisst: aus dem Leben, das unwahrscheinlich ist bis in die Fingerspitzen, etwas Wahrscheinliches machen! Ueber dieses Chaos von Dreck und Rätsel einen erlösenden Himmel stülpen! Den Menschenmist ordnend durchduften! Ich dankeI... Gibt es ein idiotischeres Bild als einen (puh!) genial stilisierenden Kopf, der bei dieser Beschäftigung mit sich selbst kokettiert? (Nur nebenbei: 10 centimes dem Kühnen, der mir nachweist, dass das Kokettieren bei Ethbolden nicht stattfindet!) O über die so überheitere Verlegenheit, die mit einer Verbeugung vor sich selber endet! Deshalb (dieser stilisierten Krümmnng wegen) werden Philosophien und Romane erschwitzt, Bilder geschmiert, Plastiken gebosselt, Symphonien hervorgeächzt und Religionen gestartet. Welch ein erschütternder Ehrgeiz, zumal diese eitlen Eseleien durchwegs gründlich (sc. besonders in deutschen Gauen) missglückt Sind. Alles Unfug!

    7.
    Die schönste Landschaft, die ich kenne, ist das Café Barratte bei den Pariser Hallen. Aus zwei Gründen. Ich machte daselbst die Bekanntschaft Germaines, die u.a. zischte: „C'est possible que je serais bonne, si je saurais pourquoi“. Hämisch gestehe ich es ein: ich erblasste vor Freude. Und dann hat in diesem freundlichen Lokal Jean Kartopaïtès, der sonst nur mit Herren ohne Stehkragen sich einliess, den Verkehr mit mir brüsk abgebrochen, weil ich so unvorsichtig war, den Namen Picasso fallen zu lassen. 

    8.
    Ach die lieben weissen Porzellanteller! Denn… Nun denn: ehemals wollte man, was man nicht aussprechen zu können vorgab, also gar nicht hatte, malerisch vermitteln (juchhu! Als ob man auch nur eine Vizekönigin fein säuberlich abkonterfeien könnte wenn man nicht wüsste, dass sie kein Fauteuil ist. Siehe Hangematte!) Wohin diese Sudelburschen geraten würden, wenn sie aufhörten, Oelphotos zu wichsen, war somit längst vorabzulächeln. (Hinter die Ohren: mehr Mädchen, bitte, mehr Mädchen) Aber die Impressionen! Nun, w a s ist erreicht, wenn man nach heftigem Blinzeln sich zurechtbauen kann, dass jener Kartoffelvertilger auch nur eine Kuhe ersah, aber erst so sich vorzublähen vermochte, dass es  s e i n e  Kuhe gewesen sei, eine ganz besondere Kuhe, kurz:  d i e  Kuh  u n d  erlösend ? (teremtete!) Aber die Expressionen! Haho:  w a s  ist erreicht, wenn man gefixt sieht, was ein Adjektiv leistet, und, da es auch diesem bisher missglückt ist, orientierend zu wirken, also noch ungemalt schon missglückt wäre? Aber die Cubisten, die Futuristen! Hoppla: die Champions dieser geradezu ultraviolett missglückten Pinselritte liessen zwar ausblasen, sie würden die (puh !) — liberatio gleichsam von der hohen Stilschaukel herab landen (Trapezritt! Trapezritt! Etwa so: ‚Wir werden diese Verlegenheit schon schaukeln!‘), erreichten aber nicht nur, dass nicht einmal ein Chignon ins Schaukeln geriet, sondern vielmehr gerade die wildesten Esel in geregeltem Trapp arrivierten (O wurfbesprungener Sagot! etc. pp. pp.) Unfug! Unfug! 

    9.
    Das unter 8 im Grunde bereits für schlecht Erwachsene geredet: Fibelhaftes, ausserordentlich Fibelhaftes! Immerhin noch zur Vorsicht zu notieren, meine Kleinen: 

    a.  Plastik: sehr unhantliches Spielzeug, verschärft durch rnetaphysischen Augenaufschlag.
    b.  Musike: Pantopon- oder Sexualersatz. (Längst unterfibelhaft I)
    c.  Lyrik: ein Knabe befindet sich in der Klemme. Rezept: frage ihn, von welcher er träumt, und du kannst ihm sagen, mit welcher er nicht geschlafen hat. (Selbstverständlich befindet man sich stets in der Klemm; in der c-Klemme aber hat man sich denn doch nicht mehr zu befinden!)
    d.  Roman und so: die Herren reden wie am Spiess oder neuerdings überhaupt nicht mehr. Noch ein wenig Schweiss und die Sache glückt: Belletristik! (Am Spiess befindet man sich gar oft. Aber ein Samuel Fischer-Band ist ein zu zeit­raubendes Mittel, die Luftlinie Syrakus-Butterbrot-Zentralheizung herzustellen.)

    In summa, meine Kleinen: die Kunst war eine Kinderkrankheit.

    [Page 17]

    10.
    hat man nie einen Gedanken. Bestenfalls tut der Gedanke so, als ob. (Immer aber sein Einherredner !) Jedes Wort ist eine Blamage, wohlgemerkt. Man blast immer nur Sätze zirkusähnlichsten Schwunges über eine Kettenbrücke (oder auch: Schlüchte, Pflanzen, Betten). Günstiger Vorschlag: man figuriere sich vor dem Einschlafen mit heftigster DeutIichkeit den psychischen Endzustand eines Selbsttöters, der durch eine Kugel sich endlich Selbstbewusstsein einloten will. Es gelingt aber nur, wenn man sich zuvor blamiert. Schwer blamiert. Entsetzlich blamiert. Ganz masslos blamiert. So grauenhaft blamiert, dass alles mitblamiert ist. Dass jeder metaphorisch auf den Hintern fällt. Und niest. 

