La Collection

Accueil > Œuvres > [Je me suis endormi hier...]

    [Je me suis endormi hier...]

    Lettre du 23 décembre 1935

    Auteur

    Auteur André Breton
    Personnes citées Aube Breton-Elléouët, Paul Éluard
    Destinataire Jacqueline Lamba

    Descriptif

    Lettre d'André Breton adressée à sa femme Jacqueline le 23 décembre 1935.

     

     

    Transcription

    Lundi 23 décembre 1935.

    Ma Beauté, je me suis endormi hier sur l'idée que si je n'allais pas plus mal, tant pis, je me roulais dans la fourrure et j'allais VOIR. Et je me demandais comment je pourrais franchir le seuil de cette maison qui vous abrite. Puis je serais reparti très vite (ah cela, aurait était bien triste) mais il n'y eût plus eu, du moins cette grave lacune dans ma connaissance, si vivement ressentie que c'est comme si toute connaissance, hors de toi, mon Amour, s'était retirée. Mais je sens qu'il fait si froid dehors et cette douleur au thorax est si clairement accompagnée d'une menace, exerce concrètement un tel chantage, que je vais rester à faire le fauve blessé dans ma cage... Et dire que je n'ai pas même le téléphone. Ç'a été si long, hier, d'attendre le retour d'Aline et comme personne n'est venu me voir qui t'ait vue, j'étais insupportablement inquiet. Quel interminable dimanche, avec cette terrible fête, tu sais, sur le boulevard. Mais je ne veux pas me plaindre, puisque je souffre surtout de ce que mon bonheur, qui est, soit seulement hors de ma portée pour quelques jours.

    Mon Adorée, je t'écris comme toujours de mon lit. Je ne me lève un peu que l'après-midi. Samedi soir, Paul a pris le livret de mariage pour faire aujourd'hui la déclaration. Tu vas sûrement le voir cet après-midi. Je suis bien embarrassé pour te faire parvenir la poudre : il est évidemment impossible de la verser dans une enveloppe. Il faut que la première personne que je verrai se charge de te l'apporter. (Tu ne l'avais pas mentionné sur la liste.)

    On me dit que tu es bien fatiguée. J'espère au moins que cette fatigue même t'est douce. Ma nostalgie de toi ne laisse place à aucun autre sentiment ; c'est tout le rêve de la Toison d'or, à supposer que dans ce rêve vienne s'insérer celui d'un petit casque de châtaigne qui étincellerait à côté d'elle sur un même oreiller.

    Mes yeux bien aimés, percez pour moi toute l'opacité d'une ville, mon splendide sourire, enchante-moi de loin dans les mots au crayon où tout le précieux est dit.

    André

    Date de création23/12/1935
    Date du cachet de la Postesd
    Adresse de destination
    Notes bibliographiques

     2 pages in-8°

    ProvenanceParis
    Lieu d'origine
    Bibliothèque

    Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, Paris : Ms Ms 41363_14

    Modalité d'entrée dans les collections publiquesDon Aube et Oona Elléouët à la Bibliothèque littéraire Jacques-Doucet, Paris, 2003
    Nombre de pages2
    Crédit© Aube Breton, 2018
    Référence19004916
    Mots-clés
    CatégoriesCorrespondance, Lettres d'André Breton
    Série[Correspondance] Lettres à Aube
    Lien permanenthttps://www.andrebreton.fr/fr/work/56600101000054
    Lieu d'origine
    Lieu d'arrivée