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    Description

    Revue du mouvement Dada, parue à Zürich puis Paris (1917-1921), sous la direction de Tristan Tzara. Numéro 7 (mars 1920).

    La page 2 n'a pas été numérisée. [site André Breton, 2020]

     

    Transcription

    [Couverture]

    [Texte dans le dessin]

    DAME !

    LA CHAIR
    QUI A TROP
    BU
    EST UN BŒUF
    NAPOLITAIN

    RAFISTOLER SON LIT

    LES MAINS
    DANS
    LA CROTTE
    CANONIQUE

    LE PONT-LEVIS
    DE LA DAME

    FRANCIS PICABIA

    [Page 1]

    [colonne 1]

    VÉLODROME AUX OIGNONS

    le mariage 1/3 est aussi un résultat de la vie maritime comme la fin de phrase voilà et mat le fleur remue la queue on lui met des ventouses de lampes électriques il croit à l’inviolabilité des négations valables pour un mois il est donc très gentil et extrêmement sympathique
    le téléphone nous reste fidèle comme un chien nickel dit le dadaïste il baille baille les rideaux avalent la lumière des rues Aa envoie express tout cela pour l’exposition des colonies le monde normal le mien phosphate le tribunal est un raid conjugal entre la poudrière la manivelle la manifestation et les bagages des grains de migraine savon lunaire et hors-d’œuvre avantage ont adopté un fils nouveau vierge et l’ont caché dans le piano garage
    Il y a encore le cancer de la lampe rouge du corridor
    et la mâchoire enguirlandée d’ongles attend le nain le train et le lapin monsieur Aa attend le courrier l’applaudissement civil de l’attentat criminel et perpétuel

    TRISTAN TZARA

    LA QUEUE DU DIABLE EST UNE BICYCLETTE

    la morsure équatoriale dans le roc bleui
    accable la nuit senteur intime de berceaux ammoniaque
    la fleur est un réverbère poupée écoute le mercure qui monte
    qui montre le moulin à vent accroché au viaduc

    avant-hier n’est pas la céramique des chrysanthèmes qui tourne la tête et le froid

    l’heure a sonné dans ta bouche
    encore un ange brisé qui tombe comme un excrément de vautour
    étend l’accolade sur le désert fané
    lambeaux d’oreilles rongées lèpre fer

    TRISTAN TZARA

    [colonne 2]

    ARTICHAUTS

    Dada n’ayant plus que quelques années ou quelques mois ou quelques jours à vivre, cherche un notaire pour lui confier ses dernières volontés.

    Les mathématiques Dada n’ont pas encore été cultivées. Jusqu’à présent l’étude du nombre a rendu complètement idiot. L’idiotie est le saturnisme du mathématicien.

    Il y a aussi quelque chose qu’on ne connaît pas : c’est le dadaïsme dada. Mais Dada a des mamelles jusqu’aux orteils.

    Dada doute de tout. On dit : cela aussi est un principe. Non, le doute n’est pas in principio. Mais quand cela serait si Dada croit au doute, cela prouverait qu’il n’a pas de principe.

    Quand Dada verra que les cochons châtrés commencent à avoir la voix du jaguar, il fera comme l’iode, il se sublimera. Et il revivra dans l’air respiré par les cochons châtrés et dans leur bauge. Et les cervelas que l’on servira au repas familial seront malgré tout possédés par Dada

    Dada, o Dada, quelle figure ? Si triste ? Si gaie ? Regarde-toi dans la glace. Non, non, ne te regarde pas.

    Qu’est-ce que c’est beau ? Qu’est-ce que c’est laid ? Qu’est-ce que c’est grand, fort, faible ? Qu’est-ce que c’est, Carpentier, Renan, Foch ? Connais pas. Qu’est-ce que c’est moi ? Connais pas. Connais pas, connais pas, connais pas.

    Regarder les astres ou l’intérieur de l’estomac avec une demi-jumelle de théâtre, c’est une occupation artistique. Enfin, la seule occupation des hommes. Et ils pleurent, ils pleurent comme si l’oignon entrait dans la composition du verre.

    Il est intéressant de noter à quels partis appartiennent les sourires d’alliances offerts a Dada. Politique et mariage. Dada a une grosse dot à manger. Mais Dada est difficile à déflorer : la vierge est étroite.

