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Christ en croix

Arts Graphiques

Auteur

Artiste Charles Filiger

Descriptif

Gouache et biseau de Filiger achetée par Breton à Drouot en 1956. Œuvre datée de 1903 par Mira Jacob.

Signée en bas vers la droite : Filiger ; annoté au dos, de la main d'André Breton : 1904 cf. Cahier de croquis, signé AB et marqué au crayon rouge : 31 28 B.

Mira Jacob a daté cette œuvre de 1903, mais une mention s'impose : le catalogue de l'exposition Filiger, dessins - gouaches - aquarelles qui a eu lieu en 1981-1982 au Musée du Prieuré à Saint-Germain-en-Laye (p. 113 et p. 123) signale Le Christ en croix exposé à la Galerie Durand-Ruel en 1898 (10 mars - 31 mars) lors de l'exposition en hommage à Odilon Redon (n° 175 du catalogue).

« En novembre 1903, Seguin écrit à O'Conor : "[...] j'ai reçu de Filiger deux lettres philosophiques [...] je vous transcris les premières lignes [...] :
'depuis un grand mois, je travaille sans relâche, je suis à parachever une machine qui me donne plus de mal que le diable. Un Christ en croix, relativement grand, flanqué d'une minuscule Vierge, le tout sur un fond noir, historié de roses sanguines, et le sacré bon Dieu me donne du fil à retordre...
Une frise superposée renforce la base de l'encadrement sur laquelle s'appuie le pied de la Vierge.' (...) C'est la description précise de cette œuvre, ce qui permet de la dater de 1903.
« On constate que, parallèlement à ses recherches chromatiques (dont on trouve d'ailleurs la trace ici dans l'encadrement inspiré de motifs emblématiques d'évangéliaires médiévaux), Filiger poursuivait une peinture 'à sujet'. La quête était la même, les thèmes différaient." » (Strasbourg, Musée d'art moderne à l'Ancienne Boucherie, Musée historique, Charles Filiger, 1863-1928, (présentation et analyse de l'œuvre par Mira Jacob), 1990, p. 168.)

Charles Filiger
« À la fin de son article intitulé "Filiger" et paru au Mercure de France, en 1894, Alfred Jarry conclut : "Il est très absurde que j'aie l'air de faire cette sorte de compte rendu ou description de ces peintures. Car, - 1° si ce n'était pas très beau, à les citer je ne prendrais aucun plaisir, donc ne les citerais pas ; - 2° si je pouvais bien expliquer point par point pourquoi cela est très beau, ce ne serait plus de la peinture, mais de la littérature (rien de la distinction des genres), et cela ne serait plus beau du tout ; - 3° que si je ne m'explique point par comparaison - ce qui irait plus vite - c'est que je ne fais point à ceux qui feuillettent ces notes le tort de croire qu'il leur faut prêter courte échelle [...], - et plutôt que toute dissertation sur Filiger remirons-nous en l'ivoire des faces et des corps de sa Sainte-Famille, reproduite au Cœur (La Sainte Famille figurait dans le numéro de juillet-août 1893 de la revue Le Cœur et la revue d'art) et dont je n'ai point parlé, car c'eût été très inutile." (p. 49)
« "Poète de la Foi", d'après Georges-Albert Aurier (p. 61), "moine laïque... (qui) avait rénové non la peinture religieuse, mais le mysticisme en une époque qui ne pouvait comprendre" d'après Maxime Maufra (p. 63), mystique, créateur d'une "œuvre abstraite" d'après Antoine de La Rochefoucauld (p. 77), son mécène, "fort gentil mais si loin de toute notre civilisation, si au-dessus", d'après Paul-Emil Colin, Charles Filiger croyait à "ce que l'art a de consolant et de bienfaisant quand on le pratique à l'égal d'une religion, et de la plus belle des religions, celle de l'âme !" (Lettre adressée à sa nièce Anna en décembre 1904.) » (Saint-Germain-en-Laye, Musée départemental du Prieuré « Symbolistes et Nabis - Maurice Denis et son temps », Filiger, dessins-gouaches-aquarelles, 1981-1982, pp. 49-118.)