    11.
    Interjektionnen sind am treffendsten (Ach die lieben weissen Porzellanteller!)... Man muss diese Amphibien und Lurche, die sich für zu gut halten, Esel zu sein, zur Raison bringen, indem man sie ihnen austreibt ! Auspeitscht ! Man muss dieses schauderhafte, überlebensgrosse Ansichtskartenblau, das diese trüben Rastas an den He- Ho- Hu- Ha- (wie bitte?) Himmel hinaufgelogen haben, herunterfetzen I Man muss sein Haupt zag, aber sicher an das des Nachbarn titschen wie an ein faules Ei (gut gut.) Man muss das gänzlich Unbeschreibliche, das durchaus Unaussprechbare so unerträglich nah heranbrüllen, dass kein Hund länger so gescheit daherleben möchte, sondern viel dümmer! Dass alles den Verstand verlieren und ihren Kopf wiederbekommen ! Man muss ihnen die Pfannkuchen, die Bibelsprüche, die Mädchenbusen, die Prozente, die Gauguins, die Rotztücher, die Strumpfbänder, die Schnäpse, die Abortdeckel, die Westen. die Wanzen, all das Zeugs, das sie gleichzeitig denken, tun und wälzen, so scharf hinter einander vor den Kinnbogen schieben, dass ihnen endlich so wohl wird, wie ihnen bislang bloss schwappig war. Man muss. Man muss eben. Teremtete !

    12.
    Damenseidenstrümpfe sind unschätzbar. Eine Vizekönigin  i s t  ein Fauteuil. Weltanschauungen sind Vokabelmischungen. Ein Hund  i s t  eine Hängematte. L'art est mort. Vive Dada!

    WALTER SERNER

    RIESENPROGRAMM SCHLAGER AUF SCHLAGER EINZIG IN SEINER ART

    Seit der Paula Gogol eine Chaiselongue geschenkt wurde, hat sie sich selbständig gemacht, man kann also wieder bei ihr verkehren. Rilla-Rilla, dem diese Repetition legiert wird, hat für Quatrupethasen, Hoxschwipplinge und andere Geistportiers einen grün angestrichenen Stall errichtet, er soll ihn doch nur halbjährig, es riecht und überhaupt schreibt man Meidner mit zwei q. Sich ein Perpetuum-mobile-Trumeau anschaffen, gut, über einen grösseren Posten Waschblau verfügen, besser, aber Mme lchak, weshalb tragen Sie die rote Fahne von Lugano nicht mehr, die Robe war so so, nun dieser Faltenwurf und jener Beistrich in der Via Nassa, am besten. (de) Fiori hat sich endgültig von der Rosa Bonheur befreit und er malt auch schon fast so wie Waldmüller in seinen besten Jahren, in Mannheim tut Lederer Moritz Herr Schreibübungen, sicherlich das Antlitz gen Osten so gewendet. dass der Glawatsch an der blauen Donau sein eigenes Wort nicht versteht, der Abonnementspreis der „Gartenlaube“ aber ist doch wieder der vor dem Krieg, man versteht also nicht, wieso. Hulsenbeck kann natürlich nicht so viel Stahllaute von sich geben, wie es im Sinne der Erhaltung gewisser dünnster Erträglichkeiten in Berlin erforderlich wäre, es gibt jedoch Knallbonbons und den Inseratenteil des „Forum“ und ein Telefongespräch mit Gustl Pufke, Puttkammerstrasse 6/1111 ist auch etwas Warenhausaufträge übernimmt Golliwan, ein vornehmer Breslauer, der gegenwärtig in den wildzerklüfteten Bergen des Tessin die Ansicht vertritt, dass „Ave Liebknecht“ nicht so feschsel wie „Ave Liebesknecht“, da schaugst, Pfemfert, Sie sollten längst dem schmatzlauten Rubiner nicht alles geglaubt haben, Maccus +31. Lesen Sie das Hirngeschwür (Verlag Mouvement Dada), der Friede ist aus.

    [WALTER] SERNER

    [Page 18]

    LE COQ FOU

    Un bienheureux flottant dans la mer des Sargasses
    Napoléon aux îles malaises
    Sémiramis au bal de l'Élysée
    Cuisinière amoureuse d'un poteau télégraphique
    Ne connaît ni neuf heures ni minuit ni l'aurore
    Ignore le lieu précédent
    Cantharide
    Éléphant punique
    Moteur coccinelle
    Plésiosaure mitrailleuse nourrice
    Descente de lit pour pieds de jeune mariée
    Ses yeux sont montés sur tourniquet à courroie
            sympathie générale
    Estomac acide
    Moitié de vieille hottentote
    Sirius
    Froid du fond du ciel
    Eunuque à râtelier d'ébonite
    Ver luisant Kant ragoût niçois
    Girafe érudite
    Île des Singes potiron Ramsès
    Ursule
    Asphodèle prépuce hibou chauffeur de taxi
    Astaroth
    Pou
    Sous l'aisselle qui le ramène à la basse cour
    Il découvre l'odeur de l'homme et l'univers sans
               changement
    Roulette 37
    Amant d'une pintade
    Retour ivre
    Mais coq seule soumission fatale et symbolique
    Et tandis que les choisies ébrouent leur duvet
    Dieu à bicyclette

    G[EORGES] RIBEMONT-DESSAIGNE

    [Page 19]

    GAMBIT DE LA REINE

    Certains oiseaux atteignent une longévité remarquable; tels sont l'aigle, le corbeau, et surtout le cygne. Plus longue encore est la vie des animaux sauvages, surtout des espèces de grande taille. Les éléphants vivent plusieurs siècles. L'homme animal domestique atteint une moyenne de 35 à 40 ans.

    Quant à la vie des hommes illustres,
    empreinte au hasard des mots
         les plus beaux 
    arithmétique des sommets 
    seconde vue vulgaire 
    capitonné après boire
    j'attends un frère 
    pour l'espoir rebellion 
    des étoffes de bienséance 
    l'essor est proche de la prison 
    métal virage brillant 
    comme les étoiles. 
    Désarticulation sans aménité 
    outil colorié du plaisir des muscles
    en fonction de sacerdoce 
              des chimères proches 
    des maisons à vocation louche.
    Impossible d'échapper au symbolisme
    photographe démodé —
    hypnotisé par la douceur des bonbons
             à la saccarine. 
    Parmi les espèces les plus répandues
    la locomotive prise en écharpe
    échange des propos fort vifs
    réputation vierge 
    des chapeaux garnis 
    qui mènent joyeuse vie 
    sans vider la volaille 
    le différent 
            ou 
    les étriers

    GABRIELLE BUFFET
    Zurich Février 1919

    [Page 20]

    les poésis de arp          génie + cacadou = pyramide, les mégaphones s'élèvent pour hurler la naissance, voilà 20 années que les mégaphones brûlent la veine poétique de arp, voilà oho ! et voilà hihi : et voilà dada heureux de publier pour la première fois ces caillous allumettesétoilesfilantes trompettes de sang glaces quenouille d'étoiles filantes du plus grand poète du plus extraordinaire animal pendant que le gulf-stream prend une autre direction et les glaciers ont des accouchement de soleils par joie

