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[Tu sais sans doute que j'avais écrit...]

Lettre datée de Strasbourg, le 12 décembre 1932

Correspondance

Auteur

Auteur Maxime Alexandre
Destinataire André Breton
Personne citée Henri Lefebvre

Descriptif

Lettre de Maxime Alexandre à André Breton, datée de Strasbourg, le 12 décembre 1932.

Lettre autographe datée 12/12/32 et signée de Maxime Alexandre à André Breton, dans laquelle il le félicite pour les Vases Communicants après l'avoir entretenu d'une correspondance houleuse faisant suite à un article pour la N. R.F. (enveloppe conservée). [catalogue de la vente, 2003]

Lettre conservée par Breton dans le livre de Maxime Alexandre intitulé Secrets.

Le cachet de la Poste indique 11 décembre 1932 comme date d'envoi. [Site André Breton, 2019]

Ici, Maxime Alexandre transcrit à Breton son dernier échange avec Henri Lefebvre, ainsi que la réponse de celui-ci, sans doute à propos de l’article de Lefebvre paru dans le nº 231 de la NRF de décembre 1932, « Du culte de "l'esprit" au matérialisme dialectique » (p. 802-805). Lefebvre avait fait partie du groupe Philosophies, lequel s'était rapproché des surréalistes au début de 1925 ; Lefebvre et son groupe avaient signé le tract « La Révolution d'abord et toujours ! », reproduit dans le cinquième numéro de La Révolution Surréaliste. La rupture viendra assez vite, le groupe de Philosophies refusant (déjà !) l'engagement politique trop marqué des surréalistes. Lefebvre critiquera durement le livre dans un compte-rendu pour l'A.E.A.R. et dans Avant-poste (n°1, juin 1933) : il juge incompatibles marxisme et surréalise, et déclare que Breton est infantile, vaniteux, et risible. (OC III, p. 1371-1372).

Les lettres d'Alexandre et de Lefebvre font écho d’une rancœur qu'on peut dire personnelle, et qui vont plus loin que de la simple rupture sous-joucente entre la ligne communiste du Parti et le projet surréaliste des « bouffons de la Révolution ». Alexandre se considère, en effet, comme un révolutionnaire véritable, « mélange de Novalis et de Staline », selon Breton. Lors de l’affaire Aragon, Alexandre refuse de prendre parti, et s'éloigne petit à petit du groupe. 

Une partie de la correspondance de Maxime Alexandre se trouve à la bibliothèque Jacques Doucet (BRT 352 ; BRT C 1682). [Site André Breton, 2023]

 

Transcription

Dimanche 12.12.32

Mon cher ami, tu sais sans doute que j’avais écrit à Lefebvre. Il a déjà répondu. Ce n’est pas extrêmement intéressant, mais je verse les deux lettres à ton dossier... Quel dossier, au fait.

De moi à lui : Paris, le 5.XII.32.

Camarade, c’est à ce titre seulement que je crois devoir relever tes appréciations sur les surréalistes, parues dans le nº de décembre de la N.R.F., appréciations qui en soi ne mériteraient aucunement d’être considérées.

Je sais trop bien quels galons tu essaies malhonnêtement de gagner, en rabaissant tout ce qu’il peut y avoir eu de grand et de digne dans les sales années de votre jeunesse.

Le bout de l’oreille du pion, apparaît, quand tu écris que pour nous la poésie est « un refuge assez confortable », mais le cuistre à la fois et le roquet, quand tu oses affirmer que nous avons fait « du désespoir une beauté... » etc.

Et je vois devant moi ton regard par-dessous, ce regard fuyant qui m’avait tant répugné les deux fois où je l’ai rencontré, – en lisant : « Je ne les nomme pas. On les reconnaîtra ! »

Moi, je te nomme et te reconnais, comme un faux jeton.

 (nom et adresse)

 

La réponse :   Montargis (sans date)

Camarade, c’est également à ce titre que je te réponds que si tu t’estimes touché par cet article en tant que communiste, tu dois porter le débat devant le Parti.

Maintenant, à toi, en tant qu’individu Alexandre et surréaliste, je te réponds : merde. Tu viens un peu tard dans le genre « lettres d’injures ». Enfin, tu as parfaitement senti la gêne que j’avais devant toi et devant tous ceux qui je renomme les bouffons de la Révolution ; mais tu l’as interprétée ou feint de l’interpréter avec ton cabotinage de pseudo-pur-poète. H. Lefebvre.

 

Mon cher Breton, j’aurais voulu te dire plus longuement toutes les raisons que j’ai d’aimer ton dernier livre. Je t’écrirai encore.

Alexandre

Mon adresse de Strasbourg habituelle : 15, rue Baldung

Date de création12/12/1932
Date du cachet de la Poste11/12/1932
Adresse de destination
Notes bibliographiques

Ms, encre bleue, sur papier à en-tête : Gruber & Cie, Restaurant Terminus à Strasbourg. 2 pages, in-4°. Enveloppe conservée.

Languesfrançais
Lieu d'origine
Nombre de pages2 p.
Référence1430000
Vente Breton 2003Lot 3
Mots-clés, ,
CatégoriesCorrespondance, Lettres à André Breton
Série[Correspondance] Les Vases communicants, [Correspondance] Lettres de Maxime Alexandre
Lien permanenthttps://www.andrebreton.fr/fr/work/56600101000183
Lieu d'origine
Lieu d'arrivée

Notice reliée à :

2 Œuvres
 
False

[Je suis très sensible à vos marques...]

-
Jacques-Émile Blanche

-

Lettre de Jacques-Émile Blanche à André Breton, datée de Paris, le 10 décembre 1932.

Cinq images, une notice descriptive, des liens, une série.

[Correspondance] Les Vases communicants

False

Secrets

-
Maxime Alexandre

Recueil de Maxime Alexandre paru en 1932 et truffé d'une lettre à André Breton.

Deux images, une notice descriptive, un lien.