Descriptif
Lettre d'André Breton à Philippe Soupault, datée du 3 janvier 1919.
En janvier 1919, la revue Littérature commence à s'élaborer. André Breton échange avec Philippe Soupault, et commente les propositions reçues : un poème de Soupault (plus tard supprimé faute de place), l'enquête « Pourquoi écrivez-vous ? », un poème de Reverdy (Carte blanche). Une contribution d'André Salmon, jugé « roublard » (« L’Âge de l’Humanité ») complète le tableau.
Breton semble ici un jeune directeur exigeant et décidé : bien qu'Aragon soit en service à l'étranger, André Breton a cependant insisté pour qu'il y participât au journal.
Le numéro paraîtra en mars. [Site André Breton, 2021]
Transcription
Vendredi 3 janvier 1919
Mon cher Philippe,
vous avez peut-être eu tort de m'écouter : le vers c'est l'expert-cassis s'entendait aussi bien dans le sens que j'ai indiqué, voulez-vous le rétablir. J'approuve les deux autres changements. Ce poème est admirable. Je vous aime beaucoup mieux depuis quelques temps, le savez-vous. Pourquoi est-ce autant de mon amitié perdue pour Louis Aragon ? Je m'en aperçois en relisant ici ses deux lettres et les vôtres ; je vous loue de savoir si bien ce que vous voulez.
En vous appliquant vous devenir le poète le plus pur de ce temps. Comprenez-vous que, depuis Océan de Terre, je n'ai rien goûté comme Vins-liqueurs. C'est à craindre de vous voir écrire un autre poème maintenant. (Je ne suis pas encore prêt à écrire le Gland du Rideau mais je sais où je vais.)
L'article de Reverdy est assez beau : deux phrases superbes et deux phrases confuses se neutralisent. Certaines questions sont seulement posées, il y a quelques obscurités psychologiques. Je lui écris pour ne pas m'avouer vaincu. Jules Tellier quelle misère : la jeune fille assise sur sa porte, les vierges aux beaux yeux, le cercueil fermé. Verue brave journaliste.
Salmon est trop roublard : comme il s'incline devant Paul Guillaume dans l'Europe Nouvelle. Malgré l'affection que je vous porte, Jacques V. reste pour moi le centre de tout. Que cela doit vous paraître étrange ! Je lui écris des choses comme je vous attends de vivre.
Aragon revient-il ?
Informez-vous, je vous prie, de l'enquête. Ce que vous me dites de Billy n'est pas pour me surprendre. Vous verrez que le livre ne se fera pas.
Puis-je vous demander de m'écrire pour me désennuyer ?
Est-il bien que je vous offre mes vœux. Non n'est-ce pas ?
Présentez mes hommages à Madame Philippe Soupault. Je suis, mon cher ami, tout à vous.
André
Descriptif
Lettre d'André Breton à Philippe Soupault, sans date (mars 1919).
Cette lettre évoque la rencontre entre Paterne Berrichon, ayant-droit de Rimbaud, et les jeunes directeurs de Littérature (Aragon, Breton et Soupault). Littérature publiera Les Mains de Jeanne-Marie (n°4, juin 1919, p. 2-6), poème inédit consacré aux femmes de la Commune, et qu'Au Sans Pareil, maison d'édition fondée à l'occasion par René Hilsum, un ami d'André Breton, publiera en plaquette.
On peut dater cette lettre de mars 1919, car Breton est entré en contact avec Paul Éluard (évoqué dans la lettre) à la même période. On remarque que ce sont plusieurs inédits d'Arthur Rimbaud que se propose de vendre Paterne Berrichon. En effet, quelques mois plus tard, la revue publiera des Stupra, poèmes érotiques jusqu'ici sans publication. [Site André Breton, 2021]
Transcription
Dimanche matin
Mon cher Philippe,
je n'ai pu aller hier soir vous chercher au Ministère. J'ai cru bien faire en donnant ces bons à tirer.
J'ai reçu, outre ces quelques papiers, une lettre de Berrichon : « Pouvez-vous venir dimanche entre 5 et 7 1/2 à la Closerie des lilas ?… Nous causerons de ces inédits. »
Louis Aragon sera chez moi tantôt, ainsi qu'Hilsum qui parlera de ses projets d'édition. Ne pouvez-vous venir ?
Présentez, je vous prie, mes hommages à votre femme. Je suis très affectueusement à vous.
André.
Nous avons vu Éluard hier, discussion sur la pureté, le Tailleur chinois, le cubisme.
Argus de la presse de Breton et de Littérature, 11 mars 1919 - 2 mai 1919
Le cri de Paris - L’Intransigeant - L’Éclair - L’Avenir - Excelsior - Journal du Peuple - La Paix sociale - La Lanterne - Le Journal du Peuple - La France - Le Populaire - L’Heure - L’Action française - Paris-Midi - L’Indicateur des Spectacles - Le Gaulois - L’Ordre public - Le Pays - Le Temps
Archives & papiers divers
Auteur
Personnes citées Paul Valéry, André Breton, Jean Cocteau, Philippe Soupault
Descriptif
Fragments de journaux évoquant André Breton dans Littérature, collectés par l'Argus de la Presse (1919).
Breton utilise l'Argus de la presse dès 1917 : il a classé toutes les occurrences de son nom dans un important dossier. Les recensions vont de 1917 à 1924.
Sur la première page, Breton colle dix-neuf recensions annonçant la parution du premier numéro de Littérature. Elles proviennent du Cri de Paris, où il est question du premier numéro de la revue Aujourd’hui : à côté de Soupault, Breton rivaliserait « de grâce et de langueur ». Cocteau est également cité. On trouve à la fin de l’article une allusion à l’obscurité des poèmes. Les autres recensions évoquent simplement les contributeurs de la revue (L’Intransigeant, 11 mars ; L’Éclair, 13 mars ; L’Avenir, 2 avril ; Excelsior, 18 février ; Journal du Peuple, 22 février ; La Paix sociale, 23 février ; La Paix sociale, 23 février ; La Lanterne, 10 mars ; L’Intransigeant, 3 avril ; Le Journal du Peuple, 3 avril ; L’Éclair, 20 février ; La France, 23 février ; L’Intransigeant, 26 février ; Le Populaire, 22 février ; L’Heure, 25 février ; L’Action française, 4 mars ; La Paix sociale, 16 mars ; Paris-Midi, 31 mars).