    TR[ISTAN] TZ[ARA]

    AUS DIE WOLKENPUMPE

    [sur deux colonnes]

    sankt ziegenzack springt aus demn ei
    rumsdiebums das gigerltum 
    vergissmeinnicht rollt um den stuhl
    glocke schlägt nur eins und zwei

    abgrund öffnet sich mit macht
    stern rollt an den schönen mund
    tauiger hase hängt am berg
    in den steinen ist schöne nacht

    sankt fassanbass springt aus dem ei
    rumsdiebums die liegenschaft
    vergissmeinnicht rollt um den stuhl
    glocke schlägt nur eins und zwei 

    weh unser guter kaspar ist tot wer trägt nun die brennende fahne im zopf wer dreht die kaffeemühle wer lockt das idyllische reh auf dem meer verwirrte er die schiffe mit dem wörtchen parapluie und die winde nannte er bienenvater weh weh weh unser guter kaspar ist tot heiliger bimbam kaspar ist tot die heufische klappern in den glocken wenn man seinen vornamen ausspricht darum seufze ich weiter kaspar kaspar kaspar warum bist du ein stern geworden oder eine kette aus wasser an einem heissen wirbelwind oder ein euter aus schwarzem licht, oder ein durchsichtiger ziegel an der stöhnenden trommel des felsigen wesens jetzt vertrocknen unsere scheitel und sohlen und die feen liegen halbverkohlt auf den scheiterhaufen jetzt donnert hinter der sonne die schwarze kegelbahn und keiner zieht mehr die kompasse und die rider der schiebkarren auf wer isst nun mit der ratte am einsamen tisch wer verjagt den teufel wenn er die pferde verführen will wer erklärt uns die monogramme in den sternen seine büste wird die kamine aller wahrhaft edlen menschen zieren doch das ist kein trost und schnupftabak für einen totenkopf

    fur gigimann 

    das totem der hefenden tiere erfüllt sich und wird die bahn der automobilen vögel gestört so verstummt das ländliche salem alaikum gummi arabikum und das schiff der wüste zerbricht demnach bebrüten meine augen meine augen im spiegel sattelt die orgei schraubt die todesseufzerschläuche an lasst die spaniolischen klapperbretter los schnallt die windzylinder an die wolken zieht die dampfsirenen und hammerwerke in euern sogenannten tiefen auf und werft die beschriebenen schiefertafeln in die singende flamme des nichts denn a denn o in euren zellen rufen schwärende vögel an euren rinden äsen spitzfindige sterne und euere kinder verwandeln sich in schiffumklammernde medusen die grosse nymphe aber hat keinen sockel oder doppelten boden in einer eventuellen arche wird sie bestimmt mitgeführt werden sie heisst klumbumbus und kommt auf einem meervelo dahergefahren an jedem schwanz hat sie eine poltertreppe und an der rosigen mündung ihres darmes trillern kolibris ich aber kenne meine pappendeckeleimer und warne euch in euren herzen das uhrwerk der fische aufzuziehen auf euren singenden zungen schwalben zu nageln und särge und grabkammern wie eier auszublasen denn eure schwestern leben unter uns als enten mägde bräute luftballons und schwenken in ihren zierlichen händen kleine gläser voll sonnen 

    [Page 21]

    eolsharfe

    vor den kunkelstuben jagen die löwen spinnen und prinzen ungeheuer aus salz und blumen die spinnen jagen die prinzen die prinzen gleiten die jagenden löwen in blumen die spinnen jagen die spinnerinnen die löwen sind ungeheuer die spinnen sind ans salz die prinzen sind blumen 

    die edelfrau pumpt feierlich wolken in säcke aus leder und stein lautlos winden riesenkräne trillernde lerchen in den himmel die sandtürme sind mit wattepuppen verstopft in den schleusen stauen sich ammonshörner diskusse und mühlsteine die schiffe heissen hans und grete und fahren ahnungslos weiter der drachen trägt die inschrift kunigundula und wird an der leine geführt den städten sind die füsse abgesägt den kirchtürmen nur volle bewegungsfreiheit in den kellern gegeben, darum sind wir auch nicht verpflichtet die krallen hörner und wetterfahnen zu putzen 

    es sei höchste zeit augustinus sperr den riegel vor den springbrunnen dann das brennende dorf zuckt an der kette dann der bogenschütz trifft das herz der kukuksuhr dann der reife löwe sringt mit rosen im maul auf den tisch hats geeichte vulkane so kiafftern eremiten darin hats fliessende vögel so beginnt das interregnum zwar wächst kukuk und füllt den wald aus und aus dem kraal bricht es mit brennenden flammen viel rote zahn: und laufhufen singen innerlichst mit glocken stürzt nackt und wimmernd ohne windel auf den sternigen boden mit weichen kugeligen köpfen und wasserstecken welcher ist gestiegen wie der sonne aufgang in seinem kleinen finger

    das nackte körperlein in tauwannen spürt die kühlen schleifen der brünnen in ihren grünen himmeln über den hügelketten lautlos poltern vögel zu häupten den grossen heimzug der sterne in weiten schleiern wie himmlische bräute zur tiefe spüren und spielen geweihe steigen mit tätowierten schiffsrümpfen aus inkunabeln da ist ein pegel eine glokenspeis melke bienen säe hasen und stürz aus den obengrünfrischen weiden die schwalbenschwänze und heidnischen schreie

    und spitzen die flammen und den schu von dem vogel hats gerufen und tanz und glasseilen nicht um die rundung der erde muss augen anzünden mit schwarzen kübeln nasen drachen wegweisern stangen nebst leitern auf dem federbuckel voll klingei klager klapperbreft da kommt dr stimmer wir wöllen nimi singen noch trumbei kommt auch ein seraphinmanner riecht nach violet als hat er in einem fadendünnen dunkeln pumpbrunnen gelegen und hat jedes haar durch ein kubismatisches goldklötzlein gezogen dann trifft er mit dem kopfbrust das spatzbrett dann fällt die nachtleiter um und sprizt grillenaugen lichtstöcke und sonnenkugeln 

