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Montage d'objets sous globe de verre

Photograph

Author

By (photographer) Lucie Schwob, dite Claude Cahun, Suzanne Malherbe, dite Marcel Moore

Description

Photographie de Claude Cahun prise en 1936 faisant partie de la série des « montages d'objets sous globe ».

Un phototype.

Claude Cahun
« Après bien des hésitations, fruits amers d'une trop grande impatience, d'un désir longtemps différé (dès 1919, Soupault l'avait sollicitée pour qu'elle intervienne dans Littérature), elle entre en relation avec André Breton, par l'intermédiaire de son ami nantais Jacques Viot. Elle s'associe étroitement au groupe surréaliste dont elle va épouser et appuyer les grandes orientations. Elle signera la plupart des déclarations collectives jusqu'à la guerre. Profondément attachée à la personne d'André Breton, elle ne cessera de le soutenir et de lui témoigner sa confiance. Celui-ci, après avoir surmonté les ambivalences des premiers contacts, marquera sa fascination et saura encourager une démarche dont il appréciait l'extrême singularité. "Il est assez probable, du reste, que vous disposez d'un pouvoir magique très étendu. Je trouve aussi et ne fais que vous le répéter que vous devriez écrire et publier. Vous savez très bien que je pense que vous êtes un des esprits les plus curieux de ce temps (des 4 ou 5) mais vous vous taisez à plaisir." André Breton (Lettre à Claude Cahun, 21 septembre 1938). On peut estimer, sans avoir à trop s'avancer, que Claude Cahun s'impose comme la seule femme photographe surréaliste (Lee Miller et Dora Maar n'ayant en réalité que voisiné un moment avec le mouvement). » François Leperlier (Paris, Musée d'art moderne de la Ville de Paris, Claude Cahun, photographe, 1995, p. 12).

 

Breton écrit en 1936 à Claude Cahun : « Ma chère amie, vous savez que nous préparons pour le 20 mai une exposition d’objets (surréalistes et para-surréalistes). À cette occasion doit paraître un numéro de Cahiers d’art […]. Il se trouve paradoxalement qu’à l’heure actuelle aucun des textes en question ne concerne à proprement parler les objets surréalistes […]. J’ai pensé que vous seule seriez capable de traiter d’une manière parfaite un pareil sujet. Vous pourriez prendre connaissance à Cahiers d’art de tous les documents photographiques et je ne doute pas que vous sachiez dégager mieux que personne le sens théorique de cette sorte de recherches. »

Cahun répond favorablement en écrivant « Prenez garde aux objets domestiques » qui paraît dans Cahiers d’art (n°1-2, mai). À propos des « objets périssables » réalisés pour l’exposition surréaliste par des « explorateurs », elle note : « J’insiste sur une vérité première : il faut découvrir, manier, apprivoiser, fabriquer soi-même des objets irrationnels pour apprécier la valeur particulière ou générale de ceux que nous avons sous les yeux. C’est pourquoi, à certains égards, les travailleurs manuels seraient mieux placés que les intellectuels pour en saisir le sens, si tout dans la société capitaliste, y compris dans la propagande communiste, ne les en détournait. C’est pourquoi vous commencez à tripoter dans vos poches, et peut-être à les vider sur la table. Étanchez un peu de tout le sang chaque jour répandu avec une éponge taillée en forme de cerveau ; mettez-la dans une cuve et voyez si elle flotte, si l’eau rougit, si les esprits animaux : fleur de peau, tire d’ailes, le chat-tortue, la lirelie rose (c’est une petite pomme de terre germée), le papegeon (c’est un baiser où les cils se rencontrent, c’est une paupière battante), voyez si la civelle lascive et les aimables innommées ne lui sortent pas par tous les pores. Troublez l’animarium avec une baguette de verre, le mot agitateur s’impose à vous et vous fait sursauter. Elle vient enfin de la créature attendue, elle ne sait où poser ses larmes… Prenez un miroir ; grattez le tain à hauteur de l’œil droit sur quelques centimètres ; passez derrière l’endroit éclairci une bande sur laquelle vous aurez fixé de petits objets hétéroclites, et regardez-vous au passage dans les yeux. C’est le jeu de l’escarbille… » [E., p. 540]

Avec Suzanne, elle se rend au marché aux Puces de Saint-Ouen pour chiner de quoi réaliser ses objets : elles y découvrent entre autres un crâne de panthère. L’Exposition surréaliste d’objets se déroule galerie Charles Ratton, 14, rue de Marignan, du 22 au 29 mai. Claude Cahun a réalisé deux assemblages de matériaux divers : ossements, coquillages, figurines, verreries, feuilles, plumes de paon. Cet exercice l’avait déjà incité à créer d’autres séries d’installations. Les premières, datant de 1932-1934, sont des ready-made, des objets « éphémères » posés sur la plage et photographiés, ce qui explique que les matériaux sont souvent réemployés d’un assemblage à l’autre. Cette année-là, en 1936, ce sont des montages « sous cloche » (mascarades ou farandoles d’objets), des poupées en papier mâché posées sur le sable (marionnettes politiques s’inspirant de l’actualité et la détournant) – dont les agencements font un peu penser aux œuvres de Heartfield et de Bellmer qui vient de lui offrir un exemplaire de La Poupée. Tous ces assemblages sont ensuite photographiés. [L’Antimuse, Les Hauts-Fonds, 2015]

[Anne Egger, 2023, Atelier André Breton]

Bibliography

- Musée d'art moderne de la Ville de Paris, catalogue de l'exposition Claude Cahun, photographe, 1995, repr. p. 151, n°160 (autre tirage).
- François Leperlier, Claude Cahun : l'exotisme intérieur, Paris, Fayard, 2006.

Creation date1936
Physical description10,7 x 8,4 cm (4 3/16 x 3 5/16 in.)
Place of origin
Size10,70 x 8,40 cm
Copyright© Claude Cahun.
Reference3039002
Breton Auction, 2003Lot 5283
Keywords, ,
Categories1931-1939
ExhibitionGalerie Alberta Pane | Claude Cahun / Marcel Moore
Permanent linkhttps://www.andrebreton.fr/en/work/56600100073340
Place of origin
Exhibition place