Sur la deuxième page, Breton colle dix-sept recensions annonçant la parution du second numéro de Littérature (L’Intransigeant, 4 avril ; L’Action française, 5 avril ; L’Intransigeant, 5 avril ; L’Avenir, 8 avril ; L’Indicateur des Spectacles, 17 avril ; [revue non identifiée avec une recension de la Rose des Vents, de Soupault, et des Lettres de guerre, de Vaché] ; L’Indicateur des Spectacles, 7 mai ; Le Gaulois, 6 avril ; L’Heure, 17 avril ; L’Ordre public, 27 avril ; L’Avenir, 27 avril ; L’Éclair, 9 avril ; Le Pays, 20 mai ; L’Heure, 15 avril ; Le Temps, 15 avril ; L’Action française, 30 avril ; L’Ordre public, 2 mai). [Site André Breton, 2023]
Descriptif
Fragments de journaux évoquant André Breton, collectés par l'Argus de la Presse et collés par Breton (15 avril-23 juin 1919).
Textes collectés par l'Argus de la presse, citant tous Littérature, nº3 et nº4 vraisemblablement (mai et juin 1919). Ces recensions évoquent principalement les noms de poètes publiés par la revue, et citent même des poèmes inédits qui y sont publiés, notamment Mallarmé (L’Avenir, 12 mai; L’Ordre public, 2 mai; La Petite république, 14 mai), ainsi que Rimbaud (L’Avenir, 11 juin). Lautréamont et Pindare sont également nommés (Le Gaulois 15 avril ; L’Ordre public, 7 juin ; La Pet. Répub., 23 juin).
Les autres articles évoquent la revue de manière plus succinte ; sur la première page : L’Intransigeant, 28 mars ; L’Afrique du Nord, 1er juin ; Paris-Midi, 19 mai ; Les Arts à Paris, 15 mai ; Journal du Peup., 10 avril ; Le Pays, 10 avril ; Excelsior, 11 avril ; L’Heure, 11 avril ; sur la deuxième page : Les Feuilles libres, 15 juin ; L’Afrique du Nord, juillet ; La Liberté, 21 juin ; [Journal non identifié].
Enfin, un article de Raymond Lefebvre, « Les livres », fait la recension, parmi d’autres ouvrages, des Dix-neuf poèmes élastiques de Cendrars, des Lettres de Jacques Vaché, et de La Rose des Vents de Soupault. [Site André Breton, 2023]
Descriptif
Lettre de Francis Picabia à André Breton, datée de Paris, le 17 décembre 1919.
Francis Picabia : d'abord associé à Dada et à Marcel Duchamp, le peintre est d'abord une référence, puis un compagnon de route pour Breton, et ce pendant de nombreuses années. Les quelques lettres réunies dans ce dossier font apparaître divers moments de leur relation : des premiers échanges, en 1920, aux collaborations (1923 : envois de poèmes pour Littérature ; 1924 : lettre évoquant un dessin pour la couverture d'un livre de Benjamin Péret, sans doute Immortelle maladie) et enfin à des envois plus tardifs, comme ces aphorismes de 1947. [site Atelier André Breton, 2005]
Transcription
17 décembre 1919
14, rue Émile-Augier Paris
Monsieur,
Croyez que j’ai été très touché par votre lettre ; je serais heureux aussi de faire votre connaissance. Très occupé en ce moment, je vous demande quelques jours et vous fixerai un rendez-vous. En attendant, je réponds à votre enquête et accepte avec plaisir votre proposition de collaborer à la revue Littérature. Je vous enverrai d’ici peu quelques poèmes.
Croyez, Monsieur, à mes sentiments très sympathiques.
Francis Picabia.
Bibliographie
André Breton, Correspondance avec Tristan Tzara et Francis Picabia, éd. Henri Béhar, Gallimard, Paris, 2017, p. 158
Lieu d'origine
Notice reliée à :
1 Œuvre
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Numéro 11 et 12, publiés le 15 octobre 1923, de la 2e série de cette très importante revue surréaliste. De nombreux textes autographes originaux figurent montés sur onglets en regard des textes imprimés.
Aucune image, une notice descriptive, des liens.
[Revue] Littérature
Descriptif
Lettre de Francis Picabia à André Breton, datée de Paris, le 22 décembre 1919.
Transcription
22 décembre 1919.
Cher Monsieur,
Je vous envoie ces deux petits poèmes pour Littérature. Voulez-vous venir me voir un soir après dîner, 14, rue Émile-Augier ; j’aurai le plus grand plaisir à vous rencontrer. En attendant votre rendez-vous, croyez-moi très sincèrement vôtre.
Francis Picabia.
P.S. Surtout si ces deux poèmes ne vous plaisent pas, il ne faut pas les publier.
Bibliographie
André Breton, Correspondance avec Tristan Tzara et Francis Picabia, Gallimard, éd. Henri Béhar, Gallimard, Paris, 2017, p. 158-159.
Lieu d'origine
Descriptif
Lettre de Francis Picabia à André Breton, datée de Paris, le 10 janvier 1920.
Transcription
Vendredi soir 1 h.
Cher Monsieur et ami,
Je viens à l’instant de recevoir une carte de Tzara et une lettre, il ne me parle plus de son projet de voyage à Paris ; c’est bien ce que je craignais, il doit avoir une difficulté pour son passeport. Cela me fait de la peine, enfin j’espère que d’ici quelques jours nous aurons de meilleures nouvelles. Moi aussi j’ai été heureux de passer cette journée avec vous ; il me semble que nous nous comprenons de plus en plus et, pour moi, c’est une immense joie. Je vois en vous tout ce que j’aime, vous êtes vraiment l’homme qu’il faut rencontrer deux ou trois fois dans sa vie pour avoir le courage de continuer à vivre. Je suis certain de ne pas me tromper. Ces quelques lignes, je vous les écris après avoir travaillé toute la soirée à mon livre Unique eunuque commencé il y a plus de quatre mois. Il me semble qu’il sera terminé demain.
Si vous êtes libre dimanche soir, venez donc rue Émile-Augier, même heure. Sans pneu je compte sur vous.
Bien affectueusement vôtre.
Francis Picabia.
Bibliographie
André Breton, Correspondance avec Tristan Tzara et Francis Picabia, Gallimard, éd. Henri Béhar, Gallimard, Paris, 2017, p. 163.
Date de création | 10/01/1920 |
Adresse de destination |
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Notes bibliographiques | Ms, encre noire - une page signée.