    GEORGES RIBEMONT-DESSAIGNES

    [Page 2]

    [Colonne 1]

    MANIFESTE CANNIBALE DADA

    Vous êtes tous accusés ; levez-vous. L’orateur ne peut vous parler que si vous êtes debout.
    Debout comme pour la Marseillaise,
    debout comme pour l’hymne russe,
    debout comme pour le God save the king,
    debout comme devant le drapeau.
    Enfin debout devant D A D A  qui représente la vie et qui vous accuse de tout aimer par snobisme, du moment que cela coûte cher.
    Vous vous êtes tous rassis ? Tant mieux, comme cela vous allez m’écouter avec plus d’attention.
    Que faites-vous ici, parqués comme des huîtres sérieuses — car vous êtes sérieux n’est-ce pas ?
    Sérieux, sérieux, sérieux jusqu’à la mort.
    La mort est une chose sérieuse, hein ?
    On meurt en héros, ou en idiot ce qui est la même chose. Le seul mot qui ne soit pas éphémère c’est le mot mort. Vous aimez la mort pour les autres.
    A mort, à mort, à mort.
    Il n’y a que l’argent qui ne meurt pas, il part seulement en voyage.
    C’est le Dieu, celui que l’on respecte, le personnage sérieux — argent respect des familles. Honneur, honneur à l’argent : l’homme qui a de l’argent est un homme honorable.
    L’honneur s’achète et se vend comme le cul. Le cul, le cul représente la vie comme les pommes frites, et vous tous qui êtes sérieux, vous sentirez plus mauvais que la merde de vache.
    D A D A  lui ne sent rien, il n’est rien, rien, rien.
    Il est comme vos espoirs : rien.
    comme vos paradis : rien
    comme vos idoles : rien
    comme vos hommes politiques : rien
    comme vos héros : rien
    comme vos artistes : rien
    comme vos religions : rien
    Sifflez, criez, cassez-moi la gueule et puis, et puis ? Je vous dirai encore que vous êtes tous des poires. Dans trois mois nous vous vendrons, mes amis et moi, nos tableaux pour quelques francs.

    FRANCIS PICABIA

    UN MOT DUR - N° 58

    [4 phrases entourent un encadré central]

    [haut gauche]

    Les petites rues sont
    des couteaux.

    [haut droite]

    Tous les poètes
    savent dessiner.

    [encadré central]

    « Le bureau de poste est en face.
    — Que voulez-vous que ça me fasse ?
    — Pardon je vous voyais une lettre à la main. Je croyais...
    — ll ne s’agit pas de croire, mais de savoir.

    [bas gauche]

    Le plancher des
    poissons

    [bas droite]

    S’asseoir à l’aube,
    coucher ailleurs.

    PAUL ÉLUARD

    [Colonne 2]

    [Composition centrée]

    PIÈCE FAUSSE

    Du vase en cristal de Bohême
    Du vase en cris
    Du vase en cris
    Du vase en
    En cristal
    Du vase en cristal de Bohême
    Bohême
    Bohême
    En cristal de Bohème
    Bohême Bohême Bohême
    Hême hême oui Bohême
    Du vase en cristal de Bo Bo
    Du vase en cristal de Bohème
    Aux bulles qu’enfant tu soufflais
    Tu soufflais
    Tu soufflais
    Flais
    Flais
    Tu soufflais
    Qu’enfant tu soufflais
    Du vase en cristal de Bohême
    Aux bulles qu’enfant tu soufflais
    Tu soufflais
    Tu soufflais
    Oui qu’enfant tu soufflais
    C’est là, c’est là tout le poème
    Aube éphé
    Aube éphé
    Aube éphémère des reflets
    Aube éphé
    Aube éphè
    Aube éphémère de reflets

    ANDRÉ BRETON

    [Encadré]

    Nous avons fait le sacrifice de l’œil droit à DADA. Et l’insigne DADA se porte sur l’œil gauche. Entendu.

    Dada s’est assuré la collaboration régulière des plus notoires traducteurs et plagiaires de la langue française.

    PROVERBE n’existe que pour justifier les mots

    DADA    dito   que    d to     l’Emprunt.