« André Breton le découvrit en 1953 et ayant soudain la révélation du message de Filiger contribua à mieux faire connaître et apprécier ce talent oublié. Dans la préface-manifeste pour l'exposition Dessins symbolistes réalisée au Bateau Lavoir en 1958 et reprise sous le titre "Du symbolisme" dans Le surréalisme et la peinture édité chez Gallimard en 1965 (pp. 357-362) André Breton parle de la "peinture qui se veut recréation du monde en fonction de la nécessité intérieure éprouvée par l'artiste. La primauté n'est plus alors accordée à la sensation, mais bien aux plus profonds désirs de l'esprit et du cœur. Le spectacle à peu près dénué de sens qu'offrent au vulgaire la nature et l'agitation humaine cesse d'être regardé comme une fin, tenu même pour un obstacle. Un désir irrépressible s'en empare et n'a de cesse qu'il ne l'ait démembré pour en extraire les éléments à son usage, ceux qui sont propres à s'agencer tout originalement par rapport à lui. Une telle peinture est, de toute évidence, la seule qui tienne devant le vœu exprimé par Rimbaud d'une langue qui soit 'de l'âme pour l'âme' - quand, au mieux, nous ne saurions attendre de l'autre que frisson à fleur de peau."
« À la fin de ce texte Breton mentionne l'art de Filiger : "Toutefois, de Pont-Aven émergent entre toutes l'œuvre de Filiger, portée d'un bout à l'autre par les mêmes ailes que le 'Cantique à la Reine' de Germain Nouveau".
« C'est à des qualités sensibles autant qu'à des exigences intellectuelles que Breton obéit dans son amour de Filiger dont il a placé les œuvres au-dessus de son lit. Le matin, au moment de se recomposer avec le monde extérieur, il aime les effleurer des yeux. Ce peintre méconnu, et qui a peut-être exercé une influence déterminante sur Gauguin (qu'il attaquait quand Gauguin était présent, dont il disait le plus grand bien quand il était absent) - dernière re-découverte de Breton, est le signe que la recherche par lui au moment où, à 15 ans, il contemplait, ravi, les toiles de Matisse dans les vitrines de la galerie Bernheim, continue de tracer, dans le monde actuel, un chemin phosphorescent, qui mène où nul n'est jamais allé. » Alain Jouffroy (« La collection André Breton », In : L'œil, n° 10, octobre 1955, pp. 32-39).

 

 

Expositions

- Quimper, Musée des Beaux-Arts, Charles Filinger, André Breton. À la recherche de l'art magique, 3 novembre 2006 - 5 février 2007, n°14

 

Bibliographie

- Paris, Hôtel Drouot, Collection Roderic O'Conor, Livres, Estampes modernes, Sculptures, Tableau Ecole siennoise, Tableaux modernes, Aquarelles, Gouaches, Dessins, Ateliers Roderic O'Conor et Renée Honta, Le tout dépendant de la succession de Mme. O'Conor, Vente Hôtel Drouot, salle n° 7, les lundi 6 et mardi 7 février 1956, à 14 heures précises, n° 118.

- Saint-Germain-en-Laye, Musée départemental du Prieuré, « Symbolistes et Nabis - Maurice Denis et son temps », Filiger, dessins-gouaches-aquarelles, 1981-1982, p. 113, p. 123

- Strasbourg, Musée d'art moderne à l'Ancienne Boucherie, Musée historique, Charles Filiger, 1863-1928, (présentation et analyse de l'oeuvre par Mira Jacob), 1990, rep.p. 109, n° 144, p. 192

- Jacob Mira, Filiger l'inconnu, Paris, Le Bateau-Lavoir, 1989, n°144

- André Cariou, Filiger, correspondance et sources anciennes, Locus Solus, Châteaulin, 2019, n°97

- André Cariou, Filiger, Galerie Malingue, Paris, 2019, p.68

 

Date de création1903-1904
Notes33,6 x 23,2 cm (13 1/4 x 9 1/8 in.) - Gouache et biseau superposé à la gouache
ProvenanceAcquis de l'artiste par Roderic O'Conor, au Pouldu, mars 1904. Transmis à sa femme, Renée Honta, 1940. Vente, Paris, Hôtel Drouot, étude Bellier, Collection Roderic O'Conor [collection et atelier de Roderic O'Conor et de sa femme, René Honta], 6 et 7 février 1956, lot 118. Acquis par André Breton.
Dimensions33,60 x 23,20 cm
Vente Breton 2003Lot 4283
Mots-clés, ,
CatégoriesŒuvres graphiques
ExpositionCollection Roderic O'Conor
Lien permanenthttps://www.andrebreton.fr/fr/work/56600100678120
Lieu d'exposition