Enveloppe conservée. |
Langues | français |
Notes | Unique eunuque sort des presses le 20 février 1920 au Sans Pareil, dans la collection Dada, avec une préface de Trista Tzara. Le tirage est de 1000 exemplaires. |
Lieu d'origine |
|
Bibliothèque | Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, Paris : BRT C 1444 |
Dimensions | 18,70 x 21,20 cm |
Nombre de pages | 1 p. |
Référence | 19002075 |
Mots-clés | correspondance, lettre, Revue "Littérature", édition |
Catégories | Correspondance, Lettres à André Breton |
Série | [Correspondance] Correspondance avec Francis Picabia |
Lien permanent | https://www.andrebreton.fr/fr/work/56600101001752 |
Lieu d'origine
Lieu d'arrivée
Descriptif
Lettre de Tristan Tzara à André Breton, datée de Zürich, le 14 juillet 1920.
Transcription
Zürich 14 juillet [1920].
Mon cher ami,
Je regrette de ne pas vous avoir vu avant mon départ. Je suis dans cette ville morte depuis qq jours et je pars Dimanche. Arp est toujours très sympathique et plein de fraîcheur. Il viendra plus tard avec moi à Paris. Comment allez-vous ? Écrivez-moi Melle Chrusecz, Seefeldstr. 106, Zürich.
Je serai content d’avoir de vos nouvelles. En mon absence, les lettres me suivront. Arp fait une petite anthologie Dada qui paraîtra chez un éditeur en Allemagne tirée à 10 000 exempl. Il m’attendait pour l’arranger. Si je l’avais vu à Paris je lui aurais apporté des poèmes ou vous aurais demandé ce que vous préférez de choisir parmi vos choses déjà publiées. – J’ai donc choisi des choses de vous Aragon Éluard Soupault.
Envoyez je vous prie Littérature à Paul Steegemann Verlag, Marienstr 33, Hannover, Allemagne qui fera peut-être une édition en allemand des manifestes.
Aussi à A. Sauermann, Kanonierst 2, Berlin W8.
J’espère que vous allez mieux maintenant et que je vous verrai bientôt. Je ne sais pas encore quand je serai à Paris. Dites je vous prie à Éluard Soupault Aragon toutes mes amitiés.
Bien amicalement
votre Tzara.
Écrivez-moi
chez Melle Chrusecz
Seefeldstr. 106
Zürich
Bibliographie
André Breton, Correspondance avec Tristan Tzara et Francis Picabia, éd. Henri Béhar, Gallimard, Paris, 2017, p. 85-86.
Date de création | 14/07/1920 |
Adresse de destination |
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Notes bibliographiques | Ms, crayon à mine - trois pages signées sur papier à en-tête du Mouvement Dada : le mot « Paris », imprimé, est rayé et remplacé par « Zürich 14 juillet ».
Enveloppe conservée.
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Langues | français |
Lieu d'origine |
|
Bibliothèque | Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, Paris : BRT C 1640 |
Nombre de pages | 2 p. |
Référence | 19002639 |
Mots-clés | correspondance, Dada, lettre, poésie, Revue "Dada", Revue "Littérature" |
Catégories | Correspondance, Lettres à André Breton |
Série | [Correspondance] Lettres de Tristan Tzara, [Revue] Dada |
Lien permanent | https://www.andrebreton.fr/fr/work/56600101001738 |
Lieu d'origine
Lieu d'arrivée
Descriptif
Lettre non datée (novembre 1922) de René Crevel à André et Simone Breton.
De René Crevel, quelques pages éparses, datant sans doute de la fin des années 1920 (car une lettre salue Breton et « Simone », qui se sont séparés à l'automne 1929. Dans le même temps, la mention d'une « revue tchèque » évoque plutôt le début des années trente, et les premiers contacts avec le groupe de Prague : il est donc possible que divers envois aient été classés par Breton dans le même dossier. [site Atelier André Breton, 2005]
Manuscrit autographe et lettre autographe signée, sous chemise titrée René Crevel par André Breton, Davos, sd.
Lettre manuscrite autographe signée, non datée, 1 page in-4° de ce texte :
« ... J'ai une peau de serpent dans ma poche gauche, mon portefeuille et une fleur d'or si douce aux doigts.
Je suis un raté, car on aurait dû me mettre des yeux et des oreilles au bout des dix et dits doigts. Je suis triste car déjà je dis dix dits d'oie dois doigts. Je veux vraiment vous dire Au Revoir Simone Au Revoir Breton.
P.-S. Surtout ne m'envoyez pas Littérature numéro spirite. »
Le texte fait allusion au numéro 6 de Littérature, seul numéro de la revue à contenir les textes spirites de Crevel. [Antoine Poisson, site André Breton 2023]
Argus de la presse de Breton, sans date (circa 1920-1921)
Fantasio - L'Europe nouvelle - Le Journal du peuple - journal non identifié
Archives & papiers divers
Auteur
Auteur Pierre Drieu La RochelleRecueilli par Argus de la PressePersonnes citées Roger Allard, Louis Aragon, Céline Arnauld, Henri Bergson, Blaise Cendrars, Charlie Chaplin, dit Charlot, Gabriele D'Annunzio, Paul Dermée, Arthur Rimbaud, Guillaume Apollinaire, André Breton, Jean Cocteau, Max Jacob, Francis Picabia, Raymond Radiguet, Pierre Reverdy, Philippe Soupault, Tristan Tzara
Descriptif
Fragments de journaux évoquant André Breton, collectés par l'Argus de la Presse (circa 1920-1921) et collés par Breton.
Textes collectés par Breton, sans date, évoquant le retentissement de Dada dans la scène littéraire parisienne.
Sur la première image, la rubrique « La chasse au loufoque » de Fantasio livre une note parodique sur un salon littéraire inventé, où il s’agirait de reconnaître les dernières nouveautés en poésie. Les premières lignes donnent le ton, sur un fond nationaliste : « sous prétexte d’originalité et d’indépendance, notre bel art français est saboté par une bande d’écrivains et d’artistes ». L’auteur de l’article souhaite réagir et dénoncer « le ridicule de ces encombreurs qui ne peuvent que nuire aux sincères artistes ». Sont ainsi mentionnés les Beautés de Paris, de Dermée, « Le corset mystère » de Breton dans Littérature, une définition du mouvement Dada, « Soleil sage-femme » de Picabia et le « Couplet de l’amant de l’opéra » d’Aragon. Des dessins satiriques, dont les auteurs présumés sont Cocteau et Picabia, accompagnent l’article.