    Paul Eluard à Tristan Tzara :
    « Les femmes grosses ne sont pas seulement celles que vous imaginez fragiles, tout objet fragile est automatique et maigre. Maigre et gros se prononce bien une femme malheureuse pour finir une seule femme sans suite une femme heureuse. »

    [sans signature]

    [Page 3]

    [Colonne 1]

    Ô

    Il posa son chapeau sur le sol, et le remplit de terre
    Et y sema du doigt une larme.
    Un grand géranium y poussa, si grand.
    Dans le feuillage mûrirent un nombre indéfini de potirons
    Il ouvrit une bouche aux dents couronnées d’or, et dit :
    I grec !
    Il secoua les branches du saule de Babylone qui rafraîchissait l’air
    Et sa femme enceinte, â travers la peau de son ventre
    Montrait à l’enfant le croissant d’une lune mort-née
    Lui mit sur sa tête le chapeau importé d’Allemagne.
    La femme avorta de Mozart,
    Tandis que passait dans une automobile blindée
    Un harpiste,
    Et qu’au milieu du ciel, des colombes,
    De tendres colombes mexicaines, mangeaient des cantharides.

    GEORGES RIBEMONT-DESSAIGNES

    BARRIÈRE

    « On m’a parlé d’un restaurant luxueux où les mets les plus divers sont apportés. Il y a des dessous de plats à musique, des carafes à deux becs, des verres à pied et une magnifique porte d’entrée.
    – Les plus magnifiques portes sont celles derrière lesquelles on dit : « Ouvrez, au nom de la loi ».
    – Je préfère à ces drames le vol silencieux des outardes et la tragédie familiale : le fils part pour les colonies, la mère pleure et la petite sœur pense au collier que son frère lui rapportera. Et le père se réjouit intérieurement parce qu’il pense que son fils vient de trouver une situation.
    – J’ai été recommandé dès mon jeune âge a un animal domestique et pourtant j’ai toujours préféré à la chaleur de sa langue sur ma joue une petite histoire des temps passés.
    – Du bout des lèvres on peut boire cette liqueur verte, mais il est de meilleur ton de commander un tonique.
    – Les forçats se donnent une peine immense pour garder leur sérieux. Ne leur parlez pas de ces enlèvements surnaturels ; la jeune fille a encore les cheveux dans le dos.
    – Il n’y a donc que ces voitures brunes pour favoriser les évasions. Tous les jours, à midi, quelqu’un se sauve.
    – Qu’il prenne garde à ces échelles qu’on jette horizontalement sur les avenues et qui sont faites de tous les « Arrêtez-là ».
    – Il s’en moque. Regardez, voici un individu qui s ’approche de nous en courant à toutes jambes. Pas un cri ne s’envolera de nos lèvres. Il va plus vite que les mots les plus brefs. Je sais que derrière nous on ne peut que pâlir de frayeur. »

    ANDRÉ BRETON ET PHILIPPE SOUPAULT

    [Colonne 2]

    Je suis dada. a-dada, anada, anana,
    Amanda n’avait qu’un défaut...

    Les gens qui veulent qu’on les respecte sont des imbéciles ou des malfaisants.

    Mon dada-irrespect
    Irrespect mime de DADA.

    Il y a un rat crevé sous le plancher

    [Encadré]

    Voulez-vous vous raser malin et soir
    au théâtre, au bal, au cinéma, en famille
    achetez un
    GILLETTE de Narbonne

    PAUL DERMÉE

    Le ciel est un énorme crucifix, le fond du ciel est la terre, le fond de la terre Rosemberg, la cathédrale des poires.

    Erik Satie a trouvé la musique d’ameublement ; façon de s’introduire dans le monde. (Location pour soirées).

    Archipenko est un homme aussi fermé qu’une maison close.

    Favory avec quelques photographies de musées, un métier appris à l’académie Julian, arrive comme Lhote à émouvoir Roger Allard et Louis Vauxcelles.

    Les scandinaves prennent plaisir aux promenades du soir, lorsqu’ils peuvent contempler la lune. Et par temps brumeux, les tableaux « comme la lune » de Matisse, la remplace en appartement.

    Marcel Duchamp continue à donner des leçons d’amour .

    Les sens sentent l’oignon dans l’après-midi.

    DADA est contre la vie chère.

    FRANCIS PICABIA

    FICHE

    Le paquet de tabac du peintre c’est la bûche
    Je vais élire
    un vase à lire
    Je serre la main de Tristan Tzara et je passe. Le principal pour ne pas se perdre : fixer la boîte aux lettres ou l’avertisseur d’incendie. Comme la prunelle de mes yeux, le soleil sur fond noir des assurances est une hantise acceptable. On sent plus ou moins le besoin de croire en son étoile.

