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Rana Varia

Arts Graphiques

Auteur

Artiste Aloys Zötl

Descriptif

Gouache sur papier du peintre Autrichien Aloys Zötl datée de 1863.

Peinture annotée en bas à droite : A. Zötl pinxit am 21. August 1863 ; en bas à gauche : Amphibien. Tab. 36 ; au centre : Die bunte Hornkrëte. Rana varia. Weisschen Manchen
Annotation au dos, de la main d'André Breton : Le ceratophris

« Mais la grande leçon du peintre autrichien, il est bien évident qu'il faut la chercher plutôt dans les œuvres où s'établit, entre l'animal et le décor naturel qui l'environne, une profonde harmonie... Et de ce point de vue de l'harmonie naturelle, c'est tout simplement à la prise en considération des vertus proprement artistiques d'Aloys Zötl que l'on en vient, car c'est dans ses œuvres les plus admirables qu'il parvient à tresser les "correspondances" les plus convaincantes entre les êtres et le paysages, cela n'étant possible qu'en mettant à contribution une intuition proprement poétique faute de laquelle la documentation puisée par lui dans les ouvrages d'histoire naturelle ou les récits de voyages serait demeurée lettre morte. Ce qui revient à dire que les qualités du cœur et de l'esprit, chose que l'on a trop peu l'occasion de dire aujourd'hui en présence du dessèchement général de ce qui se propose le plus souvent sous l'étiquette de l'"avant-garde". Mais alors comment choisir entre tant de merveilles ? Tant pis ! Je propose ici mon choix personnel qui, loin de se vouloir autoritaire et définitif, est au contraire invitation à tout un chacun à dresser le sien, d'abord parce que la beauté est affaire personnelle... et ensuite parce que les affinités que nous pouvons ressentir à l'égard de telle ou telle espèce animale procèdent de raisons qui échappent souvent à notre conscience.
« J'aime... le Semnopithèque de 1839, la Loutre et Rana varia (l'un des plus beaux Max Ernst que je sache) de 1863, le Rhinocéros de 1872 (ôssante merveille de lourdeur et de grâce).
« Mais par-dessus toutes ces incontestables réussites je mettrais trois œuvres qui valent par des qualités très différentes : le Caïman de 1849 tout d'abord qui, à mes yeux, est le chef-d'œuvre des chefs-d'œuvre, tant par la prodigieuse invention de chaque détail que par la rigueur poétique absolue de sa composition ; puis un animal fort peu exotique d'allure puisqu'il s'agit de l'Ondatra musqué de 1871, dont je goûte au contraire l'extrême simplicité de la mise en page et l'égalité d'importance qui s'établit entre le corps de l'animal et l'îlot où il a pris place ; enfin les Paresseux de 1874 en raison du foisonnement baroque de sa végétation autour d'eux, de la diversité des attitudes et de je ne sais quelle sympathie je devine ici entre les animaux et végétaux. Faut-il ajouter que dans toutes ces œuvres, le pinceau d'Aloys Zötl établit tout naturellemnt des affinités entre les herbes et les poils, des "rimes" entre tel organe... et telle fleur. Et jamais l'aquarelle sans doute n'avait été aussi fidèle à ses vertus de transparence habituelle en se découvrant de si grandes possibilités pour évoquer la douceur des pelages et des plumages...
« Julio Cortazar illustre superbement dans le présent ouvrage l'affirmation du poète selon laquelle "le règne animal [...] entretient en chacun de nous" une "énigme" et qu'il "joue" un rôle primordial dans notre "symbolisme inconscient". Et peut-être revient-il à chaque lecteur de ce livre de choisir avec quel animal d'Aloys Zötl il lui serait possible, comme l'écrivain argentin avec son fameux Axolotl, d'échanger sa place. » José Pierre (Julio Cortazar (texte de), Giovanni Mariotti (introduction de), José Pierre (postface de), Aloys Zötl (1803-1887), Milan, Franco Maria Ricci, 1976, pp. 140-144)

« Et si l'Écureuil volant de 1843 se distingue par ses qualités d'aviateur, c'est surtout à leur extrême singularité d'allure que le Pipa en 1844, l'Amphisbène noire en 1848, le Dronte en 1859, la Rana varia en 1863, le Luth en 1867 et l'Éléphant de mer que nous avons déjà rencontré doivent d'avoir retenu l'attention de Zötl. Et si nous nous émerveillons aujourd'hui devant les descriptions que ce dernier en a laissé, nous pouvons être certains qu'il fut le premier à s'en émerveiller. » José Pierre (Julio Cortazar (texte de), Giovanni Mariotti (introduction de), José Pierre (postface de), Aloys Zötl (1803-1887), Milan, Franco Maria Ricci, 1976, p. 138)

Exposition

- Wien, Österreichisches Museum für angewandte Kunst ; Zürich, Kunsthaus Zürich ; Bruxelles, Palais des Beaux-Arts, L'Autriche visionnaire, 1996/1998, sans n°, s.p. (étiquette au dos)

Bibliographie

- Julio Cortazar (texte de), Giovanni Mariotti (introduction de), José Pierre (postface de), Aloys Zötl (1803-1887), Milan, Franco Maria Ricci, 1976, rep.p. 79, p. 138, p. 141, p. 149

Le Bestiaire de Zötl

Date de création1863
Date d'édition1863
Languesfrançais
Notes41,2 x 49,7 cm (16 1/4 x 18 1/2 in.) - Gouache sur papier
Vente Breton 2003Lot 4081
Mots-clés
CatégoriesBeaux-Arts, Œuvres graphiques
Lien permanenthttps://www.andrebreton.fr/fr/work/56600100886390