À droite, sous le titre « Esprit ! Que de crimes... », une chronique se moque de la manifestation dadaïste à l’église Saint Julien le pauvre à Paris, le 14 avril 1921. Les velléités révolutionnaires de Breton, Tzara et Raymond Duncan en toge, sont tournées en dérision, avec une critique sur la langue de ces orateurs (un « charabia incompréhensible ») et cité leurs propos : « notre langue pleine des chances », « notre sexe incontinent et glaireux », « Ki, ki, ki, ki, ki, ki... ». Sur cette même manifestation, on pourra consulter un autre article du 15 avril 1921 dans Comœdia (Tobia Bezzola, André Breton. Dossier Dada, Hatje Cantz, 2005, p. 75. [Dossier Breton, F084]).
Collé en bas, la rubrique Hors d’œuvre d’un journal non identifié évoque sous le titre « Un autre problème byzantin » la parution de l’enquête « Pourquoi écrivez-vous » dans Littérature (nº 10 et 11, décembre 1919, janvier 1920).
Sur la deuxième image, un article d’un journal non identifié porte sur le cubisme, « tout entier ridicule essentiellement ». On peut remarque que les noms assimilés aux poètes cubistes sont les jeunes dadaïstes. Comme exemples de cette littérature, sont cités l’Anthologie Dada, le Bulletin Dada du 5 février 1920 où Picabia, Ribemont-Dessaignes, Breton, Dermée, Éluard, Aragon, Tzara, lisent des manifestes. L’entreprise dadaïste est perçue comme une forme à l’ « extrême gauche du cubisme », « une fumisterie d’atelier d’ailleurs conduite par des peintres, qui est moins drôle en soi que par l’indignation qu’elle a suscitée chez ceux qui l’ont prise au sérieux ». Puis, des recueils sont examinés : La Rose des vents de Soupault, Pensées sans langage de Picabia, Dix-sept poèmes élastiques de Cendrars.
Sur la troisième image, Pierre Drieu la Rochelle signe « Les poètes cubistes et la revue “Littérature” », dans L’Europe nouvelle du 31 janvier 1920. Là aussi, le glissement de l’étiquette cubiste à celle de dadaïste est présent, sans disqualification. Dans cet article, il identifie l’intérêt du symbolisme, puis ceux du cubisme littéraire venu en réaction contre l’impressionnisme, dont le nœud serait l’association d’images, de rapports non conventionnels. Il conclut : « On s’apercevra que le mouvement symboliste et surtout le mouvement cubiste auront été deux étapes d’une révolution bien plus profonde que la romantique : la dissolution et la reconstitution de toute la psychologie poétique. » Il dresse ensuite la liste des ancêtres des cubistes, Rimbaud, Apollinaire, puis les cuvistes vivants, Cendrars, Cocteau, Jacob, Reverdy ; enfin « la plus jeune troupe » composée de Breton, Soupault, Aragon, Radiguet.
Sur la quatrième image, cinq fragments d’articles sont collés. Le plus conséquent est de P. Valmont, dans « Lettre de Paris », où il évoque sur un ton narquois l’enquête « Pourquoi écrivez-vous ? » parue dans Littérature, et fustige l’amateurisme des directeurs de la revue : « des lycées à la direction d’une revue, il n’y a qu’un pas facile à franchir ». À droite, Emile Decharme, dans Le Journal du Peuple, publie « Charlie Chaplin et le mouvement “Dada” », informant de la récente adhésion de Chaplin au mouvement, ce qui lui permet de définir Dada, ses revues, ses acteurs. Trois brefs fragments d’articles non identifiés, en bas de la page, définissent « les anti-dada », et évoquent les manifestations théâtrales des Dadas.
[Atelier André Breton, 2023]
Bibliographie
Première image
Anonyme, « La chasse au loufoque », Fantasio.
Anonyme, « Esprit ! Que de crimes... », journal non identifié (circa 1921).
Anonyme, « Un autre problème byzantin », journal non identifié (circa 1920).
Deuxième image
Anonyme, « Cubisme », journal non identifié (circa 1920).
Troisième image
P. Drieu La Rochelle, « Les “Groupements” Littéraires : Les poètes cubistes et la revue Littérature », L’Europe Nouvelle, n° 5, 31 janvier 1920.
Quatrième image
P. Valmont, « Lettre de Paris », journal non identifié.
Émile Decharme, « Charlie Chaplin et le mouvement “Dada” », Le Journal du Peuple.
Anonyme, sans titre, journal non identifié.
Anonyme, « Manifestations théâtrales des Dadas », journal non identifié.
Anonyme, « Courrier littéraire
Descriptif
Lettre d'André Breton à Jacques Doucet, datée du 25 janvier 1921.
Dans cette lettre, Breton semble s'excuser auprès de son protecteur pour ses dernières provocations, bien peu du goût de son protecteur. En effet, outre une lettre évoquant Freud datée du 15 janvier, et le numéro 17 très dada de Littérature (décembre 1920) il vient de participer, le même 15 janvier 1921, à une action dada contre une conférence de Marinetti sur le « Tactilisme ». Breton, peut-être par ruse, prend soin de faire bonne figure devant son protecteur et financier, non sans peut-être une pointe d'hypocrisie. [Antoine Poisson, 2021]
Transcription
Mardi 25 janvier 1921
Monsieur,
je n’ai pas conscience de vous avoir écrit une lettre qui fût pour moi un pensum. Si je vous ai paru ennuyeux, la faute peut en être au sujet dont vous m’aviez demandé de vous entretenir. Je ne suis pas responsable de toute cette lourdeur et Freud doit partager mes torts. Je comprends que tout cela ne soit pas de votre goût.
Quant à la part que j’ai prise à la contre‑manifestation Marinetti et à ma collaboration au dernier numéro de Littérature, j’admets qu’elles ne m’exposent à de vives critiques. Toutefois, ayant abandonné tout souci d’élégance extérieure et ne détestant pas me compromettre, je vous avoue que ces deux actions ne me laissent aucun regret. Vous me faites observer qu’assurément cela doit être plus drôle qu’autre chose, ce qui me semble juste, bien que je ne sois pas d’un naturel folâtre.
J’ai sous les yeux, en vous écrivant, quelques fragments de la lettre incriminée. En toute sincérité je ne les juge pas particulièrement indignes de votre bienveillance. J’ai peur que vous ne soyez surtout ému de mon retard. Je conçois votre scepticisme (que j’avais rêvé de vaincre cependant).