    LOUIS ARAGON

    [Page 4]

    [Colonne 1]

    LOUANGE DE L’OLIVIER

    Ton haleine un jour de Janvier
    Ou, tirant de grosses bouffées
    de ta pipe charmant fumeur
    Est-ce le train ? Sont-ce les fées ?
    La cendre du jour qui se meurt ?
    Soyons tristes, c’est l’olivier

    JEAN COCTEAU

    [Filet]

    Les 23 Manifestes
    du MOUVEMENT DADA

    paraîtront dans la revue mensuelle

    LITTÉRATURE

    9, Place du Panthéon
    Abonnement : 15 francs par an

    Les amateurs de ténèbres textiles trouveront dans chaque numéro le portrait d’un dada fait par un dada.

    [Filet]

    DADA est un microbe vierge
    Dada est contre la vie chère
    Dada
    société anonyme pour l’exploitation des idées
    Dada a 391 attitudes et couleurs différentes, suivant le sexe du président
    Il se transforme – affirme – dit en même temps le contraire – sans importance – crie – pêche à la ligne
    Dada est le caméléon du changement rapide et intéressé
    Dada est contre le futur. Dada est mort. Dada est idiot
    Vive Dada. Dada n’est pas une école littéraire hurle

    TRISTAN TZARA

    [Colonne 2]

    ZUT

    Zim ba da boum soyons oracles
    Il est un nez aillette tube de Crooks
    Zinc autel éclair tartines nègres
    Ibidem sur le ventre en fleurs

    De toutes crues sauve la Certa
    En carrousel muet honore Dieu le Père

    Dure-mère cachotterie
    Aux sourcils faits à l’encre soufre
    Dompte la vergue ventriloque
    André Gide a la pituite

    PAUL DERMEE

    LA FIBRE S’ENFLAMME ET LES PYRAMIDES
    (très vite)

    aeaeaeaeaea  eda      s’éclairent les digues verticales     lédah ega
    les torpilleurs aux fontaines     ne touchez pas
    sous l’orage extrarose     mourir mourir    les ancres
    les sœurs grises et les philosophes sur l’ultratlantique les coupoles
                       oegooraaa crépuscule
    derrière le pastel les perforatrices les perforatrices
    hhhaa               il a signe le quadruple
    bregan              aeaeaeaeaeaaaa

    J[ULIUS] EVOLA

    [Page 5]

    MONSIEUR AA SOUMIS À LA TAXE

    car elle est parallèle et tourne dit le photographe aussitôt que des promesses botaniques aient supporte les je me tue et infâme tu m’a trahi car il a toujours réglé pour mon compte et mon cerveau le repas humide et l’heure inodore du départ mais nous n ’étions qu’un organe étrange appelé bleubleu et la tour d’affiches blanche comme l’autruche s’enveloppait de coussins aériens ce n’était plus un secret qu’elle couchait avec une femme grasse à double caisse avec inscription verreries et deux minarets dit-il comme la pendule et le règlement à double caisse dit-il avalant la doublure de ce grand oiseau comment s’appelle-t-il dit-il hôpital de nos nuits mais voilà au bout des couleurs il a vu notre seigneur et tout d’un coup le jardin zoologique s’introduisit par contre bande dans le bulletin de la bourse sans payer les contributions au consolateur

    TRISTAN TZARA

    Le bal Dada organisé par le Dr Serner, à Genève, le 5 Mars, a eu un succès énorme.

    Der Zeltweg vient de paraître avec la collaboration de Arp, Giacometti, Flake, Schad, Semer, Tzara.

    L’exposition Dada aura lieu au mois de Juin, à la Galerie La Boëtie. Sur la démission des dadaïstes de la Section d’or, consulter 391 n°12.

    Vient de paraître :
    Feu de Joie, Poèmes de Louis Aragon

    Vient de paraître :
    Les animaux et leurs hommes, poèmes de Paul Éluard

    Édition : Au Sans Pareil

    DADA N’EST PAS UNE MALADIE

    [sans signature]

    [Colonne 2]

    Un chien n’est pas un hamac. La philosophie est un mélange de vocables. Chaos fait de boue et d’énigme. Je n’ai qu’une seule certitude: que je suis mon propre passe-temps, et un homme assez poli.