    aus karaffen bläst der schwarzgefärbte weltgeist gleicher windsbeinen ist ausgespannt wie flosse und flügel in wasser und luft class er sich vermaledeit verweser jongleurer selner knochenstangen wattebrücken der früchte der vögel über himmel rollt und steuersteine wie eine orgel dreht also steigen wir aus ihm kein haschen hat uns mehr und messen zwölf scheffel schatten drei ellen eulen und sind fadentief rosengrass er hat den schwan verführt er hat die wasserscheide umgestellt er macht kein blumen noch federlesens er trägt ein fässchen aus glas 

    sein kinderhut tanzt um die sonne in seiner koje gurren tauben auf dem lichtstrahl aus seiner nase steigen spielbälle und entkettete falken und mit vernehmbaren donnern rollt mutter natur ans dem tannenbaum wagfass aus dem atlas gelöscht mit verhirschtent ast und hüpft auf die schwebebahn der vögel und gurrt in dem hohlen stern gegen das pendel wanderungen und glockenspeiseliedlein ankert mit luft und glocken am kühlen rand siner quellen hebts kelchlin hin und her und treuert und bekünnt sini wis und immer mehr zeit und hat doch keine zeiger auf viel zeit noch das ticken der tiere noch den wechsel der stunden und särge 

    die könige kämmen wälder zucken bezechte vögel und reiten verschont auf eisernen spazierstöcken in die thermen die wachsenden tiere tanzen auf gläsernen koturnen die stämme messen sich ihre vögel an die gegeisselten vögel verbluten im säulenhof 

    die füsse springen wie böcke in ihr zelt peitschen knallen und aus den bergen kommen die schwer gescheitelten schatten der hitten schwarze eier und narrenschellen stürzen von den bäumen gewitter pauken und trommeln besprigen die ohren, des esels flügel streifen blumen quellen regen sich in den augen der eber

    [HANS] ARP

    [Page 24]

    EIN GEBURTSTAGSGESANG FÜR BIJO BERRY Z. Z. INTERNIERT

    Hé du riesengross in der verwaschenen Weste 
    mit dem feisten Gesicht Spitzbauch glänzend frisiert 
    an deinen Lippen hängen die Huren mit bittenden Händen 
    du stahlst den Brilliant aus vergittertem Fenster 
    mit sicherem Griff wie eine Hebamme das Kind greift 
    auf Galeeren und Dschunken durchkreuzt man das Meer 
    Dampfer pfeift Wolke grüsst aber in Monte Bello 
    im Hotel auf der Terrasse trafst du den Mädchenhändler Franz 
    eins zwei der Revolver knallt sinnlos u. das grosse Tier 
    wie es brüllt aus seinem riesigen Rachen Karussells speit es aus 
    Städte hé sehen sie die Freiheitsstatue in der Nacht 
    denkst du einsamer Freund im Singsing an die Kokotte Margot 
    auf der Rutschbahn in Fritzis-island rutschtest du sanft dahin 
    mädchenweich und semmelblond deine Seele jeder Kirche geneigt 
    aber plötzlicher Katarakt donnert nah der Pullmanwagen 
    ist ganz besetzt auch in den Abteilen für colored people 
    ist kein Platz dazu ist man dicht auf deiner Fährte 
    hé hé mehr Rhytmus in euren Bauch verdammtes Gesindel 
    Kiefer zerplatzt Schornsteine her her mit den Leichenwagen 
    es ist eine Lust zu leben noch zehn Minuten bis Frisco 
    aber das Auto damfpt am Quai Hunde beissen sich fest 
    du einsamer Freund im Singsing Margot will ich grüßen 
    die Kokotte aus der Norfolk-Bar mit den rötlich leuchtenden Schenkeln 
    und eine Blume leg ich auf das Grab der Mulattin Tara 
    die den Kautschu-Hieb hinfahren ließ ins Land der Traüme 

    RICHARD HUELSENBECK

    [rotation de 90° vers la gauche]

    LETZTE NACHRICHTEN AUS DEUTSCHLAND

    Berlin ist der football einer herkömmlichen Jugend, die in hypothetischer Form das Sechstagerennen (match Groß-Herzfelde-Ruest-Mynona) jeden Sonnabend mit dem Erscheinen eines senilen Glotzauges praktisch bestirnert. Theodor Däubler ist zur Volksmarinedivision gegangen. Maximilian Harden und Herwarth Walden empfehlen sich als Verlobte. Der Oberdada verkündet die Weltrepublik Nikolassee. 

    Weimar existiert nicht mehr, es ist an seiner Stele nur mehr ein Riesenphonographenwalzenlager für Aussprüche von Schiller und Goethe. 

    München ist die Gegend des Ararat und des Volksbildes von Schrimpf: nicht so, aber so! Goltz ist Depot für die Veröffentlichungen der Dadaisten; er will dies aber geheim halten. Mühsam, Landauer und Toller bemühen sich, Abel auf die Bühne des Soldaten- und Arbeiterratstheater zu bringen.

    Dresden heisst eigentlich Hellerau, nach seinem Begründer und Herrscher Paul Nämlich, genannt Adler Elohim. Dieser Meister der Weltlitteratur hat sich einem Comité zur Sitzung über den geistigen Manasse republikanisch beschlafen lassen. Es ist ein dernokratisch-pharisäischer Wechselbalg geboren worden der hinwiederum in der Gegend der Gesellschaft zur Erhaltung des Weines von 1914 und der Kirche zuhause sein will. Hugo Zehder schwitzt eine Zeitschrift nachi der andern aus. In der Nähe von Hellerau, Klotzsche, ist der junge felixmüller geboren, er halt sich für einen Menschen, ist aber nur ein Montagsblatt.

    Spreewald. Der Unterarzt Richard Huelsenbeck im Verlag Roland Meyer hat durch die Amme Kurt Hiller eine märchenhafte Geldsumme für seine Leistungen im Verein geistiger Kopfarbeiter überwiesen erhalten, er ist aber bescheiden genug, sich der Annahme dieses Geldes durch Unauffindbarkeit seines tätiigen Gelstes zu entziehen. 

    Für das übrige Deutschland: die kommunistische Bewegung ist beinahe ganz eingedämmt, da jeder Deutsche mit der Herausgabe seiner eigenen Zeitung beschäftigt ist. Lebensmittel unnütz, aile schlucken Druckerschwärze. 