Je ne vous parle pas, Monsieur, de ma tristesse. Dois-je continuer à vous écrire ? J’attendrai que vous m’ayez fait connaître votre plaisir. Je vous prie d’agréer l’assurance de mes sentiments très respectueux.
André Breton
Bibliographie
André Breton, Lettres à Jacques Doucet, éd. Étienne-Alain Hubert, Paris, Gallimard, coll. Blanche, 2016, p. 74-75.
Descriptif
Lettre d'André Breton à Jacques Doucet, sans adresse, le 3 mars 1921.
Transcription
Jeudi 3 mars 1921
Monsieur,
j’hésitais comme je vous l’ai dit à vous écrire, pendant que vous étiez encore sous le coup d’un douloureux événement et que mon affection, cependant de plus en plus vive, ne pourrait vous être d’aucun secours. De notre dernière conversation, j’ai gardé le souvenir d’une telle fermeté et d’un si haut pouvoir d’abstraction que je ne crains plus d’être indiscret.
Littérature publiera dans son prochain numéro une sorte de tableau d’honneur qui vous surprendra peut-être et au sujet duquel je crois vous devoir quelques explications. Pour un certain nombre de personnages célèbres et de contemporains, nous avons établi une échelle de notes allant de – 25 à + 20 (– 25 exprimant la désapprobation complète, 0 l’indifférence absolue, 20 l’extrême sympathie). Je sais ce qu’un tel procédé peut avoir de choquant mais le tableau ainsi constitué en dira, je crois, plus long sur l’esprit de Littérature qu’une série d’articles critiques de ses différents collaborateurs. Il aura l’avantage de nous situer très exactement et même de montrer de quoi nous procédons, à quoi nous nous rattachons, à la fois ce qui nous lie et ce qui nous sépare.
Dada se prépare à sortir de l’inaction dans laquelle l’avait plongé le festival de la salle Gaveau. À la suite de cette manifestation, en effet, plusieurs d’entre nous (dont j’étais) estimant que Dada ne se renouvelait plus assez et que la succession rapide d’actes trop semblables allait aboutir à la formation d’un style, chose anti-dada par excellence, décidèrent qu’ils ne se montreraient plus en public d’ici quelque temps. Aussi, depuis huit mois, avons-nous fait très peu parler de nous. Le moment nous semble venu de reparaître et nous avons concerté un programme. Le grand album Dadaglobe, édité par la Sirène, verra bientôt le jour. Je n’ai pas l’impression qu’il révélera beaucoup d’idées nouvelles. La surprise y sera, je pense, la partie photographique (Man Ray, Arp, Ernst). On verra par là que la poésie qu’un texte dada est susceptible d’illustrations qui le serrent de très près, illustrations troublantes et parfaitement jolies, extrêmement curieuses sous le rapport de l’anecdote. Celle-ci, répudiée par le cubisme, va sans doute revenir à la mode. Il semble même qu’un grand effort ait porté sur elle. D’où la formation d’un pittoresque nouveau, dont a priori il est impossible de se faire une idée. Il me semble, Monsieur, que vous aimeriez posséder une chose de cet ordre, pendant qu’elle est encore très nouvelle ; c’est pourquoi je m’empresse de vous la signaler. Littérature publiera dans son numéro d’avril la reproduction d’une « aérographie », et d’un « relief tricoté » par Max Ernst. Par ailleurs, « Dadaglobe » contiendra peu de manifestes, un grand nombre de poèmes, récits, une pièce de théâtre, des articles critiques. Après la publication de ce volume, il sera impossible de contester à Dada sa valeur artistique. Je suis persuadé que l’on s’accordera à y voir des réalisations. Ce qui s’y trouvera de plus faible, à mon sens, sera l’apport en idées générales (tout est implicitement contenu dans le manifeste de Dada III et les vingt-trois manifestes de Littérature) et l’intensité de vie. Il est certain que l’on pouvait attendre mieux de nous, à ce point de vue, que des exposants de la rue de la Baume et que nous n’avons pas tenu toutes nos promesses. C’est pourquoi nous jugeons opportun de sortir à nouveau du papier, voir des scènes de théâtre et des expositions de peinture. Tout le côté public de Dada, qui a ses inconvénients, est légitimé par ce devoir de cure. Nous avons projeté une manifestation Dada sur l’amour que nous allons sans doute organiser par souscription. Nous entreprenons en même temps une série de visites à travers Paris dont le plan n’est pas encore bien arrêté (visite à Saint-Julien-le-Pauvre, visite au Musée du Louvre, visite-excursion à une forêt des environs de Paris dans les premiers jours du printemps, etc.) Toutes ces idées, émises avant-hier par moi, ont été approuvées à l’unanimité. Vous devez, Monsieur, les juger singulières mais cela tient à la conception ultra-aristocratique que l’on a de nos jours de l’art et de la vie intellectuelle. Dada s’efforce d’abolir ce privilège et de sortir de la tour d’ivoire.
Je ne vous ai pas encore envoyé les deux livres d’Apollinaire qu’il n’est possible de se procurer que le samedi. Je viens de lire l’ouvrage de Fabre sur Einstein, qui est le développement de son article paru l’été dernier dans la Revue universelle. C’est d’un médiocre intérêt. Exposé de grande vulgarisation, style désuet, démarquage de M. Paul Valéry, il n’y a rien là qui vaille la lecture. En attendant la traduction de l’étude anglaise, le mieux est de se documenter sur Einstein au moyen de l’étude du Journal de Psychologie. On peut lire aussi la note de Valéry parue l’an dernier dans la N.R.F.
Dans un tout autre ordre d’idées, je me demande, Monsieur, si vous connaissez une petite revue intitulée « Maintenant » que dirigeait avant la guerre Arthur Cravan, mort depuis. Je pense que le rôle de cette publication est loin d’être indifférent. Cinq numéros seulement ont paru, contenant un article extrêmement vivant sur le salon des Indépendants de 1914, le récit d’une visite à André Gide, de curieuses réclames, des poèmes et des souvenirs sur Oscar Wilde. J’estime que cette cinquantaine de pages mérite une place dans une bibliothèque au même titre que les Soirées de Paris qu’elles devancèrent à l’époque. Arthur Cravan vendait « Maintenant » dans Paris. Il la criait dans les rues en poussant une charrette de marchand des quatre saisons sur laquelle il avait chargé les exemplaires. Je possède la petite collection que je suis prêt à vous communiquer, Monsieur, si cela vous intéresse. Une des pensées les plus modernes s’y donne libre cours ; c’est un des témoignages les plus nets de l’état d’esprit qui précéda Dada. Jacques Vaché avait connu par moi « Maintenant » qui l’amusait beaucoup. Je serai toujours très heureux, Monsieur, chaque fois que vous m’accorderez quelques instants d’entretien avec vous.