    VAL [WALTER] SERNER

    [Filet]

    « En Suisse, l’art était une maladie. Depuis que j’ai gagné 100.000 fr., l’art n’est plus une maladie ».

    Un Cubiste de la Section d’or

    [Filet]

    Il reste très peu d’exemplaires de « La première aventure céleste de M. Antipyrine », de Tristan Tzara. (Zurich 1916).
    Prix actuel : 7 fr. 50Au Sans Pareil

    [Filet]

    La 4me manifestation du mouvement DADA aura lieu le 27 Mars, à 8 h. 15, à la Maison de l’Œuvre. Grand spectacle, théâtre, musique, tableau animé, attractions, etc.

    [sans signature]

    [Colonne 3]

    Les sulfates inattendus dont on s’est servi pour faire le bleu des mers tropicales me rappellent au respect qu’on doit aux productions du génie humain.

    J’ai connu un jeune chien qui ne savait pas distribuer son sang dans ses membres : adressez-vous au chef de gare.

    Les souffles roses de l’enfant qui vient de naître font lever des fleurs dans les chambres noires des appareils photographiques.

    Fleurs de papier des victoires sentimentales.

    Les yeux noirs ne permettent aucune équivoque.

    [sans signature]

    SALLE DE SPECTACLES :
    Paris – Electric-Palace

    Nous fumons un film en salle éclairée : c’est l’Electric-Palace, demandez ces éventails d’écume, je veux dire ces pipes ou ces ventilateurs. Quel tremblement si tu descends l’escalier au milieu de l’inattention générale. Les ouvreuses bleues dansent au-devant des visiteurs. Je leur jette à manger mon ticket rouge. Qu’on me donne un fauteuil à roulettes.

    LOUIS ARAGON

    Déconcertons
    troublons
    énervons

    Charlot

    partout
         guerre à l’amidon

    JACQUES EDWARDS

    [Page 6]

    [Colonne 1]

    LES TITRES DE MES AMIS & LES MIENS*

    BRETON — Mont de Piété — Montagnes russes
    ARAGON — Feu de joie —Une vieille coutume
    PlCABlA — Pensées sans langage — Le médecin des folles
    SOUPAULT — Rose des vents — Sans odeur
    RlBEMONT-DESSAIGNES — L’empereur de Chine — Voie sacrée d’aluminium
    TZARA — 25 poèmes — La terre se dégonfle
    DERMÉE — Films — Au bout d’un fil
    PAULHAN — La guérison sévère -- La robe des trous
    ÉLUARD — Les animaux et leurs hommes -- Par la queue
    VACHÉ — Lettres de guerre — DADA la Mort

    * On trouve tous ces livres au Sans Pareil

    PAUL DRAULE [ÉLUARD]

    SERRURE DE SÛRETÉ

    Ma parole
    La main prise dans la porte
    Trop engagé mon ami trop engagé
    Pour ainsi dire
    ou
    Passez moi le mot
    Merci
    Je tiens la clef
    Le verrou se remet à tourner comme une langue

    Donc

    LOUIS ARAGON

    PLIS

    Régulier comme
    Mon plaisir
    Comme un gourmand
    Mon plaisir
    Le train mince
    Mon plaisir
    M’a pris où
    Mon plaisir
    Homme ou femme
    Mon plaisir
    Les lois les lois
    Mon plaisir
    Ou d’autres lois
    Mon plaisir
    Ou la poudre
    Mon plaisir
    Légères sans limites
    Mon plaisir
    Tout m’est égal.

    PAUL ÉLUARD

    DADA N° 1. Quelques jeunes hommes intelligents stranded in Zurich desire corrresponce with other unfortunates similary situated in other godforsaken corners of the earth.
    DADA : Bulletin 5 feb. Ils ont échappé. They have got to Paris. La bombe !! La ZUT-excelsior
    London.

    EZRA POUND

    [Colonne 2]

    Le sentier est assez large pour dégraver une planche de cuivre ou de nitrique diptyque natures mortes.

    Louis Aragon est l’amant de cœur du Dadaïsme.

    L’hypertrophie du bien que j’ai perdu bifurque dans un taillis à gauche.

    Ribemont-Dessaignes a un jugegement régulier ; il est le magnétiseur de Zizi de Dada.