    R[AOUL] HAUSMANN 

    [Page 25]

    GEGEN OHNE FÜR DADA

    ? ! Dada ! ! — Niemand gehört dazu ! ? — Daß wir doch dazu gehören …

    Der mangelnde glaube an jede Zusammengehörigkeit, den wir Ihrer: „Gesellschaftsform“ (oh Staat) verdanken — ihrer „Gemeinschaft“; die uns verpflichtet, sich in jeder Form davon zu unterscheiden, war das Zwangsmittel zur Bildung dieses mondsteinfarbenen Dada —

    Die Verpflichtung, die wir ihnen gegenüber damit übernahmen, das Bekenntnis „Zu etwas zu gehören“, ist ein Irrtum, den Sie sich selbst zu verdanken haben.

    Unsere Gemeinsamkeit (die Gemeinsamkeit nebenbei derer, die sich sauber achten) in einer Säure von leicht pathetischer oder grauer Verzweiflung ... echter Haltung, liegt ganz außerhalb der Gruppe, des Mouvement der Zeitschrift Dada. Auf der Nachstufe einer Weltanschauung ist das Jonglieren mit seinen eigenen Gebeinen unter Einschluß der Gedärme das geeignete Verständigungsmittel.

    Die Herren da, sind im Schwung da ... Dada ... Die seelische Verteidigungsformel auf Unvorhergesehenes.

    Wir reiten auf den Kurven einer Melodie und schwingen wohl beim Übertakt in Überschwang breit, lang, gereimt, bang, oder auch in Politik (oh schöne Ernsthaftigkeit — unvergleichliche Bewunderung Deinem Mienenspiel).

    Umst, Umst (?) ist nicht nur nicht dagewesen, es ist auch unmöglich, daß es da ist, Dada ist es. Das ist Sterndeuterei und fällt mir beim einschlafen ein. — Oh kompromittiertes Dada. Während die Assoziationen durch die Gitterstäbe witschen, gelingt uns kein Geschäft. (Apotheose auf Dada)

    Nehmen wir das Wunder! Dada? — Dada!… Versuchen wir über jede Umkehrung hinweg einen Sprung in die Form, komponieren wir aus gut verdaulichem Salat Eisenbahnfahrkarten und dem allermomentansten Reflex eine Melodie mit dem gelegentlichen Takt aller Zufälle der Seelenkreuzungen.

    Bitte wollen Sie Glück?

    Voilà, diesmal aber wirklich, ohne es jemandem zu stehlen? Nehmen Sie diese Mischung (Salat, Eisenbahn, Reflex — Sie wissen ja ! !)

    Wenn Sie statt dessen das Wunder wollen —— sehen wollen? Wir vermieten das Wunder. Nur (Pardon) brauchen wir andere Voraussetzungen dazu als Ihre „Ernsthaftigkeit“ ! (Applaus) Kein Versehen! Man macht mit „Ernst“ gute Geschäfte, Krieg, Kinder und Grausamkeit, was noch? Tzara —— Dada, dressiert das Wunder (keine Superiorität, wir auch); nicht, daß er es an der Leine hätte. — Das würden sich die Wunder wundern — aber er beschmeisst alles Un-Wunder mit soviel „Dreckausehrlichgekneteterüberzeugung“, dass dem Wunder ein gewisses persönliches Verhältnis zu ihm nicht erspart bleibt (oh, cher Wolkenpumper).

    Fluch auf Dada. (Wir übermitteln Ihnen diese Formel), daß es unserer direkten Berührung mit dem Wunder im Wege steht. Einen Pfiff lang Unglauben — des Kommenden schon geborenen. Serners Kopf als Blütenknolle in reifstem Gehirnschoß eines Luftballons aus Eiter, den er sich selbst aus seiner postlagernd zu erhebenden Verzweiflung abgemolken hat. — Versichern Sie sich bei Ihrer Weltanschauungsversicherungsgesellschaft auf Ehrenwort gegen die Blague, gegen den Eiter. Sonst wird alles aus Ihnen herausbrechen, unmerkbar.
    Lassen Sie mich in der Geste mit der Geste die Geste verunglücken, mit der ich mich von Ihnen loskribble.

    Kein Verdacht! es sollte etwas gelingen, was Ihnen entspräche und Ihnen Stellung zu dem erleichterte, was Sie keineswegs billigen sollen.

    Billig! so billig hat uns das Schicksal gekauft, daß wir mit dem herrlichen Recht der Verzinsung rechnen dürfen. (Hollah!) Wir werden Ihnen teuer zu stehen kommen.

    HANS RICHTER

    [Page 26]

    [Sur deux colonnes]

    LIVRES NOTES REVUES DIVERSITÉS DIVERTISSANTES

    Francis Picabia : Exposition au Kunsthaus (Zurich)
    « L’Athlète des Pompes funèbres » Fr. 2.50
    « Rateliers Platoniques » Fr. 4
    En vente au Mouvement Dada.

    Pour détruire, le sang créateur prend force du geyser, et la vitalité collective, non zoologique, s’annonce, sténographiée sur le piano des isthmes anti-artistiques. En peinture Picabia a détruit la « beauté » et construit avec les restes — carton — argent — l’oiseau du mécanisme éternel cerveau en étroits rapports avec la qualité des machines. Fonctions. Pas seulement fabrique ou expression du temps — la naturelle simplicité d’une notation immédiate avec les moyens personnels — ici la pureté de ses œuvres. Romantisme est l’exaspération descriptive du ruisseau, plante, auto, ou la tendresse de regarder ; — le dégoût des systèmes vus mène Picabia aux claires réalités de la sobriété (il trouve ses organes dans le règne des machines, et reste tranquillité) — l’extériorisation immédiate est le moindre effort ou la naïveté des moyens.
    La pierre s’exprime par la forme, et parfois la luminosité des facettes, — vibration de l’air parcouru. Je hais le nature. Picabia n’aime pas le métier. Ses poèmes n’ont pas de fin, ses proses ne commencent jamais. Il écrit sans travailler, présente sa personnalité, ne contrôle pas ses sensations. Pousse dans le chair des organismes. Ni la stabilité du mot ni la musique ne prédomine et je glisse sur ses phrases en harmonie souterraine. Picabia éclaircit la rotation des réalités et du mistère et réduit les importances ou les prétentions à l’égalité relative de la formation cosmique — tue la déclamation le pathos hystériques sur les petits chemins qu’on trouve encore partout.