Je vous prie de croire à l’assurance de mon profond respect.
André Breton
Bibliographie
André Breton, Lettres à Jacques Doucet, éd. Étienne-Alain Hubert, Paris, Gallimard, coll. Blanche, 2016, p. 86-90.
Date de création | 03/03/1921 |
Notes bibliographiques |
Sept pages 18 × 13,5 cm, chiffrées de I à VII, sur deux feuillets 27 × 18 cm pliés, papier bleu. Encre bleue.
|
Langues | français |
Bibliothèque | Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, Paris : BLJD 7210-9 |
Dimensions | 18,00 x 27,00 cm |
Crédit | © Aube Breton, Gallimard 2016 |
Mots-clés | correspondance, Dada, lettre, Revue "Dada", Revue "Littérature" |
Catégories | Correspondance, Lettres d'André Breton |
Série | [Correspondance] Lettres à Jacques Doucet, [Revue] Dada |
Lien permanent | https://www.andrebreton.fr/fr/work/56600101001001 |
Descriptif
Lettre d'André Breton adressée de Lorient à Jacques Doucet, le 12 août 1922.
Comme de coutume, André Breton est à Lorient pour voir ses parents, et il ne s'y plaît pas. Se languissant de la capitale, il trompe l'ennui en écrivant à Marius de Zayas et à Jacques Doucet. Par-delà l'éloge dont Breton est coutumier, on perçoit un réel besoin de discussion alors qu'il s'attelle au prochain numéro de la revue qu'il dirige à nouveau : Littérature. En attendant les épreuves du numéro 4 (nouvelle série, à paraître en septembre) où l'influence de Picabia sera décisive, il esquisse déjà ce qui semble un programme littéraire : jugeant Rimbaud dépassé, il renouvelle son admiration pour Apollinaire et Duchamp. Symptomatiquement, le n°5 de Littérature (octobre 1922) comportera un article de Breton sur le créateur du Phare de la mariée. [Antoine Poisson, 2021]
Transcription
Lorient le 12 août 1922
Très cher Monsieur,
je pense beaucoup à vous depuis mon arrivée ici et je m’aperçois que parmi les choses qui sont étroitement liées à ma vie, il en est peu qui me soient devenues aussi précieuses que ces quelques minutes de conversation que vous m’accordez de temps à autre et en fonction de quoi, sauf l’amitié de deux ou trois autres hommes, tout le reste me semble vulgaire et sans charme. Rien ne me porte à ce genre de réflexions comme un séjour dans cette province que je hais et d’où je suis incapable de vous adresser autre chose qu’une pensée très affectueuse. Je suis à peu près sans nouvelles du monde et je n’ai encore écrit qu’à Marius de Zayas dans l’espoir que nous pourrons nous rencontrer près d’ici. Il fait un triste temps et cela n’est pas pour me rendre plus agréable les excursions à la mer. Je n’ai pas encore reçu les épreuves de Littérature et je m’occupe de la composition du prochain numéro ; pour cela même je suis d’ailleurs mal placé.
Toute mon activité se concentre sur ce problème : un nouvel esprit se prépare, quel sera-t‑il et de quoi vraisemblablement doit-il participer ? Je crois qu’il est des influences qui cessent totalement aujourd’hui de s’exercer : Rimbaud par exemple. Il se pourrait qu’on redécouvrît prochainement un certain côté d’Apollinaire (je dis cela un peu au hasard). Et toujours l’homme de qui je serais le plus disposé à attendre quelque chose, s’il n’était pas si lointain et au fond sans doute si désespéré, l’homme qui s’est tenu seul à l’écart du public et qui n’a pas voulu être jusqu’ici le héros d’aucune aventure, si brillante qu’elle soit (cubisme, dadaïsme), l’esprit qu’on trouve à l’origine de tous les mouvements modernes et que ces différents mouvements n’ont nullement compromis : Marcel Duchamp. Sa pensée m’est un refuge.
Croyez, je vous prie, cher Monsieur, à ma grande affection et à la hâte que j’ai de vous revoir. Ma femme me prie de vous transmettre ses sentiments les plus choisis
André Breton.
24 rue Amiral Courbet Lorient.
Bibliographie
André Breton, Lettres à Jacques Doucet, éd. Étienne-Alain Hubert, Paris, Gallimard, coll. Blanche, 2016, p. 124-125.
Lieu d'origine
Descriptif
Lettre d'André Breton à Jacques Doucet, envoyée de Paris le 8 février 1923.
Au début de février 1923, André Breton semble en difficulté. La revue Littérature, à la suite de son orientation résolument provocatrice, perd des adhérents de jour en jour, et son directeur doit faire face à des impayés. Il a donc recours à l'aide de Jacques Doucet en lui demandant de l'avancer sur une vente de masque. [Antoine Poisson, 2021]
Transcription
Paris le 8 février 1923
Très cher Monsieur,
je me permets de vous adresser une requête qui, je l’espère, ne vous semblera pas trop indélicate. J’ai pensé qu’il vous serait peut‑être possible, sans ennui pour vous, de me sortir d’une difficulté. À la suite de quinze demandes, la libraire Gallimard se décide à m’adresser la note des frais de Littérature (quatre numéros) et cette note me parvient ce matin, alors que j’avais cessé momentanément d’y compter. Comme elle est plus élevée que je ne le supposais et que votre subvention, déjà si aimable, ne couvre guère que les frais de clichés, acquittables à chaque numéro, je vous serais très reconnaissant de me dire s’il vous dérangerait de m’avancer la moitié du prix du masque nègre, que vous aviez bien voulu remarquer chez moi. Il me semble, en tout cas, que Man Ray à qui vous aviez l’intention de verser lundi une somme un peu supérieure, ne demanderait pas mieux que d’attendre quelque temps. Si, pour une raison ou pour une autre, vous ne pouviez me rendre ce grand service, je m’arrangerais pour vendre une des tableaux qui sont chez moi, même à faible perte ; je ne voudrais bien entendu modifier en rien vos dispositions. Mais, seulement au cas où cela vous serait tout‑à‑fait égal, je serais très heureux d’avoir recouru à votre bonté. Vous savez, Monsieur, combien il m’est pénible de vous entretenir de ces choses et, pour rien au monde, je ne voudrais en un tel domaine vous paraître indiscret.