    Le tableau le plus savant et le plus complet broute l’herbe de mon jardin

    Tristan Tzara adore ses amis. Les journaux sont les panoramas de sa vie.

    Francis Picabia s’attaque toujours à lui-même.

    Le bordel est l’endroit où l’on est le plus chez soi.

    Je ne désespère pas de voir Marius de Zayas devenir l’amant de Mme Wilson.

    Braque ne demande qu’à oublier Picasso. Vive la France !

    Edgar Varèse continue à prendre des glaces pour soigner sa blennorragie. Le robinet froid vient d’être acheté pour le jardin des Plantes.

    FRANCIS PICABIA

    [Quatrième]

    [Colonne 1]

    ÉNIGME-PERSONNAGES

    Pas assez mystérieux au volant de ta voiture
    Tu ne trouveras jamais la clé de
    D à l’envers énigme en autobus M
    Raccrochée par une étoile l’échelle renversée
    Bicyclette en divagation lunettes noblement remontées
    Assurément pas assez Dada ça viendra
    Assis au bord des routes feu follet
    Sur le rire du délire enfantin
    Et le chemin de fer railleur
               montre ses dents neuves
                       au dernier train

    CÉLINE ARNAULD

    TRAINS

    Les talus se fendillent sous la chaleur des wagons rapides et des escarbilles rouges de toute la vapeur qui coule loin sur les arbres. On ne sait quelle est cette odeur des loups morts de faim qui vous prend à la gorge dans les wagons des classes inférieures. Courage pour ces cris de locomotives hystériques et pour ces gémissements des roues suppliciées. Au dehors les arbres enivrés de tous ces cris et de tous ces regards ont le vertige monstrueux des foules au départ d’un avion pour un voyage éternel. A tous les signaux une énorme bête se tient cachée et regarde d’un seul œil ce grand lézard bruyant qui glisse sur des ruisseaux de diamants et sur les cailloux des mines aériennes.

    PHILIPPE SOUPAULT

    Table of Contents

    Couverture

    Francis Picabia : Dame !, dessin

    Page 1

    Tristan Tzara : Vélodrome aux oignons
    Tristan Tzara : La queue du diable est une bicyclette
    Georges Ribemont-Dessaignes : Artichauts

    Page 2

    Francis Picabia : Manifeste cannibale Dada
    Paul Eluard : Un mot dur – N° 58
    André Breton : Pièce Fausse
    Paul Dermée : texte sans titre

    Page 3

    Georges Ribemont-Dessaignes : Ô
    André Breton et Philippe Soupault : Barrière
    Paul Dermée : Je suis dada
    Francis Picabia : Le ciel est un énorme crucifix
    Louis Aragon : Fiche

    Page 4

    Jean Cocteau : Louange de l'olivier
    Tristan Tzara : Dada est un microbe vierge
    Paul Dermée : Zut
    J. Evola : la fibre s'enflamme et les pyramides

    Page 5

    Tristan Tzara : Monsieur Aa soumis à la taxe
    Val [Walter] Serner : Un chien n'est pas un hamac
    Un cubiste de la Section d'or : En Suisse
    Louis Aragon : Les sulfates inattendus
    Jacques [Joaquín] Edwards : Déconcertons

    Page 6

    Christian Schad : Arp et Val Serner, peinture
    Paul Draule [Eluard] : Les titres de mes amis et les miens
    Louis Aragon : Serrure de sûreté
    Paul Eluard : Plis
    Ezra Pound : Quelques jeunes hommes intelligents
    Francis Picabia : Le sentier est assez large

    Quatrième

    Céline Arnauld : Énigme-Personnages
    Philippe Soupault : Trains

    Dada 7 sur le site de l'International Dada Archive (Iowa)

    Dada 7 sur le site de Mélusine

    Dada 7 sur le site du Blue Mountain Project (Princeton)

    Bibliographical material

    Paris, s.é., 1920, in-4° broché

    Book7
    Date of publication 1920
    Publicationfirst publication
    LanguagesEnglish, French
    Size19,00 x 37,00 cm
    Number of pages6
    PublisherSans éditeur
    Reference9025000
    Breton Auction, 2003Lot 340
    Keywords,
    CategoriesJournals
    Set[Revue] Dada
    Permanent linkhttps://www.andrebreton.fr/en/work/56600101000420