    H. Arp : Exposition au Kunsthaus (Zurich).
    Ayant abouti à serrer l’infini des lignes parallèles et la sobriété des superpositions savantes, bouscula son art comme une explosion à mille branches dont la richesse de formes et d’allusions se groupe merveilleusement en une simple unité végétale.

    Pierre Reverdy : « Les ardoises du toit » Fr. 6
    avec dessins de Braque 
    « Les jockeys camouflés » Fr. 10
    avec dessins de Matisse. 

    Nous avons dit (Dada 2) dans quelle mesure l’art psychologique anestésie le mouvement qui est parfois littéraire, et la balance que le Voleur de Talan établit vers l’esprit cosmique. Les ardoises du toit marquent encore un état d’équilibre, sensibilité spécialisée sur les athmosphères douces chaudes (à travers l’élégance, la fin inattendue, qualités soignées et appréciables) et ce sont décidément Les Jockeys Camouflés où Reverdy réalise l’état personnel maximum de liberté : s’arrêter brusquement et dénouer le roulement d’un autre bout, entasser les images, dissiper la brume inconstante, travailler la matière sousmarine du lecteur, secousses à tout degré dimension niveau et prix, la poésie n’est certainement pas sérum névrosthénique. Reverdy se penche de plus en plus attentivement vers LA CERTITUDE PRÉCISE LIBRE COSMIQUE

                    (il n’y a pas de lois tout acte nous est permis, employons tous les moyens, chaque élément nous appelle post coïtum exacte fleur de soleil) 

    Mais je regrette beaucoup de constater que les dessins de ce livre, d’un métier brillant, sont trop commodes à l’appréciation des masses, se développent dans les cadres clichés Atelier, n’ont aucun désir d’être remués par les recherches, ce qui n’aurait pas d’importance s’ils étaient plus amusants, mais peut-être ne suis-je qu’un éléphant. C’est vraiment très difficile de comprendre toutes ces sensibilités, et quel artiste peintre serait content de lui dire que la ligne est agréable et que la proportion est une qualité. 

    PROTESTATION

    Le directeur de l’école Pestalozzi de Zurich laissa effacer les 2 grandes peintures murales de Van Rees et Arp, premières œuvres modernes, abstraites, sur les murs d’un grand édifice. Les peintures dataient de 1915. Cet acte de barbarie ne fut que très vaguement condamné par la presse. Nous protestons contre la destruction des œuvres d’art et blâmons la brutalité de ce monsieur appelé à enseigner la morale aux nouvelles générations.

    R. Huelsenbeck : Phantasfische Gebete (Zurich). 3 Fr. 
    Energie et vitesse lancées au-dessus du glacier — courants vertigineux bondissant avec plus de fureur après les obstacles invisibles, effervescence stagnante s’épanouissant énormément en haut, descendant dans les mines, poussant de tous les côtés, combattant toujours et appelant tous les objets, les couleurs, les sentiments, les races, les usines, les animaux, les langues différentes à son aide, — ses compagnons ses témoins. Il jette sa vision du paradis en enfer et réciproquement ; il n’y a rien de saint, tout est essence divine ; de cette souffrance-gymnastique en mouvement de pendule irrégulière (ironie voix profonde fleur sacrilège) qui se ralentit graduellement vers la fin du livre, résonne calme et sérieuse, claire sage passion, la prière finale.
    La représentation du bruit devient parfois réellement, objectivement, bruit — et le grotesque prend les proportions des phrases vites entrecoupées chaotiques. L’esprit bourgeois qui rend les idées applicables et utiles, veut donner à la poésie le rôle invisible et principal moteur de la machine universelle: l’âme pratique. Avec cet aide on rendra le christ aux hommes: l’expressionnisme. De cette manière tout se laisse organiser et fabriquer. On produit liberté fraternité égalité expressionnisme. Huelsenbeck est un des rares qui ont crié et protesté, resta inaccessible aux chemins des pleurnichards en papillons. 

    Futurisme. — Ou apprend dans un prospectus que le Futurisme fut né à Milan, il y a 11 ans. Cette nouvelle école organise 3 expositions qui auront lieu en Italie et la revue Dinamo cherche des abonnés.

    H. Richter : Exposition à la Galerie Wolfsberg (Zurich.)
    Spontanéité. Vent furieux ardent. Saison passionnée des entrelacements sonores et des chutes d’oiseaux puissants dans la chaleur motrice de toutes les vibrations. Échelle mystique de toute transformation de l’esprit : de la folie déchirante au rêve d’un monde en éveil. Musique de la vigueur. Complainte d’insomnie et de douleurs vives. 

    Revues
    Les Jeunes Lettres. trop jolie pour être timide
    charmante pour sentir « jeune ».

    L’Éventail. L’importance de cette revue est grande: La bonne volonté de la rédaction, touchante.

    Atys, revue anglaise paraissant à Rome.

    Les Lettres Parisiennes. Des écrivains sérieux. D’avant-hier.

    L’Evantail chatouille à Genève les joues roses d’une muse par de légers courants d’air la rédaction pense renouveler l’atmosphère artistique et les pages sont blanches et bleues comme les yeux de toutes nos cousines, l’attitude ni froide ni chaude s’appelle capricieuse aventure. A Genève. 

    [Page 27]

    Janvier : Exposition au Kunsthaus (Zurich) de : Arp, Baumann, Giacometti, Janco, Picabia, Bailly, Lüthy, Morach, etc. Nombril astral, pince-nez des nuages. A m o r o s o . Conférences de Flake, Tzara, Janco.

    Février : Exposition Arthur Segal (Wolfsberg, Zurich)

    Mars : Exposition Viking Eggeling

    Avril : Exposition Alice Bailly (Kunsthaus, Zurich). Les fourrures du cubisme, une fantaisie se décidant de se transformer se vaporise en 1000 petits chevaux, des talons pleins de talent, neige à brise-bise, paysage en écaille blanche, liberté liberté et la liberté de la liberté, nous attendons encore le détrônement du Lord Byron, et l’autre liberté, celle du sans-thème du sans sujet, qui feraient avec la joie des couleurs et les vagues de broderie : 50 HP — Acide Alcide acétylène d’Alcibiade. 

    Mars : Mary Wigman — danses (Pfauentheater) Chabotte dans le salon fleuve de paille et la grande boule de sang roule, maboul, la foule dans la fiole qui file dans le coul —
    oir espoir, voir cette dame dans les vents balançoires. Avec exactitude, ici, les oiseaux se saoulent.