Le numéro 9 de Littérature vous parviendra sans doute demain car je suis déjà en possession du justificatif et des épreuves suivantes. Je souhaite qu’il ne vous déplaise pas.
Je vous prie de croire, cher Monsieur, à mes sentiments très affectueux et dévoués.
André Breton.
Bibliographie
André Breton, Lettres à Jacques Doucet, éd. Étienne-Alain Hubert, Paris, Gallimard, coll. Blanche, 2016, p.140-141.
Date de création | 08/02/1923 |
Notes bibliographiques | Ms, encre bleue - Deux pages sur un feuillet 27 × 21 cm à en‑tête imprimé en vermillon : LITTÉRATURE / NOUVELLE SÉRIE / Directeur : André BRETON 42 rue Fontaine, PARIS (IXe) / ADMINISTRATION : Librairie GALLIMARD / 15, boulevard Raspail, PARIS. |
Langues | français |
Lieu d'origine |
|
Bibliothèque | Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, Paris : BLJD 7210-29 |
Dimensions | 21,00 x 27,00 cm |
Nombre de pages | 2 |
Crédit | © Aube Breton, Gallimard 2016 |
Mots-clés | correspondance, lettre, revue, Revue "Littérature", édition |
Catégories | Correspondance, Lettres d'André Breton |
Série | [Correspondance] Lettres à Jacques Doucet, [Revue] Littérature |
Lien permanent | https://www.andrebreton.fr/fr/work/56600101001027 |
Lieu d'origine
Descriptif
Lettre de Francis Picabia à André Breton, datée du Cannet, le 21 janvier 1924.
Francis Picabia : d'abord associé à Dada et à Marcel Duchamp, le peintre est d'abord une référence, puis un compagnon de route pour Breton, et ce pendant de nombreuses années. Les quelques lettres réunies dans ce dossier font apparaître divers moments de leur relation : des premiers échanges, en 1920, aux collaborations (1923 : envois de poèmes pour Littérature ; 1924 : lettre évoquant un dessin pour la couverture d'un livre de Benjamin Péret, sans doute Immortelle maladie) et enfin à des envois plus tardifs, comme ces aphorismes de 1947. [site Atelier André Breton, 2005]
Lettre de Francis Picabia à André Breton.
Lettre autographe signée de Francis Picabia comportant un poème pour la revue littéraire dédié à Jacques Doucet : Tambourin (enveloppe conservée) : « Il faut aller jusqu'au bout du monde mais le bout du monde est décoloré par le soleil. »
Lettre insérée dans le livre Pensées sans langage que Breton conserve dans sa bibliothèque. [catalogue de la vente, 2003]
Transcription
Le Cannet, 21 janvier 1924.
Cher André,
Je vous envoie ce petit poème pour Littérature.
À Jacques Doucet.
Tambourin
Les habitudes ont l’œil rusé
Comme les mailles d’un filet
L’ivrogne va de village en village
Cherchant des amis
Les mouches voltigent avant de mourir
Comme des petits projectiles
La musique passe dans la rue
Notre oreille la suit
Il faut aller jusqu’au bout du monde
Mais le bout du monde est décoloré par le soleil.
Je compte rentrer à Paris du 10 au 15 février. Hier j’ai mis le point final à mon livre. Je n’ai plus qu’à revoir le tout minutieusement. Le titre de Caravansérail est définitif.
Je viens de recevoir l’article de Desnos, il m’a fait beaucoup de plaisir.
Affectueusement vôtre.
Francis P.
Bibliographie
Sanouillet, Michel, Dada à Paris, 1980, C.N.R.S éditions, Appendice, pièce n°159.
André Breton, Correspondance avec Tristan Tzara et Francis Picabia, Gallimard, éd. Henri Béhar, Gallimard, Paris, 2017, p.
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1 Œuvre
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Francis Picabia
Poésie de Francis Picabia publiée en 1919 chez E. Figuière à Paris.
Deux images, une notice descriptive, un lien, des lettres associées.
Arc, Impôts et occasions, Cirque, Instant note 7 frère, Moi touche-moi,
Calendrier, Maori toto-vaca
Poèmes tapuscrits
Manuscrit
Auteur
Auteur Tristan Tzara
Descriptif
Manuscrits de Tristan Tzara signés, datant de 1919, et se trouvant sous chemise titrée.
25 juin 1919. Bien avant le temps des brouilles et des réconciliations, c'est celui de la découverte éblouie. Tzara, Breton ; deux tempéraments qui s'opposent et se rencontrent cependant, alors que la mort de Jacques Vaché a privé le second d'une référence, d'une réponse à l'absurdité des temps. Dada lui offrira un temps une manière de développement, de passage à la limite de ce dont Vaché avait eu l'intuition ; ces textes envoyés par Tzara pour Littérature, dont un magnifique poème entièrement phonétique, sont une étape marquante dans l'itinéraire personnel de Breton. [site Atelier André Breton, 2005]
Poèmes tapuscrits signés (1919), sous chemise titrée « Tristan Tzara » par André Breton.
Image 1. - chemise titrée « Tristan Tzara » par André Breton.
Image 2. - 1 page in-4° tapuscrite d’un poème titré « Arc » et signé à l’encre noire par Tristan Tzara.
Image 3. - 1 page in-4° tapuscrite d’un poème titré « Impôts et occasions » signé à l’encre par Tzara.
Images 4 à 9. - 6 pages in-4° tapuscrites d’un poème en 6 parties intitulé
« Cirque », chacune des pages signées à l’encre noire par Tzara.
Image 10. - 1 page in-4° tapuscrite d’un poème titré « Instant note 7 frère » et signé à l’encre par Tzara.
Image 11. - 1 page in-4° tapuscrite et titré « À l’antiphilosophe » avec indications de Breton pour l’imprimeur.
Image 12. - 1 page in-4° tapuscrite et titrée « Moi touche-moi touche-moi seulement ».
Image 13. - 1 page tapuscrite et titrée « Calendrier ».
Images 14 et 15. - 2 pages in-4° tapuscrites et titrées « Maori toto-vaca ».
