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Anciennetés

Poèmes

Livre

Auteur

Auteur Saint-Pol-Roux

Descriptif

Recueil de poèmes de Saint-Pol-Roux publié en 1903 par Mercure de France à Paris.

Édition originale.

Un des 15 premiers exemplaires numérotés sur Hollande. Envoi autographe signé de Saint-Pol-Roux : « À André Breton " le verbe doit parler autrement et dire autre chose ", en souvenir de sa visite et de celle d'enchantement de sa jeune dame, Saint-Pol-Roux, manoir de Coecilian, 7 septembre 1927. »

Ex-libris d'André Breton. [catalogue de la vente, 2003]

 

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Notice Sudoc

Notes bibliographiques

Paris, Mercure de France, 1903. Petit in-8° carré, plain veau basané havane, dos titré à froid. Un des 15 ex. sur Hollande (Stroobants).

Date d'édition1903
Éditionédition originale
Languesfrançais
Dimensions19,00 cm
Nombre de pages80
ÉditeurMercure de France, Paris
Référence6276000
Vente Breton 2003Lot 1245
Mots-clés,
CatégoriesPièces, poésies, romans, essais
Lien permanenthttps://www.andrebreton.fr/fr/work/56600100637801
1 Commentaire
 

La date inscrite au bas de la dédicace à Breton par Saint-Pol-Roux est fautive. Le poète a écrit 1927, alors qu'elle apposée sur l'ouvrage en 1923. En voici une explication : Comme chaque été, Breton séjourne en Bretagne. En août 1923, il achève "Clair de terre". Le 1er septembre, il écrit une première lettre à Saint-Pol-Roux, qu'il désire rencontrer depuis longtemps, pour convenir d’un rendez-vous : "Samedi 1er septembre 1923 Monsieur, Je n’ai pas l’honneur d’être connu de vous. Depuis des années je me propose de faire votre connaissance, mettant à profit pour cela le court séjour que je fais en Bretagne chaque année. [...] J’aimerais parler longuement avec vous, et avec le plus d’abandon possible, un peu comme si vous ne deviez plus me revoir et comme si nous nous étions rencontrés par hasard. Faites-moi cet honneur et ce plaisir, Monsieur. Je connais votre visage, je ne me défie pas de votre humeur. Je crois que le plus grand privilège des poètes est de se reconnaître toujours : si l’espoir que je place dans notre rencontre est déçu, je n’en accuserai que moi. J’oublie de vous dire que j’ai vingt-sept ans, et que ma femme, qui vous admire comme moi, demande à m’accompagner. Nous sommes à Lorient jusqu’au 10 septembre. Si vous voulez bien accepter de nous recevoir une heure ou deux, je vous serais très reconnaissant de me dire quel jour vous pouvez vous trouver à Camaret..." La rencontre a lieu le 7 septembre. C’est à cette occasion que Saint-Pol-Roux offre à Breton un exemplaire de son seul recueil de vers, "Anciennetés", comme en témoignent le jour et le mois qui figurent sur la dédicace. Le lapsus scripturae concernant l’année (1927 au lieu de 1923) s’explique probablement par une confusion entre la date de la visite et l’âge de Breton, que ce dernier mentionne dans sa lettre : 27 ans. Toujours est-il que le poète surréaliste est bien en possession du recueil le soir même, sur le chemin du retour, ainsi que l’indique sa lettre au Magnifique, onze jours plus tard : "Paris, le 18 septembre 1923. Très cher Monsieur, Je n’étais pas encore arrivé à Morgat que je songeais à vous écrire ce soir-là je vous jure que les paysages marins ne m’intéressaient guère. Il ne fallait rien moins que la lecture maintes fois reprises d’Anciennetés pour que je ne me laisse pas aller à continuer tout de suite la conversation..." « La lecture maintes fois reprise d’Anciennetés »… nul doute, donc, que Breton a en mains, durant le trajet qui l’éloigne de Camaret, le recueil qu’il ne possédait pas à son arrivée au manoir de Coecilian. Ce sont, d’ailleurs, les poèmes publiés en 1903 qui seront mis en avant par l’hommage collectif des Nouvelles littéraires (9 mai 1925), reproduisant, au centre de la page, « La première femme », et des citations de « Seul et la Flamme » et de « La Magdeleine aux parfums » dans les articles d’Eluard et d’Aragon. Dans le « jeu de la notation scolaire », Anciennetés obtiendra un 17 de la part de Breton, note plus qu’honorable qui manifeste l’admiration de l’auteur de "Clair de Terre" pour le recueil. On sait que les relations entre les surréalistes, Breton en tête, et le Magnifique, s’achèveront dans le fracas du banquet du 2 juillet 1925. En dehors d’Eluard, absent, mais ayant envoyé « une gerbe de lys » pour le remplacer, tous les autres participants, malgré des signes prolongés, d’année en année, d’admiration et/ou de regret, n’auront plus aucune relation avec le poète. Cette fin brutale de l’aventure surréaliste de Saint-Pol-Roux rend donc la date du 7 septembre 1927 plus qu’improbable et semble confirmer le lapsus scripturae sur l’année.

Mikaël Lugan

27/12/2010