    9 Avril : 8ème soirée Dada (Kaufleuten, Zurich). Date à retenir, car on apprit que la vérité ne plaît pas aux spectateurs. La salle était pleine (1000 personnes) et le tumulte commença au manifeste du Dr. Semer, se transforma en psychose qui explique guerres et épidémies. D’autant plus courageux l’acte de Augusto Giacometti et Alice Bailly qui apportèrent à Tzara après le poème simultané à 20 voix, un hommage de 7 mètres de longueur « VIVE DADA ». Eggeling parla sur « L’art Abstrait », Richter « Pour sans et contre Dada », Arp et Huelsenbeck lurent des poèmes, Tzara fut empêché de lire les siens; à la place réservée aux poèmes de Serner, celui-ci se contenta de déposer un bouquet de fleurs aux pieds d’un mannequin planté sur la scène. Les masques des auteurs étaient de Arp. La danse « Noir cacadou » (5 personnes) avec Mlle Wulff, fut le rythme nouveau des fourneaux dans un marécage. Mme Suzanne Perrottet interpréta la musique nouvelle ; — mais Zurich n’a pas encore vécu une impression si forte, la vitalité de la salle bondit des frontières de la famille et de la convention ; mise à nu devant sa conscience, le désespoir de devoir rejeter ce qu’elle a appris à l’école la fit fouiller les poches pour jeter sur la scène ce qu’elle y trouvait, et la misérable doublure  â m e. 

    [TRISTAN] TZARA

    LES LIVRES

    Vient de paraître: 
    Guillaume Apollinaire. 
    Le Bestiaire ou Cortège d’Orphée — illustré par Raoul Dufy — Edition de la Sirène (Réédition)
    — Sourires — Guillaume Apollinaire lit assis et parle — Il n’est pas mort: 
              Incertitude, ô mes délices 
              Vous et moi nous nous en allons
              Comme s’en vont les écrevisses
              A reculons, à reculons 
    Divertissement du poète 
    Nos délices

    PH[ILIPPE] SOUPAULT

    Jean Cocteau : Le Cap de Bonne espérance. Editions de la Sirène (1919)
    Blaise Cendrars : Les aventures de mes 7 oncles. (Ed. Sirène)

    Prochainement :
    André Breton : Mont de piété (Paris)
    Tr. Tzara : le titre n’est pas encore fixé (Paris) 
    Fr. Picabia : le titre n’est pas encore drouvé (Gstaad) 
    W. C. Arensberg : Caca and the Calculation of to be (New-York)
    Edg. Varèse : Le Robinet Froid (New-York) 
    Joaquimo Folguera : Les tendances modernes (Barcelona)
    Jon Vinea : Papusa din sicriu (Bucarest) 
    Viking Eggeling : Base de l’art (Stockholm) 
    Dr. W. Serner : Le hyperdadaïsme attention aux pick-pockets (Rapperswyl) 
    H. Arp : L’ancre de neige (Collection Gaga) 

    [Sur une colonne, en escalier]

    CALENDRIER

    11 
    vent pour l’escargot il vend des plumes d’autruches
    vend des sensations d’avalanche
    l’auto-flagellation travaille sous mer
    et des déserts évanouis en plein air à décoration vases
    la roue de transmission apporte une femme trop grasse
    champs de parchemin troués par les pastilles
    qui a compris l’utilité des éventails pour intestins
    légère circulation d’argent dans les veines de l’horloge
    présente la précision du désir de partir

    12 
    picotements dans la gorge de petits lettres en flamme
    quelques gouttes de lumière échec dans le miroir suffisent
    et le meilleur cinéma est le miroir du diaphragme
    télégramme d’arrivée de chaque degré de froid sec
    télégraphie-moi la densité de l’amour
    pour remplir la chanson du rebec d’encre de chine 

    14 
    signe de croix et salut fonction gymnastique mémoire
    se dégage automate respiratoire inévitable politesse
    l’heure avance dans l’os et marque des traces de silence 
    pensement soigné des machines défectueuses casernes machoires 
    sel acier plâtre tabac antracite menthe
    m’ont prouvé les nouveaux règlements du cœur abstrait
    fiacre fiévreux et 4 craquements acres et macabres dans la baraque 
    « sous les ponts de paris »

    TRISTAN TZARA

    [Page 28]

    [composition en triangle centré pointe en bas, ou "en cul-de-lampe"]

    LE POÈTE NE METTRA PAS D’OBJETS DANS SON POÈME PUIS
    QUE TOUT DISPARAIT QUAND PARAIT LE TRIANGLE NOIR
    LE TRIANGLE LYRIQUE LE TRIANGLE CENTRAL CHA
    NTE ÉPERDUMENT LA PRESSÉE DU MALE ET LE T
    RIANGLE NOIR AVEUGLE LE DÉSIR QUI LE RE
    GARDE LE DÉSIR CENTRIPÈTE AUX MAINS
    SOUPLES MAIS LE TRIANGLE NOIR EST U
    N DÉSIR SANS MAIN ET LE MALE AS
    SERVIT CE DIEU FRISÉ ET LE T
    RIANGLE NOIR EST DANS
    LA MAIN DE L’HOMME
    ET C’EST A CHAQU
    E INSTANT LA F
    IN D’UN MONDE
    EXPLOSANT
    DANS LES
    ESPACES 

    PIERRE ALBERT-BIROT 
    Extrait de Poèmes à la Chair (à paraître).

    [Page 30]

    [rotation de 90° vers la gauche]

    LITTÉRATURE

    paraît une fois par mois.
    Paris, 9 Place du Panthéon
    Directeurs : Louis Aragon, André Breton, Philippe Soupault

    Les cahiers 2 et 3 contiennent les  P o é s i e s  du comte Lautréamont (Isidore Ducasse), première réimpression d’après l’édition de 1870, dont on ne connaissait que le seul exemplaire de la Bibl. Nationale. On sait maintenant que Lautréamont sera le Rimbaud de la poésie d’aujourd’hui. La Dictature de l’Esprit, présentation sans soucis d’amélioration et de ménagement, est l’affirmation de l’intensité, dirige toutes les préoccupations vers la force noble, précise, fastueuse, seule digne d’intérêt : la destruction.