« Ici les antennes brûlent d’impatience des agences télég(raphiques). Les rayures appellent les scorpions, qui règlent le lavage automatique des urinoirs, envoient gratuitement des cigarettes à ceux qui en désirent avant le suicide. »
Image 16. - 1 page in-12, lettre autographe datée de « Zürich, le 25 juin 1919 » et signée par Tristan Tzara à l’encre à André Breton :
« Nous nous sommes rencontrés dans un coin d’où l’on voit (c’est particulièrement ridicule) les génies à la chasse des gros mots, du prestige, prestidigitation de prédilections prodigieuses pour le plaisir de ceux qui paient. » [catalogue de la vente, 2003]
Descriptif
Un des trois manuscrits autographes sous chemise titrée « Raoul Huelsenbeck, 1. Historique de Dada, 2. En avant ! ».
Richard ou Raoul Huelsenbeck ? Quoi qu'il en soit, cet historien précoce du mouvement Dada y fut pleinement engagé, puisqu'il parle de « nous », de ces Zürichois dont il partage d'abord les convictions avant de leur faire des reproches assez graves : mégalomanie, vol d'idées (à Picasso et Marinetti...). Cet historique, quelque aigreur qui le traverse à la fin, reste un document inappréciable sur le mouvement Dada, pour les petites histoires qu'il relate et surtout pour les portraits qu'il dresse des principaux acteurs - Breton lui-même apparaissant à la fin. Un fragment en fut publié sous le titre de « En avant ! », dans la nouvelle série de Littérature, n° 4, en septembre 1922. Ce qui n'est pas innocent ; on sait qu'à cette date Breton et Tzara sont brouillés. « Faire de la littérature avec un révolver en poche » ; dans cette formule se lit ainsi tout aussi bien l'esprit de Dada que celui des hommes qui lui survivent, prompts à dégainer pour assassiner un ancien ami. [catalogue de la vente, 2003]
Manuscrits autographes, sd [1922].
« En avant ! », texte de Huelsenbeck, tiré sur papier calque titré et avec des corrections autographes au crayon de André Breton (7 pages in-4°)
« Faire de la littérature avec un revolver en poche c'était à un certain moment mon grand désir, quelque chose comme un chevalier errant de la plume, un Ulrich Von Hutten moderne, voilà l'image que je me faisais d'un dadaïste. »
Texte important publié dans le n° 4 de septembre 1922 de la nouvelle série de la revue Littérature. [catalogue de la vente, 2003]
Bibliographie
Richard Huelsenbeck, « En avant ! »,Littérature, nouvelle série n° 4, septembre 1922.
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3 Œuvres
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Numéro 4, publié en septembre 1922, de la 2e série de cette très importante revue surréaliste. De nombreux textes autographes originaux figurent montés sur onglets en regard des textes imprimés.
16 images, une notice descriptive, une exposition, des liens.
[Revue] Littérature
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Descriptif
Numéro 1 de la 2e série de cette très importante revue surréaliste. De nombreux tracts et textes autographes originaux figurent montés sur onglets en regard des textes imprimés.
Véhicule de la pensée surréaliste, la revue Littérature publiera des textes surréalistes majeurs, comme Les Champs magnétiques. André Breton a retenu le titre de Littérature proposé par Paul Valéry, qu'il faut évidemment comprendre par antiphrase.
Les vingt numéros de la revue s'échelonnent de mars 1919 à août 1921. La nouvelle série, présentée ici, compte 13 numéros de mars 1922 à juin 1924. Ces numéros de la nouvelle série ont été reliés par Paul Bonet à l'intention d'André Breton. Le dos porte le titre doré en long, chaque lettre du titre s'intercalant dans une bande de maroquin de couleurs différentes, ainsi que les dates d'édition.
On trouve associés à ce numéro :
Image 1. Couverture de Littérature, nouvelle série, n°1. Dessin de Man Ray.
Image 2. Poème manuscrit de Benjamin Péret : « Ma main dans la bière »
Image 3. Texte manuscrit de Louis Aragon signé : « Revue Rhénane, Neverundschau, N.R.F., etc. »
Images 4-7. Texte manuscrit de Philippe Soupault : « Un bon mouvement »
Image non disponible. Catalogue de l'exposition Giorgio de Chirico chez Paul Guillaume en 1922, du Mardi 21 Mars au Samedi 1er Avril 1922, 59 Rue la Boëtie, Paris. Catalogue accompagné d'un texte d'André Breton :
« Lorsque Galilée fit rouler sur un plan incliné des boules dont il avait lui-même déterminé la pesanteur, ou que Toricelli fit porter à l'air un poids qu'il savait être égale à une colonne d'eau à lui connue, alors une nouvelle lumière vint éclairer tous les physiciens.
« On se fait une idée imparfaite des Sept Merveilles du monde ancien. De nos jours quelques sages : Lautréamont, Apollinaire ont voué le parapluie, la machine à coudre, le chapeau haut de forme à l'administration universelle. Avec cette certitude qu’il n’ya rien d’incompréhensible et que tout, au besoin, peut servir de symbole nous dépensons des trésors d’imagination. Se figurer le sphinx comme un lion à tête de femme fut autrefois poétique. J’estime qu’une véritable mythologie moderne est en formation. C’est à Giorgio de Chirico qu’il appartient d’en fixer impérissablement le souvenir.
« À son image Dieu a fait l’homme, l’homme a fait la statue et le mannequin. La nécessité de consolider celle-là (socle, tronc d’arbre), l’adaptation à sa fonction de celui-ci (pièces de bois verni remplaçant la tête, les bras), sont l’objet de toutes les préoccupations de ce peintre. On ne peut douter que le "style" de nos habitations l’intéresse sous le même rapport, ainsi que les outils construits déjà par nous en vu de nouvelles constructions : équerre, rapporteur, carte de géographie.
« La nature de cet esprit le disposait par excellence à reviser les données sensibles du temps et de l’espace. Les rameaux de l’arbre généalogique fleurissent un peu partout. Simultanément une certaine lumière orangée apparait comme une flamme de bougie et comme une étoile de mer. Angles dièdres. Toutefois Chirico ne suppose pas qu’un revenant puisse s’intoduire autrement que par la porte.
« Il parait que tout ca n’a rien a voir avec la peinture. Mais le colosse de Rhodes et le Temple d’Éphèse nous les connaissons grâce à Philon de Byzance, ingénieur et tacticien [ grec, auteur de traités sur l’art des sièges et la fabrication des machines de guerre (fin du IIIe siècle avant J.-C.). »
Images 9-14. Lettre manuscrite signée de Giorgio de Chirico à André Breton : « Mon bien cher ami... »
Image 15. Poème manuscrit de Jacques Baron: « Zinc »
Images 16-17. Texte manus