    [colonne de droite, orientation normale]

    RACCROC

    le larynxe homme seul 
    au regard fixe 
    mets sur la fleur 
    l’accentcirconflexe 

    carnet carambole 
    manivelle 
    feu dans la fiole 
    cœur de ficelles 

    nerfs perpendiculaires
    au centre 
    d’une lampe incandescente 
    et d’un liquide amer

    TRISTAN TZARA

    Charlot Chaplin nous a annoncé son adhésion au Mouvement Dada 

    Lisez Le Manifeste DADA 1918

    [Page 31]

    BILAN

    virement, crustacée long bleu règlement
    soigne la parodie et touche A BAS
    étale lentement la taille paradis A BAS
    étalon sur les rails à travers hypocrisie
    sur mes dents sur tes dents j’écoute
    qui baille extasié extraction de hameçons
    hamac perforé et les insectes du vide (soude)
    des nombres on réveille le nombril (sonde)
    fini le paragraphe et la seringue pour phosphore

    [jeux typographiques par alternance de polices de caractères]

    cataphalque
    ressorts ressemblants
    sentis dans les os
    ou corridor tricolore

    ZZ

    Voisinage du fer bravoure gymnastique balustrade

    Les chiffres astronomiques acclimatisées

    SUR BILLARD A TOUS LES VENTS

    gratuitement

    drogue halucination transcaspienne sacristie

    AVANCE LA COULEUR EN LANGUE DIFFERENTE

    vivisection

    EX-CATAPLASME PLAIT AUX AMOUREUX

    à 3 fr. 50 ou 3 h. 20 invincible martyrologiste

    ton cible et tes cils rappellent la naissance du scorpion en cire

    syphilis blanchissant sur les bancs des glaciers

    joli  T A M B O U R  crépuscule

    auto gris autopsie cataracte

    ô nécrologues prophylactiques des entr’actes antarctiques régions

    TRISTAN TZARA

    Table des matières

    [Version internationale]

    Couverture

    Hans Arp : bois

    Page de titre

    Francis Picabia : Réveil matin, dessin

    Page 1

    Francis Picabia : Étang m'a emporté au Chili
    Tristan Tzara : Chronique Zurich

    Page 2

    Francis Picabia : Mouvement Dada, dessin

    Page 3

    Jean Cocteau : 3 pièces faciles pour petites mains
    1. Miel de Narbonne
    2. Bonne d'enfants
    3. Enfants de troupe

    Page 4

    Tristan Tzara : Note 14 sur la poésie

    Page 5

    Francis Picabia : Soleil sage-femme

    Page 6

    Francis Picabia : Rotation de naïveté, dessin

    Page 7

    Augusto Giacometti : dessin
    Walter Serner : Bestes Pflaster auch roter Segen

    Page 8

    Viking Eggeling : Basse générale de la peinture. Orchestration de la ligne, lithographie

    Page 10

    Ferdinand Hardekopf : Splendeurs et misères des débrouillards
    Hans Richter : bois
    H. Arp, W. Serner, T. Tzara : Cacadoufarbige Butzenscheibenohren...

    Page 11

    Philippe Soupault : Servitudes
    Louis Aragon : Statue
    A. [Otto] Van Rees : broderie en soie

    Page 12

    André Breton : Pour Lafcadio
    H. Richter : Portait macabre, peinture
    Louis Aragon : Le délire du fantassin

    Page 13

    W. Kandinsky : La Tache rouge, peinture
    Pierre Albert-Birot : Catastrophe
    Raymond Radiguet : A plusieures voix

    Page 14

    Hans Arp : bois

    Page 15

    Walter Serner : Letzte Lockerung Manifest

    Page 17

    Walter Serner : Riesenprogramm Schlager auf Schlager Einzig in seiner Art

    Page 18

    G. Ribemont-Dessaignes : Le coq fou

    Page 19

    Gabrielle Buffet : Gambit de la reine
    Hans Arp : dessin

    Page 20

    Tristan Tzara : Les poésis de arp
    Hans Arp : Aus die Wolkenpumpe

    Page 23

    [sans signature] : dessin

    Page 24

    Richard Huelsenbeck : Ein Beburtstagsgesang für Bijo Berry z. Z. interniert
    Paul Klee : Ausblick aus einem Wald, peinture
    R. Hausmann : Letzte Nachrichten aus Deutschland

    Page 25

    Hans Richter : Gegen Ohne für Dada

    Page 26

    Tristan Tzara : Livres notes revues diversités divertissantes

    Page 27

    Philippe Soupault : Les livres
    Tristan Tzara : Calendrier

    Page 28

    Pierre Albert-Birot : extrait de Poèmes de la chair
    Raoul Hausmann : dessin

    Page 29

    Hans Arp : bois

    Page 30

    Tristan Tzara : Raccroc
    Raoul Hausmann : bois

    Page 31

    Tristan Tzara : Bilan

    Quatrième

    M. Janco : bois

    Dada 4-5 sur le site de l'International Dada Archive (Iowa)

    Founded in 1979 as part of the Dada Archive and Research Center, the International Dada Archive is a scholarly resource for the study of the historic Dada movement. The Archive has compiled a comprehensive collection of documentation and scholarship relating to Dada.

    The collection of the International Dada Archive is made up of works by and about the Dadaists including books, articles, microfilmed manuscript collections, videorecordings, sound recordings, and online resources. Primary access to the entire collection is through the International Online Bibliography of Dada, a catalog containing approximately 60,000 titles. This collection is housed in various departments of the University of Iowa Libraries; most of its holdings are in either the Main Library or the Art Library.

    Dada 4-5 sur le site de Mélusine

    S’inscrivant dans le cadre des humanités numériques, le site Mélusine donne accès au plus large public à des recherches scientifiques menées sur le surréalisme ainsi qu’à des documents difficilement accessibles

    Il offre à ses lecteurs la possibilité de lire la revue Dada en mode texte, numéro par numéro, numérisée et mise en ligne par Sophie Béhar.

    Dada 4-5 sur le site du Blue Mountain Project (Princeton)

    Princeton Blue Mountain Project

    This collection contains fully searchable issues of important periodicals of the European avant-garde.

    Notes bibliographiques

    Zurich, s.é., 1919, in-4° broché

    Volume4
    Date d'édition1919
    Éditionédition originale
    Languesfrançais, allemand
    Dimensions19,00 x 28,00 cm
    Nombre de pages32
    ÉditeurSans éditeur
    Mots-clés,
    CatégoriesRevues
    Série[Revue] Dada
    Lien permanenthttps://www.andrebreton.fr/fr/work/56600101000419